Issu d’un milieu paysan, Patrice Coirault s’est très tôt intéressé au répertoire de la chanson de tradition orale qu’il avait entendu dans sa jeunesse auprès des chanteurs ruraux. Son premier souci a été la collecte de ce répertoire, d’abord en Poitou, puis en Béarn, collecte enrichie ensuite par le dépouillement quasi systématique des recueils de chansons, publiés ou inédits, compilés par les folkloristes du XIXe et du début du XXe siècle, complété par la consultation des recueils, imprimés ou manuscrits, du XVIe au XVIIIe siècle. Les résultatsde cette collecte furent répertoriés et classés dans un fichier ordonné en plusieurs sections (collecte personnelle, répertoire des chansons folkloriques classées par types, répertoire des timbres anciens, etc.) et perpétuellement enrichi. En parallèle, Patrice Coirault a rassemblé pour sa propre documentation une très vaste bibliothèque comprenant tant des instruments de travail que des sources du répertoire des chansons. Il a par ailleurs publié l’essentiel de ses recherches et travaux dans trois ouvrages principaux : Recherches sur notre ancienne chanson populaire traditionnelle, Notre chanson folklorique et Formation de nos chansons folkloriques.
A la mort de Patrice Coirault en 1959, l’ensemble de ce fonds est entré à la Bibliothèque nationale par acquisition (pour la bibliothèque) et par don (pour le fichier). La bibliothèque, riche de 4 000 ouvrages imprimés et manuscrits, rassemble une grande variété de documents : - des instruments de travail (bibliographies, catalogues de bibliothèques, dictionnaires) ; - des études monographiques et des périodiques : Mélusine, Nouvelle revue des traditions populaires, le Pays Poitevin, etc. ; - des textes littéraires, soit folkloriques soit anciens : des textes folkloriques recueillis en France ou dans les pays de langue française aux XIXe et XXe siècles, du folklore étranger de langue romane ou non, des textes du Moyen-âge (dans des rééditions) ainsi que des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles ; - de la musique instrumentale, en grande partie pour flûte (instrument dont jouait Coirault) de compositeurs tels Blavet, Chédeville, Hotteterre, Montéclair, Taillart, etc. ; - des méthodes instrumentales et des traités de musique anciens, de Bérard, Blanchard, Corette, Loulié, Nivers, etc. Il faut y ajouter des traités de vénerie qui contiennent des exemples de fanfares de chasse ; - des airs ou recueils d’airs de vaudevilles ou d’opéras comiques comme le Théâtre de la Foire, les Parodies du nouveau théâtre italien, le Théâtre de société, etc. ainsi que des pièces de théâtre comportant les timbres des airs notés ; - des recueils d’airs de cour, de chansons pour danser, de brunettes ou airs à boire du XVIe au XVIIIe siècle : Bacilly, J. Boyer, D. Macé, A. Boesset, œuvres éditées par la maison Ballard ; - des recueils de chansons sans musique des XVIe-XVIIe siècles, en édition originale ou en fac-similés ; - des recueils de cantiques notés et de noëls, du XVIIe au début du XIXe siècle : La pieuse alouette, Rossignols spirituels, Philomèle séraphique, Cantiques spirituels et noëls de différents auteurs,…
La majorité de ces ouvrages est référencée dans le catalogue manuscrit sur fiches (3 tiroirs) accessible dans la salle de lecture du département de la Musique. Une partie de ces éditions est également référencée dans BN-Opale Plus. Le fichier de travail de P. Coirault est consultable par les chercheurs au département de la Musique uniquement sur rendez-vous. Sa partie répertoire des chansons folkloriques classées par types a été publiée en trois volumes sous le titre : Répertoire des chansons françaises de tradition orale (voir Bibliographie ci-dessous). Enfin, une importante correspondance reçue par P. Coirault (près de 1000 lettres, souvent complétées par le brouillon de la réponse) est conservée au département de la Musique et accessible sur autorisation.
La consultation de ce fonds peut être complétée par celle du fonds Weckerlin qui rassemble de nombreux livres, recueils et manuscrits relatifs au folklore musical français et étranger, du XVIIe au XIXe siècle (pour plus de détails, voir la notice sur le fonds Weckerlin dans ce même dictionnaire).
