PARIS. SAINT-MARTIN-DES-CHAMPS
La bibliothèque de Saint-Martin-des-Champs est connue vers le début du XIIIe siècle grâce à un catalogue inclus dans un cartulaire, qui donne l’origine d’un certain nombre de manuscrits, quelques noms étant en outre fournis par l’obituaire du prieuré, parmi lesquels cinq prieurs bienfaiteurs de leur établissement.
La bibliothèque est en grande partie dispersée au XVIe siècle jusqu’à l’arrivée de Dom Marrier, auteur d’une histoire du prieuré, qui reconstitue une nouvelle collection à partir des bibliothèques de Chaalis et de Saint-Arnoul de Crespy. Après la reprise de Corbie par l’armée française en novembre 1636, on projeta de confisquer les manuscrits de l’abbaye de Corbie pour les déposer au prieuré de Saint-Martin-des-Champs dont le cardinal de Richelieu était commendataire, avant de les remettre à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Au XVIIIe siècle, Dom Pierre François Pernot, bibliothécaire du prieuré, se procure de nombreux titres provenant de la Chambre des comptes, dont son successeur Dom Chamoux entreprend l’inventaire analytique. La plupart des titres, qui se montent à près de 8000 pièces, considérées comme généalogiques, sont détruites à la Révolution, la Bibliothèque nationale ne conservant que 112 manuscrits de ce prieuré. Cependant, selon une note, Dom Pernot a remis vingt-deux paquets de quittances, sept de montres et un de lettres et commissions à l’abbé de La Cour, garde du Cabinet généalogique du roi († 1779), tandis que deux volumes de Dom Chamoux semblent constituer les volumes 1430-1431 de la collection Moreau. En 1790, sous le bibliothécaire le P. Adam, la bibliothèque compte 247 manuscrits. Quelques manuscrits, acquis par voie d’échange par l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, arrivent sous la Révolution à la bibliothèque nationale avec le fonds de cette abbaye. Le département des Manuscrits conserve au total 141 volumes provenant de Saint-Martin-des-Champs, dont 113 manuscrits latins et 26 manuscrits français. La provenance de ces volumes se manifeste par la présence d’un fer au dessus des armoiries, parfois collé sur le plat des volumes, représentant saint martin coupant son manteau en deux pour le partager avec un pauvre, ou par l’ex-libris manuscrit du prieuré.
Paris. Notre-Dame
La bibliothèque du chapitre cathédral de Notre-Dame de Paris, après avoir connu un grand désordre au XVIIe siècle, fut restaurée par le chanoine Claude Joly qui lui fit don de sa propre collection en 1680. Il la dota notamment d’un très bel ensemble de manuscrits, dont beaucoup lui venaient du célèbre avocat Antoine Loisel, son grand-père.
Mais le 24 avril 1756, désireux de réunir l’argent nécessaire à la reconstruction de leur sacristie, les chanoines de Notre-Dame vendirent au roi 301 de leurs plus beaux manuscrits, datés du Xe au XVe siècles, parmi lesquels plusieurs anciens textes en prose française, de précieux manuscrits de classiques latins (Térence, César, Cicéron, Lucain), treize manuscrits grecs et deux exemplaires de l’Histoire de Grégoire de Tours, l’un en cursive mérovingienne, l’autre en lettres onciales. On ne comprit pas dans la donation plusieurs volumes qui furent considérés comme purement liturgiques. Parmi ces derniers, plusieurs rejoignirent finalement la Bibliothèque désormais nationale à la Révolution (aujourd’hui mss lat. 8895, 9461, 9485).
C’est également à la Révolution que la Bibliothèque nationale recueillit quelques-uns des imprimés du chapitre cathédral de Notre-Dame, qui avaient été transférés dans le dépôt littéraire des Petits-Augustins, puis dans celui de Saint-Louis-la-Culture. Deux listes (19 thermidor an IV et 15 frimaire an VIII) mentionnent respectivement 9 et 3 titres prélevés par la Bibliothèque nationale. Il est possible en outre que d’autres ouvrages de la bibliothèque de Notre-Dame figurent sur des listes de prélèvement sans provenance indiquée. Les imprimés issus de Notre-Dame sont aujourd’hui dispersés entre les magasins du département Histoire (lettrage B) et ceux de la Réserve où se trouvent en fait la majorité d’entre eux. Citons par exemple un Missel parisien de 1550 enluminé (Vélins 188).
