Lesouëf, Auguste (1829-1906) : Estampes de la collection Smith-Lesouëf
Auguste Lesouef était issu d'une famille normande qu'une bonne tradition d'économie, pour ne pas dire d'avarice, avait rendue prospère. Jeune homme doué, mais d'un naturel indolent et pessimiste, il fit quelques études qu'il ne poussa pas au-delà d'une licence en droit, et fut placé par son père successivement chez un marchand de savon puis chez un avoué. En 1857, à la mort de son père, il se trouva à la tête d'une honorable fortune. En compagnie de son ami Léon de Rosny, il fit plusieurs voyages à l'étranger, puis à partir de 1889 ne quitta plus la capitale. Il habitait boulevard Beaumarchais une assez laide et banale maison de rapport, et tout son temps passa à collectionner -on serait tenté de dire : entasser- livres, manuscrits, cartes, gravures, dessins, médailles et objets divers. Tous les après-midi, il se rendait chez ses fournisseurs habituels, Belin, Champion, Feuardent... et se faisait renseigner sur les ventes publiques mais n'y paraissait jamais. Il ne voyait pratiquement personne, hormis sa sœur Anne-Léontine, mariée à un Anglais, Jules Smith, et ses deux nièces, Jeanne, qui lui faisait la lecture, et Madeleine, peintre médiocre, élève de Jean-Jacques Henner, qui devait épouser l'historien Pierre Champion. Il mourut en 1906 des suites d'un accident, ayant été renversé par un fiacre quelques jours plus tôt.
La collection d'Auguste Lesouef fut donnée à l'Etat par ses héritières en 1913. Pierre et Madeleine Champion l'avaient transférée dans leur propriété de Nogent-sur-Marne (l'ancienne maison de Watteau, où celui-ci était mort en 1731), faisant construire "Un bâtiment à cet effet dans le parc. Hormis les médailles, les manuscrits ainsi qu'un certain nombre d'ouvrages anciens jugés plus précieux, transférés à la Bibliothèque Nationale au cours de la dernière guerre, elle y resta jusqu'en 1980. A cette date, elle fut entièrement transportée dans le quadrilatère Richelieu. Étrangement hétérogène, la collection Smith-Lesouef compte, en ce qui concerne les gravures, près de 17 500 numéros correspondant à des unités bibliographiques qui peuvent contenir plusieurs pièces, voire plusieurs dizaines de pièces chacune. Cette collection, tout à fait considérable, se divise en cinq grandes masses: Topographie (le vieux Paris étant un de ses principaux sujets d'intérêt, il avait acquis un ensemble de 1 383 dessins de Chauvet représentant des monuments ou des sites voués à la destruction) ; Histoire (avec une nette prépondérance pour l'histoire révolutionnaire); Modes et Costumes, uniformes militaires (citons plus de 130 gouaches originales de Charles de Luna) ; enfin et surtout art, avec un ensemble inestimable d'estampes originales et de reproduction (50 Bosse, 250 Bonnart, 38 Boilly, 200 Carle Vernet dont 28 aquarelles originales, 250 Daumier, 150 Rops...).
Marque de collection : Bibliothèque nationale. Fondation Smith-Lesouef Collection en cours de catalogage Les renseignements biographiques sont tirés de notes manuscrites de Pierre Champion (époux de Madeleine Smith). conservées au Département des Estampes et de la Photographie.
Le docteur Robert Le Masle (1901-1970), médecin et collectionneur, légua sa collection d’œuvres d’art et sa bibliothèque aux Musées nationaux. Elle entra au Louvre en 1972. En 1975 et 1976, la réunion des Musées nationaux fit un dépôt à la Bibliothèque nationale des livres, périodiques et estampes lui appartenant . Sur les 912 volumes traités par le Service des dons en 1976 et 1977, 510 furent destinés au fonds général du département des Imprimés. Ils sont actuellement conservés au département Art et Littérature sous la cote Z. Le Masle. 402 volumes furent choisis par la Réserve des livres rares et sont conservés dans ce département sous la cote Rés. Z.Le Masle. Sa bibliothèque, constituée d’œuvres littéraires du XIXe et du XXe siècles, principalement de la première moitié du XXe siècle, reflète les amitiés qu’il avait nouées avec de nombreux écrivains comme Jean Cocteau, Marcel Jouhandeau, des musiciens comme Maurice Ravel et des artistes comme Marie Laurencin. Les ouvrages conservés par la Réserve des livres rares sont pour la plupart des éditions originales et des exemplaires annotés ou portant des envois autographes dont Robert Le Masle était le destinataire. Le Département des Estampes conserve une centaine de pièces, presque exclusivement des portraits d’écrivains ou de musiciens répartis dans les différentes séries d’artistes. De même le département de la Musique conserve quelques portraits de musiciens, notamment de Maurice Ravel.
Les donateurs du Louvre, Paris, 1989, p. 253
Fonds Henri-René Lenormand
Henri-René Lenormand (1882-1951), auteur dramatique, fils du compositeur René Lenormand.
