Bulteau, Charles (1626 -1710).
Ce doyen des secrétaires du roi et frère du Mauriste Dom Louis Bulteau (1625-1693) s’était fait connaître moins par ses publications que par ses recherches historiques, facilitées par la possession d’une riche bibliothèque. Deux ans après sa mort, celle-ci fut dispersée au cours d’une grande vente publique qui dura du 3 avril au 13 août 1712, et dont le catalogue, établi par le libraire Gabriel Martin, fit longtemps figure de modèle bibliographique, en particulier à cause de son système de classement. 850 imprimés et au moins 900 unités bibliographiques (certaines reliures regroupant plusieurs textes) furent acquis par la Bibliothèque du roi à cette vente, et sont aujourd’hui partagés entre la Réserve des livres rares et les départements thématiques. Il en existe un état complet, dressé à l’époque, conservé aux Archives de l’établissement sous le titre Livres achetez pour la Bibliothèque du roi à l’inventaire de feu M. Bulteau doyen des secrétaires du roi. 1712 (AR 19, p. 113-203). La physionomie de cette collection reflète l’idéal de l’honnête homme du Grand siècle : Jean Boivin le décrit d’ailleurs comme un « parfait honnête homme, qui aimait passionnément les livres, surtout les livres d’histoire, dont il avait recueilli la fleur avec autant de soin que de dépense ». Comme son parent et compatriote rouennais Émery Bigot, dont du reste il possédait certains livres, il communiquait le résultat de ses recherches avec libéralité. A coté de livres rares et curieux, sa bibliothèque réunit une vaste documentation, en particulier d’ordre historique et politique.
Martin, Gabriel, Bibliotheca Bultelliana, seu catalogus librorum bibliothecae v. cl. D. Caroli Bulteau, regi a consiliis et secretariorum regiorum decani, Parisiis, apud P. Giffard, 1711. Bléchet, Françoise, « Glanes bibliographiques sur quelques grandes ventes publiques : la politique d’acquisition de la Bibliothèque du roi », Les ventes de livres et leurs catalogues, XVIIe-XXe siècle, Paris, École des chartes, 2000, p. 77-98, particulièrement p. 82-83.
E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 55-56
Julien Cain (10 mai 1887-9 octobre 1974) fut administrateur général de la Bibliothèque nationale de 1930 à 1964 (à l’exclusion des années 1940-1945, où il fut révoqué puis déporté), et directeur des Bibliothèques de France et de la Lecture publique de 1946 à 1964. Son œuvre administrative fut considérable, mais il s’intéressa aussi au livre et à la création artistique et littéraire sous des formes variées. Il présida la classe III (bibliothèques et manifestations littéraires) de l’Exposition internationale de Paris en 1937. Membre de l’Académie des Beaux-Arts, il dirigea le musée Jacquemart-André de 1963 à 1974. Il fut aussi président-fondateur de l’Association internationale de bibliophilie en 1963.
Après sa mort, sa femme, Lucienne Cain, elle-même traductrice des romanciers russes et spécialiste de Paul Valéry, remit à la Bibliothèque nationale une partie de leur bibliothèque. 219 volumes entrèrent à la Réserve des livres rares en 1978 : s’y trouvent quelques exemplaires personnels d’œuvres de Julien Cain et de publications de la Bibliothèque nationale, mais surtout des romans, mémoires, études littéraires et historiques et essais d’auteurs des années 1950-1960 (Emmanuel Berl, Paul Claudel, Georges Duhamel, René Etiemble, Lucie Faure, Edmée de La Rochefoucauld, Paul Morand, Romain Rolland, Jules Romains, Françoise Sagan, Geneviève Tabouis, Elsa Triolet, Louise Weiss…), toujours avec envoi à Julien ou Lucienne Cain.
Ce don est resté groupé sous les cotes Rés. folio Z. Don 97 (1-4), Rés. 4° Z. Don 214 (1-13), Rés. 8° Z. Don 602 (1-202).
Thérèse Kleindienst, Julien Cain, dans Histoire des bibliothèques françaises, IV, 1992, p. 94-95.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 14