Tersan (Charles-Philippe Campion de), dit l'abbé de Tersan Né à Marseille en 1736, archéologue, graveur et architecte, l'abbé de Tersan a sans doute été l'un des derniers collectionneurs de l'Ancien Régime à posséder un cabinet de curiosités. Il semble avoir traversé la Révolution sans dommage. L'abbé de Tersan habitait l'Abbaye-aux-bois, couvent de cisterciennes fondé en Picardie puis transféré à Paris en 1654, vendu comme bien national en 1797 et transformé en maison d'habitation. Au moment de sa mort, son cabinet se trouvait dans ce lieu mythique qui, de 1814 à 1849, a accueilli Madame Récamier. Le catalogue de la vente après décès de ses collections donne la mesure de ses intérêts: bustes, figurines…, en terre cuite, albâtre, bronze etc., dispersés au cours d'enchères qui ont eu lieu à l'Abbaye-aux-Bois à partir du 8 novembre 1819. Le catalogue se termine par une liste de près de cent manuscrits médiévaux en latin et français, de quatre-vingts manuscrits modernes, et d'une quinzaine de manuscrits orientaux. Au moins cent de ces manuscrits sont entrés dans les collections du département des Manuscrits après la vente aux enchères. Selon une pratique fréquente à cette époque, le libraire De Bure a servi d'intermédiaire, en achetant les volumes puis en les revendant à la Bibliothèque royale en décembre 1819 et avril 1820. Il s'agissait surtout de manuscrits médiévaux, parmi lesquels un lot important de manuscrits provenant de l'abbaye de Rebdorff en Allemagne: en juillet 1800, l'abbaye de Rebdorff avait été pillée par un général français, Joba. Après la mort de ce dernier, de nombreux volumes étaient passés dans la bibliothèque de Chardin puis chez sir Thomas Phillipps ou chez Tersan. Ce dernier était aussi en possession de papiers d'orientalistes, que Jean-Pierre Abel-Rémusat récupéra dans son cabinet en juillet 1820, pour les faire apporter à la Bibliothèque royale. Ces vingt-huit cartons contenaient entre autres des dossiers de travail d'Arcadio Hoange, des Fourmont, de Leroux Deshautesrayes, de Guignes et de Tersan lui-même. D'après une note reliée en tête d'un des manuscrits regroupant la correspondance de Fourmont l'Aîné (naf 8944, f. 1bis), ils ont été reliés en 51 volumes. Ils sont classés parmi les nouvelles acquisitions françaises.
Delisle, Le Cabinet des Manuscrits…, II, p. 285. Paul Ruf, Mittelalterlichebibliothekskataloge Deutschlands und der Schweiz, III/2, Bistum Eichstätt, Munich, 1933, p. 256-316 et Sigrid Krämer et Michael Bernhard, ibid., suppl., I, Munich, 1990, p. 450-457 passim.
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. II
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 140. Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 59-60.
Caplet, André (1878-1925)
André Caplet est né au Havre le 23 novembre 1878. Il entre au Conservatoire de Paris en 1896 et en sort en 1901, année où il remporte le premier Grand Prix de Rome, devançant Gabriel Dupont et Maurice Ravel. Avant 1914, le catalogue d’œuvres du compositeur est encore peu fourni. Pourtant, quelques chefs-d’œuvre s'en détachent déjà, le Masque de la mort rouge : Légende pour harpe chromatique et orchestre, d'après le conte d'Edgar Poe (1908), le Septuor pour cordes vocales et instrumentales (1909) pRéserve des livres raresageant déjà des recherches qui seront effectuées sur l'utilisation de la voix. L'activité créatrice d'André Caplet, que l’on aurait pu imaginer allant vers un plein épanouissement, sera mise en sommeil car le compositeur est en même temps un chef d'orchestre au métier affirmé. Nommé à l'Opéra de Boston, il y dirige l'orchestre 1910 à 1913. De retour en France, la direction de l'orchestre de l'Opéra de Paris lui est offerte, mais la Première Guerre mondiale éclate et André Caplet se porte volontaire pour le front. En 1916, il subit une attaque aux gaz qui altère irrémédiablement sa santé. De retour à la vie civile, André Caplet décide d'abandonner la baguette et de se consacrer davantage à la composition. On le voit alors Réserve des livres raresister aux nombreuses propositions qui lui sont faites pour tenter de le ramener sur scène. Il refuse de prendre la direction de l'orchestre de l'Opéra, renonce au pupitre des Concerts Lamoureux et abandonnera rapidement les Concerts Pasdeloup. La dégradation de son état de santé le contraint à restreindre ses déplacements et ses activités. Le public parisien ne le retrouvera plus que ponctuellement au pupitre, notamment pour diriger ses propres œuvres, comme Le Miroir de Jésus. C’est pendant ces quelques années, de 1917 au 25 avril 1925, date de sa mort, que le compositeur donnera la pleine mesure de son art.
