Béringhen, Jacques-Louis, Marquis de (1651-1723)
Premier écuyer de Louis XIV. le marquis de Béringhen (1651-1723) prit part aux campagnes militaires du règne. Homme de goût. il était régulièrement consulté pour le décor des bâtiments royaux et entra à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il sut constituer une collection d'estampes acquise par la Bibliothèque Nationale en 1731. Elle s'élevait lors de l'acquisition à 90000 feuilles environ. Le marquis collectionnait pour son agrément, surtout le portrait, mais il avait également constitué des œuvres presque complets des artistes actifs entre 1610 et 1715. Il avait ainsi rassemblé des œuvres superbes de Bosse, de Mellan, de Nanteuil, de Poilly. Il n'était pas insensible à la gravure étrangère et collectionnait aussi les Galle, les Wierix, les Sadeler, les Rembrandt. La présentation matérielle de la collection, reliée en maroquin rouge et très proche des volumes de Marolles, donne à penser que son propriétaire songeait à la donner au roi. Elle entra par vente négociée avec le fils du marquis, évêque du Puy. pour la somme de 59 876 livres. Quelques volumes de la collection, non recensés, subsistent. La majeure partie a été dispersée pour enrichir les œuvres de graveurs.
Marque de collection : Ber.
Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d'estampes… Amsterdam, 1921, n° 364.http://www.marquesdecollections.fr/detail.cfm/marque/5883/total/1 Catalogue du Cabinet Beringhen, [manuscrit = Est. Ye 22 Rés. pet. fol.] Le Bas. Dictionnaire encyclopédique de la France. – Moreri. Dictionnaire historique Dictionnaire de biographie française, t. 6, 1954 Beaumont-Maillet, Laure. "Les collectionneurs au Cabinet des Estampes". Nouvelles de l'estampe, 1993, n° 132, p. 9-10
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 4
Bégon, Michel (1637-1710)
Michel Bégon (1637-1710), magistrat et administrateur français, entra dans la marine et fut successivement intendant des îles françaises de l'Amérique, gouverneur du Canada, intendant des galères de Rochefort et de la Rochelle. Il fut associé à la publication de Perrault, Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle (1617-1700), ce qui le mit en relation avec les plus grands graveurs contemporains. Connu pour ses talents d'administrateur et sa probité, il hérita de son père une riche bibliothèque, qu'il augmenta considérablement, il constitua un cabinet de médailles, d'antiques, d'estampes, de coquillages, de plantes rares (c'est en son honneur qu'une plante d'Amérique reçut le nom de Bégonia). Il s'était assuré, de la collection Nointel, les 43 dessins du Parthénon faits par Jacques Carrey avant sa destruction par les Vénitiens. Un extrait d'inventaire de son cabinet parut le 1er juin 1699 et l'inventaire dressé après son décès a été publié (Archives de l'Art français, II, 2e série, p. 45). Sa collection fut acquise par le roi en 1770 pour 16481 livres plus une pension de 2000 livres. Elle comprenait 24 746 pièces (dont 8 133 portraits, 15 688 œuvres de maîtres, 925 cartes) et fut aussitôt démembrée.
Catalogue du Cabinet Bégon [Est. Ye 25 Rés. in-4°] Catalogue des œuvres de Poussin du Cabinet Bégon [Est. Ye 26 Rés. in-8°. Marque de collection : Bég. Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d'estampes… Amsterdam, 1921, n° 360.http://www.marquesdecollections.fr/detail.cfm/marque/5879/total/1 Bezard, Yvonne. Fonctionnaires maritimes et coloniaux sous Louis XIV : les Bégon. Paris : A. Michel. 1932. Dictionnaire de biographie française, t. 5, 1951 Duplessis, Georges. Un Curieux du XVIIe siècle : Michel Bégon, intendant de La Rochelle, correspondance et document, inédits. Paris : Aubry, 1874. Schnapper, Antoine. Le Géant, la licorne et la tulipe : histoire et histoire naturelle. Paris : Flammarion, 1988. 415 p. Beaumont-Maillet, Laure. "Les collectionneurs au Cabinet des Estampes". Nouvelles de l'estampe, 1993, n° 132, p. 10
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 6
Beistegui, Carlos de
Carlos de Beistegui, d’origine basque (né à Mexico en 1863, mort à Biarritz en 1953), d’une famille immensément riche fixée en France en 1876, amateur d’art éclairé, a entretenu dès le début du XXe siècle des liens avec le Cabinet des médailles.
En 1902, il offrait au Cabinet la collection de 1040 monnaies et médailles d’Alsace formée par Henri Meyer (613 monnaies et 427 médailles) (Acq. F 9928). En 1905, ce furent 3 pièces achetées pour le Cabinet à la vente Aylé (n° 78 bis, 107 et 264 du catalogue) (Acq. F 10236-8). Il donna ensuite des sceaux en 1905 (Acq. F 10297-10300), des monnaies provinciales romaines provenant d’un trésor exhumé près de Césarée de Cappadoce avec une lampe en bronze trouvée avec ce dépôt en 1908 (Acq. F 10639-10645), un camée en 1919 (Acq. Y 3980). Il déposa enfin au Cabinet sa collection prestigieuse de monnaies, essentiellement en or, au mois de décembre 1931, après en avoir fait l’annonce à. J. Cain par lettre du 15 octobre. Dans sa réponse, datée du 4 novembre, l’administrateur général de la BN, se félicite de la générosité de son geste et termine en espérant que M. de Beistegui éprouvera « une juste satisfaction en voyant [sa] collection à l’honneur, classée dans des médailliers exécutés à cet effet, et placés dans la Salle du Grand Camée, à proximité des objets les plus justement admirés des livres rares du Cabinet des Médailles ». Ce dépôt fut mentionné dans la RN 1932, p. 108 : 1 227 pièces rejoignaient le Cabinet, à titre définitif « dans la pensée de son propriétaire et conformément aux lettres qu’il a échangées avec M. l’Administrateur ».
