La Société de Géographie est créée à Paris à l’issue d’une réunion tenue le 19 juillet 1821 et tient sa première assemblée générale à l’Hôtel de ville de Paris, sous la pRéserve des livres raresidence de Jean-Denis Barbié du Bocage le 15 décembre de la même année. De par sa vocation universelle mais également par le fait qu’elle est la première société de géographie créée au monde, elle ne porte pas de nom particulier. Son objectif est de concourir aux progrès de la géographie, d’encourager les études et les découvertes géographiques et de faire entreprendre des voyages dans des contrées inconnues. Parmi les membres fondateurs on trouve Edme François Jomard créateur du Dépôt des Cartes et Plans à la Bibliothèque royale en 1828. Dès 1822 la Commission centrale décide de décerner des prix destinés à récompenser des explorateurs ou des savants ayant contribué à faire progresser la connaissance de la terre. Cinquante prix seront créés dans des domaines très variés pour travaux géographiques ou voyages de découverte. Afin de donner une direction méthodique aux travaux d’exploration, la Société de Géographie rédige et publie tout au long du siècle des questions et instructions aux voyageurs. Dans le Bulletin de la Société de Géographie qui paraît depuis 1822 sont consignés les relations de voyages des explorateurs accompagnées de cartes mais également les comptes-rendus de l’activité de la Société. La Société de Géographie patronne de nombreuses expéditions et voyages de découverte et contribue même parfois à leur financement, comme dans le cas de la mission Foureau-Lamy. Au tournant du siècle, elle est un des acteurs principaux de l’expansion coloniale française. Depuis 1873, elle favorise l’émergence de sociétés de géographie en province et participe activement à des congrès géographiques. Elle organise la deuxième session du Congrès international de géographie à Paris en août 1875 puis la quatrième à l’occasion de l’Exposition universelle de 1889. Avec d’autres institutions, elle est à l’origine de la création du Comité National Français de Géographie en 1920, rattaché à l’Union Géographique Internationale dont le premier président fut le prince Roland Bonaparte lui même président de la Société de Géographie (1909-1924).
Dès l’origine la Société de Géographie prévoit de constituer une bibliothèque ouverte aux membres de la Société de Géographie mais sans réels moyens financiers. Des revues géographiques du monde entier sont reçues en échange du bulletin mais les principaux enrichissements proviennent des dons de ses membres et correspondants français ou étrangers : militaires, diplomates, ingénieurs, voyageurs ou explorateurs qu'elle a encouragés. En 1878 la Société de Géographie fait construire son hôtel particulier (qui est toujours le siège social) au 184 boulevard Saint-Germain et y installe sa bibliothèque. La salle des séances accueille des voyageurs, explorateurs et savants qui viennent présenter les résultats de leurs travaux ou de leurs expéditions. Ces conférences souvent accompagnées de projections de photographies sur plaque de verre provoquent l’engouement du grand public. La bibliothèque est confiée en 1881 à James Jackson qui fonde la collection de photographies en sollicitant des dons de photographies à caractère géographique. En 1925, la Société de Géographie s’enrichit par le don exceptionnel de la bibliothèque du prince Roland Bonaparte (voir entrée spécifique), légué par sa fille Marie de Grèce à la mort de son père, mais le volume même de ces collections oblige la Société à louer l’hôtel du prince Bonaparte au 10 avenue d’Iéna pour y transférer ses propres collections à côté de celles du prince. En 1941, des difficultés financières auxquelles s’ajoutent les incertitudes liées à l’occupation allemande amènent la Société de Géographie à conclure un accord de dépôt de ses collections à la Bibliothèque nationale. Le déménagement se fait dans des conditions difficiles, du 16 février au 24 mars 1942 qui auront comme conséquence la désorganisation de certaines collections. Depuis 1942, ces collections, toujours propriété de la Société de Géographie, sont conservées au Département des Cartes et Plans et constituent un fonds d’une grande cohérence et d’une incroyable richesse sur l’histoire des voyages et des explorations : 90 000 ouvrages, 2 000 titres de périodiques dont 320 vivants, 80 000 cartes, 500 cartons d’archives, 10 000 cartes postales, dessins, aquarelles, 100 000 photographies sur papier et 43 000 sur plaque de verre (ces dernières entrées en 1995-96). Les accroissements annuels courants sont modestes : 200 ouvrages et 500 fascicules de périodiques mais s’accompagnent régulièrement de dons d’importance inégale, parfois d’un très grand intérêt.
Fonds numérisés : Les collections de la Société de Géographie ont été parmi les premiers ensembles d’images numérisées. 20 000 photographies d’Afrique ont été numérisées dont 6 500 libres de droits sont accessibles sur Gallica depuis 1998 et intégrées en 2002 dans le programme « Voyages en Afrique ». Plusieurs ensembles de cartes, photographies, manuscrits sont numérisés dans le cadre des projets « Anthologie » ou « Voyages en Italie ».
