(Z. Romain Rolland)
Romain Rolland, écrivain français, né à Clamecy en 1866, décédé à Vézelay en 1944. Prix Nobel de littérature en 1915.
A travers sa bibliothèque constituée de ses œuvres, de celles achetées, reçues, c'est le parcours d'une vie qui nous est livrée. De "l'âme enchantée" d'un Jean-Christophe, de son intérêt pour Beethoven, Michel Ange, Tolstoï, des interrogations mystiques, de la découverte d'une sagesse brahmanique, de l'action sociale, il y a tout au long de ces rangées de livres, la pensée de Romain Rolland, son regard universel resté fidèle à son idéal d'humanité. Il ne s'agit pas d'un fonds bibliophilique, il est même en mauvais état mais demeure remarquable du point de vue intellectuel et historique. Il rassemble de nombreux ouvrages dédicacés de Louis Aragon, Jean-Richard Bloch, Marcelle Capy, Jean Cassou, Paul Claudel, Albert Cohen, Copeau, René Crevel, Georges Duhamel, Sigmund Freud, Gandhi, Paul Ginisty, Gorki, Lugné-Poe, Charles Péguy, Jérôme et Jean Tharaud, René Vallery-Radot, Stefan Zweig, etc. Il présente également des exemplaires sur japon impérial, sur vélin, sur hollande, sur vergé d’arches, sur alpha, certains sont reliés pleine peau, demi-chagrin, d’autres encore possèdent des suites de bois gravés, des dessins originaux, certains sont annotés, beaucoup enfin portent l’ex-libris de Romain Rolland. Ce fonds d’une grande variété, est un dépôt de la Chancellerie des Universités de Paris, seuls 3000 ouvrages sur les 15000 auxquels il faut rajouter de nombreux périodiques, appartiennent en réalité à la Bibliothèque nationale de France.
Petit rappel historique, le 20 juin 1950 et le 18 avril 1951, Mme Romain Rolland, légataire universelle fait donation à l'Université de Paris des livres, manuscrits, droits, créances et titres de rentes françaises. L'Université de Paris s'engage alors à préserver "l'héritage spirituel de Romain Rolland" et à organiser une salle particulière à la Bibliothèque Sainte-Geneviève pour accueillir ce fonds en vue d'une Fondation Romain Rolland. En 1961, Mme Romain Rolland conteste la sécurité des locaux, en 1970, sur l'ordre du Recteur, des travaux complémentaires sont exécutés mais ne lui donnent pas plus satisfaction. En 1977, Mme Romain Rolland envisage alors de donner à la Bibliothèque Nationale tous les documents donnés à l'Université de Paris, sans pour autant intenter une action en révocation de sa donation pour inexécution des charges et conditions. Le Recteur de l'Académie de Paris, Chancelier des universités de Paris propose que le fonds Romain Rolland reste la propriété des Universités de Paris, mais que les documents soient déposés à la Bibliothèque Nationale. Le 5 mars 1979, l'Administrateur général de la Bibliothèque Nationale se déclare disposé à accepter le dépôt envisagé par Mme Romain Rolland et par le Recteur chancelier. L'Administrateur général accepte de recevoir en dépôt les documents énumérés dans les actes de donation du 20 juin 1950 et du 18 avril 1951, sans que ce dépôt implique un quelconque transfert de propriété. Une liste notariale est établie pour l'ensemble des volumes qui ont ainsi transité à la Chancellerie puis à la Bibliothèque nationale de France.
En raison de l’importance en volume du don, un des plus importants avec le fonds Barrès un 1er classement a été effectué séparant d’une part les œuvres de Romain Rolland et d’autre part les volumes de sa bibliothèque. Les volumes de sa bibliothèque ont ensuite été répartis selon deux sections, les ouvrages en caractères non latins et ceux en caractères latins. L'ensemble du don recense un nombre considérable des œuvres de Romain Rolland, traduites dans les langues les plus rares, ce qui n’est pas le moindre intérêt de ce fonds : albanais, macédonien, serbo croate, slovène, langues baltes, polonais, roumain, hongrois, tchèque, slovaque, vietnamien, néerlandais, scandinave, finlandais, turc, grec, russe, japonais, bulgare, chinois, coréen, géorgien, hébreu, yiddish, arménien, langues indiennes, arabe, persan. Concernant les œuvres de Romain Rolland, on recense environ 50 titres en français soit 1200 volumes et 2500 traductions. Un fonds important de brochures, antérieurs ou postérieurs à la mort de Romain Rolland, en provenance d'Allemagne, d'Europe centrale, de Russie, d'Inde et des pays d'Asie du Sud-est, d'Algérie, etc. concernant la guerre, le pacifisme, les minorités opprimées. Des périodiques anciens ou précieux, de nombreuses publications émanant des mêmes organismes ou pays que les brochures citées précédemment, en particulier l'Inde. On peut remarquer aussi un petit fonds de brochures ou périodiques concernant l'histoire locale, notamment concernant Clamecy et sa région, comprenant même quelques documents anciens (factums…).
