La collection Émile Senart appartient au fonds « Sanscrit » du département des Manuscrits. Elle compte environ trois cents manuscrits, rédigés principalement sur papier indien entre le XVe et le XIXe siècle. Les manuscrits portent les cotes « Sanscrit 1444 » à « Sanscrit 1748 ». La particularité principale de la collection est de rassembler en grande partie des textes d’obédience jaina copiés en Inde occidentale (Gujarat, Rajasthan). On relève aussi une trentaine de textes brahmaniques et une dizaine de textes bouddhiques. Tous les champs du savoir abordés par la littérature jaina sont bien représentés, que ce soit par des textes doctrinaux, philosophiques, narratifs ou scientifiques. La collection fut « transmise par fractions » (selon les termes du registre des dons) au département des Manuscrits entre les années 1930 et 1937 par l’Institut de Civilisation Indienne où elle était d’abord conservée. Émile Senart (1847-1928) constitua cette collection par l’entremise de son disciple Alfred Foucher (1865-1952) qui avait établi des contacts en Inde lors d’une expédition scientifique avec deux fournisseurs indiens, Gauri Shankar (?-?) et Bhagavandâs Kevaldâs (1850-1900). Ce dernier, un jaina originaire du Gujarat, était particulièrement actif dans les moissons de manuscrits recherchés par les savants occidentaux pour leurs propres recherches ou pour constituer les fonds des bibliothèques en Europe.
Filliozat, Jean. « État des manuscrits de la collection Émile Senart », Journal Asiatique, janvier-mars 1936, p. 127-143.
Balbir, Nalini. « Un manuscrit illustré du Kalpasûtra jaina conservé à la Bibliothèque Nationale (Cote : Sanscrit 1453) », Bulletin d’Études Indiennes, n° 2, 1984, p. 17-39.
Petit, Jérôme ; Balbir, Nalini. « La collection Émile Senart et la découverte d’un manuscrit jaina illustré (Bibliothèque nationale de France, Sanscrit 1622) », Bulletin d’Études Indiennes, n° 24-25, 2006-2007, p. 177-190.
Gustave Schlumberger (1844-1929)
Bien que né à Guebwiller, berceau de la famille, Gustave Schlumberger passa toute sa jeunesse à Pau, où deux de ses passions s’enracinèrent très tôt : celle de la numismatique, et celle de l’épopée napoléonienne. Parti en 1863 faire sa médecine à Paris, il achèvera cet apprentissage dans l’horreur de la guerre de 1870 comme ambulancier. Il publie, la même année, 1873, sa thèse de médecine — sa dernière contribution à la profession médicale — et sa première publication numismatique, sur les Bractéates d’Allemagne. Il allait consacrer sa vie, dorénavant, à la collection, à l’érudition, au voyage et à la vie mondaine.
Son intérêt de collectionneur s’attache d’abord à l’Orient latin, dont il rassemble — et publie — les monnaies et les sceaux. Sa curiosité pour cette époque et ces lieux le conduit à l’érudition byzantiniste. Sa collection de sceaux de plomb byzantins, qu’il publie sous le titre de Sigillographie de l’Empire byzantin, en 1884, est le socle de son entreprise d’écrire l’histoire de « L’épopée byzantine », d’Un Empereur byzantin au dixième siècle, Nicéphore Phocas (1890) aux trois volumes de L’épopée[…] publiés en 1896, 1900 et 1905, couvrant la période de la fin du Xe siècle jusqu’aux premiers Porphyrogénètes, au milieu du XIe siècle.
Sa passion de la collection et de l’érudition ne s’épuisait pas dans l’Empire byzantin : outre les bractéates, il collectionna également les monnaies du Béarn, des objets égyptiens de l’époque pharaonique, des bronzes romains, des sceaux-cylindres assyriens, etc. Méticuleux jusqu’à l’anxiété, comme le sont souvent les collectionneurs, il prit pour chacune de ses collections des dispositions précises, la plupart testamentaires. « Strasbourg, capitale de l’Alsace redevenue française » — ce sont les propres termes de son testament — et capitale de la région d’origine de sa famille, a hérité de la majeure partie des collections, réparties entre le musée archéologique et le musée des Arts décoratifs. Pau recueille sa collection de monnaies du Béarn, la bibliothèque de l’Institut la plus grande partie de sa propre bibliothèque, ainsi que sa correspondance, le musée Carnavalet hérite des gravures, aquarelles et peintures. Quelques statuettes égyptiennes, des bronzes romains et des bijoux des XIe et XIIe siècles échoient au Louvre. Enfin, le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, où il passa tant d’heures studieuses avec son ami le conservateur Adrien Blanchet, reçut ses collections de monnaies, de sceaux et matrices de sceaux, de pierres gravées, amulettes et sceaux-cylindres entrées sous le numéro Y.12703, dont l’inventaire sommaire figure sous la cote Inv. 129 SCH.