Alfred Fierro, La Société de Géographie 1821-1946, Paris : H. Champion ; Genève : Droz, 1983 - « La Société de Géographie 1821-1996 » n° hors-série supplément d’Acta Geographica, n° 108 1996/IV - France Duclos, « La Bibliothèque et les Archives de la Société de Géographie » in Bulletin de la Société Française pour l'Histoire des Sciences de l'Homme, n° 7 (novembre 1992), pp. 40-47. Inventaires : - Claude Sibertin-Blanc, Bibliothèque de la Société de Géographie, catalogue des livres de la Réserve, Paris, Société de Géographie, 1952 - Alfred Fierro, Inventaire des manuscrits de la Société de Géographie, Paris : Bibliothèque nationale, 1984 - Alfred Fierro, Inventaire des photographies sur papier de la Société de Géographie, Paris : Bibliothèque nationale, 1986 (mis à jour et intégré dans BN-Opaline) Inventaire des cartes du fonds Bonaparte en cours dans BN-Opaline
Georges Sirot (1898-1977), passionné de photographie, constitua à partir de 1919 une collection de plus de 100 000 épreuves. Stimulé par un goût ardent pour la trouvaille et l'accumulation, il s'était d'abord préoccupé de l'augmentation du fonds. Ce n'était pas la considération de la photographie en tant qu'œuvre -matière, technique- qui déterminait son choix, si choix il y avait ; c'était la représentation offerte par le document et son coût. La faible valeur marchande de la chose à l'époque l’incitait à acquérir. Jean Adhémar le convainquit de céder une partie de sa collection et fit la sélection avec lui. Il vendit 60 000 épreuves en 1955 et en donna 15 000 en 1956. Sa collection représente la photographie de 1850 à 1920, sous toutes ses formes. Trente mille épreuves sont regroupées en 300 albums. Sa démarche étant faiblement sélective, le fonds est éclectique et montre tous les aspects de la photographie.
Liste des albums de la collection Sirot à la Bibliothèque Nationale. établie par Bernard Marbot à l'occasion de l'exposition Georges Sirot (1898-1977). Bibliothèque Nationale. Galerie Mansart. 15 septembre. 23 octobre 1983.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 56
Né en 1891 en Tchécoslovaquie, installé en France en 1921, puis naturalisé Français en 1926, Joseph Sima suivit une formation d’ingénieur avant de se consacrer à la peinture et à la gravure. Dès son installation à Paris où il travailla au départ comme dessinateur pour des vitraux, des journaux et des tissus, il rencontra la relieuse Louise-Denise Germain dont il épousa la fille Nadine en 1923. Très vite, il se lia d’amitié avec de nombreux écrivains dadaïstes et surréalistes, comme Tristan Tzara, Georges Ribemont-Dessaignes, Pierre Jean Jouve, Paul Eluard, Philippe Soupault, puis Max Ernst, Michel Leiris et René Char. Correspondant d’une revue d’architecture de Prague, il fit également la connaissance de Piet Mondrian, Jean Arp, Le Corbusier, Albert Gleizes, Auguste Perret et fréquenta son compatriote Kupka, avant de participer au mouvement du « Grand Jeu » en compagnie de Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal et Rolland de Renéville. En 1979, exécutant les volontés de Madame Nadine Sima, Monsieur Jean Hugues transmit à la Bibliothèque nationale un important ensemble de pièces ayant appartenu au peintre qui furent répartis dans les différents départements de la bibliothèque.
Le département des Manuscrits conserve la correspondance reçue par Joseph Sima, les dactylographies d’œuvres de Pierre Jean Jouve et les manuscrits de Roger Gilbert-Lecomte. Le département des Estampes conserve les portraits dessinés par Sima. Le département des Arts du spectacle conserve ses maquettes de décor.
La Réserve des livres rares rassemble tout ce qui a trait à son activité moins connue d’illustrateur : livres illustrés en tchèque et en français, éditions originales avec envois souvent enrichis de documents originaux (dessins préparatoires, lettres, contrats, suites de gravures), soit 117 volumes, dont 30 avec pièces jointes, dont des éditions de Jean Giraudoux, Pierre Jean Jouve, Roger Gilbert-Lecomte. Ce don est resté groupé sous les cotes Rés. Gr. folio Z. Don 14 (1-3), Rés. Fol. Z. Don 98 (1-11), Rés. 4° Z. Don 215 (1-21), Rés. 8° Z Don 603 (1-82).
