François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.
Fontainebleau, Bibliothèque royale (1544-vers 1570) L’existence officielle de la Bibliothèque royale de Fontainebleau commence le 22 mai 1544, avec le transfert dans la nouvelle Réserve des livres raresidence royale de la Librairie royale de Blois (voir à ce nom). Le 12 juin 1244, les 1896 volumes, convoyés de Blois par Mellin de Saint-Gelais, sont remis à Mathieu Lavisse, garde de la Librairie du roi « seant à Fontainebleau ». Ils y sont réunis aux fonds arrivés sans doute quelque temps auparavant, comme la bibliothèque personnelle de François Ier, fondée par son grand-père Jean d’Angoulême et longtemps conservée au château de Cognac, et les premiers lots de manuscrits grecs, achetés sous l’impulsion de Pierre Du Chastel, maître de la Librairie du roi de 1540 à 1552. Certains ont été rapportés d’Italie par Girolamo Fondulo ou par l’ambassadeur Guillaume Pellicier, d’autres proviennent d’amateurs, Jean de Pins, Georges de Selve ou Georges d’Armagnac et enfin Gian Francesco Torresani d’Asola, savant et éditeur italien qui au début des années 1540 donne au roi quatre-vingts volumes en grec. Pendant les vingt-cinq ans que dure son séjour à Fontainebleau, la Bibliothèque royale s’enrichit de manuscrits provenant de Jean de Gagny, aumônier du roi mort en 1549 ou saisis dans la bibliothèque d’Aymar de Ranconnet en 1560, d’une vingtaine de textes de haute époque de l’abbaye de Fleury-sur-Loire, entrés sous Charles IX... Pour les imprimés, une campagne d’achat d’éditions savantes est menée par Pierre Montdoré, maître de la Librairie depuis 1552. Elles viennent compléter les fameuses éditions de textes grecs classiques publiées à partir de 1544 par Robert Estienne « ex bibliotheca regia », c’est-à-dire d’après les manuscrits grecs de la Bibliothèque royale. Entre 1569 et 1574, cet ensemble d’environ quatre mille volumes est déménagé à Paris, à la demande des savants, qui souhaitent que l’accès en soit plus facile. La bibliothèque royale de Fontainebleau est composée de deux parties très différentes. La première regroupe les manuscrits et imprimés provenant de Blois et de Cognac, les livres achetés pour l’usage personnel de François Ier, dont certains sont en italien, ceux qui lui sont offerts, une partie de la librairie des ducs de Bourbon, saisie à Moulins en 1523, etc. C’est une collection traditionnelle. La seconde partie constitue véritablement une bibliothèque savante. Elle a pour noyau les 562 manuscrits grecs. Ceux-ci étaient sans doute destinés au Collège royal dont plusieurs savants français, tels Guillaume Budé, ont demandé la création au roi pendant tout le XVIe siècle. Cette création ne s'étant pas faite, les volumes sont restés dans la Bibliothèque royale. S’il n’existe aucun catalogue complet de la Bibliothèque royale de Fontainebleau, les textes grecs ont fait l’objet d’un inventaire sommaire et incomplet dès le règne de François Ier, puis d’un catalogue plus approfondi rédigé à partir de 1549 par un copiste grec au service du roi de France depuis 1539, Ange Vergèce, aidé de deux compatriotes, Jacques Diassorinos et Constantin Palæocappa. C’est par ce second lot de volumes que commence en 1545 l’opération la plus spectaculaire que connaisse l’histoire de la reliure en France. Un programme d’une ampleur inégalée est en effet mis sur pied pour donner à ce tRéserve des livres raresor l’enveloppe qu’il mérite. Réalisées entre 1545 et 1552 dans un atelier installé à Fontainebleau même, puis commandées à l’atelier du relieur du roi à Paris, mille trois cents reliures aux armes royales, de François Ier à Charles IX, témoignent encore aujourd’hui de la magnificence d’une bibliothèque dont on ne connaît ni l’emplacement précis ni l’organisation intérieure.
Delisle, Léopold, Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque impériale, I, Paris, 1868, p. 161-175 ; Baursmeister, Ursula et Laffitte, Marie-Pierre, « De l’unité au partage, manuscrits et imprimés de la Bibliothèque du roi de 1518 à 1645 (inventaires, catalogues, cotes) », dans Mélanges autour de l’histoire des livres imprimés et périodiques, Paris, 1998, p. 48-52 ; Laffitte, Marie-Pierre et Le Bars, Fabienne, Reliures royales de la Renaissance. La Librairie de Fontainebleau 1544-1570, Paris, 1999.. Omont, Henri, Catalogues des manuscrits grecs de Fontainebleau sous François Ier et Henri II, Paris, 1889.
H. Omont, Anciens inventaires et catalogues de la Bibliothèque nationale, Paris : E. Leroux, 1908-1921, I. Marie-Pierre Laffitte et F. Le Bars, Reliures royales, Paris, 1999
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. I, p. 320. Omont, Inventaires, IV, p. 400-410. Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 62.