Anne-Claude-Philippe de Tubières, de Grimoard, de Pestels, de Lévis, comte de Caylus .
Grand seigneur, officier des armées du roi, voyageur au Levant, graveur, amateur d’art, mécène, antiquaire et auteur de romans populaires, le comte de Caylus (1692-1765) a constitué une collection d’objets antiques qu’il a léguée au roi Louis XV après l’avoir publiée dans le Recueil d’Antiquités, œuvre majeure en sept tomes- le dernier tome étant posthume (1752 à 1765). Chaque tome fut organisé de la même manière : la première partie concerne les antiquités égyptiennes, la seconde les étrusques, puis les grecques et romaines. À partir du troisième tome, il inclut également les antiquités celtiques. Toutes les pièces qui passaient entre ses mains, qu'elles lui appartiennent en propre ou qu'elles lui soient simplement prêtées pour étude, étaient soigneusement mesurées, pesées, décrites et dessinées, puis gravées et réunies dans ces volumes. Caylus traitait méthodiquement toutes les informations qu’il possédait : provenance, nom du propriétaire précédent, si possible lieu et date de la découverte. Il décrivait le style et la qualité de la pièce, l'usage auquel elle était destinée, et il incluait des notes sur les différents peuples, ainsi qu'une analyse géographique et climatique des pays d'origine. À travers ces considérations, Caylus construisit sa théorie du progrès et de la migration des arts chez les anciens. Les Grecs, en profitant des progrès accomplis par les Égyptiens et les Étrusques, atteignirent le sommet de la pyramide, et parvinrent à une certaine perfection.
La Bibliothèque nationale de France conserve la plus grande partie des collections du Comte de Caylus : objets archéologiques au Cabinet des Médailles et Antiques, dessins et gravures au Cabinet des Estampes et de la Photographie, manuscrits au Département des Manuscrits.
I. Aghion (éd.),Caylus, mécène du roi. Collectionner les antiquités au XVIIIè siècle, Paris, 2002
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Méd. 4/II
Fonds Cavaillé-Coll
Ce fonds concerne la manufacture d’orgues Cavaillé-Coll, ainsi que la famille de facteurs d'orgue du même nom et plus particulièrement Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899), actif à Paris à partir de 1833, principal responsable de la manufacture depuis le milieu du XIXe siècle et facteur d’orgues particulièrement inventif et prolifique. Le fonds s’est constitué en plusieurs étapes, par des dons et des acquisitions, en 1973-1975, 1986 et 1999-2000.
I- En 1999-2000, est entré au département de la Musique, par don et par acquisition, un très important ensemble d’archives de la Manufacture des Grandes Orgues Cavaillé-Coll, couvrant une période qui va de 1833 jusqu’au début du XXe siècle, complété par une série de carnets de notes d’Aristide Cavaillé-Coll ; cet ensemble est catalogué et décrit dans BN-Opaline Musique : [Réserve des livres rares. Vma. ms. 1364 (1 à 6) : 1840-1859 ; registres manuscrits de copies de lettres de la Manufacture des Grandes orgues Cavaillé-Coll. [Réserve des livres rares. Vma. ms. 1364 (7 et 8) : 1840-1855 ; répertoires manuscrits des copies des lettres. [Réserve des livres rares. Vma. ms. 1365 (1 à 5) ; 1833-1859 ; registres manuscrits de copies de devis. [Réserve des livres rares. Vma. ms. 1366 (1) : 1863-1878 ; registre manuscrit « n° 2 Marchés ». [Réserve des livres rares. Vma. ms. 1366 (2) : 1833-1868 ; registre manuscrit « Répertoire des marchés ».
[Réserve des livres rares. Vma. ms. 1367 : 1838-1858 ; registre manuscrit d'archives « Etats d'orgues avant et après travaux ». [Réserve des livres rares. Vma. ms. 1368 : [1876-1887] ; registres manuscrits de sites où Cavaillé-Coll est intervenu ou a projeté d'intervenir. [Réserve des livres rares. Vma. ms. 1369 : 1855-1892 ; enregistrement des livrets d'ouvriers ; registre de la préfecture de police, paraphé, où sont noté les noms, adresses et qualifications des ouvriers employés par Cavaillé-Coll, en application du décret du 30 avril 1855. [Réserve des livres rares. Vma. ms. 1370 : 1867-1901 ; registre des ouvriers employés par Cavaillé-Coll, où sont notés les noms, qualités et dates. [Réserve des livres rares. Vma. ms. 1371 : 1871-1892 ; registre où sont notés les noms, adresses, dates de naissance et dates d'embauche des enfants (loi du 22 mars 1849).
