Nanteuil de la Norville, Henry de
Ingénieur au corps des mines, officier de la légion d’honneur, croix de guerre 1914-18, Henry de Nanteuil de la Norville (1876-1941) était un collectionneur passionné de monnaies grecques. Il publia du reste lui-même sa collection (H. de Nanteuil, Collection de monnaies grecques, Paris, Florange et Ciani, 1925, 1 vol. de texte, 1 vol. de planches, cote 11009 NAN 8 aux MMA). Dans sa préface, H. de Nanteuil indique « que la gloire du catalogue est l’ambition secrète de maint collectionneur. Il y voit.. une sorte de consécration officielle de la passion à laquelle il a donné une bonne part de lui-même ». Il devait décéder accidentellement le 26 juin 1941, sur la route de Denain qu’il parcourait pour se rendre aux usines de la Société des Hauts Fourneaux, Forges et Aciéries de Denain et Anzin, dont il était devenu le président-Directeur Général. En vertu des dispositions qu’il avait prises par testament en date du 12 septembre, et sur l’invitation de Madame la Comtesse H. de Nanteuil, J. Babelon fut admis à faire un choix de dix monnaies antiques parmi la collection laissée par le défunt. Il se rendit chez Madame de Nanteuil le 27 juin 1945 et retint donc dix pièces qui furent transportées au Cabinet des médailles. Celles-ci furent inscrites dans le registre de don Y, en date du 27 juin 1945, sous les n° 21598 à 21607.
Une plaquette dactylographiée fut pRéserve des livres raresentée au Cabinet des médailles en 1953 par Mr et Mme Robert de Larosière, à la mémoire de Mr et Mme Henry de Nanteuil, leurs oncle et tante, « en souvenir de leur inaltérable tendresse, de leur hospitalité et de l’exemple qu’ils ont laissé à tous de la pratique du bien et du culte du beau ». Non paginée, elle comprend une photo de Henry de Nanteuil, deux pages sur le legs, puis la description des 10 pièces avec de superbes agrandissements photographiques de chaque pièce (cote RES 11007 PAR.BN 4 aux MMA).
Ces 10 pièces ne sont pas conservées ensemble, mais réparties dans les séries auxquelles elles appartiennent.
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. II, p. 286. Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 73
Mazarin (Jules)
L'histoire des livres de Mazarin est marquée par le parcours politique "mouvementé" de leur possesseur. Celui qui a été surnommé le prince des collectionneurs avait déjà une bibliothèque dans son hôtel romain, avant de s'installer à Paris, et d'y faire construire un somptueux palais destiné à abriter ses œuvres d'art et ses livres, dont le corps de bâtiment subsistant constitue aujourd'hui encore le cœur du site Richelieu. De 1643 jusqu'à la Fronde Gabriel Naudé, son bibliothécaire, dépense 88362 livres pour la constitution d'une bibliothèque exceptionnelle, qui contient environ 40.000 livres. Mais les événements bouleversent ses projets: alors que Mazarin s'est exilé à Brühl, le Parlement de Paris ordonne la vente aux enchères de ses livres. Cette vente a lieu en janvier-février 1652.
Le fameux échange de 1668 entre la Bibliothèque royale et le Collège Mazarin, dont l’idée vient de Jean-Baptiste Colbert, concerne donc la « seconde bibliothèque de Mazarin », reconstituée dès 1653-1654 à partir des restes de la collection que Naudé avait réunie pour le cardinal avant la Fronde. L'état des volumes imprimés, échangés avec des exemplaires de la Bibliothèque royale, et celui des manuscrits, qui sont quant à eux achetés, portent la signature du bibliothécaire de Colbert, Pierre de Carcavi, et du successeur de Naudé, François de la Poterie (nouv. acq. fr. 5763). Cet accord coupe en deux la bibliothèque de Mazarin et environ deux mille quatre cents manuscrits et trois mille six cents livres imprimés rejoignent la Bibliothèque royale, alors que le reste de la collection est tranféré selon les vœux du cardinal défunt dans le Collège Mazarin, de l'autre côté de la Seine.
Les manuscrits sont en latin, en français, dans la plupart des langues européennes à l’exception de l’anglais, en grec, hébreu, copte, syriaque, samaritain, éthiopien, persan, turc, arabe et chinois.
Une partie considérable de la collection se compose de papiers contemporains, en rapport avec les intérêts « professionnels » de Mazarin, comme les mémoires d’Etat d’Antoine de Loménie, comte de Brienne, secrétaire d’Etat de Henri IV puis de Louis XIII, que Richelieu avait achetés de force en 1638. Déposées un temps au Louvre après la mort de Richelieu, ces copies avaient excité la convoitise de Mazarin qui s’en était emparé en 1642 et les avait récupérées en 1653. Remises à la Bibliothèque royale dès 1661, elles sont cependant intégrées dans l’échange de 1668.
Le Moyen Age est lui aussi largement représenté par des textes importants et par des manuscrits enluminés de qualité. Les manuscrits achetés par Naudé en 1647 après le décès de Peiresc forment sans aucun doute possible le groupe le plus considérable de documents anciens. On peut aussi identifier un certain nombre de manuscrits acquis par Naudé au fil de ses découvertes chez les libraires parisiens ou au cours de ses voyages à l’étranger, et en particulier en Italie et dans les pays germaniques.
Les manuscrits provenant de Mazarin conservent peu de traces de leur passage dans sa bibliothèque. Quelques étiquettes de papier encore collées au dos de reliures anciennes, des chiffres parfois inscrits dans la marge supérieure du premier feuillet de texte indiquent bien que ces volumes ont été placés dans des ensembles structurés importants, mais rien ne permet d’affirmer qu’il s’agit du cadre de classement du Collège Mazarin.
Montluçon, Bibliothèque municipale [Réserve des livres rares, TOLBIAC]
C’est en 1891 seulement que fut constituée la Bibliothèque municipale de Montluçon (Allier). À la suite d’une inspection et en échange de l’aide logistique apportée par la Bibliothèque nationale – qui offrit en particulier des fonds documentaires nécessaires au nouvel établissement – les incunables et l’ensemble des fonds anciens, constitués de volumes entreposés à la Mairie de Montluçon, furent envoyés à Paris en 1901. En 1903, au moins 46 incunables et des ouvrages du XVIe siècle furent incorpoRéserve des livres rares aux collections de la Bibliothèque nationale et répartis parmi les imprimés, tandis que 64 autres incunables furent attribués à la Bibliothèque de la Sorbonne. Ces ouvrages, à dominante théologique, provenaient pour la plupart des couvents de la ville de Montluçon supprimés à la Révolution : Capucins ou Franciscains, Ursulines, Cordeliers. Ceux qui parvinrent à la Bibliothèque nationale, en assez mauvaise condition, reçurent pour la plupart de nouvelles reliures en basane brun foncé.
Dominique Frasson-Cochet, Catalogues régionaux des incunables des bibliothèques publiques de France, t. 18, Auvergne-Bourbonnais, à paraître.