Les Dossiers biographiques
Les dossiers biographiques conservés par le Département de recherche bibliographique sont constitués de coupures de journaux, d’extraits de revues, de dépêches d’agences de presse… réunis, pour leur plus grande partie, entre 1941 et 1945, par des équipes de chômeurs intellectuels employés au service des Archives de biographie du Centre de documentation de la Bibliothèque nationale . Dès 1930, des dossiers limités aux personnalités contemporaines avaient été constitués par le Centre d’information économique, essentiellement à partir d’articles en provenance de revues. Mais c’est véritablement à partir de 1941 qu’un ambitieux programme de travail s’est mis en place au sein du service des Archives de biographie : son activité s’est étendue à tous les personnages objet d’un article, français ou ayant un rapport direct avec l’histoire de France et la civilisation française, le découpage des journaux quotidiens est devenu systématique et des dépouillements rétrospectifs de revues ont été entrepris.
Conservées à partir de 1970 par le service de l’Inventaire Général du Département des imprimés, ces archives ont été reconditionnées à plat entre 1996 et 1998 à l’occasion du déménagement des collections de Richelieu à Tolbiac et sont maintenant sous la responsabilité du Département de recherche bibliographique, dont elles forment une section originale et encore insuffisamment exploitée du pôle biographique.
Les dossiers s’organisent en deux séries, correspondant au format des pièces (il est conseillé, pour une recherche complète au sujet d’un nom, de consulter les deux séries) : ? La première série comprend 390 boîtes de format in folio, dans lesquelles les dossiers sont plus particulièrement composés de coupures de presse (nécrologies, annonces de nomination, comptes rendus d’ouvrages, d’expositions ou de spectacles,…) et de dépêches d’agences de presse. Avant leur reconditionnement, les dossiers de cette série étaient rangés dans des tiroirs métalliques. ? La deuxième série comprend 325 boîtes de format in 4°, contenant quelques brochures, mais surtout des articles (comptes rendus, études historiques ou littéraires, publication de documents inédits…) extraits de revues du début du XXème siècle : Le Correspondant, Etudes, Le Mercure de France, La Revue de Paris, La Revue des revues, La Revue hebdomadaire, La Revue mondiale, La Revue politique et littéraire : revue bleue, … Ces dossiers étaient auparavant conservés dans environ 400 boîtes d’archives.
Les personnalités faisant l’objet d’un dossier sont très diverses et appartiennent à toutes les époques. Il peut s’agir de figures de l’histoire ou du monde politique (Churchill, Clemenceau, Doumergue, Dreyfus, Ferry, Foch, Franco, Gambetta, Georges V, Girardin, Giraud, Guizot, Hitler, Jeanne d’Arc, Louis IX à Louis XVIII, Lyautey, Marie-Antoinette, Maurras, Millerand, Mussolini, Napoléon I-IV, Pétain, Pie VII et Benoît XV, Poincaré, Roosevelt, Staline, Thiers…), des lettres (Annunzio, Balzac, Barrès, Baudelaire, Bergson, Bourget, Bossuet, Chateaubriand, Claudel, Coppée, Dumas, Flaubert, France, Lamartine, Lemaître, Loti, Mérimée, Michelet, Mistral, Molière, Musset, Proust, Quinet, Racine, Renan, Renard, Rostand, Rousseau, Saint-Exupéry, Sainte-Beuve, Sand, Sartre, Stendhal, Taine, Valéry, Verlaine, Vigny, Voltaire, Zola…) ou des arts (Corot, Courbet, Debussy, Renoir, Van Gogh, Wagner…) – pour ne signaler que des noms apparaissant sur les étiquettes des boîtes ou dont les dossiers forment une boîte ou plus. Mais on y trouvera aussi des individus moins célèbres, voire maintenant inconnus, ne figurant parfois dans aucun dictionnaire biographique (académiciens, personnalités de l’administration – y compris coloniale –, chefs d’entreprises, diplomates, industriels, journalistes, médecins, hommes politiques, professeurs, religieux, scientifiques, sportifs, hommes et femmes de théâtre …), dont sont conservés ici les nécrologies ou de brefs articles d’actualité.
La couverture chronologique des pièces réunies s’étend selon les personnages de la fin du XIXe siècle (articles de revues réunis rétrospectivement) à 1945 (articles de la presse de l’époque). Certains dossiers, notamment vers la fin de l’alphabet, ont été parfois complétés dans les années 70 par le service de l’Inventaire Général, en lien avec la rédaction du Catalogue général Auteurs.
Si la cohérence globale de cet ensemble documentaire reste difficile à évaluer, il serait cependant dommage de le négliger. Aussi un répertoire des noms faisant l’objet d’un dossier a-t-il été entrepris ; il mentionnera pour chacun, les dates de naissance et de mort ainsi que la fonction ou l’activité de la personne, si elles figurent dans le dossier, le nombre de pièces existantes et permettra d’avoir une vision plus précise du contenu parfois inattendu de ces archives.
Les dossiers biographiques portent historiquement une cote magasin : Ln1-232, qui ne permet cependant pas leur communication par le système informatique. Celle-ci se fait manuellement au bureau de la mezzanine de la salle X. Les documents ne sont pas photocopiables.
A noter : le DRB met également à disposition des lecteurs sur la mezzanine de la salle X, des fichiers constitués parallèlement aux dossiers par le Centre de documentation : fichier biographique, dit « Fichier Bruno » (du nom d’un de ses derniers responsables au Département des Imprimés), fichier des familles, fichier de dépouillement de mémoires, d’autobiographies et d’ouvrages contenant des souvenirs divers, fichier de dépouillement de La Vie de Paris de J.-B. Passerieu.
