Baluze (Fonds) Acheté en 1719 avec l’ensemble des manuscrits ayant appartenu à Étienne Baluze, le fonds Baluze regroupe des documents très variés, qui sont arrivés en liasses ou en portefeuilles à la Bibliothèque royale. Le classement de cet ensemble a été remanié à plusieurs reprises: le premier rangement en sept armoires est dû à Baluze lui-même, mais sitôt le récolement réalisé en 1720, le garde des manuscrits Jean Boivin entreprend en 1721-1722 de reclasser les papiers dans un ordre totalement différent, les versant dans dix-neuf sections. Un catalogue manuscrit sommaire garde la trace de ce classement compliqué et peu pratique ; seule la correspondance, qui ne figure pas dans la Bibliotheca Baluziana, y fait l’objet d’un dépouillement assez détaillé (nouv. acq. fr. 5621-5622). Et aussitôt après la mort de Boivin en 1726, l’abbé de Targny rétablit autant que faire se peut l’ordre ancien des armoires, tout ce qui n’est pas identifié dans une armoire étant classé sous la rubriques « Armoires incertaines » ; l’inventaire manuscrit établi en 1727-1738 rend compte de ce travail de mise en ordre (nouv. acq. fr. 5623). D’autres tentatives de catalogage aboutiront en 1921 avec la publication du Catalogue de la Collection Baluze, qui reprend le classement de 1726 à l’exception de quelques volumes ou pièces, intégrés dans d’autres fonds du département. Les documents restés longtemps non reliés et non estampillés font l’objet de toutes sortes de convoitises depuis le XVIIe siècle jusqu’aux célèbres affaires de vols du XIXe siècle. C’est pourquoi on procède en 1843-1844 à un nouveau récolement, puis au partage des pièces en 379 volumes, qui sont tous reliés au chiffre de Louis-Philippe. Les chartes, inventoriées et numérotées par Léopold Delisle, forment une série de 19 volumes placés à la fin de la série (numéros 380-398). Outre les papiers personnels de Baluze, environ 80 volumes dont la moitié de sa main, le fonds Baluze contient plusieurs ensembles provenant de savants comme Pierre de Marca, André Duchesne, les frères Chifflet et Masson, Jacques Sirmond… On y trouve aussi les archives de l’administration de la Bibliothèque Colbertine par Baluze, des documents provenant de Richelieu, Mazarin et Colbert, et en particulier leur correspondance. La série des chartes contient de nombreuses bulles pontificales, des actes conciliaires, des diplômes carolingiens et des actes royaux, ainsi qu’un des inventaires de la librairie de Charles V au Louvre.
Bibliotheca Baluziana, seu catalogus librorum bibliothecae V. Cl. D. Steph. Baluzii Tutelensis, Paris, 1719, 3 vol., les deux premiers consacrés aux livres imprimés, le troisième aux manuscrits anciens, aux chartes et aux papiers de Baluze Delisle (Léopold), Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque impériale, I, Paris, 1868, p. 364-367 E. Fage, Étienne Baluze, sa vie, ses ouvrages, son exil, sa défense, Tulle, 1899. Auvray (Lucien) et Poupardin (René), Catalogue des manuscrits de la collection Baluze, Paris, 1921.
Lydia Mérigot et Pierre Gasnault, Les Catalogues du Département des manuscrits : manuscrits occidentaux, Paris : Bibliothèque nationale, 1974, p. 55. - Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 123-124. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 51
Abraham Hyacinthe Anquetil-Duperron (Paris, 7 décembre 1731 - 19 janvier 1805) est un indianiste et un traducteur français. Il fut attaché à la Bibliothèque du Roi auprès de la collection des manuscrits orientaux. De retour d'Inde le 15 mai 1762, il dépose à la Bibliothèque du Roi cent quatre-vingt manuscrits qui forment l'embryon du Supplément persan avec le don de J.-B. Gentil en 1778. Ses papiers et le reste de ses collections entrent à la Bibliothèque nationale après son décès en 1805. Les papiers forment 26 volumes cotés : [NAF 8857-8882
Ce fonds, distinct du Fonds éthiopien proprement dit, forme une collection à part qui porte le nom du savant.
Antoine d'Abbadie (1810-1897), géographe et aussi linguiste, ethnologue et numismate, séjourna en Éthiopie de 1837 à 1849 en compagnie de son frère Arnauld. Il acquit durant cette période plus de 200 manuscrits qu'il confia à sa mort à l'Académie des sciences dont il était membre. Ces manuscrits furent remis en dépôt à la Bibliothèque nationale en 1902. Marius Chaîne en publia le catalogue en 1912. La majorité des ouvrages d'une grande variété date des XVIIe et XVIIIe siècles : Écriture sainte, annales des rois d'Éthiopie presque complètes, poésie et art épistolaire, plusieurs manuscrits à peintures. On peut signaler que 17 volumes de notes et de lettres concernant l'Éthiopie, laissés par Antoine d'Abbadie, figurent dans le fonds des Nouvelles Acquisitions françaises sous les cotes : N. a. fr. 10222-10223, 21299-21305, 22430-22433, 23851-23853, 24049. Antoine d'Abbadie avait lui-même publié le catalogue de sa collection en 1859. À cette occasion fut gravé par l'Imprimerie impériale un nouveau type de caractères éthiopiens.