Un ensemble de documents, jusqu’à pRéserve des livres raresent conservé par Pierre Caplet, fils du compositeur, a été acquis en 2001 par le département de la Musique. Ce nouveau fonds complète le don effectué par Yvonne Gouverné en 1982 et permet ainsi de mettre en lumière de nombreux aspects encore méconnus de la vie et de l'œuvre du compositeur. Il comprend tous types de documents : manuscrits musicaux, musique imprimée annotée, photographies, dessins, programmes, coupures de presse, carnets et agendas, notes de travail. Le tout est complété par la correspondance (plus de 1.500 lettres autographes) où figurent les noms des compositeurs, chefs d'orchestre, interprètes et personnalités du monde musical de l'époque, parmi lesquels : Claire Croiza, Jane Bathori, Nadia Boulanger, Maurice Emmanuel, Charles Koechlin, Darius Milhaud, Francis Poulenc,…. De nombreuses lettres à son éditeur Jacques Durand, ainsi que celles adressées à son épouse Genviève, permettent de retracer, parfois au jour le jour, l'élaboration d'une œuvre que l'on redécouvre aujourd'hui. Un inventaire a été réalisé, le catalogage des pièces est en cours, sur la base BN-Opaline.
[Exposition, Paris BnF, Département de la musique, 2000] Soret, Marie-Gabrielle ; Massip, Catherine. André Caplet : 1878-1925 : exposition, Département de la musique, salle de lecture, 1er janvier-15 avril 2000. [Paris], Département de la musique, 2000. – 23 p.
Charles Capmas (1818-1898), professeur à la faculté de droit de Dijon puis recteur de l’Académie de Toulouse, découvrit en 1873 un manuscrit renfermant la copie de quelques 170 lettres de Mme de Sévigné à sa fille. Il les publia en 1876 sous le titre Lettres inédites de Mme de Sévigné à Mme de Grignan, sa fille, extraites d'un ancien manuscrit, publiées pour la première fois, annotées et précédées d'une introduction par Charles Capmas,… Paris : Hachette, 1876, 2 vol. À sa mort, Charles Capmas légua à la Bibliothèque nationale une trentaine de volumes rassemblés au cours de son travail d’édition. Entré à la Bibliothèque nationale en mars 1899, ce legs est constitué de différentes éditions des lettres de Mme de Sévigné à sa fille d’une part, et de lettres et mémoires de Roger de Bussy-Rabutin d’autre part. La plupart de ces volumes du XVIIIe siècle sont précieux, comme l’édition princeps de Troyes des lettres de la marquise à sa fille (Rés p Z 475). En outre, ils sont le plus souvent rehaussés de reliures de prix : reliures maroquin rouge signées Thibaron-Joly, reliure maroquin bleu de Lortic (Rés p Z 477), reliure aux armes d’Henriette-Eugénie de Béthizi de Mezières, princesse de Ligne (Rés p Z 481). De ce fait, à l’exception d’un exemplaire conservé dans le Département Littérature et art, tous les volumes de ce legs sont aujourd’hui conservés au département de la Réserve des livres rares.
Dictionnaire de biographie française, t. 7, Paris : Letouzey et Ané, 1956. Bulletin mensuel des récentes publications françaises, 1899, p. 179-180.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 42
Pauline Carton Pseudonyme de Pauline Aimée Biarez, comédienne, 1994-1974.
Pauline Carton est née à Biarritz. Son père était ingénieur en chef des chemins de fer. Sa mère, fille de Paul-Mathieu Laurent, plus connu sous le nom de Laurent de l’Ardèche – historien, avocat, homme politique, fondateur du journal saint-simonien L’organisateur, bibliothécaire de l’Arsenal – avait été une élève de Rosa Bonheur.
Elle fit ses études à Paris, au lycée Molière. A 19 ans, elle remporta deux prix de poésie au concours organisé le magazine Fémina.
Elle fit ses débuts au théâtre à Marseille, dans un petit rôle, celui d’une fille de joie surnommée Carton. Ce nom lui resta. Plus tard, elle fera ses classes en interprétant des classiques, avant de connaître le succès en 1928, dans Le cercle, de Somerset Maugham, mis en scène par Lugné-Poë.
Parallèlement, elle entamait dès 1907, une carrière d’actrice de cinéma – elle participera au total à plus de 200 films, dont 35 muets – souvent dans des rôles secondaires. En 1927, elle fit la connaissance de Sacha Guitry, dont elle sera l’actrice fétiche. Elle collaborera avec lui pendant une trentaine d’années, au théâtre comme au cinéma. Souvent appelée à camper des femmes de chambre ou des gouvernantes, elle n’en acquît pas moins, par son talent, son humour et sa vivacité une grande popularité.
Cette actrice, célèbre mais secrète, possédait de multiples talents. Caricaturiste (elle publia ses dessins notamment dans le journal suisse Le papillon de 1914 à1919, sous le pseudonyme de Polino), elle n’hésita pas à se lancer dans l’opérette – elle rendra célèbre la chanson « Sous les palétuviers » qu’elle interprétait en 1934 dans Toi et moi – et, à l’âge de 80 ans, à renouer avec le cabaret. Elle anima également de nombreuses émissions de radio entre 1937 et 1970.
Elle a publié deux recueils de souvenirs : Les théâtres de Carton (1939, réédité en 1965), Histoires de cinéma (1956, réédité en 1958).
Le fonds Pauline Carton comprend, outre des archives personnelles, un ensemble de documents (iconographie, presse) relatifs à ses diverses activités, les textes autographes de ses émissions de radio, des partitions, un ensemble d’ouvrages annotés, les épreuves de ses deux recueils de souvenirs et le manuscrit du roman de son ami et compagnon Jean Violette, intitulé : Le roseau sonore.
Un inventaire de ce fonds est disponible dans la salle de lecture du département des Arts du spectacle.
Carton, Pauline. Les Théâtres de Carton. Nouv. Ed. Illustrations de l'auteur. Paris : Éd. J'ai lu, 1965.
Carton, Pauline. Histoires de cinéma. Paris, les Éditions du Scorpion, 1958.