Armand BOUTILLIER DU RETAIL, Les Archives de biographie française, in F.I.D. Communicationes, 1943, vol. X, fasc. 2, p. 18-21. Armand BOUTILLIER DU RETAIL, Le Centre de documentation, in Le fonctionnement et la réorganisation de la Réunion des bibliothèques nationales de Paris 15 juin 1940-31 décembre 1942, rapport présenté à M. Le Maréchal de France… / par M. Bernard Faÿ, Administrateur général, 1943, p. 167-194. Jean BRUNO et Michel ROUSSIER, Les recherches biographiques et la documentation imprimée, in Bulletin des bibliothèques de France, juin 1963, 8ème année, n°6, p. 251-259. Bernard VOUILLOT, Traitement et collecte des sources de l’histoire de France à la Bibliothèque nationale, in Revue de la Bibliothèque nationale, 1993, n°49, p. 8-10.
Dimier, Louis
Louis Dimier était un habitué du Cabinet des Estampes, où il avait notamment travaillé sur les portraits " aux trois crayons " du XVIe siècle. A sa mort, survenue en 1943, entrèrent dans nos collections, en partie par vente, en partie par don, un grand nombre d'ouvrages relatifs à l'histoire de la gravure sur bois, ainsi qu'un ensemble considérable de bois gravés: des bois de Godard que Oimier avait acquis de Supot, imprimeur, successeur de Poulet-Malassis, et des bois d'origine anglaise, dont ceux de Bewick.
Jobert, Barthélémy. « Un historien d'art au travail : le don Dimier au Département des Estampes ». Nouvelles de l'Estampe, oct. 1991, n° 118-119, p. 16-35 Blachon, Rémy. « À propos du don Dimier... ». Nouvelles de l'Estampe, oct. 1993, n° 130-131, p. 57-60
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 54
Devéria, Achille (1800-1857)
Né en 1800, élève de Girodet, Devéria commença à lithographier en 1819 des pièces d'esprit libéral et anticlérical, mais quitta vite ces sujets politiques pour se consacrer au portrait lithographié dont il devint un des maîtres. En 1848, il fut nommé au Cabinet des Estampes, dont il prit la direction, pour peu de temps puisqu'il mourut en 1857. Avec cette nomination, il avait pour toujours abandonné ses crayons. Toute sa vie, Devéria avait réuni une importante documentation classée par ordre alphabétique, qui lui servait pour ses illustrations, et que ses héritiers ont vendue pour une somme minime au Cabinet des Estampes. C'est un recueil de spécimens d'illustrations des classiques au XVIIe et XVIIIe siècles.
Marque de collection : Devéria
Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d’estampes…Supplément… La Haye, 1956, n° 670a.http://www.marquesdecollections.fr/detail.cfm/marque/6427/total/1 L'essentiel de la collection est conservé sous les cotes Za 1 à Za 115 ; Za 188 à Za 337. Bibliothèque nationale. Département des Estampes. Inventaire du fonds français après 1800, t. VI, p. 483.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 20
Né à Paris en 1924, Fred Deux grandit à Boulogne-Billancourt dans une famille ouvrière. Confronté très tôt à la misère, à l’alcoolisme et à la promiscuité sexuelle, il abandonne l’école et travaille à l’usine dès l’âge de 14 ans. Bien que sans formation, il parvient à être embauché au début de la guerre, à 18 ans, comme électricien de nuit. En 1943, il entre dans le groupe FTP de son usine et part au maquis. À la Libération, il s’engage dans les Goums marocains, puis quitte l’armée et s’installe à Marseille en 1947 où il devient commis dans une librairie. Il découvre alors l’art par la lecture des écrivains surréalistes et les livres de peinture contemporaine. Il rencontre les membres de l’équipe des Cahiers du Sud et réalise ses premiers dessins et "tâches" d’encre. Il fréquente le groupe surréaliste marseillais dont il se sentira cependant toujours à l’écart (il le quitte définitivement en 1954). Ses œuvres graphiques sont exposées à Paris dès 1948. La période des années cinquante est marquée par une intense activité de création graphique. Il rencontre André Breton, Hans Bellmer dont il restera proche, etc. Il épouse Cécile Reims qui grave ses dessins sur cuivre. Il expose beaucoup. En 1957, il publie La Gana, texte d’essence autobiographique publié sous le pseudonyme de Jean Douassot qui reçoit un bon accueil de la critique. En 1959, il s’installe dans un village de l’Ain. Une crise dans le travail de création et le don anonyme d’un magnétophone à bande l’amènent à tenter l’exploration d’un troisième moyen de communication, après le crayon et la plume : le micro. Il imagine alors de s’enregistrer, chaque jour, dans le calme de son atelier, disant au magnétophone ce qui devient, au fil des séances, une autobiographie parlée qui commence au moment des premières années de travail à l’usine. Elle devient peu à peu une "quasi-autobiographie" de longue haleine (plus de trente années d’enregistrement) mêlant la fiction au réel. En 1985, Fred Deux et Cécile Reims déménagent dans l’Indre, à La Châtre. Ils continuent leurs œuvres respectives. D’autres textes de Fred Deux sont publiés. Des rétrospectives de ses dessins et gravures sont organisées, dont celle du Musée Cantini à Marseille en 1989-1990. Certaines de ses œuvres graphiques rejoignent les collections du Musée national d’Art moderne de Paris et la Réserve des imprimés de la BnF. En 1999, l’éditeur André Dimanche publie le début de l’autobiographie parlée sous la forme d’un coffret de 24 disques compacts. Enfin, en septembre 1999, grâce à une convention avec l’association La Culture pour vivre, 200 heures d’enregistrement de l’autobiographie parlée, intègrent les collections du département de l’Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France.