Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 70.
Versailles (manuscrits provenant du Cabinet du roi) A côté de la Bibliothèque royale, les rois de France ont toujours entretenu des cabinets de livres particuliers liés à leur personne, dont l'histoire est mal connue, comme le Cabinet du Louvre. C'est le cas aussi au château de Versailles, où Mansart crée en 1701 un cabinet à la fois privé et d'apparat, dont les armoires basses fermées par des glaces ou un treillis de laiton sont doublées de taffetas rouge pour accueillir les livres les plus précieux. Ce cabinet dépend des goûts et des caprices des princes et il sera plusieurs fois remanié et changé de lieu. L'inventaire le plus complet, rédigé en 1775 (nouv. acq. fr. 2622), indique la présence de manuscrits importants. D'autres collections plus privées encore se trouvent aussi à Versailles avant la Révolution. Une étude systématique des nombreux inventaires conservés, qui n'a pas encore été menée, devrait permettre une meilleure connaissance des habitudes de lecture des rois de France depuis Louis XIV et peut-être aussi de la vie littéraire à la Cour à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècles. Ces différents ensembles, réunis au début de la Révolution dans le dépôt littéraire créé au château, ont été rapidement dispersés. Les saisies opérées à cette époque par les représentants de la Bibliothèque nationale concernent presque tout le contenu de la section de manuscrits de l'inventaire de 1775, quelques estampes et des livres imprimés ayant appartenu à Louis XVI, qui sont arrivés en trois lots assez bien connus par les récépissés figurant dans les archives de la Bibliothèque nationale, les 24 et 13 juillet 1795 et en juillet 1797. Les Grandes Heures d'Anne de Bretagne, qui étaient restées dans les mains des rois successifs depuis le début du XVIe siècle (latin 9474), en font partie. On connaît moins bien les mouvements dus au renouvellement du goût et à la personnalité différente de chaque roi qui, à partir des années suivant la mort de Louis XIV, entraînent des transferts de livres de Versailles vers les étagères de la Bibliothèque royale: les célèbres Vélins du roi, aujourd'hui au Muséum d'Histoire naturelle, arrivent à Paris en 1717, un lot important de livres imprimés les suit en 1724, et en 1729 le département des Manuscrits reçoit 270 manuscrits dont l'inventaire réalisé par l'abbé de Targny (nouv. acq. fr. 5808) permet de les identifier dans les fonds latin, français et italien. Il s'agit pour la plupart de manuscrits de présentation à Louis XIV, ornés de frontispices à la gloire du prince, parfois illustrés de peintures, de dessins ou de cartes soignés, et souvent protégés par de luxueuses couvrures de maroquin rouge aux armes personnelles du roi, très différentes des reliures de la Bibliothèque royale. Tous les domaines y sont abordés par des auteurs aux origines et aux intentions sans doute variées, qui apportent un témoignage nouveau sur la vie de la Cour de Versailles et sur leurs relations avec le roi. Quelques textes médiévaux, qui se trouvaient peut-être auparavant au Cabinet du Louvre, font partie de cet envoi. D'autres manuscrits aujourd'hui à Paris sont certainement aussi arrivés de Versailles à d'autres dates, mais aucune liste n'en garde le souvenir.
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. I, p. 374
Inventaire manuscrit : MMA-132-133
« Pionnier authentique dans l'art de la collection, c'est-à-dire de la recherche et de la trouvaille de ces documents-témoins du temps présent ou passé que l'on doit saisir au passage sous peine de les voir disparaître à jamais », ainsi Roger Lecotté, président du Vieux Papier, définissait-il Henry Vivarez, fondateur de l'association. Né à Sète en 1847 dans une famille de négociants en vin, Vivarez entra à l'École Polytechnique et fit une belle carrière d'ingénieur. Mais c'est par ses collections qu'il est passé à la postérité. Si la Bibliothèque Nationale se vit gratifiée de ses vues d'optique, de ses images d'Epinal, de ses gravures au physionotrace, calendriers et ex-libris, de nombreux établissements ont hérité sa moisson: la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, la Bibliothèque de l'Opéra, le Musée des Arts décoratifs, le Musée de la Préfecture de police, pour ne citer que ceux-ci.
Marque de collection : H. Vivarez
Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d’estampes… Amsterdam, 1921 n° 2495. Lecotté, Roger. « Henry Vivarez. fondaleur du Vieux-Papier, 1847-1915 » Le Vieux Papier, oct. 1967, t. 25, fasc. 223, p. 93-94.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes ».Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 35
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.