Casadesus, Robert (1899-1972) et Gaby (1901-1999)
Issu d'une dynastie d'artistes et de musiciens, Robert Casadesus est connu des mélomanes tout d'abord comme pianiste. Il a néanmoins commencé de composer très tôt et, loin de se cantonner dans le répertoire pianistique – ce qu'on aurait pu attendre d'un virtuose –, s'essaye au contraire à tous les genres musicaux. Son oeuvre de créateur est indissociable de sa carrière d'interprète, les deux ont été menées simultanément. Entré dans la classe de piano de Louis Diémer au Conservatoire en 1912, il obtient le Premier Prix l'année suivante, à l'âge de 14 ans. Au Conservatoire il suit également les cours de Jean Gallon et ceux de Xavier Leroux pour la classe d'harmonie (Premier Prix en 1919). Il donne son premier récital en 1917 et poursuit toute sa vie durant, une carrière internationale de chambriste et de soliste. Robert Casadesus, son épouse Gaby aussi bien que leur fils Jean seront attachés au Conservatoire américain de Fontainebleau où ils donneront très régulièrement cours et master classes.
L'oeuvre de Robert Casadesus comprend vingt-sept opus de musique de chambre, presque tous édités, pour les formations et les effectifs les plus divers. Son intérêt pour la musique de chambre s'est également fait sentir tout au long de sa carrière d'interprète puisque outre les concerts qu'il donnait avec son oncle, le violoniste Marius Casadesus, il forma un duo célèbre avec Zino Francescatti. Le duo formé par Robert et Gaby Casadesus connut lui aussi une renommée internationale et son répertoire donna lieu à de nombreux enregistrements. L'oeuvre symphonique et concertante de Robert Casadesus compte vingt et un numéros d'opus, parmi lesquels : sept symphonies dont une avec choeur, trois suites pour orchestre, sept concertos pour piano (pour un, deux et trois solistes), des concertos pour flûte, pour violon, pour violoncelle,...
Les ayants droit de Robert et Gaby Casadesus ont souhaité déposer au département de la musique la totalité des manuscrits des œuvres de Robert Casadesus, ainsi que la bibliothèque musicale des deux artistes : plusieurs milliers de partitions dont beaucoup sont annotées. L'ensemble, complété de programmes, agendas et coupures de presse, est entré en septembre 2000, sous l'appellation "Archives Robert et Gaby Casadesus". La musique imprimée est cataloguée dans la base BN- Opaline et porte la cote "Vm. Casadesus". Les manuscrits musicaux ont fait l'objet d'un inventaire et seront également traités dans la base BN-Opaline.
Hommage à Robert Casadesus : [exposition, département de la musique, salle de lecture, 15 mars-15 juin 1999, par Marie-Gabrielle Soret et Catherine Massip]. Paris : BNF, 1999. 15 p.
Caplet, André (1878-1925)
André Caplet est né au Havre le 23 novembre 1878. Il entre au Conservatoire de Paris en 1896 et en sort en 1901, année où il remporte le premier Grand Prix de Rome, devançant Gabriel Dupont et Maurice Ravel. Avant 1914, le catalogue d’œuvres du compositeur est encore peu fourni. Pourtant, quelques chefs-d’œuvre s'en détachent déjà, le Masque de la mort rouge : Légende pour harpe chromatique et orchestre, d'après le conte d'Edgar Poe (1908), le Septuor pour cordes vocales et instrumentales (1909) pRéserve des livres raresageant déjà des recherches qui seront effectuées sur l'utilisation de la voix. L'activité créatrice d'André Caplet, que l’on aurait pu imaginer allant vers un plein épanouissement, sera mise en sommeil car le compositeur est en même temps un chef d'orchestre au métier affirmé. Nommé à l'Opéra de Boston, il y dirige l'orchestre 1910 à 1913. De retour en France, la direction de l'orchestre de l'Opéra de Paris lui est offerte, mais la Première Guerre mondiale éclate et André Caplet se porte volontaire pour le front. En 1916, il subit une attaque aux gaz qui altère irrémédiablement sa santé. De retour à la vie civile, André Caplet décide d'abandonner la baguette et de se consacrer davantage à la composition. On le voit alors Réserve des livres raresister aux nombreuses propositions qui lui sont faites pour tenter de le ramener sur scène. Il refuse de prendre la direction de l'orchestre de l'Opéra, renonce au pupitre des Concerts Lamoureux et abandonnera rapidement les Concerts Pasdeloup. La dégradation de son état de santé le contraint à restreindre ses déplacements et ses activités. Le public parisien ne le retrouvera plus que ponctuellement au pupitre, notamment pour diriger ses propres œuvres, comme Le Miroir de Jésus. C’est pendant ces quelques années, de 1917 au 25 avril 1925, date de sa mort, que le compositeur donnera la pleine mesure de son art.
