On sait peu de chose sur Ernest Zay, sa vie et sa carrière, revues et gazettes numismatiques ayant été fort peu reconnaissantes à l’égard d’un collectionneur érudit et généreux dont l’œuvre reste encore de nos jours la bible du monnayage colonial français. On ne sait rien de sa jeunesse. Né en 1829, Ernest Zay, commença relativement tardivement, vers 40 ans, à collectionner systématiquement et à étudier les monnayages des colonies françaises. Dans sa maison de la rue Montholon, il rassemblait non seulement des signes monétaires, mais également un importante documentation qu’il allait chercher dans les cabinets numismatiques et dans les administrations liées au x colonies françaises ; C’est ainsi que ses recherches l’on conduit aux archives du ministère de la Marine et des Colonies dont il était devenu un lecteur assidu compulsant les archives et les documents confié à A. Gambey, l’archiviste du ministère. En 1892, il publiait à Paris l’Histoire monétaire des Colonies françaises, qui devint le manuel de base pour tout chercheur ou de tout collectionneur travaillant sur le monnayage colonial de la France. Cet ouvrage est encore la référence dans ce domaine ; Zay en préparait une seconde édition largement augmentée que la mort l’empêcha d’achever. Le département des Monnaies, Médailles et Antiques conserve en effet l’exemplaire personnel de Zay, tout couvert de notes et de ratures, de passages biffés, de pages interfoliées développant des passages ou donnant des précisions historiques, de dessins et d’estampages de pièces collationnées ici ou là. Sur la page de titre, il a masqué la mention « d’après les documents officiels » et ajouté de sa main « 2e édition revue et augmentée ».
Ernest Zay mourut le 14 novembre 1909 à Paris. L’année précédente, il avait fait don de sa collection au Cabinet des Médailles (inscrit dans le registre 86, Dons F 1890-1908, p. 289-290).
La collection Zay comprend principalement des monnaies des colonies et protectorats français d’Afrique du Nord et sub-saharienne (Algérie, Tunisie, Foutah-Djalon, Gabon, Congo, Comores, La Réunion, Madagascar, etc.), d’Indochine (Cochinchine, Annam, Laos, Cambodge), des Cinq Comptoirs de l’Inde, d’Amérique du Nord et Antilles (Canada, Martinique, Guadeloupe, Marie-Galante, etc.), de la Nouvelle-Calédonie, des jetons, médailles et décorations liés à l’histoire coloniale, ainsi que quelques monnaies des colonies étrangères, en tout 741 documents numismatiques.
En mars 1969, Madame Paulette Adler fit donation à la Bibliothèque nationale, avec réserve d’usufruit, de la bibliothèque de livres anciens constituée par feu son mari Alfred J. Adler et elle-même. Cette démarche à la mémoire de son mari, fut aussi action de bibliophile attachée à la notion de collection et soucieuse de sa pérennité.
Leur aisance financière (Adler avait une affaire de cuirs et peaux qu’il géra durant les années de guerre depuis Buenos Aires en Argentine), leur goût personnel et le recours aux meilleurs libraires de Paris et de l’étranger ont permis la constitution de cet ensemble amorçé dès les années 1920 ; ils ont participé aux grandes ventes (par exemple Mortimer L. Schiff de 1938 pour les Elzevier, les Aldes ou –l’une des dernières –la vente L. Wilmerding en 1951). Notons aussi le rôle du libraire parisien Arthur Rau durant les années 1950.
Grâce aux relations privilégiées de la Bibliothèque nationale, du monde des libraires et des bibliophiles, Madame Paulette Adler, elle-même membre de l’Association Internationale de Bibliophilie, bien consciente de la valeur patrimoniale des ouvrages, autant les textes que les reliures, leurs possesseurs (Fugger, Grolier, Granvelle, par exemple), fit le choix d’un donation à l’établissement français.
Elle gardait la jouissance de ces volumes (près d’un millier), conservés dans son appartement parisien ; en 1974, elle permit que furent exposés 16 ouvrages (14 reliures et 2 éditions aldines) de ce fonds à l’occasion de l’exposition des enrichissements 1961-1973 de la Bibliothèque nationale. Peu après par testament olographe du 2 juillet 1976, elle compléta la donation par un legs des ouvrages les plus précieux, notamment toute une série d’almanachs du XVIIIe s. L’exécution du testament et la prise en charge de la donation après son décès survenu le 8 août 1992 fut retardée par la recherche d’un héritier réservataire. Pour le détail voir les lignes d’introduction en tête de la liste d’inventaire au registre des entrées du département de la Réserve: "Donation et legs de Madame Paulette Adler". L’acte de délivrance du legs fut signé le 30 mai 1996.
La collection est conservée par le département de la Réserve des livres rares mis à part 12 volumes manuscrits (au département des Manuscrits). Pour respecter l’homogénéité du fonds a été créée une cote spécifique "Z. Adler" (avec quatre formats et une numérotation séquentielle pour chacun : Rés g.fol. Z. Adler 1 à 7, Rés fol. Z. Adler 1 à 38, Rés. 4° Z. Adler 1 à 61 et Rés. 8° Z. Adler 1 à 724 (inclus les formats in-16 et nains).
La liste ordonnée du registre des entrées du département de la Réserve (Don Rés. 97-0022 à 00851) reproduit la topographie des volumes sur les rayons. Y sont recensés de façon mêlée la donation et le legs : une astérisque permet de différencier le legs et mention aussi est faite dans la description catalographique Les ouvrages sont classés typologiquement puis alphabétiquement par format à l’intérieur de chaque section.
Les chiffres suivants reflètent l’image de la répartition des éditions : [la section A = les 12 manuscrits] ; B. Incunables (5) ; C. Impressions aldines (134) ; D. Impressions du XVIe siècle (120) ; E. Ex officina Elzeviriana(207) ; F. Éditions du XVIIe s.(88) ; G. Éditions du XVIIIe s.(209) ; H : Almanachs (27, tous legs) ; I. Éditions du XIXe s.(28) ; J. Éditions du XXe s. (9). Notons les deux gros blocs des Elzeviers, les éditions du XVIIIe s. (éditions illustrées françaises) et les impressions aldines, enfin les almanachs mais le XIXe s. n’est pas en reste avec notamment l'exemplaire de Cambacérès du Code civil (an XII-1804).