Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Ge 8
Delepierre, Jean et Marie
La donation Jean et Marie Delepierre, reçue en 1966 « peut être considérée comme la plus remarquable qui ait été remise au Cabinet des médailles depuis celle du duc de Luynes en 1862 » (Georges Le Rider). La donation faite à l’État par Marie Delepierre, trois ans après la mort de son mari, compte quelque 8000 monnaies grecques, d’or, d’argent et de bronze, et quelques 260 de ces objets (« marbres, bronzes, vases et même bijoux ») « qui fournissent les correspondances nécessaires pour l’exégèse et la chronologie des monnaies » (Marie Delepierre)
Né à Montreuil-sur-Mer le 9 octobre 1889, Jean Delepierre fut saisi dès sept ans par la passion numismatique. D’abord les monnaies romaines, trouvées localement dans des brocantes ; les catalogues de vente qu’il se fait envoyer. La découverte des monnaies grecques, à onze ans, oriente définitivement sa collection. Après des études de droit, il fuit sa ville natale et les projets que son père nourrissait pour lui ; à Paris, il subsiste tant bien que mal tout en travaillant la numismatique et l’archéologie. Il envisage un temps d’enseigner l’histoire, ou d’entrer au Cabinet des médailles. L’épreuve de la Grande Guerre conduit l’officier d’artillerie qu’il était, affecté à l’Inspection des Forges, « témoin d’une partie de la mobilisation industrielle du pays » (journal JD), à choisir en 1919 de se mettre au service du pays en entrant dans l’Administration (ministère du Commerce et de l’industrie).
C’est l’amour de la Grèce et la connaissance des monnaies qui le rapprochent de celle qui allait devenir son épouse (1932) et sa collaboratrice, Marie Sisco. Née en 1896, elle avait acquis un savoir et des diplômes remarquables pour une jeune fille de ce temps : diplômée de philosophie, licenciée en droit, certifiée en archéologie grecque… Elle aussi, pendant la guerre se mit au service de son pays, dans le cadre du Phare, œuvre au service des aveugles de guerre ; elle traduisit en Braille, pendant plusieurs années, les textes grecs au concours de l’agrégation.
Leurs activités de Réserve des livres raresistants pendant la Seconde Guerre valurent à Jean une certaine mise à l’écart professionnelle. Cette retraite avant l’heure les conduisit à « chercher dans l’étude un refuge ». La Libération le rétablit dans son honneur et ses fonctions. Après sa retraite, en 1954, le couple dédia ses dix dernières années à voyager en Grèce, et accroître la collection.
Marie Delepierre survécut 10 ans à Jean, décédé le 7 octobre 1963. Elle les consacra à contribuer, avec Georges Le Rider, au catalogage scientifique de leur collection donnée au Cabinet des médailles. Après sa mort, le 19 février 1974, l’œuvre fut poursuivie par Hélène Nicolet.
Bibliographie ; Syllogè Nummorum Graecorum, France I : Collection Jean et Marie Delepierre, Bibliothèque nationale, Cabinet des médailles, [rédigé par Hélène Nicolet ; avec la collaboration de Jean et Marie Delepierre, Georges Le Rider], Paris, Bibl. nat., 1983.
Sur Jean D. , notice nécrologique par Pierre Devambez, REG 1964, p. XXVIII-XXVIX ; M. Delepierre, « Jean Delepierre », Syllogè (non paginé : 3 p.) Sur Marie D., notice nécrologique par Francis Vian, REG 1974, p. XXIX-XXX ; G. Le Rider, « Préface » à la Syllogè (non paginé : 2 p.).
Sylloge nummorum Graecorum… Paris : BN, 1983
Charles Delaunay est le fils des peintres Sonia et Robert Delaunay. Même s’il n’en est pas le fondateur, il est membre du Hot Club de France dès 1934. En 1935, il fonde avec Hugues Panassié la revue “Jazz Hot” dont il est le directeur jusqu’en 1980. En 1936, avec la Hot Discography, il innove en publiant la première discographie et donc a fortiori la première discographie de jazz. La marque Swing qu’il fonde en 1937 est la première compagnie de disques de jazz créée au monde. Il y enregistre des musiciens français ainsi que des musiciens américains de passage à Paris. Le catalogue Swing est racheté en 1951 par Vogue dont Charles Delaunay est également l’un des initiateurs avec Léon Cabat. Sous l’occupation, il devient l’impresario de Django Reinhardt, puis celui de Sidney Bechet à partir de 1951. Charles Delaunay fut également organisateur de concert, programmateur de festivals et producteur de radio. Mais Charles Delaunay était aussi et surtout un grand collectionneur de disques (78 tours, 33 tours, 40 cm, etc.), de livres, de périodiques et de films. En 1980 une donation sous réserve d’usufruit est signée entre la Bibliothèque nationale et Charles Delaunay. C’est ainsi qu’à sa mort en 1988, les archives personnelles de Charles Delaunay : à savoir : la documentation sur Django Reinhardt et sur Sidney Bechet ; les courriers et factures de Jazz Hot ainsi que de Swing, des informations discographiques sur les musiciens américains comme sur les musiciens français, des photographies, des affiches de concerts, des périodiques… intègrent les fonds du Département de la Phonothèque et de l’Audiovisuel de la Bibliothèque nationale. Il faut ajouter à cet ensemble archivistique la collection personnelle de phonogrammes de Charles Delaunay forte de 22 000 documents dont environ 11 000 disques 78 tours et 11 000 microsillons.
Inventaire manuscrit des enregistrements sonores du fonds Charles Delaunay Inventaire dactylographié du fonds d’archives Charles Delaunay (en cours de réalisation) Ruppli, Michel , Swing, Paris, 1989 Ruppli, Michel, Vogue, Paris, 1992
Delamare, Nicolas (1639-1723)
Nicolas Delamare ou de La Mare (23 juin 1639- 23 avril 1723), d’abord procureur au Châtelet de Paris (1664), échangea en 1673 cette charge contre celle de commissaire au Châtelet pour le quartier de la Cité. Homme de confiance de La Reynie, il fut aussi utilisé par Louis XIV en différentes occasions pour découvrir les malversations dans les dépenses de construction de Versailles, et comme commissaire dans diverses provinces pour apaiser les émeutes populaires. En 1667, Lamoignon le chargea de rédiger un ouvrage présentant, à partir de l’exemple de Paris, la police d’une grande ville. La Reynie l’aida en cela en lui communiquant tous les documents dont il disposait et en lui faisant ouvrir les dépôts publics. Trois volumes seulement du Traité de la police furent publiés entre 1705 et 1722. Après la mort de Delamare, l'avocat Anne-Louis Leclerc du Brillet, dont il s'était fait un collaborateur dans ses dernières années, entreprit de donner une suite à l'œuvre Il publia un quatrième volume en 1738, mais mourut lui aussi sans achever l'ouvrage. La collection Delamare, entrée par achat en 1788 et conservée au département des manuscrits de la BnF sous les cotes Mss, Français 21545 à 21808, renferme les documents rassemblés par Nicolas Delamare et Anne-Louis Leclerc du Brillet pour la rédaction du Traité de la police. C'est pour les historiens une source importante sur la police et l'administration de Paris et de la France. Il en existe un catalogue manuscrit (à demander au bureau de la salle des manuscrits occidentaux, cote Mss, Bureau 80)
Bondois, Paul-Marie. Le commissaire Nicolas Delamare et le "Traité de la police", Paris : F. Alcan, 1936, 39 p.