Ridder, Gustave de
Décédé fin 1945, Gustave de Ridder, un notaire parisien qui avait marqué dès son plus jeune âge un goût très vif pour l'histoire du costume militaire, connaissait les richesses du Cabinet en ce domaine, mais aussi ses lacunes, et s'était assigné pour tâche d'en compléter les collections. Pendant cinquante ans, il rechercha les livres, gravures et dessins concernant l'histoire des uniformes, principalement des armées étrangères. Avec sa collection entrèrent au Cabinet 3 667 recueils, dont 3 181 étaient absents des collections. Ces albums concernent essentiellement le XIXe siècle, mais beaucoup intéressent les XVIIe ou XVIIIe. Nombreux sont ceux qui portent l'ex-libris d'amateurs célèbres (le prince de la Moskowa, le prince d'Isembourg...). Ajoutons que Gustave de Ridder a eu la générosité supplémentaire de faire relier de somptueuse façon la plupart des albums.
Lethève, Jacques. Catalogue de la collection Gustave de Ridder : armées el uniformes de tous pays. Paris, 1948, dactyl. Lethève, Jacques. "La Collection Gustave de Ridder au Cabinet des Estampes à Paris". Revue internationale d'histoire militaire, 1950, Vol. 2, n° 9, p. 357-359.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe,1993, n°132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 53. Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, suppl. 34
La « Réserve spéciale », nom sous lequel on désigne « l’enfer » à la bibliothèque de l’Arsenal, est constituée de deux parties. On trouve tout d’abord l’ensemble des livres provenant du fonds ancien, c’est à dire de la bibliothèque du marquis de Paulmy. Celui-ci avait dans son catalogue manuscrit une section ouvrages licencieux où il mettait principalement les livres illustRéserve des livres rares de ce qu’il appelle des « figures ordurières. » Beaucoup de ceux ci ont disparu, éliminés au début du XIXe s siècle par l’abbé Grosier, administrateur de la bibliothèque de 1818 à 1823, d’après ce que raconte Charles Nodier qui lui succéda à l’Arsenal en 1824. Mais il avait aussi dans sa collection nombre d’ouvrages galants ou lestes qui n’étaient pas distingués des autres volumes. Nodier, bibliothécaire de Monsieur, proposa le premier de constituer un « cabinet des livres rares et précieux » dont auraient fait partie les « mauvais livres » qui auraient été ainsi protégés. Mais c’est seulement en 1902, après qu’on eut décidé de clore le fonds ancien qu’Eugène Müller constitua cette Réserve et rédigea un inventaire des ouvrages de la section Belles-lettres placés à la Réserve spéciale, (anciennes cotes 21500 à 21606, cotes actuelles 8-B-35472-35578 et 4-B-5350-5351), avec une table alphabétique des auteurs ou des titres anonymes. Il s’agit de romans galants et de poésies libres, presque exclusivement du XVIIIe s. En 1931 Louis Perceau fit un catalogue resté manuscrit de ces ouvrages licencieux (Ms 13986), en reprenant le catalogue de Müller, y ajoutant un volume du fonds Histoire, Monumens de la vie privée des douze Césars, 1780, et les accroissements postérieurs des XIXe et XXe s. : ouvrages de flagellation, quelques éditions de Sade, quelques ouvrages licencieux du Nouveau fonds, du fonds Georges Douay, et du fonds Poésie. Ceux ci constituèrent une « Réserve spéciale » moderne. Après cette date les livres jugés contraires aux bonnes moeurs, principalement venus du dépôt légal, continuèrent d’y être versés. En 1977, devant l’évolution des mœurs, la « Réserve spéciale » cessa d’être alimentée et est désormais un fonds clos.
D.Muzerelle, la « Réserve spéciale » de la bibliothèque de l’Arsenal, dans Revue de la Bibliothèque nationale, n°15, printemps 1985, p.14-23.
Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 78.
Renaud-Barrault (Collection)
Lors de la vente organisée au théâtre Marigny, le 27 juin 1995, la Bibliothèque nationale de France a acquis la majorité des pièces textuelles et iconographiques (principalement des correspondances et des maquettes de décor et de costume) provenant de la succession Madeleine Renaud (1900-1994) et Jean-Louis Barrault (1910-1994) ainsi que l'intégralité des dossiers de mises en scène et des papiers administratifs de leur Compagnie. Cet achat concernant ce couple mythique de l'histoire du théâtre, des années 1930 aux années 1980, venait compléter un important ensemble documentaire déjà légué de son vivant par Jean-Louis Barrault.