Fonds associés :
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 23, 24 et 26. Annie Berthier (dir.), Manuscrits, xylographes, estampages : les collections orientales du département des Manuscrits : guide, Paris : Bibliothèque nationale de France, 2000, p. 39.
Fonds Bakst
Elève de l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, Léon Bakst (1866-1924) fut en 1898 l’un des fondateurs du groupe Mir Iskousstva (Le Monde de l’Art), avec Alexandre Benois et Serge Diaghilev qui le fit travailler comme décorateur pour ses Ballets russes, créés en 1909. En 1980, sa nièce, Marie Constantinovitz, donna à la Bibliothèque-musée de l’Opéra un vaste ensemble de documents donnant un aperçu de la totalité de sa production de décorateur de théâtre : 100 dessins de décors et de costumes, un album de photographies, de la presse, des notes, de la correspondance (à Nadia Boulanger et à Misia Sert ; de Jean Cocteau, Michel Fokine et Francis Poulenc), 7 carnets de travail. Les dessins de décors et de costumes ont été classés sous la cote D 216 Z 10 ; les autres pièces sont conservées sous la cote Fonds Bakst). La Bibliothèque-musée de l’Opéra conserve d’autres œuvres de Léon Bakst, notamment dans le fonds Kochno, dans le fonds de l’Opéra de Paris et dans le fonds du Musée.
Arsène Alexandre et Jean Cocteau. L'art décoratif de Léon Bakst. Paris : M. de Brunoff, 1913
Alexander Schouvaloff, Léon Bakst, Paris, Ed. Scala, 1991. (contient en annexe la liste chronologique des œuvres scéniques auxquelles Bakst a collaboré)
Charles Spencer, Léon Bakst and the Ballets russes, London, Academy ed., 1995.
Mathias Auclair et Pauline Girard, « Les collections iconographiques du XXe siècle de la Bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris », à paraître dans Music in art : international journal for music iconography.
Fonds Baillot, Pierre et René Fonds Sauzay, Eugène
Pierre Baillot (1771-1842), connu essentiellement comme violoniste et compositeur, fut aussi un grand pédagogue et joua un rôle capital dans le développement de la musique de chambre à Paris, en organisant entre 1814 et 1840 des séances de quatuors et de quintettes par souscription. Son fils, René Baillot (1813-1889), pianiste et compositeur, fut le premier titulaire de la classe de musique d’ensemble du Conservatoire de Paris (1848-1887), tandis que sa fille, Augustine Sauzay, et son gendre, le violoniste Charles-Eugène Sauzay (1809-1901) jouaient dans les séances de musique de chambre organisées par Pierre et René Baillot. Le fonds Baillot conservé au département de la Musique reflète ces différentes activités et les personnalités de cette famille de musiciens. Il est issu de dons (Charles Panzera, époux de la pianiste Madeleine Baillot, Max Milner et Christiane Panzera-Milner, 1987 ; Daniel Lainé, 2000) et d’acquisitions (Daniel Lainé, 2000). Le don issu de la famille de Charles Panzera (accessible par les entrées détaillées inscrites au carnet de dons et les fichiers du département de la Musique) contient de nombreux manuscrits autographes musicaux de Pierre et René Baillot (œuvres pour violon, piano ou musique de chambre). Un dossier de documents d’archives permet de suivre la carrière de Pierre Baillot : on y trouve notamment des pièces concernant l’organisation de la Chapelle royale, la place de violon solo à l’Opéra, la Société des concerts du Conservatoire, les jurys des Expositions des objets de l’industrie au Louvre. Les déplacements du violoniste sont documentés par les manuscrits autographes d’un bref journal de voyage dans le midi de la France, celui d’un voyage en Russie, auxquels s’ajoute le manuscrit de ses « Souvenirs ». Des documents familiaux (actes de naissance, de décès), permettent de suivre l’histoire de la famille. Enfin, tout un ensemble de lettres reçues ou envoyées par Pierre Baillot, par son fils René Baillot et son gendre Eugène Sauzay permettent de connaître le réseau de relations entretenu par la famille. Le second ensemble de documents concernant la famille Baillot provient de la collection de Daniel Lainé (don et acquisition) : entièrement inventorié, il rassemble lui aussi un important ensemble de manuscrits autographes d’œuvres de Pierre Baillot (œuvres pour violon, mais aussi pianoforte, musique de chambre et chœurs ; minutes des méthodes rédigées pour le Conservatoire), des copies de la main d’Eugène Sauzay, et des copies non autographes. Des partitions imprimées d’œuvres de Pierre Baillot sont parfois annotées de la main du violoniste, comme le sont certaines éditions de Mozart ou de Bach. Un ensemble de partitions gravées et imprimées d’œuvres, entre autres de Beethoven (Pierre Baillot fut le créateur en France du concerto pour violon), de Luigi Cherubini (dont il suivit les cours), de musique de chambre de Luigi Boccherini, que le violoniste contribua grandement à divulguer en France, du violoniste Giovanni Viotti (qui jouera un rôle déterminant dans sa formation à Paris), témoigne de la bibliothèque musicale des familles Baillot et Sauzay. Enfin, d’importants manuscrits autographes d’Eugène Sauzay (notamment des romances, trios, de la musique pour les intermèdes du Sicilien, de Georges Dandin, des pièces pour violon) complètent notre connaissance de cette grande famille de musiciens.
Joël-Marie Fauquet, Les Sociétés de musique de chambre à Paris de la Restauration à 1870, Paris, Aux amateurs de livres, 1986.