Après ses études à la Sorbonne, il débuta au théâtre avec un drame, La folie blanche, pRéserve des livres raresentée au théâtre du Grand Guignol en 1905. Dramaturge original, novateur, influencé par Strindberg et vivement intéressé par la psychanalyse, qu’il introduit dans ses pièces, il connut la célébrité dans les années 1920, grâce à sa collaboration avec Firmin Gémier, Gaston Baty et surtout avec Georges Pitoëff, qui mit en scène : Le temps est un songe (1919), Les ratés (1920), Mixture (1925), La folle du ciel (1936)… et auquel il resta fidèle toute sa vie.
Henri-René Lenormand est surtout connu comme dramaturge. Ses œuvres, pRéserve des livres raresentées sur les plus grandes scènes d'Europe et d'Amérique dans les années 1930-1940, ont été reprises récemment à Paris. Mais il a également écrit des nouvelles et des romans et publié, peu avant sa mort, Les Confessions d’un auteur dramatique (1949).
Le fonds Henri-René Lenormand, a été donné à la Bibliothèque nationale par la famille de son épouse. Il est coté 4-COL-38 (1-800). Il contient les archives personnelles de l’auteur et de son épouse, Marie Kalff (1874-1959), comédienne d’origine hollandaise, qui joua, entre autres, dans des mises en scène de Jacques Copeau, Georges Pitoeff, Gaston Baty et Marcel Herrand, de la correspondance, de l’iconographie, des textes et coupures de presse.
Figurent également dans ce fonds les archives – papiers personnels et correspondance – du compositeur René Lenormand (1846-1932), père d'Henri-René Lenormand. Outre ses mélodies, René Lenormand, a écrit un opéra, Le cachet rouge (1925), plusieurs concertos et pièces, ainsi qu'un traité, Étude sur l'harmonie moderne (1913).
Un inventaire du fonds Lenormand est disponible dans la salle de lecture du département des Arts du Spectacle.
Jones, Robert Emmet. H. R. Lenormand. Boston, Twayne, 1984. 190 p. (Twayne's world authors series ; 730).
Lenormand, Henri-René. Les confessions d'un auteur dramatique. Paris, Albin Michel, 1949. 345 p.
Woollett, Henry. Un mélodiste français : René Lenormand. Paris : Fischbacher, 1930. 139 p.
Grand admirateur de Joris-Karl Huÿsmans le libraire Pierre Lambert (1899-1969), dans sa librairie "Chez Durtal", consacra sa vie à réunir une collection entièrement consacrée à cet écrivain, constituée de manuscrits, correspondance, documentation, dossiers de travail, fichiers, livres sur Huÿsmans et livres provenant de la bibliothèque de celui-ci, iconographie et objets. On notera aussi une importante section consacrée aux archives de l’abbé Boullan et à l’hérésie vintrasienne, qui avait eu un grand rôle dans l’évolution de la pensée de Huÿsmans.
A sa mort en 1969 il légua cette collection à la « réunion des bibliothèques nationales », souhaitant qu’elle reste telle qu’il l’avait constituée, avec son cadre de classement et sans que les manuscrits soient séparés des imprimés. C’est pour cette raison qu’elle fut attribuée en 1970 à la bibliothèque de l’Arsenal, spécialisée en littérature française. Depuis on s’est attaché à enrichir ce fonds afin qu’il reste un instrument de travail vivant, grâce au dépôt légal pour les études sur Huÿsmans ou les rééditions, mais aussi par achat de manuscrits autographes, de correspondance, d’éditions originales, et grâce à un certain nombre de dons.
Un inventaire est consultable en ligne dans le catalogue BnF Archives et manuscrits :
- J. Lethève, « La donation Pierre Lambert à la bibliothèque de l’Arsenal », dans Bulletin du bibliophile, 1972, p.184-188. - « La Bibliothèque de l’Arsenal », Arts et métiers du livre, 1997, n° 206, p. 554-556. - Joris-Karl Huysmans : du naturalisme au satanisme et à Dieu : [exposition], 1979, Bibliothèque nationale, [Bibliothèque de l'Arsenal, Paris, 7 juin-22 juillet], Paris : Bibliothèque nationale, 1979. Disponible en ligne, url : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6532566b.
(Rés. Z.Lévis Mano) Guy Lévis Mano légua par testament à la Bibliothèque nationale un exemplaire de l’ensemble des livres qu’il édita entre 1923 et 1974 ainsi que ses archives littéraires.
Poète, éditeur et typographe, Guy Lévis Mano fut véritablement considéré comme « l’éditeur des poètes ». A partir de 1933, date où il devint son propre imprimeur, toutes ces publications portèrent le sigle GLM Principal éditeur des surréalistes jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, il publia des poètes d’horizons divers comme René Char , Andrée Chedid ou encore Henri Michaux. Il fit aussi la part belle à la traduction d’auteurs étrangers, en particulier Federico Garcia Lorca. Les 525 titres de livres ou de périodiques édités par Guy Lévis Mano sont conservés à la Réserve des livres rares, regroupés sous la cote : Rés. Z. Lévis Mano. Il s’agit pour la plupart d’un exemplaire de tête, le plus souvent numéroté 1 et portant un envoi autographe de l’auteur. Les archives littéraires comprenant correspondance, contrats, maquettes et projets de livres sont classées mais non encore disponibles sur le Web. Communication seulement sur demande motivée au directeur de la Réserve des livres rares.
Les Éditions GLM, 1923-1974 : bibliographie rédigée par Antoine Coron. – Paris : Bibliothèque nationale, 1981