Le fonds Théâtre italien rassemble des livrets, matériels et partitions lyriques italiennes du début du 19ème siècle. Entrés à la Bibliothèque nationale de France en 1879, ce fonds est conservé au Département de la Musique. Les volumes de cette collection couvrent plusieurs centaines de mètres linéaires. Aucun inventaire n’est, à ce jour (novembre 2011) , disponible.
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.
Manuscrits autographes de compositeurs contemporains (Messiaen, Boulez), correspondances
Ecrivain et homme politique français, Victor Schoelcher est surtout connu du grand public pour son combat contre l’esclavage, aboli par le gouvernement provisoire de 1848, alors qu’il était sous-secrétaire d’Etat aux colonies. On ignore plus souvent que cet autodidacte, issu d'une famille alsacienne de fabricants de porcelaine, fut également critique d’art, collectionneur et musicologue averti. C'est pendant son exil politique à Londres (1851-1870) que Schoelcher découvrit la musique de Georg Friedrich Haendel, et s'attacha à l'étude de la vie et de l'œuvre du grand musicien saxon naturalisé anglais, dont il admirait notamment les "sublimes oratorios (…) bâtis comme les temples d'Egypte". Il réunit au fil de ses dix-neuf années d'exil un matériel très complet autour de l'œuvre de Haendel, dont il dressa un catalogue resté manuscrit. En 1857, paraissait en anglais sa biographie The Life of Haendel, qui marquait une avancée importante dans la connaissance de l'oeuvre du compositeur. De retour à la vie politique en 1870, ce collectionneur éclairé eut à cœur de rendre accessibles au plus grand nombre la vaste bibliothèque politique, littéraire et musicale, ainsi que les diverses collections qu'il avait rassemblées. Il en fit don successivement, de son vivant, à de grandes institutions publiques : la Bibliothèque nationale (1884 et 1893) et la Bibliothèque de Fort-de-France se partagèrent ainsi plusieurs dizaines de milliers de volumes, tandis qu'environ 9000 gravures étaient données dans le même temps à l'Ecole des Beaux-Arts (1879-1885). Dès 1872, sa collection d’instruments exotiques - rassemblée dans sa jeunesse lors de ses voyages aux Antilles ou en Amérique du Sud - était donnée au Musée du Conservatoire, tandis que plusieurs articles parus dans la Revue et Gazette musicale saluaient le don généreux de sa bibliothèque musicale d’Haendeliana à la Bibliothèque du Conservatoire (1872-1873). Cette dernière, conservée aujourd’hui au département de la Musique de la Bibliothèque nationale de France (ancien fonds du Conservatoire), constitue le "Fonds Schoelcher". Constituée autour de Haendel et des compositeurs anglais contemporains, cette collection est remarquable, tant par son ampleur que par la valeur et l’origine des documents, dont certains ont appartenu à Haendel. Pour chacune des œuvres sont rassemblées des éditions princeps ou originales, des copies manuscrites d'oeuvres inédites conservées au Royaume-Uni (collections royales de Buckingham Palace et du Fitzwilliam Museum), en Allemagne et en Italie, des arrangements et œuvres pastiches contemporaines, ainsi qu'un fonds important de livrets, programmes et coupures de presse. Au total, plus de 3000 documents, "depuis les autographes les plus sérieux jusqu'aux bluettes les plus oubliées", sans oublier les manuscrits de Schoelcher lui-même. Seules y manquent les "conducting scores" annotées par Haendel, vendues par Schoelcher à la ville de Hambourg en 1868. La collection Schoelcher fut enregistrée en deux temps dans les registres du Conservatoire : dès 1873, les éditions précieuses de maîtres étrangers, italiens et surtout anglais des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, absentes des collections du Conservatoire, étaient entrées dans le fonds général et placées à la Réserve. En 1910, les grandes éditions imprimées et manuscrites des œuvres de Haendel (dont 65 éditions du Messie), de même que les livrets, les programmes et les coupures de presses, étaient enregistrées mais laissées en cartons faute de place ; la collection était cependant accessible aux spécialistes, tel Romain Rolland , auteur d'une biographie de Haendel, qui la consulta en 1910. En avaient été cependant soustraites les éditions de musique française des XVIIe et XVIIIe s. (113 vol.), considérées comme des doubles et échangées en 1911 contre une très belle édition de Motets de Petrucci (1503). Ce n’est qu’à partir de 1951 qu'on entreprit de classer le fonds Schoelcher sous la cote « Rés.V.S ». 2152 documents, soit environ les deux tiers de la collection, étaient ainsi catalogués sur fiches en 1985. Le catalogue complet et détaillé de l'ensemble du fonds est en cours.