Fonds Delphine Seyrig (1932-1990)
Delphine Seyrig © BnF
Elève de Pierre Bertin, Tania Balachova et Roger Blin, Delphine Seyrig débute en 1952 au centre dramatique de l'Est avec Michel St Denis, puis rejoint Jean Dasté à la Comédie de St Etienne. Ces choix montrent son exigence et son engagement.
De 1956 à 1959 elle vit aux Etats-Unis, suit en 1958 les cours de Lee Strasberg au fameux Actor's studio de New-York. A son retour en France elle interprète Musil, Tchekhov, Pirandello, Tourgueniev mais surtout des auteurs contemporains : Pinter, James Saunders, Jean-Claude Carrière, Arrabal, Peter Handke, Rainer Werner Fassbinder. Le Film de Resnais et Robbe-Grillet "L'année dernière à Marienbad" la révèle au grand public en 1961.
On la retrouve dans "Muriel" de Resnais, "La Musica", " India Song" et "Son nom de Venise dans Calcutta désert" de Duras ; avec Truffaut elle tourne en 1968 "Baisers volés", avec Buñuel "la Voie Lactée"et "Le Charme discret de la bourgeoisie". Elle travaillera aussi avec Losey, Stanojevic, Zinnemann, Don Siegel, J. Demy, J. Savary. Féministe engagée (elle signe le Manifeste des 243) elle collabore avec des réalisatrices, outre Duras, Chantal Ackerman, Marta Metzaros, Patricia Moraz, Liliane de Kermadec, Ulrike Ottinger, Pomme Meffre, et donne son impulsion au premier Festival de Films de femmes en 1975, à Paris. Ce festival en entraîne d'autres en France (et notamment à Créteil ) mais aussi à l'étranger. Delphine Seyrig est partie prenante du Film collectif "Maso et Miso vont en bateau", et participe activement à la création du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir en 1982. Ce centre a pour mission de conserver et promouvoir les videos de films de femmes. Par cette démarche la comédienne rend un vibrant hommage à celle dont elle avait fait son modèle et avait illustré tout au long de sa vie les engagements politiques et philosophiques : "j'ai épousé tout ce qui me semblait injuste, réprimé". Elle rencontre le Mouvement des femmes dès 1970.
C'est l'une des actrices françaises qui a marqué par son talent et sa personnalité le théâtre et le cinéma des années 60 à 90.
Le Département reçoit en 2002 grâce à son fils Duncan Yungerman, l'ensemble des documents de production retraçant toute sa carrière : programmes, photographies, affiches, presse, interviews, hommages divers. Ce fonds est accessible par un inventaire (cote du fonds 4 COL 73) mis en ligne dans le catalogue BnF Archives et manuscrits : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc103416g.
Les catalogues des documents conservés au Département donnent également accès à toutes les facettes de cette interprète hors du commun.
Don des archives de la Société nationale de musique (1871-1939). - Statuts, procès-verbaux, programmes, etc.
La Société nationale de musique a été créée le 25 février 1871, à l'initiative de Camille Saint-Saëns, de Romain Bussine et d'un petit groupe de jeunes compositeurs français désireux de travailler activement à la promotion et à la diffusion d'œuvres nouvelles qui ne pouvaient jusqu'alors trouver place ni au concert symphonique (dont les programmes étaient dévolus aux maîtres anciens ou à la musique allemande) ni dans les sociétés de musique de chambre (également axées sur le répertoire germanique) ni à l'opéra. La jeune société, poussée par la vague nationaliste au lendemain de la défaite de Sedan, se dota d'une devise : "Ars Gallica" et de statuts très précis stipulant qu'elle "se propose avant tout de s'instruire par l'étude des œuvres inconnues, éditées ou non, des compositeurs français faisant partie de la société. Personne ne pourra faire partie de la Société à titre de membre actif, s'il n'est français". Dès les premières séances du comité de direction, Saint-Saëns et Bussine étaient rejoints par Alexis de Castillon, Edouard Lalo, Jules Massenet, Georges Bizet, César Franck, Henri Duparc, Théodore Dubois, Gabriel Fauré, Ernest Guiraud.