Exposition. Paris. Bibliothèque nationale. 1979. - Joseph Sima : œuvre graphique et amitiés littéraires : comprend la bibliogr. des livres illustrés par Sima, p. 75-84
Joseph Sima : 1891-1971, œuvre graphique et amitiés littéraires. L. D. Germain : 1870-1936, reliures : [exposition], Bibliothèque nationale, [Paris, 23 mai-24 juin] 1979 / [catalogue par Antoine Coron]. Paris : BN, 1979
Les documents cartographiques du Service hydrographique de la Marine sont parvenus à la Bibliothèque nationale en trois étapes, mais pas dans leur totalité. Au début de 1942, 45 pièces de grande valeur, dont 32 cartes manuscrites sur vélin furent extraites des “ Grandes Archives ” pour être mises en dépôt au Département des cartes et plans. En 1947, le Service hydrographique de la Marine à l’étroit dans ses locaux rue de l’Université déposait 14 566 pièces toutes antérieures à 1800, dont 237 cartes manuscrites sur vélin, classées chronologiquement par grandes régions côtières en 224 portefeuilles. Enfin en 1962 et 1965, le Département reçut les cartes de 1800 à 1940, gravées pour la plupart et réparties de la même manière ; d’autre part l’établissement public du Service hydrographique et Océanographique de la Marine (http://www.shom.fr) effectue le dépôt légal de la production contemporaine. La première formation des archives de la Marine remonte à Colbert, mais ce n’est qu’en 1699 que fut créé un dépôt comprenant d’une façon générale, les papiers de la Marine, des Galères, des Colonies et de la Maison du Roi et les cartes et plans hydrographiques. De 1720, date de la création du “ Dépôt général des cartes et plans, journaux et mémoires ” dont les ingénieurs étaient chargés de collecter, conserver et créer les documents hydrographiques, à 1722 s’opère le premier démembrement entre cartes, journaux et archives. Une seconde grande division intervînt pendant le XXe siècle, entre plusieurs institutions parisiennes. Si la plus grande partie des cartes et plans sont à Richelieu, les archives du Service hydrographique de la Marine, dont les journaux de bord, constituent la série JJ des Archives nationales, tandis que d’autres fractions ont été confiées à la Bibliothèque de l’Observatoire, à celle de l’Assemblée nationale, et des cartes manuscrites séparées ou en album sont au Service historique de la Marine (minutes du canal du Midi et plans de secteurs militaires signés Vauban…) et au Musée de la Marine. Enfin, il convient de remarquer qu’une partie des pièces cartographiques relatives aux voyages de circumnavigation exécutés par des navigateurs français (1787-1839) et des missions hydrographiques effectuées dans toutes les régions du monde (1816-1890) se trouve dans la sous-série 6 JJ des Archives nationales. Plans cadastraux des villes côtières, parcellaires de zones côtières, trajectoires de navigateurs, scènes de combats sur mer, cartes de courants marins, cartes topographiques d’entrée de rivières, croquis et vues de côtes et d’îles, cartes marines de toutes les parties du monde forment un ensemble unique de plus de trente mille pièces allant du XIVe siècle à nos jours, d’un grand intérêt pour l’histoire de la Marine, de la navigation, des découvertes, des sciences et des techniques cartographiques, de l’art, mais aussi pour l’histoire politique, administrative et militaire. Parmi les pièces anciennes, il y a lieu de citer la mappemonde de Nicolas Caverio (1502), celles qui proviennent des travaux des cartographes dieppois, Dupont, Guerard, Levasseur, Devaulx, celles des portugais Guttierez et Texeira, celles des hollandais Jean Dircks (1599) et Stiermann (1614). On trouve également tous les documents provenant des premiers explorateurs du Canada, de La Salle, Franquelin et aussi ceux qui résultent des grands voyages de circumnavigation et de découvertes, tels que le voyage de Louis Freycinet et ceux de Dumont d’Urville. Le département possède la collection la plus complète des cartes marines françaises manuscrites et éditées depuis le commencement du XVIIIe jusqu’à nos jours et celle de presque toutes les cartes marines étrangères, mais la dispersion irrémédiable des archives et des documents cartographiques constitue pour le chercheur une gêne. Cependant l’ère du numérique pourra dans une certaine mesure la réduire.
Covillault, P. Histoire des archives et de la bibliothèque du Service hydrographique de la Marine. Paris, 1979 "Notice sur le Service hydrographique de la Marine". Annales hydrographiques, 2e série, 1914, p. 1-49 Taillemite, Étienne. Les archives de la Marine conservées aux Archives nationales. Paris, 1980 Taillemite, Étienne. "Les cartes anciennes du Service hydrographique de la Marine conservées aux Archives nationales". Dans : La carte manuscrite et imprimée du XVIe au XIXe siècle, Journée d’étude sur l’histoire du livre et des documents graphiques, Valenciennes 17 novembre 1981, p. 19-32.