Quant aux manuscrits du chapitre Notre-Dame, après avoir formé un "petit fonds" autonome, ils ont été répartis entre les fonds français, grec et latin du département des manuscrits occidentaux. On peut néanmoins – contrairement aux imprimés – les réunir intellectuellement grâce au volume 3 du Catalogue général des manuscrits, Anciens petits fonds, qui donne la concordance entre les cotes actuelles et anciennes des manuscrits.
Les volumes ayant appartenu à l’église Notre-Dame sont encore aujourd’hui faciles à reconnaître. Sur les plus anciens manuscrits, on lit presque toujours, en tête de la première page, "ex bibliotheca ecclesiae Parisiensis". Sur d’autres, surtout les in-folio, le milieu du feuillet de vélin blanc qui sert de garde porte "a la bibliothèque de l’Eglise de Paris". Quant aux imprimés, on les reconnaît à l’ex-libris manuscrit "A l’eglise de Paris", ou encore "ex bibliotheca ecclesie Parisiensis". Certains portent l’estampille gravée en 1786, avec l’inscription "bibliot. De l’Eglise de Paris" et la Vierge à l’Enfant, marque de Notre-Dame. Quelques-uns ont en outre au milieu des plats la Vierge à l’Enfant sur fond de fleurs de lys, surmontée de "Capitulum ecclesiae Parisiensis".
Oppermann, A.
Le commandant Oppermann (1808-1877), nommé en 1856 maréchal des logis de Napoléon III, participe à la campagne d'Italie en 1859. Il réunit une collection d’antiques qu’il décide, dans un premier testament, de léguer à la Bibliothèque nationale, à l’exemple du duc de Luynes et du vicomte de Janzé. Mais la guerre de 1870 et la chute du second Empire le privent de sa fortune et le contraignent à revenir sur sa décision. Par un accord passé avec le conservateur du Cabinet des médailles, il dépose sa collection, moyennant une rente viagère de 4000 F par an. A sa mort en 1877, au vu des faibles sommes dépensées pour l’acquisition de cet ensemble, riche de 317 bronzes, 245 terres cuites, 162 vases grecs, 11 bas-reliefs de marbre et 153 livres d’archéologie, il est résolu de considérer la collection Oppermann comme un legs. Une grande partie des vases provient directement de fouilles, telles celles de Vulci, Cerveteri - comme l’aryballe au cheval de Troie- , Nola, Volterra ; une cinquantaine de celles menées par Salzmann à Camiros en Crète. D’autres ont été acquis dans les grandes ventes publiques, françaises ou italiennes (Durand, 1836 ; Beugnot, 1840 ; Canino, 1843, Castellani…). Les figurines en terre cuite portent encore souvent des étiquettes de la main d’Oppermann indiquant le lieu de trouvaille. En revanche parmi les bronzes, seuls quelques uns ont des provenances connues, tels l’Hercule ivre trouvé en Basilicate en 1860 (BB 568), ou le centaure trouvé sur l’Acropole d’Athènes en 1835 (BB 514).
Il existe un inventaire sommaire manuscrit de la collection (inv. 122).
Les vases ont été inclus dans le fond général et numérotés selon le catalogue établi par A. de Ridder, Catalogue des vases peints de la Bibliothèque nationale, Paris, 1902. Il en est de même pour les bronzes insérés dans le catalogue d’E. Babelon, Catalogue des bronzes antiques de la Bibliothèque nationale, Paris, 1895. Sur les plus belles pièces, voir J. Babelon, Choix de bronzes et de terres cuites des collections Oppermann et de Janzé, Paris et Bruxelles, 1929.