Les premières années d'existence de la Société nationale de musique furent fondamentales pour l'essor de la musique française. Formée en association, la société fut très tôt subventionnée "à titre d'encouragement" par le Ministère des Beaux-Arts. Les œuvres envoyées par les sociétaires étaient lues en séance et leur admission sur les programmes, soumise au vote dont le résultat était signifié par courrier aux auteurs. Les statuts de la société furent plusieurs fois modifiés, notamment en 1886 pour faire place aux compositeurs étrangers. PRéserve des livres raresidée successivement par Camille Romain Bussine, César Franck, Gabriel Fauré, Vincent d'Indy, Gabriel Pierné, Pierre de Bréville, Florent Schmitt, Louis Aubert, la Société nationale de musique offrit, entre 1871 et 1939, un petit nombre de concerts avec orchestre (du fait d'un budget limité) et un grand nombre de concerts de musique de chambre (près de six cents) favorisant ainsi la diversification d'un genre et l'éclosion de nouveaux talents.
Le fonds présent au département de la Musique, rassemblé sous les cotes Rés. F. 994 (A-H) et Rés. 2483, est issu de plusieurs provenances, en dons successifs effectués par les héritiers de Romain Bussine, Pierre de Bréville, (anciens présidents), Henri Martelli et Marcel Labey (anciens secrétaires). Le fonds comprend de nombreux volumes de programmes (donnés par Pierre de Bréville), couvrant la période de 1871 à 1938, programmes en séries continues et discontinues, parfois annotés, accompagnés de prospectus d'annonces, de billets de concerts, de cartes de sociétaires, d'appels à cotisations, de convocations pour les assemblées générales. Des registres consignant des éléments budgétaires ainsi que les procès-verbaux d'assemblées générales et les comptes rendus de séances et de commissions, soigneusement tenus par les différents secrétaires sont également présents dans ce fonds, ainsi que des répertoires des œuvres soumises au comité, classés par genres ou par auteurs. Tous documents permettant de retracer les activités, pendant plus de soixante-dix ans d'existence (de 1871 à 1939), de cette société, véritable "laboratoire musical" au sein duquel se cotoyèrent tous les grands noms de la musique française.
Salomon James de Rothschild (1835-1864), fils de James Mayer, de la branche parisienne de la famille, n’est guère connu que pour les lettres qu’il envoya à sa famille pendant le voyage qu’il fit en Amérique en 1859-1861 (BnF, Département des Manuscrits, N. a. fr. 11700 ; Library of Congress). En 1862, il épousa sa cousine Adèle de Rothschild (1843-1922), fille de Mayer Carl Rothschild, de Francfort. Veuve fort jeune, la baronne Salomon de Rothschild rassembla une importante collection d’œuvres d’art et de livres, en partie héritée de son père, et fit construire l’hôtel de la rue Berryer (aujourd’hui fondation Salomon de Rothschild). Elle laissa ses collections d’objets d’art, de tableaux et dessins au Louvre, au musée de Cluny et au musée des Arts décoratifs. Son testament autorisa la Bibliothèque nationale à choisir des ouvrages l’intéressant dans sa bibliothèque. En avril 1922, 836 ouvrages entrèrent ainsi dans les collections du département des Imprimés, sous le numéro de don 184 250. Dispersés dans le lettrage, ils sont presque tous conservés à la Réserve des livres rares. La plus grande partie de ces ouvrages sont des livres illustrés, essentiellement des éditions allemandes incunables ou du XVIe siècle, mais aussi des classiques français du XVIIe siècle ou des ouvrages de bibliophilie du XVIIIe siècle.