Dès 1934, J. Babelon publiait, dans un ouvrage réservé aux amis de M. Carlos de Beistegui et tiré à 80 exemplaires hors commerce, le catalogue de ce magnifique ensemble. Les séries représentées en sont les suivantes : grecques (1-55), romaines (56-222), byzantines (223-228), multiples romains (229-239), gauloises et françaises (240-642), féodales françaises (643-677), étrangères (678-1178), médailles françaises (1179-1206), étrangères (1207-1226). D’une manière générale, C. de Beistegui s’était procuré les raretés que ne possédait pas le Cabinet. Les planches de cet ouvrage, exécutées directement d’après les originaux, sont magnifiques (cf. le compte-rendu dans la Revue numismatique, 1934, p. 267-8).
Carlos de Beistegui continua après 1934 d’acquérir quelques monnaies, et, d’après l’exemplaire interfolié du catalogue que possède le Cabinet, 14 pièces furent ajoutés à l’ensemble (n° 229a, 236a, 384a, 395a, 670a, 769a, b, c et d, 800a, 962a et b, 1002 bis, 1206 ter. Le n° 384a, un demi-louis de Louis XV, fut du reste publié dans la RN 1935, p. 91-92. Le dernier ajout (le n° 229a) date du 20 janvier 1939. D’où vient alors que Carlos de Beistegui révoqua sa promesse de don (alors qu’il venait en 1942 de faire don au Louvre de sa collection de peintures)? En tout cas, dans le rapport d’activité du Cabinet en Juillet 1944, on trouve cette indication : « Le 12 Juillet a été remis à M. Charles de Beistegui [le propriétaire du château de Groussay depuis 1938] agissant au nom de son oncle M. Carlos de Beistegui, une somme de 90 millions de francs, prix de la collection de monnaies et médailles décrite au catalogue publié en 1934, remise au Cabinet avec promesse de don, cette promesse ayant été révoquée par M. Carlos de Beistegui ». Cet achat, le plus important jamais réalisé par le Cabinet, porte le n° d’inventaire P 552. Aujourd’hui, ces monnaies ne sont pas conservées à part, en tant que collection, mais ont été intégrées aux différentes séries auxquelles elles appartiennent. Elle ont gardé leur numérotation et leur étiquette d’origine.
Boulanger, Nadia (1887-1979) Nadia Boulanger naquit à Paris en 1887. Elle voua sa vie à la musique, y consacrant de multiples activités. Elle fut avant tout une grande pédagogue, dont la renommée traversa l’Atlantique. Elle était une référence pour tout jeune musicien américain désireux de parfaire son art. On l’invoquait, Outre Atlantique, sous le nom de "Mademoiselle". Elle développa cette activité au sein de l’Ecole américaine de Fontainebleau, créée en 1921 par Walter Damrosch, et y porta toute son attention jusque tard dans son grand âge. Parallèlement, elle enseigna l’orgue, l‘harmonie et le contrepoint à l’Ecole normale de musique, fondée en 1919 par Alfred Cortot. Enfin, elle assura un cours "d’analyse musicale" à son domicile parisien de la rue Ballu, dont le fameux cours du mercredi consacré à la cantate. Elle poursuivit son enseignement, durant la deuxième guerre mondiale, aux États-Unis. Elle s’intéressa à divers courants musicaux. En 1923, elle devint un membre actif de la Société internationale de musique contemporaine. Néanmoins, avec les années, elle devint plus critique à l’égard de certains mouvements d’avant-garde. Elle mena également un travail de musicologue, remettant à l’honneur la musique ancienne et baroque, dont Monteverdi et Carissimi. Elle mena une intense activité d’interprète, constituant dans les années 30 un groupe vocal qui réunit Irène et Nathalie Kedroff, Marie-Blanche de Polignac, Hugues Cuenod et Doda Conrad… . Il évoluera au lendemain de la guerre, avec la participation d’Irma Kolassi ou de Paul Derenne. Son répertoire est large, à l’image de son éclectisme musical : la restitution d’œuvres de Cl. Monteverdi, ou de J.P. Rameau , mais également la direction du Requiem de G. Fauré. Elle crée nombre de compositions de ses contemporains, tels le Concerto Dumbarton Oaks d’Igor Stravinsky ou le Diable boiteux de Jean Françaix. A sa mort, elle lègue sa discothèque au Département de la Phonothèque nationale. User du terme collection à propos de ce fonds confinerait au paradoxe, car elle accordait peu de valeur à l’enregistrement sonore, ainsi qu’à l’écrit. Elle jugeait qu’ils figeaient la pensée. Néanmoins l’ensemble de ces documents reflètent les diverses facettes de cette musicienne accomplie, qui conserva ses propres enregistrements, illustration de son activité d’interprète et de musicologue. Y figurent également un grand nombre d’enregistrements d’œuvres composées par ses amis (I. Stravinsky, D. Milhaud…), ses élèves compositeurs (A. Copland) ou interprètes (D. Lipatti). Ce fonds, entré au Département en 1981 se compose de disques édités (200 disques 78 tours et 650 microsillons) et d’environ 200 heures d’enregistrements inédits de concerts (bandes magnétiques), ainsi que des disques test, préludes à des enregistrements pas toujours publiés.
Brooks, J. "The Fonds Boulanger at the Bibliothèque Nationale". Notes, 1995, vol. 51, n° 4, p. 1227-1237 Spycket, Jérôme. Nadia Boulanger. Paris : Lattès ; Lausanne : Payot, 1987
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 40. Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 52