Outre les très nombreuses publications de Schlumberger lui-même dont la bibliographie exhaustive à la date de 1924 a été établie par Adrien Blanchet dans les Mélanges offerts à M. Gustave Schlumberger à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de sa naissance […], Paris, 1924, voir : Morrisson, Cécile, Catalogue des monnaies byzantines de la Bibliothèque nationale, 2 vol., Paris, 1970. Bordreuil, Pierre, Catalogue des sceaux ouest-sémitiques inscrits de la Bibliothèque nationale, du Musée du Louvre et du Musée biblique de Bible et Terre Sainte, Paris, 1987. [Strasbourg. Musée archéologique.] Antiquités égyptiennes de la collection G. Schlumberger, par Annie Schweitzer […] et Claude Traunecker […], (Inventaire des collections publiques françaises ; 43), Musées de Strasbourg / RMN, 1998.
Inventaire manuscrit : MMA-129 Trois donations byzantines… Paris : BnF, 2001
Collection Charles Schefer
La collection de manuscrits arabes, persans et turcs de Charles Schefer entra à la Bibliothèque le 27 décembre 1899, par l'intermédiaire de sa veuve. Charles-Henri-Auguste Schefer (Paris 16 novembre 1820-Paris 3 mars 1898), secrétaire-interprète pour les langues orientales au Ministère des Affaires étrangères, accomplit de nombreux voyages au Proche-Orient. Il fut nommé en 1857 professeur de persan à l'Ecole des Langues orientales ; devenu administrateur, il occupa cette charge pendant trente deux ans, réorganisant l'école et fondant la bibliothèque. Parallèlement, il réunit à partir de1886, au château de la Croix-Saint-Alban près de Chambéry, une importante collection personnelle d'objets et d'ouvrages orientaux qu'il avait rapportés de ses voyages. Entre autres, comme témoignage de l'estime dans laquelle il le tenait, le sultan Abd el-Medjid avait offert à Ch. Schefer de choisir quelques manuscrits dans sa bibliothèque du Sérail à Istanbul ; Ch. Schefer n'osa pas prendre les plus merveilleux, mais il rapporta cependant quelques ouvrages non sans intérêt. Dans une correspondance, il dit souhaiter léguer ses manuscrits à la Bibliothèque nationale, mais il s'agira en définitive d'une vente après sa mort. Grâce à l'intervention de Léopold Delisle, un décret du 27 décembre 1899 autorisa une dépense de 100000 francs et rendit possible l'acquisition des quelque huit cents manuscrits qui composaient l'ensemble ; ce fut l'un des plus importants accroissements qu'aient reçus les fonds orientaux de la Bibliothèque depuis longtemps. Sa collection se compose de 274 manuscrits arabes (soit 406 ouvrages) cotés Arabe 5816 à 6090 ; 275 manuscrits persans (soit 404 ouvrages), cotés Supplément persan 1303 à 1578 ; 237 manuscrits turcs (soit 350 ouvrages), cotés Supplément turc 957 à 1194. Le catalogue particulier en fut publié dès 1900 par Edgar Blochet ; par la suite, des notices plus développées furent intégrées dans les catalogues respectifs des fonds arabe, persan et turc.
• BLOCHET (Edgar), Catalogue de la collection de manuscrits orientaux, arabes, persans et turcs, formée par M. Charles Schefer..., Paris, E. Leroux, 1900. • BLOCHET (Edgar), Catalogue des manuscrits arabes des nouvelles acquisitions : 1884-1924, Paris, 1925. • BLOCHET (Edgar), Catalogue des manuscrits persans de la Bibliothèque nationale, Paris, Imprimerie nationale, E. Leroux, 1905-1934. 4 vol. • BLOCHET (Edgar), Catalogue des manuscrits turcs, Paris, Bibliothèque nationale, 1932-1933. 2 vol. • Livre du Bicentenaire. Deux siècles d'histoire de l'École des langues orientales(1795-1995), Paris,1995, 477 p., sous la direction de Pierre Labrousse.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 13
Manuscrits du compositeur (musiques de scène, musiques de film), correspondance avec Francis Poulenc, iconographie (portraits, maquettes de décors et de costumes) à la Bibliothèque-Musée de l’Opéra
Erik Satie est né le 17 mai 1866 à Honfleur (Basse-Normandie). Il reçut ses premières leçons de musique de l’organiste de l’église Saint Léonard de Honfleur, ancien élève de l’école Niedermeyer. Renvoyé du conservatoire de Paris, il entre dans l’infanterie. A 20 ans, Satie va alors composer ce qui va devenir ses pièces de piano les plus connues : les Ogives, les Gymnopédies et les Gniossiennes. A partir de 1910, il se rapproche d'artistes qui vont marquer leur époque, tels que Maurice Ravel, Picasso ou encore Jean Cocteau. Il laisse derrière lui un répertoire sonore très profond, en suspens, et une empreinte encore indéniable. Riche de 200 manuscrits et carnets d'esquisses, épreuves corrigées d’Erik Satie, ainsi que divers documents. le fonds Satie est conservé à la Réserve du département de la Musique sous les cotes Ms 9573-9678 et Res. Vma 158 à 174. Le fonds est entièrement microfilmé. Le fonds Satie est entré par don à la Bibliothèque nationale de France en 1948 (176 manuscrits donnés par Darius Milhaud) et 1966 (don de Roger Désormières) sous les numéros d’entrée don n°4988, n°563 et n°584.
BREDEL, Marc. « Erik Satie ». Paris : Mazarine, 1982 VOLTA, Ornella. « Erik Satie ».Paris : Hazan, 1997
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.