Les Donateurs du Louvre. Paris, Éd. De la Réunion des musées nationaux, 1989. 347 p. Inventaire du legs Rothschild (photocopies avec cotes reportées) : Carnets de la Réserve des livres rares (banque de salle Y)
La Société des concerts du Conservatoire, fondée en 1828 par le chef d’orchestre violoniste François-Antoine Habeneck, par Luigi Cherubini, directeur du Conservatoire, et Sosthène de La Rochefoucauld, directeur des Beaux-Arts, dans le but de rassembler une grand formation symphonique qui exécuterait la musique de Beethoven, ne cessa ses activités qu’en 1967, date à laquelle elle fut remplacée par l’Orchestre de Paris, créé à l’instigation de Marcel Landowski et régi selon d’autres modalités. La Société des concerts dépendait étroitement du Conservatoire de musique (l’orchestre de la Société ne pouvait être composé que de professeurs et d’anciens élèves du Conservatoire) et fut installée dans ses locaux, rue Bergère ; elle donnait ses concerts dans la salle du Conservatoire, alors réputée pour être le « stradivarius » des salles de concert d’Europe. Lorsque le Conservatoire déménagea dans le Collège des Jésuites, rue de Madrid, en 1911, elle continua à se produire dans la salle d’origine. Comme toute grande formation symphonique, l’orchestre de la Société des concerts possédait une importante bibliothèque de partitions (partitions d’orchestre et parties séparées) nécessaire à l’exécution des concerts, qui ne cessa de s’accroître, par acquisition, copie, récupération de partitions provenant des « exercices d’élèves » du Conservatoire, et dons (celui d’Hector Berlioz léguant en 1863 la collection musicale de ses œuvres, gravées et manuscrites, est le plus important ; mais de nombreux compositeurs désireux de se faire jouer, et des chefs d’orchestre de la Société enrichirent la bibliothèque, comme Georges Hainl). Le noyau de ces collections consistait en matériels d’œuvres pour orchestre et chœur, souvent étrangères (Beethoven et Mendelssohn par exemple) et refaçonnées avec des textes français. Les partitions furent conservées rue Bergère, puis en partie rue de Madrid, et suivirent l’orchestre dans ses salles successives, au Théâtre des Champs-Elysées, principal lieu de concert de l’orchestre depuis 1945, au Palais des Congrès en 1974, à la Salle Pleyel en 1981, au Théâtre Mogador en 2002. Malgré les liens étroits qui unissaient le Conservatoire et la Société des concerts, les deux bibliothèques demeurèrent indépendantes. Cela explique que la bibliothèque de la Société n’ait pas suivi le fonds du Conservatoire, réuni administrativement aux collections de la Bibliothèque nationale en 1935 (et donc intégré à celles du département de la Musique à sa création, en 1942) et conservé dans l’immeuble du 2, rue de Louvois où il fut transféré en deux fois, en 1964 pour l'essentiel, puis en 1989. Cependant les archives de la Société et une partie de sa bibliothèque se trouvent bien au département de la Musique, où elles ont été déposées à l’occasion des différents changements de résidence de l’orchestre. Le premier dépôt de l’Orchestre de Paris, en 1975 (complété en 1976 et 1977), concernait les archives de la Société des concerts du Conservatoire et un premier ensemble de partitions et parties séparées, imprimées ou manuscrites (dont certaines en partie autographes), essentiellement d’œuvres de Berlioz (inventaire : département de la Musique, Carnet de dons, 1975, « don 405-75 ».) Les archives contiennent : une correspondance générale reçue par la Société entre 1855 et 1871, puis entre 1911 et 1913 ; 450 lettres provenant de sociétaires, chefs d’orchestre et compositeurs ; les documents concernant l’administration (procès-verbaux des séances, rapports aux assemblées générales), le personnel (répertoires, registres d’inscription, feuilles de présence), l’organisation des concerts, la comptabilité, la Caisse de prévoyance de la Société, auxquels il faut ajouter le Livre d’or, une collection d’affiches (lacunaire, entre 1833 et 1904) et des programmes (collection elle aussi incomplète). En 1981-1982 fut déposé un important ensemble de partitions et matériels d’orchestre, imprimés ou manuscrits, d’œuvres de Beethoven, Cherubini, Gaubert, Habeneck, Haendel, Haydn, Lavainne, Méhul, Mendelssohn, Meyerbeer, Mozart, Onslow, Rameau, Schumann, Vaucorbeil, Weber. Un lot très important de matériels manuscrits ou imprimés (avec quelques annotations autographes) concernait les œuvres de Berlioz et venait compléter le dépôt de 1975-1977. Enfin, en 1995, fut déposé un nouvel ensemble de partitions et matériels d’orchestre, imprimés et manuscrits, d’œuvres couvrant le répertoire du XVIIe au XXe siècle.
D. Kern Holoman, « Orchestral Material from the Library of the Société des Concerts », in 19th Century Music, vol. VII, 1983, p. 106-118. Id., The Société des Concerts du Conservatoire, 1828-1967, Berkeley, University of California Press, 2004. Nanon Bertrand, « A la découverte de la bibliothèque de l’Orchestre de Paris-Société des Concerts du Conservatoire », in Bulletin hors série du Groupe français de l’AIBM (Congrès de Périgueux 8-13 juillet 2001), D. Hausfater éd., 2005, p. 8-14.
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.