Un ensemble de documents, jusqu’à pRéserve des livres raresent conservé par Pierre Caplet, fils du compositeur, a été acquis en 2001 par le département de la Musique. Ce nouveau fonds complète le don effectué par Yvonne Gouverné en 1982 et permet ainsi de mettre en lumière de nombreux aspects encore méconnus de la vie et de l'œuvre du compositeur. Il comprend tous types de documents : manuscrits musicaux, musique imprimée annotée, photographies, dessins, programmes, coupures de presse, carnets et agendas, notes de travail. Le tout est complété par la correspondance (plus de 1.500 lettres autographes) où figurent les noms des compositeurs, chefs d'orchestre, interprètes et personnalités du monde musical de l'époque, parmi lesquels : Claire Croiza, Jane Bathori, Nadia Boulanger, Maurice Emmanuel, Charles Koechlin, Darius Milhaud, Francis Poulenc,…. De nombreuses lettres à son éditeur Jacques Durand, ainsi que celles adressées à son épouse Genviève, permettent de retracer, parfois au jour le jour, l'élaboration d'une œuvre que l'on redécouvre aujourd'hui. Un inventaire a été réalisé, le catalogage des pièces est en cours, sur la base BN-Opaline.
[Exposition, Paris BnF, Département de la musique, 2000] Soret, Marie-Gabrielle ; Massip, Catherine. André Caplet : 1878-1925 : exposition, Département de la musique, salle de lecture, 1er janvier-15 avril 2000. [Paris], Département de la musique, 2000. – 23 p.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 140. Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 59-60.
Julien Cain (10 mai 1887-9 octobre 1974) fut administrateur général de la Bibliothèque nationale de 1930 à 1964 (à l’exclusion des années 1940-1945, où il fut révoqué puis déporté), et directeur des Bibliothèques de France et de la Lecture publique de 1946 à 1964. Son œuvre administrative fut considérable, mais il s’intéressa aussi au livre et à la création artistique et littéraire sous des formes variées. Il présida la classe III (bibliothèques et manifestations littéraires) de l’Exposition internationale de Paris en 1937. Membre de l’Académie des Beaux-Arts, il dirigea le musée Jacquemart-André de 1963 à 1974. Il fut aussi président-fondateur de l’Association internationale de bibliophilie en 1963.
Après sa mort, sa femme, Lucienne Cain, elle-même traductrice des romanciers russes et spécialiste de Paul Valéry, remit à la Bibliothèque nationale une partie de leur bibliothèque. 219 volumes entrèrent à la Réserve des livres rares en 1978 : s’y trouvent quelques exemplaires personnels d’œuvres de Julien Cain et de publications de la Bibliothèque nationale, mais surtout des romans, mémoires, études littéraires et historiques et essais d’auteurs des années 1950-1960 (Emmanuel Berl, Paul Claudel, Georges Duhamel, René Etiemble, Lucie Faure, Edmée de La Rochefoucauld, Paul Morand, Romain Rolland, Jules Romains, Françoise Sagan, Geneviève Tabouis, Elsa Triolet, Louise Weiss…), toujours avec envoi à Julien ou Lucienne Cain.
Ce don est resté groupé sous les cotes Rés. folio Z. Don 97 (1-4), Rés. 4° Z. Don 214 (1-13), Rés. 8° Z. Don 602 (1-202).
Thérèse Kleindienst, Julien Cain, dans Histoire des bibliothèques françaises, IV, 1992, p. 94-95.
Boulanger, Nadia (1887-1979) Après le décès de Nadia Boulanger, en octobre 1979, Annette Dieudonné, son exécuteur testamentaire, partagea l'ensemble des objets et documents qui remplissaient l'appartement de la rue Ballu entre plusieurs institutions. La Fondation Lili et Nadia Boulanger, la Bibliothèque de l'Université d'Harvard, la Bibliothèque polonaise de Paris, le Musée de la Musique, la Bibliothèque du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon et la Bibliothèque nationale furent parmi les bénéficiaires. Compositeur, chef d'orchestre, pédagogue, cette grande musicienne possédait une bibliothèque hors du commun. Une grande partie de ses éditions musicales françaises, sa bibliothèque de travail, forment le noyau de la bibliothèque du Conservatoire de Lyon. Les documents qui ont enrichi les collections du département de la Musique de la Bibliothèque nationale en 1980 sont considérables en nombre, 1745 unités ! , et précieux par leur qualité. A côté d' ouvrages et de périodiques sur la musique, sont rassemblés de la musique imprimée étrangère, avec un fonds remarquable d'œuvres d'Igor Stravinsky mais aussi de Paul Hindemith et des éditions musicales françaises qui sont pour la plupart des exemplaires uniques, car dédicacés ou annotés, et surtout de nombreux manuscrits autographes, ceux de sa sœur Lili Boulanger, et de divers compositeurs comme Gabriel Fauré, Jean Françaix, Raoul Pugno, Francis Poulenc, Roger-Ducasse, Lutos?awsky, Stravinsky... Le fonds de lettres autographes témoigne de son exceptionnel rayonnement et de ses fidèles amitiés : il réunit le monde musical de près d'un siècle en un ensemble de 69 volumes, avec des points forts comme les lettres de Roger-Ducasse ou celles de Stravinsky. Nous conservons aussi des documents plus personnels, des lettres familiales, ses agendas et ceux de Lili, divers carnets, des listes d'élèves et même ses livres de comptes, ce sont souvent des reflets émouvants ou impressionnants de cette phénoménale personnalité.
"[Hommage à] Lili et Nadia Boulanger". - Paris, La Revue musicale, 1982 (N° 353-354) Jérôme Spycket. Nadia Boulanger. - Paris, Lattès, Lausanne, Payot, 1987 Doda Conrad. Grandeur et mystère d'un mythe : Souvenirs de quarante-quatre ans d'amitié avec Nadia Boulanger. - Paris, Buchet-Chastel, 1995