Carnets de notes de travail d’Aristide Cavaillé-Coll : [Réserve des livres rares. Vmd. ms. 50 : carnet de notes autographes (notes techniques, tableaux, listes de prix...) ca 1855-1858. [Réserve des livres rares. Vmd. ms. 51 : carnet de notes autographes (notes techniques dont une sur le diapason (février 1859), tableaux, listes de prix de jeux, d'alliages...) ca 1859. [Réserve des livres rares. Vmf. ms. 123 : carnet de notes autographes au crayon noir et à l'encre, commence par des notes sur l'origine de l'orgue (Dom Bedos), dessins et croquis ; ca 1877-1881. [Réserve des livres rares. Vmf. ms. 124 : carnet de notes autographes au crayon noir et à l'encre, nombreux relevés et croquis à main levée, plans ; ca 1870-1872.
II- Le legs Eckert, versé au département de la Musique en 1985 (don 86-271(1-14) – les n° 1 à 6 et le n° 14 correspondent à des papiers et pièces d’archives –, coté [Réserve des livres rares.Vm.dos.50-55 et [Réserve des livres rares. Vmb. ms. 79) rend compte des diverses activités de la manufacture de grandes orgues Cavaillé-Coll et rassemble des documents sur la famille du facteur. Il est classé comme suit : [Réserve des livres rares. Vmb. ms. 79 : journal de 1834-1836 (n° 1 du don 86-271). [Réserve des livres rares. Vm. dos. 50 : notes autographes et fascicules imprimés de l’Association scientifique de France (1868) rendant compte d’expériences acoustiques menées par A. Cavaillé-Coll. (n° 2 du don) [Réserve des livres rares. Vm. dos. 51 : brouillons et lettres autographes, minutes de lettres, pièces administratives concernant la construction d’un grand orgue pour la salle des Fêtes construite au Trocadéro à l’occasion de l’Exposition universelle de 1878. (n° 3 du don) [Réserve des livres rares. Vm. dos. 52 : projet de grand orgue pour le Vatican (1886-1888), à l’occasion de l’exposition vaticane du Jubilé sacerdotal du pape Léon XIII (correspondance, visite de la maquette à Paris en 1887, Comité de patronage). (n° 4 du don) [Réserve des livres rares. Vm. dos. 53 : documents familiaux (1686-1835) : correspondances d’amis ou parents ; documents juridiques ou financiers ; documents relatifs à des orgues (à partir de 1778). (n° 5 du don) [Réserve des livres rares. Vm. dos. 54 : 24 dossiers 1823-1901 : notes manuscrites, rapports et articles imprimés, documents iconographiques concernant la réparation, l’accord et la construction de différentes orgues en France : Ajaccio, Avignon, Château-Gontier, Dreux, Lyon, Montpellier (Carmes et Saint-Denis), Nancy, Orléans, Ménilmontant, Paris (Légion d’honneur, Panthéon, Saint-Vincent de Paul, Les Billettes, La Madeleine, Notre-Dame, Notre-Dame d’Auteuil, Saint-Roch, Sainte-Trinité), Quimper, Saint-Brieuc, Saint-Denis, Saint-Germain en Laye, Varangeville. (n° 6 du don), catalogué dans BN-Opaline.
[Réserve des livres rares. Vm. dos. 55 : extraits de livres de comptes 1844-1883 : devis, comptes, factures pour des travaux faits par la manufacture Cavaillé-Coll sur diverses orgues. (n° 14 du don), catalogué dans BN-Opaline. [Réserve des livres rares. Vm. dos. 54 bis-55 bis (grands formats) : notes techniques et comptes concernant notamment les orgues d’Ajaccio et du Panthéon à Paris.
