Dimier, Louis
Louis Dimier était un habitué du Cabinet des Estampes, où il avait notamment travaillé sur les portraits " aux trois crayons " du XVIe siècle. A sa mort, survenue en 1943, entrèrent dans nos collections, en partie par vente, en partie par don, un grand nombre d'ouvrages relatifs à l'histoire de la gravure sur bois, ainsi qu'un ensemble considérable de bois gravés: des bois de Godard que Oimier avait acquis de Supot, imprimeur, successeur de Poulet-Malassis, et des bois d'origine anglaise, dont ceux de Bewick.
Jobert, Barthélémy. « Un historien d'art au travail : le don Dimier au Département des Estampes ». Nouvelles de l'Estampe, oct. 1991, n° 118-119, p. 16-35 Blachon, Rémy. « À propos du don Dimier... ». Nouvelles de l'Estampe, oct. 1993, n° 130-131, p. 57-60
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 54
Philosophe, introducteur de Descartes en Angleterre, alchimiste, voyageur, collectionneur de livres, Kenelm Digby figure parmi les personnalités ayant servi de trait d’union entre les deux côtés de la Manche à une époque troublée. C’est du reste lors de l’un de ses séjours forcés à Paris qu’il constitua une riche bibliothèque de livres imprimés, qu’il fit relier pour la plupart de maroquin aux armes et au chiffre KD ou KDV, associant le nom du chevalier à celui de sa femme Venetia Stanley, disparue dès 1633. Après 1665, le sort de sa bibliothèque, réunissant manuscrits et imprimés, est obscur ; toujours est-il qu’après deux ventes successives, l’une à Paris vers 1665, l’autre à Londres en 1680, une partie alla constituer le fonds Digby de la Bodléienne, tandis que des "épaves" demeurèrent en France. Émile Chatelain a dressé la liste exhaustive des 27 livres de cette provenance figurant aujourd’hui dans les collections de l’Université de Paris. De son côté, Léopold Delisle a établi, outre une description approfondie de 2 des 4 manuscrits de cette collection se trouvant au Département des manuscrits, un inventaire de 53 volumes imprimés conservés à la Réserve des livres rares. À ce nombre, on pourrait ajouter les titres figurant dans le fichier des provenances de la Réserve des livres rares et omis par cet inventaire, les ouvrages faisant partie de l’accroissement Réserve des livres rares, et d’autre part plusieurs ouvrages compris dans les fonds généraux, sous Delisle comme aujourd’hui, dont la mention de provenance n’est pas toujours signalée par les catalogues. Au total, plus de 110 ouvrages ayant appartenu à K. Digby figurent aujourd’hui dans les collections de la Bibliothèque. Ce sont pour la plupart des livres à caractère religieux ou philosophique des XVe, XVIe et XVIIe siècles, du plus grand intérêt, qui semblent être arrivés dans les collections consécutivement à des confiscations révolutionnaires qui les ont fait transiter par des dépôts littéraires : beaucoup en particulier semblent avoir appartenu à la communauté des Incurables.
Catalogue de livres [de K. Digby], Paris, [vers 1665] Bibliotheca Digbeiana, sive catalogus librorum …quos post Kenelmum Digbeium…possedit… Georgius Comes Bristol, Londoni, 1680 Émile Chatelain, "Quelques épaves de la Bibliothèque de Kenelm Digby". Revue des bibliothèques, 1891, p. 77-80 et 1893, p. 11-15 Léopold Delisle, Sir Kenelm Digby et les anciens rapports des bibliothèques françaises avec la Grande-Bretagne. Paris : Plon, Nourrit et Cie, 1892
Dévigne, Roger (1885-1965)
Roger Dévigne est né en 1885 à Angoulême et a mené conjointement, tout au long de sa vie, une triple activité de poète-écrivain-imprimeur, de journaliste et de folkloriste. En 1932 il est nommé sous-directeur du Musée de la parole et du geste (Voir Pernot, Hubert) de l’Institut de phonétique à l’Université de Paris, Pierre Fouché en étant lui le directeur en titre. Puis par arrêté du 28 avril 1938, “sous-directeur du Musée de la parole, [il] est chargé de la direction de la Phonothèque nationale ” créée par décret du 8 avril 1938. Roger Dévigne est ainsi le premier directeur de la Phonothèque nationale avec pour mission la collecte du dépôt légal des phonogrammes (dépôt légal institué par la loi du 19 mai 1925 mais resté lettre morte jusqu’en 1938). Le premier dépôt légal de phonogrammes a lieu le 25 janvier 1940 et ce sont 18 disques qui sont ainsi déposés. De 1932 à son départ à la retraite en 1953, parallèlement à la mise en place de la Phonothèque nationale et du dépôt légal des phonogrammes, Roger Dévigne développe un programme d’enregistrements inédits qui tient en deux points essentiels : - des anthologies sonores (des poètes dits par eux-mêmes, des aviateurs et de l’éloquence judiciaire) qui sont la continuation des "Voix célèbres" de Ferdinand Brunot - des atlas de "géographie sonore" pour reprendre son expression qui recouvrent en fait les enregistrements de folklore. A ce titre, il effectue plusieurs missions de collecte phonographique "sur le terrain" en France. La première se déroule en Alpes-Provence en août 1939 et est interrompue par la déclaration de guerre. Dès 1940 Roger Dévigne se replie en zone libre, à Toulouse. C’est de là qu’il va mener une collecte phonographique en Languedoc-Roussillon et dans les Pyrénées orientales et ariégeoises, entre octobre 1941 et août 1942. Après la guerre, il accomplit 2 autres missions de collecte : en Vendée et en Normandie, en juin et août 1946. Parallèlement, durant les années 1930, le Musée de la parole va prêter du matériel d’enregistrement à des missions partant pour l’étranger. On peut citer la mission de Paul Émile Victor au Groenland en 1935-1936, ou encore celle de Creston et Divry dans les Iles Feroe en juillet 1939. L’activité du Musée de la parole cesse avec le départ en retraite de Roger Dévigne en 1953. Les collections du Musée sont définitivement intégrées à la Phonothèque nationale en 1963 que dirige Roger Décollogne depuis 1954. L’"héritage" de Roger Dévigne au département de l’Audiovisuel est constitué non seulement des collections d’enregistrements sonores qu’il a produits mais aussi de sa collection personnelle de disques léguée à sa mort à la Phonothèque nationale.