Fonds Romain Rolland au Département de la musique
Romain Rolland (1866-1944) a été très tôt un mélomane averti et un bon pianiste. C’est sous la pression de ses parents qu’il renonce à l’idée d’entreprendre une carrière musicale, prépare et réussit le concours de l’Ecole Normale. Il n’abandonne cependant pas la musique, puisqu’il consacre une de ses thèses aux Origines du théâtre lyrique moderne : l'histoire de l'opéra avant Lulli et Scarlatti (1895), et devient finalement le premier titulaire de la chaire d’histoire de la musique à la Sorbonne. Moins connue du grand public que son engagement intellectuel et que son œuvre littéraire, son activité musicologique n’a jamais cessé, même après sa retraite en 1911. A partir de 1928, il écrit en effet une vaste étude sur Beethoven, en 7 volumes (publiée de 1929 à 1949), et continue à entretenir une abondante correspondance avec des musicologues et des compositeurs, comme Henry Prunières, Paul Dupin ou Ernest Bloch.
La bibliothèque musicale de Romain Rolland est le reflet de ces liens avec la musique. La plupart des volumes sont des éditions contemporaines datant de la fin du XIXe et du début du XX e siècle, mais Romain Rolland possédait également quelques autographes musicaux (Bach, Berlioz, Mozart), et une quarantaine de partitions du XVIIIe siècle, dont il aimait particulièrement la musique. Bien entendu, les goûts musicaux de Romain Rolland, bien connus par ailleurs au travers de sa production littéraire et musicologique, apparaissent nettement, et l’on ne sera pas surpris de trouver dans cette bibliothèque plus d’œuvres de Beethoven, de Haendel et Richard Strauss, que de Verdi ou de Rossini. De nombreux volumes comportent des ex-libris et des annotations. On trouve dans ce groupe les premières partitions que Romain Rolland a pu posséder, datant de ses années de lycée ou d’Ecole Normale : adolescent et jeune homme, il aimait à y inscrire non seulement son nom, mais aussi des détails sur le moment où il avait entendu l’œuvre en concert, et de brefs commentaires. Certaines sont des étrennes offertes par ses parents, le fait étant alors dûment consigné sur l'une des pages de garde. Cette partie du fonds est la plus détériorée, car elle a probablement été la plus manipulée, lors d’exécutions au piano, ou de lectures suivies en concert. C’est le cas par exemple de la partition des Ruines d’Athènes de Beethoven, œuvre dont la découverte a correspondu, selon les termes mêmes de Romain Rolland dans son journal, à une crise spirituelle. Dans le même ordre, certaines partitions, soigneusement reliées aux initiales RCR, gardent le souvenir de soirées musicales passées en compagnie de sa femme Clotilde Bréal, dont il devait divorcer en 1901. Très souvent également, Romain Rolland écrit dans les marges de ses partitions de courtes analyses musicologiques, et effectue des rapprochements entre œuvres musicales. Ces annotations marginales ne sont pas seulement un élément de la préparation de ses cours de professeur d’histoire de la musique, elles sont présentes dès les partitions de jeunesse et témoignent de son intérêt profond pour les œuvres.
Enfin, le fonds comporte quelques rares partitions portant en timbre sec l’ex-libris du père Romain Rolland, Emile Rolland et celui de sa sœur, Madeleine Rolland. Sa notoriété allant croissant, des compositeurs et des éditeurs adressent spontanément leurs œuvres à Romain Rolland dès leur parution, accompagnées ou non d’une dédicace. Certains grands ensembles de partitions d’auteurs contemporains, témoignent de relations proches, dont on trouve l’écho dans les correspondances : c’est le cas notamment des partitions de Lucien et Mary Haudebert et d’Ernest Bloch. La bibliothèque musicale de Romain Rolland conservée au département de la Musique comprend 1250 volumes de musique imprimée principalement, cotés dans le fonds général et en cours de catalogage dans BN-Opaline. Elle comporte aussi un ensemble de partitions musicales russes, et quatre boîtes de copies manuscrites de partitions anciennes, la plupart effectuées par Romain Rolland ou son épouse Clotilde pour sa thèse sur l’opéra italien. Le département de la musique conserve en outre des exemplaires de livres de Romain Rolland sur la musique, catalogués dans BN-Opale Plus.