Ce fonds se présente actuellement comme suit: la totalité des spectacles montés par Barrault depuis Autour d'une mère (1935), sont représentés dans la collection. Le matériel est très divers, exprimant toutes les phases du processus de création d'un spectacle, depuis son élaboration, jusqu'à sa promotion: manuscrits, textes annotés, notes de mise en scène, cahiers de régie, partitions, correspondance liée au spectacle, maquettes de costumes et de décors, costumes et accessoires, éléments de décors, audiovisuels, photographies, affiches, programmes, cartons d'invitation, dossiers de presse et tout type de papiers liés à la diffusion et la promotion du spectacle. Il concerne également les spectacles interprétés et/ou montés par Jean-Louis Barrault, hors compagnie, les projets non réalisés, les spectacles extérieurs accueillis par la Compagnie et les fameuses tournées à l'étranger que celle-ci accomplit durant 30 ans. Viennent ensuite les manuscrits de Jean-Louis Barrault de diverse nature: préfaces, conférences, récitals, prestations à la radio ou à la télévision, notes de lecture, poèmes. La correspondance (hors celle relative aux spectacles et classée avec les dossiers de mise en scène) rassemble plus de 500 signatures françaises et étrangères. Parmi ces correspondants, citons les maîtres ou inspirateurs de Barrault, tels Edward Gordon Craig, Jacques Copeau, Louis Jouvet, Charles Dullin ou Antonin Artaud, les auteurs qu'il mit en scène: Paul Claudel, Jean Anouilh, André Gide, Jean-Paul Sartre, Henry de Montherlant, Albert Camus, Samuel Beckett, Eugène Ionesco et Jean Genet, par exemple, ainsi que les peintres, musiciens et comédiens qui collaborèrent à ses spectacles: parmi eux, Lucien Coutaud, Félix Labisse; André Masson, Mayo, Pierre Boulez, Arthur Honegger, Darius Milhaud ou Francis Poulenc... Les documents administratifs de la Compagnie, se composent de livres de compte, bordereaux de salaires des comédiens et des techniciens, projets de budget, bilans financiers, contrats, notes et plans de Jean-Louis Barrault concernant son installation dans les différents théâtres qu'il anima, ainsi que leur aménagement.
La collection est classée. En attente de sa cotation et de l'achèvement de son plan de restauration, son inventaire n'est pas à la disposition du public mais elle est consultable sur rendez-vous.
"Jean-Louis Barrault, 1910-1994". Numéro spécial de la Revue de la Société d'histoire du théâtre, n°1-2, Paris, 1996 Renaud Barrault : [exposition, Paris], Bibliothèque nationale de France, [23 mars-20 juin 1999] / [catalogue] sous la dir. de Noëlle Giret. - Paris : Bibliothèque nationale de France, 1999
Étienne Récamier
Né le 9 mars 1834, Étienne Récamier était le fils aîné du Dr Joseph Récamier, dont le nom est lié à l'histoire de la médecine pendant la première moitié du XIXe siècle, et le cousin de la célèbre Madame Récamier. Devenu par son mariage allié à plusieurs familles lyonnaises, il fut amené à Réserve des livres raresider une partie de l'année à Ecully (Rhône). De là l'intérêt qu'il porta toute sa vie à l'histoire du Bugey et du Lyonnais. Il suivit d'abord la carrière du barreau qu'il fut contraint d'abandonner en raison d'une maladie des yeux. Il s'adonna alors, à partir de 1870, à la numismatique et rassembla une collection fort importante de monnaies romaines. D'après le catalogue manuscrit fait en 1880 par A. Boutkowski-Glinka, sa collection comprenait alors 76 000 pièces, dont environ 40 000 des empereurs gaulois, et le reste des règnes de Gallien, Aurélien, Tacite, Probus, jusqu'à Constantin. Il se proposait de faire un travail pour compléter le recueil de planches du baron J. de Witte (Recherches sur les empereurs qui ont régné dans les Gaules au IIIe siècle de l’ère chrétienne, Lyon, 1868 : cote 13 100 WIT 4 au département des MMA), mais celui-ci ne vit jamais le jour. Il avait également recueilli une importante série de plombs trouvés à Lyon, sur les bords de la Saône, pendant les travaux exécutés à partir de 1858 pour la construction des nouveaux quais de la ville, et surtout dans les terrains de déblais provenant de leurs terrassements. Il mourut le 25 mai 1893 à Jérusalem, des suites d'une chute de cheval. Sa collection resta dans la famille et passa à son fils qui la mit en vente à Paris, en 1925 (Drouot, Etienne Bourgey expert, 2-6 mars 1925). Dans cette vente, forte de 1546 numéros, figurait sous le n° 1363 la collection de plombs. Celle-ci, qui avait été cataloguée et publiée en 1905 par Paul Dissard, conservateur des Musées de la ville de Lyon, sous le titre Collection Récamier. Catalogue des plombs antiques (sceaux, tessères, monnaies et objets divers, Paris, 1905), (cote 54 007 PAR BN 4° au département des MMA) fut soustraite de la vente et donnée généreusement au Cabinet des médailles par le Dr Récamier. Elle est inscrite dans le registre des dons Y, à la date du 9 janvier 1926, sous le n° 6315. Elle se compose de plus de 4000 pièces, décrites sous les numéros 1 à 2002. Dissard les a classés selon les catégories suivantes : sceaux (sceaux appartenant à diverses branches de l’administration financière, sceaux avec effigies ou noms d’empereurs, sceaux militaires, sceaux avec noms de villes, sceaux privés ou de commerce, sceaux portant des emblèmes chrétiens, sceaux gnostiques, sceaux grecs, sceaux byzantins), tessère (tessères officielles, tessères municipales, tessères de spectacle, tessères privées), monnaies. Elles restent classées selon le catalogue Dissard. Venant prendre place à côté de la collection publiée par Maurice Prou et Michel Rostovtsew, Catalogue des plombs de l’Antiquité, du Moyen Âge et des temps modernes conservés au département des Médailles et Antiques de la Bibliothèque Nationale, Paris, 1900 (cote Usuels 52 007 PAR BN 8 au département des MMA), elle la complète admirablement.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Méd. 46