III- En 1973-1975 (dons 73-783, 74-198, 74-527, 75-362), puis en 1985 (don 86-272), Mme Marcel Dupré, veuve de l’organiste Marcel Dupré, fait don à la Bibliothèque nationale d’un important ensemble concernant l’œuvre et l’activité de son mari, qui avait été encouragé dans sa vocation d’organiste, alors qu’il était encore enfant, par Aristide Cavaillé-Coll : on y trouve un dossier documentaire concernant ce dernier et sa famille (marqué don 73-783), sous la cote [Réserve des livres rares. Vm. dos. 3 (I, II, III), rassemblé et classé par Marcel Dupré selon les catégories suivantes : - pièces concernant l’inauguration de la plaque commémorative d’Aristide Cavaillé-Coll le 14 décembre 1963 (brouillon du discours prononcé par Marcel Dupré, liste des invités, lettres autographes, notamment des descendants de Cavaillé-Coll, reçues par Dupré à cette occasion, coupures de presse). - renseignements concernant la vie d’A. Cavaillé-Coll, ses principales orgues et quelques documents sur les ouvriers ayant quitté Cavaillé-Coll. - notes Réserve des livres raresumant des souvenirs sur A. Cavaillé-Coll (généalogie, descendance, famille, notes sur l’orgue électrique).
Loïc Métrope, La manufacture d'orgues Cavaillé-Coll, avenue du Maine, Paris, Aux Amateurs de livres, 1988. Kurt Lueders, « Cavaillé-Coll acousticien devant l'Association Scientifique de France », in Flûte harmonique, vol. 45-46, 1988, p. 16-28. Joris De Henau, « Aristide Cavaillé-Coll in de Sint-Niklaaskerk te Gent (1853-1856) », in Orgelkunst, vol. 26 (n° 3), 2003, p. 201-227.
Congrès de musique arabe du Caire, 1932
Convoqué par le roi Fouad 1er d’Egypte le premier Congrès de musique arabe s’est tenu au Caire du 28 mars au 3 avril 1932. Le principal instigateur en fut le baron Rodolphe d’Erlanger, spécialiste de la musique arabe. Mais atteint par la maladie, ce dernier ne put y participer et décédera quelque mois après sa tenue. Le Congrès de musique arabe est la première manifestation d’importance internationale à se tenir sur une musique non occidentale. Nombre de personnalités furent invitées à s’y rendre, parmi lesquelles les compositeurs Bela Bartok, Paul Hindemith…, les musicologues Erich Moritz von Hornbostel, Curt Sachs, Muhammad Kâmil al-Hajjâj, Mahmûd Ahmad al-Hifnî… Si dans ses objectifs initiaux figure une volonté affirmée de “ modernisme ” et de théoricisation de la musique arabe, avec le recul, le Congrès apparaît comme “ une redécouverte de la tradition et à sa référence en tant que base historique ” (Poché, 1998, 24). Dans ce contexte, le Congrès fut aussi l’occasion d’entendre les interprètes, solistes et ensembles, parmi les plus prestigieux des musiques arabo-maghrébines de l’époque. Or la particularité du Congrès Réserve des livres rareside en ce qu’une section entière y fut consacrée à l’enregistrement phonographique, légitimant ce dernier comme moyen d’analyse et de réflexion musicologique. 342 faces de 78 tours furent ainsi enregistrées par la marque Gramophone pendant le Congrès. D’un point de vue artistique, l’ensemble se situant à la fin de la période de la nahda (Renaissance arabe) revêt alors un caractère historique et musical d’une valeur incomparable. Au côté des musiques profanes savantes et populaires, citadines et rurales, on relèvera notamment un certain nombre d’enregistrements religieux rarissimes comme celui du rituel d’invocation de Dieu de la confrérie sunnite Badawiyya, celui du concert sacré des Mawlawiyya (les “ derviches tourneurs ”) du Caire ou encore les enregistrements de l’église copte orthodoxe egyptienne. Philippe Stern pour la Musée Guimet, Mmes Hercher Clément et Lavergne pour le Musée de la parole et du geste (voir notice) figuraient parmi les personnalités invitées au Congrès. A ce titre, en 1935, après avoir donné une collection des enregistrements sonores réalisés pendant le Congrès au Musée Guimet et à la British Library, le Roi Fouad 1er eut le même geste pour le Musée de la parole. Ce sont les seules collections de ces enregistrements existant au monde.