Coirault (Patrice) - Formation de nos chansons folkloriques / Patrice Coirault ; ouvr. publ. avec le concours du Centre national de la recherche scientifique. Paris : Editions du Scarabée, 1953-1959. 4 vol. - Notre chanson folklorique : Étude d'information générale. L'objet et la méthode. L'inculte et son apport. L'élaboration. La notion / Patrice Coirault. Paris : A. Picard, 1941. 458 p. - Recherches sur notre ancienne chanson populaire traditionnelle [Exposés I-IV] / par M. Patrice Coirault. [S.l.n.d.]. 318 p. (Extrait du Bulletin de l’Institut général psychologique n° 4-6, année 1927 ; 1-3, année 1928 et Publications de l’Institut général psychologique, Mémoire n° 5, 1re partie, 1929). - Recherches sur notre ancienne chanson populaire traditionnelle [Exposé V] / par M. Patrice Coirault. Paris : E. Droz, 1933. Paginé 321-686. - Répertoire des chansons françaises de tradition orale. I, La poésie et l'amour / Patrice Coirault ; ouvrage révisé et complété par Georges Delarue, Yvette Fédoroff et Simone Wallon. Paris : Bibliothèque nationale de France, 1996. 566 p. - Répertoire des chansons françaises de tradition orale. II, Le mariage, la vie sociale et militaire, l'enfance / Patrice Coirault ; ouvrage révisé et complété par Georges Delarue, Yvette Fédoroff et Simone Wallon. Paris : Bibliothèque nationale de France, 2000. 635 p. - Répertoire des chansons françaises de tradition orale. III, Religion, crimes, divertissements / Patrice Coirault ; ouvrage révisé et complété par Georges Delarue, Marlène Belly et Simone Wallon. Paris : Bibliothèque nationale de France, 2007. 342 p.
Wallon (Simone) - « Le fonds Coirault à la Bibliothèque nationale », Revue de Musicologie, XLIX, juillet 1963, p. 108-111. Colloque - Autour de l’œuvre de Patrice Coirault. Actes du colloque / organisé par l’Université de Poitiers Département de Musicologie les 24-25 novembre 1994. Saint-Jouin-de-Milly : FAMDT éd., 1997 : FAMDT éditions, 1997.
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 71. E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 216
Congrès de musique arabe du Caire, 1932
Convoqué par le roi Fouad 1er d’Egypte le premier Congrès de musique arabe s’est tenu au Caire du 28 mars au 3 avril 1932. Le principal instigateur en fut le baron Rodolphe d’Erlanger, spécialiste de la musique arabe. Mais atteint par la maladie, ce dernier ne put y participer et décédera quelque mois après sa tenue. Le Congrès de musique arabe est la première manifestation d’importance internationale à se tenir sur une musique non occidentale. Nombre de personnalités furent invitées à s’y rendre, parmi lesquelles les compositeurs Bela Bartok, Paul Hindemith…, les musicologues Erich Moritz von Hornbostel, Curt Sachs, Muhammad Kâmil al-Hajjâj, Mahmûd Ahmad al-Hifnî… Si dans ses objectifs initiaux figure une volonté affirmée de “ modernisme ” et de théoricisation de la musique arabe, avec le recul, le Congrès apparaît comme “ une redécouverte de la tradition et à sa référence en tant que base historique ” (Poché, 1998, 24). Dans ce contexte, le Congrès fut aussi l’occasion d’entendre les interprètes, solistes et ensembles, parmi les plus prestigieux des musiques arabo-maghrébines de l’époque. Or la particularité du Congrès Réserve des livres rareside en ce qu’une section entière y fut consacrée à l’enregistrement phonographique, légitimant ce dernier comme moyen d’analyse et de réflexion musicologique. 342 faces de 78 tours furent ainsi enregistrées par la marque Gramophone pendant le Congrès. D’un point de vue artistique, l’ensemble se situant à la fin de la période de la nahda (Renaissance arabe) revêt alors un caractère historique et musical d’une valeur incomparable. Au côté des musiques profanes savantes et populaires, citadines et rurales, on relèvera notamment un certain nombre d’enregistrements religieux rarissimes comme celui du rituel d’invocation de Dieu de la confrérie sunnite Badawiyya, celui du concert sacré des Mawlawiyya (les “ derviches tourneurs ”) du Caire ou encore les enregistrements de l’église copte orthodoxe egyptienne. Philippe Stern pour la Musée Guimet, Mmes Hercher Clément et Lavergne pour le Musée de la parole et du geste (voir notice) figuraient parmi les personnalités invitées au Congrès. A ce titre, en 1935, après avoir donné une collection des enregistrements sonores réalisés pendant le Congrès au Musée Guimet et à la British Library, le Roi Fouad 1er eut le même geste pour le Musée de la parole. Ce sont les seules collections de ces enregistrements existant au monde.