La Société des concerts du Conservatoire, fondée en 1828 par le chef d’orchestre violoniste François-Antoine Habeneck, par Luigi Cherubini, directeur du Conservatoire, et Sosthène de La Rochefoucauld, directeur des Beaux-Arts, dans le but de rassembler une grand formation symphonique qui exécuterait la musique de Beethoven, ne cessa ses activités qu’en 1967, date à laquelle elle fut remplacée par l’Orchestre de Paris, créé à l’instigation de Marcel Landowski et régi selon d’autres modalités. La Société des concerts dépendait étroitement du Conservatoire de musique (l’orchestre de la Société ne pouvait être composé que de professeurs et d’anciens élèves du Conservatoire) et fut installée dans ses locaux, rue Bergère ; elle donnait ses concerts dans la salle du Conservatoire, alors réputée pour être le « stradivarius » des salles de concert d’Europe. Lorsque le Conservatoire déménagea dans le Collège des Jésuites, rue de Madrid, en 1911, elle continua à se produire dans la salle d’origine. Comme toute grande formation symphonique, l’orchestre de la Société des concerts possédait une importante bibliothèque de partitions (partitions d’orchestre et parties séparées) nécessaire à l’exécution des concerts, qui ne cessa de s’accroître, par acquisition, copie, récupération de partitions provenant des « exercices d’élèves » du Conservatoire, et dons (celui d’Hector Berlioz léguant en 1863 la collection musicale de ses œuvres, gravées et manuscrites, est le plus important ; mais de nombreux compositeurs désireux de se faire jouer, et des chefs d’orchestre de la Société enrichirent la bibliothèque, comme Georges Hainl). Le noyau de ces collections consistait en matériels d’œuvres pour orchestre et chœur, souvent étrangères (Beethoven et Mendelssohn par exemple) et refaçonnées avec des textes français. Les partitions furent conservées rue Bergère, puis en partie rue de Madrid, et suivirent l’orchestre dans ses salles successives, au Théâtre des Champs-Elysées, principal lieu de concert de l’orchestre depuis 1945, au Palais des Congrès en 1974, à la Salle Pleyel en 1981, au Théâtre Mogador en 2002. Malgré les liens étroits qui unissaient le Conservatoire et la Société des concerts, les deux bibliothèques demeurèrent indépendantes. Cela explique que la bibliothèque de la Société n’ait pas suivi le fonds du Conservatoire, réuni administrativement aux collections de la Bibliothèque nationale en 1935 (et donc intégré à celles du département de la Musique à sa création, en 1942) et conservé dans l’immeuble du 2, rue de Louvois où il fut transféré en deux fois, en 1964 pour l'essentiel, puis en 1989. Cependant les archives de la Société et une partie de sa bibliothèque se trouvent bien au département de la Musique, où elles ont été déposées à l’occasion des différents changements de résidence de l’orchestre. Le premier dépôt de l’Orchestre de Paris, en 1975 (complété en 1976 et 1977), concernait les archives de la Société des concerts du Conservatoire et un premier ensemble de partitions et parties séparées, imprimées ou manuscrites (dont certaines en partie autographes), essentiellement d’œuvres de Berlioz (inventaire : département de la Musique, Carnet de dons, 1975, « don 405-75 ».) Les archives contiennent : une correspondance générale reçue par la Société entre 1855 et 1871, puis entre 1911 et 1913 ; 450 lettres provenant de sociétaires, chefs d’orchestre et compositeurs ; les documents concernant l’administration (procès-verbaux des séances, rapports aux assemblées générales), le personnel (répertoires, registres d’inscription, feuilles de présence), l’organisation des concerts, la comptabilité, la Caisse de prévoyance de la Société, auxquels il faut ajouter le Livre d’or, une collection d’affiches (lacunaire, entre 1833 et 1904) et des programmes (collection elle aussi incomplète). En 1981-1982 fut déposé un important ensemble de partitions et matériels d’orchestre, imprimés ou manuscrits, d’œuvres de Beethoven, Cherubini, Gaubert, Habeneck, Haendel, Haydn, Lavainne, Méhul, Mendelssohn, Meyerbeer, Mozart, Onslow, Rameau, Schumann, Vaucorbeil, Weber. Un lot très important de matériels manuscrits ou imprimés (avec quelques annotations autographes) concernait les œuvres de Berlioz et venait compléter le dépôt de 1975-1977. Enfin, en 1995, fut déposé un nouvel ensemble de partitions et matériels d’orchestre, imprimés et manuscrits, d’œuvres couvrant le répertoire du XVIIe au XXe siècle.
D. Kern Holoman, « Orchestral Material from the Library of the Société des Concerts », in 19th Century Music, vol. VII, 1983, p. 106-118. Id., The Société des Concerts du Conservatoire, 1828-1967, Berkeley, University of California Press, 2004. Nanon Bertrand, « A la découverte de la bibliothèque de l’Orchestre de Paris-Société des Concerts du Conservatoire », in Bulletin hors série du Groupe français de l’AIBM (Congrès de Périgueux 8-13 juillet 2001), D. Hausfater éd., 2005, p. 8-14.