Recueil des Travaux du Congrès de Musique Arabe qui s’est tenu au Caire en 1932 (Hég. 1350) sous le haut patronage de S.M. Fouad 1er, Roi d’Egypte. Le Caire : Imprimerie nationale, 1932 Moussali, Bernard. "Présentation du Congrès de musique arabe du Caire de 1932", Congrès du Caire 1932, 2 disques compacts + 1 brochure. Paris : Bibliothèque nationale, : Institut du Monde arabe, 1988, p. 19-21 Poché, Christian, "Le Congrès de musique arabe du Caire : tenants et aboutissants", Congrès du Caire 1932, 2 disques compacts + 1 brochure., Paris, Bibliothèque nationale, Institut du Monde arabe, 1988, pp. 23-37
Chandon de Briailles, François
Le comte François Chandon de Briailles (1892-1953), descendant des fondateurs de la fameuse maison de Champagne, fils du comte Raoul [Paul ?], lui-même historien et bibliophile, a légué au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale ses collections de monnaies grecques classiques — à l’exclusion des monnaies archaïques et des monnaies hellénistiques, passées en vente publique en 1959 —, de monnaies impériales et coloniales du Proche-Orient, de bulles et sceaux de l'Orient latin et de pierres gravées antiques, son médaillier indochinois en laque (début XXe s.) et divers objets. L’ensemble du legs est entré au Cabinet des médailles le 23 février 1953 sous la cote générale Y 23455bis. Ses bibliothèques et archives ont eu une destinée différente. Il avait hérité, avec son frère Henri, d’une partie de l’imposante bibliothèque de son père — l’autre ayant été donnée à la bibliothèque (désormais médiathèque) d’Épernay — consacrée à l’histoire d’Épernay et du vin, avec un fonds d’incunables et d’ouvrages du XVIe au XIXe siècles. De son côté, il a constitué un fonds d’ouvrages consacrées à l’histoire de l’Orient et du Proche Orient, à l’épigraphie, la numismatique, l’archéologie en général. Ce fonds, passé dans l’héritage familial, a donné lieu récemment à une vente publique ; tandis que ses archives, majoritairement liées à l’histoire des familles champenoises (actes de vente, contrats de mariages, dossiers sur les sceaux, blasons, etc.), viennent d’être versées aux archives départementales de l’Aube.
Le comte avait fait des études de lettres et de droit. Partageant son temps entre la gestion de ses terres et les affaires publiques (il fut maire de Chaource, dans l'Aube, de 1923 jusqu'à sa mort), ses goûts le portaient également vers l'archéologie et l'héraldique : il fit de fréquents voyages au Liban, où il se lia d'amitié avec Henri Seyrig, dont l'influence sur sa collection de monnaies est manifeste. En Syrie, il collabora à la mission archéologique de Ras Shamra, et surtout constitua sa collections de bulles de plomb de l'Orient latin dont il publia, essentiellement dans Syria, plusieurs exemplaires. Sa collection de monnaies grecques, pourtant d'importance, ne semble pas lui avoir inspiré de publication. Quant à la collection de monnaies impériales et coloniales du Proche Orient, l'influence d'Henri Seyrig fut probablement déterminante dans sa constitution et son accroissement, et nombre de monnaies d'un intérêt tout particulier ont fait l'objet d'échange de lettres entre le comte Chandon et Seyrig, voire de publication par ce dernier. Ces deux ensembles, reçus au Cabinet des médailles sans leurs étiquettes d’origine et dans un état de grand désordre, sont en cours de catalogage.
Richard, Jean, notice nécrologique, Syria 30 (1953), p. 375-376. Gerin, Dominique, « Le comte François Chandon de Briailles (1892-1953) et la numismatique », Bull. de la Soc. Fr. de Num., juin 1992, p. 378-380.
Pierres, monnaies grecques et orientales. Inv. mss MMA 106-107