Recueil des Travaux du Congrès de Musique Arabe qui s’est tenu au Caire en 1932 (Hég. 1350) sous le haut patronage de S.M. Fouad 1er, Roi d’Egypte. Le Caire : Imprimerie nationale, 1932 Moussali, Bernard. "Présentation du Congrès de musique arabe du Caire de 1932", Congrès du Caire 1932, 2 disques compacts + 1 brochure. Paris : Bibliothèque nationale, : Institut du Monde arabe, 1988, p. 19-21 Poché, Christian, "Le Congrès de musique arabe du Caire : tenants et aboutissants", Congrès du Caire 1932, 2 disques compacts + 1 brochure., Paris, Bibliothèque nationale, Institut du Monde arabe, 1988, pp. 23-37
Caplet, André (1878-1925) André Caplet est né au Havre le 23 novembre 1878. Il entre au Conservatoire de Paris en 1896 et en sort en 1901, année où il remporte le premier Grand Prix de Rome, devançant Gabriel Dupont et Maurice Ravel. Avant 1914, le catalogue d’œuvres du compositeur est encore peu fourni. Pourtant, quelques chefs-d’œuvre s'en détachent déjà, le Masque de la mort rouge : Légende pour harpe chromatique et orchestre, d'après le conte d'Edgar Poe (1908), le Septuor pour cordes vocales et instrumentales (1909) présageant déjà des recherches qui seront effectuées sur l'utilisation de la voix. L'activité créatrice d'André Caplet, que l’on aurait pu imaginer allant vers un plein épanouissement, sera mise en sommeil car le compositeur est en même temps un chef d'orchestre au métier affirmé. Nommé à l'Opéra de Boston, il y dirige l'orchestre 1910 à 1913. De retour en France, la direction de l'orchestre de l'Opéra de Paris lui est offerte, mais la Première Guerre mondiale éclate et André Caplet se porte volontaire pour le front. En 1916, il subit une attaque aux gaz qui altère irrémédiablement sa santé. De retour à la vie civile, André Caplet décide d'abandonner la baguette et de se consacrer davantage à la composition. On le voit alors résister aux nombreuses propositions qui lui sont faites pour tenter de le ramener sur scène. Il refuse de prendre la direction de l'orchestre de l'Opéra, renonce au pupitre des Concerts Lamoureux et abandonnera rapidement les Concerts Pasdeloup. La dégradation de son état de santé le contraint à restreindre ses déplacements et ses activités. Le public parisien ne le retrouvera plus que ponctuellement au pupitre, notamment pour diriger ses propres œuvres, comme Le Miroir de Jésus. C’est pendant ces quelques années, de 1917 au 25 avril 1925, date de sa mort, que le compositeur donnera la pleine mesure de son art. Un ensemble de documents, jusqu’à présent conservé par Pierre Caplet, fils du compositeur, a été acquis en 2001 par le département de la Musique. Ce nouveau fonds complète le don effectué par Yvonne Gouverné en 1982 et permet ainsi de mettre en lumière de nombreux aspects encore méconnus de la vie et de l'œuvre du compositeur. Il comprend tous types de documents : manuscrits musicaux, musique imprimée annotée, photographies, dessins, programmes, coupures de presse, carnets et agendas, notes de travail. Le tout est complété par la correspondance (plus de 1.500 lettres autographes) où figurent les noms des compositeurs, chefs d'orchestre, interprètes et personnalités du monde musical de l'époque, parmi lesquels : Claire Croiza, Jane Bathori, Nadia Boulanger, Maurice Emmanuel, Charles Koechlin, Darius Milhaud, Francis Poulenc,…. De nombreuses lettres à son éditeur Jacques Durand, ainsi que celles adressées à son épouse Geneviève, permettent de retracer, parfois au jour le jour, l'élaboration d'une œuvre que l'on redécouvre aujourd'hui. Un inventaire a été réalisé, le catalogage des pièces est en cours, sur la base BN-Opaline.
[Exposition, Paris BnF, Département de la musique, 2000] Soret, Marie-Gabrielle ; Massip, Catherine. André Caplet : 1878-1925 : exposition, Département de la musique, salle de lecture, 1er janvier-15 avril 2000. [Paris], Département de la musique, 2000. – 23 p.
Blais, Roger (1905-1992) (Z. Blais)
Fonds entré à la Bibliothèque nationale par don (n° 93-0254) à la mort de Roger Blais (le 6 août 1992) et conservé par le département Littérature et art.
Cet élève de l'Institut national d'agronomie et de l'Ecole forestière commença sa carrière comme ingénieur forestier à Chambéry, puis à Nancy. A partir de 1945, il dirigea l'Ecole supérieure du bois puis l'Institut national d'agronomie de 1957 à 1970. Sa carrière entièrement au service de la forêt explique la composition du don consenti à la Bibliothèque nationale en 1993. Les ouvrages du XVIIIe siècle portant sur la forêt et l'agriculture forment la majeur part de ce fonds. N'y manque aucun des titres qui reflètent l'histoire du mouvement de la Nouvelle agriculture, qu'il s'agisse de traités majeurs comme celui d'Olivier de Serre (dans l'édition entreprise par la Société d'agriculture du département de la Seine en 1805) comme celui de Duhamel du Monceau, de recueils d’édits, d'ordonnances forestières ou de modestes brochures publiées par les sociétés d’agriculture. Les volumes (qui occupent 368 cotes) forment une part de la collection de ce bibliophile qui s'est également attaché à réunir de nombreuses éditions de l’Ordonnance de Colbert (cf. : Roger Blais, La Grande Ordonnance de Colbert sur les Eaux et Forêts (1669) : radiographie de cinquante éditions, Paris : association internationale de bibliophilie, 1987, 1 vol. (p.129-178) : ill. ; 22 cm. Tiré à part de : "Bulletin du bibliophile", 1987, 2.). Sa bibliophilie l’avait amené, également, à collectionner des ouvrages dans le domaine des religions.
Reliures et ex-libris témoignent de l'origine des exemplaires rassemblés et de leur valeur d’usage.