Dévigne, Roger. Le Musée de la parole et du geste : les collections, le laboratoire, la phonothèque, Paris, 1935 Dévigne, Roger. De la mission des Ardennes (1912) à la mission Alpes-Provence (1939). Tiré à part, extrait des Annales de l'Université de Paris, 1941 Dévigne, Roger. Mission Languedoc-Pyrenées. I. Languedoc, Quercy, Rouergue, Bigorre, Vallespir, Couserans : rapport adressé à M. le Recteur de l'Université de Paris et à M. le Recteur de l'Université de Toulouse. Paris, 1942 Dévigne, Roger. La Phonothèque nationale : bilan de dix ans de travail, le dépôt légal, la lecture sonore, l'histoire et la géographie sonores, les anthologies phonographiques. Paris, 1949
Devéria, Achille (1800-1857)
Né en 1800, élève de Girodet, Devéria commença à lithographier en 1819 des pièces d'esprit libéral et anticlérical, mais quitta vite ces sujets politiques pour se consacrer au portrait lithographié dont il devint un des maîtres. En 1848, il fut nommé au Cabinet des Estampes, dont il prit la direction, pour peu de temps puisqu'il mourut en 1857. Avec cette nomination, il avait pour toujours abandonné ses crayons. Toute sa vie, Devéria avait réuni une importante documentation classée par ordre alphabétique, qui lui servait pour ses illustrations, et que ses héritiers ont vendue pour une somme minime au Cabinet des Estampes. C'est un recueil de spécimens d'illustrations des classiques au XVIIe et XVIIIe siècles.
Marque de collection : Devéria
Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d’estampes…Supplément… La Haye, 1956, n° 670a.http://www.marquesdecollections.fr/detail.cfm/marque/6427/total/1 L'essentiel de la collection est conservé sous les cotes Za 1 à Za 115 ; Za 188 à Za 337. Bibliothèque nationale. Département des Estampes. Inventaire du fonds français après 1800, t. VI, p. 483.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 20
Né à Paris en 1924, Fred Deux grandit à Boulogne-Billancourt dans une famille ouvrière. Confronté très tôt à la misère, à l’alcoolisme et à la promiscuité sexuelle, il abandonne l’école et travaille à l’usine dès l’âge de 14 ans. Bien que sans formation, il parvient à être embauché au début de la guerre, à 18 ans, comme électricien de nuit. En 1943, il entre dans le groupe FTP de son usine et part au maquis. À la Libération, il s’engage dans les Goums marocains, puis quitte l’armée et s’installe à Marseille en 1947 où il devient commis dans une librairie. Il découvre alors l’art par la lecture des écrivains surréalistes et les livres de peinture contemporaine. Il rencontre les membres de l’équipe des Cahiers du Sud et réalise ses premiers dessins et "tâches" d’encre. Il fréquente le groupe surréaliste marseillais dont il se sentira cependant toujours à l’écart (il le quitte définitivement en 1954). Ses œuvres graphiques sont exposées à Paris dès 1948. La période des années cinquante est marquée par une intense activité de création graphique. Il rencontre André Breton, Hans Bellmer dont il restera proche, etc. Il épouse Cécile Reims qui grave ses dessins sur cuivre. Il expose beaucoup. En 1957, il publie La Gana, texte d’essence autobiographique publié sous le pseudonyme de Jean Douassot qui reçoit un bon accueil de la critique. En 1959, il s’installe dans un village de l’Ain. Une crise dans le travail de création et le don anonyme d’un magnétophone à bande l’amènent à tenter l’exploration d’un troisième moyen de communication, après le crayon et la plume : le micro. Il imagine alors de s’enregistrer, chaque jour, dans le calme de son atelier, disant au magnétophone ce qui devient, au fil des séances, une autobiographie parlée qui commence au moment des premières années de travail à l’usine. Elle devient peu à peu une "quasi-autobiographie" de longue haleine (plus de trente années d’enregistrement) mêlant la fiction au réel. En 1985, Fred Deux et Cécile Reims déménagent dans l’Indre, à La Châtre. Ils continuent leurs œuvres respectives. D’autres textes de Fred Deux sont publiés. Des rétrospectives de ses dessins et gravures sont organisées, dont celle du Musée Cantini à Marseille en 1989-1990. Certaines de ses œuvres graphiques rejoignent les collections du Musée national d’Art moderne de Paris et la Réserve des imprimés de la BnF. En 1999, l’éditeur André Dimanche publie le début de l’autobiographie parlée sous la forme d’un coffret de 24 disques compacts. Enfin, en septembre 1999, grâce à une convention avec l’association La Culture pour vivre, 200 heures d’enregistrement de l’autobiographie parlée, intègrent les collections du département de l’Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France.