Dès la fondation de l’Oulipo le 24 novembre 1960, ses membres prirent soin de garder les traces de la vie du groupe. Depuis les premières réunions, structurées et génératrices de documents spécifiques et classables (lettres de convocation, réponses, ordres du jour, comptes rendus), « les archives » sont une réalité, où chacun prend soin de verser d’autres documents comme pièces justificatives des discussions. Reflet du fonctionnement du groupe et de son histoire, les archives de l’Oulipo rappellent aussi le caractère de ceux qui en eurent la charge. Se partagèrent d’abord le secrétariat Jacques Bens (rédaction des comptes rendus de réunion jusqu’en 1963) et François Le Lionnais (envois des convocations et autres courriers), qui assurait en outre l’archivage mais classait peu. En 1971, Paul Fournel et Marcel Bénabou devinrent conjointement « secrétaire provisoirement définitif » et « secrétaire définitivement provisoire » ; ils organisèrent une récolte rigoureuse et un classement systématique, dont le noyau était constitué par les dossiers de réunion, classés chronologiquement. Quand en 2005-2006 les archives furent mises en ordre avant leur dépôt à la Bibliothèque de l’Arsenal, ce système fut étendu à tout le fonds, qui comprend en outre des ensembles de correspondance, des dossiers sur les créations collectives, les manifestations, la publication des Bibliothèques oulipiennes, enfin des envois de non-oulipiens.
Un inventaire est consultable en ligne dans le catalogue BnF Archives et manuscrits : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc98168h
- OULIPO, ouvroir de littérature potentielle : [exposition, Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque de l'Arsenal, Paris, 18 novembre 2014-15 février 2015], [Paris] : BnF, Bibliothèque nationale de France : Gallimard, DL 2014. - Christine Génin, "La bibliothèque et l’Oulipo", Blog lecteurs, 11 mai 2017. Disponible en ligne, url : http://blog.bnf.fr/lecteurs/index.php/2017/05/la-bibliotheque-et-l-oulipo/.
Ladislas Mandel (1921-2006) fut, à plusieurs titres, homme du livre et de l’écrit : typographe et auteur de plusieurs ouvrages sur l’écriture, il se constitua également une remarquable bibliothèque de travail.
D’origine hongroise, né en Roumanie, il débuta sa carrière en France en 1936. Formé aux Beaux-arts de Rouen et à l’Académie Ranson de Paris, il s’intéressa d’abord à la peinture et la sculpture, puis à la restauration des monuments historiques. C’est après la guerre -durant laquelle il intégra un mouvement de Résistance-, qu’il fut engagé, en 1954, par la célèbre fonderie Deberny & Peignot. Grâce à Adrian Frutiger, il devint « dessinateur de caractères », une profession alors rendue essentielle par l’essor de la photocomposition. Adaptant d’abord des caractères existants à cette nouvelle technologie, il en créa rapidement de nouveaux. Il dut notamment sa notoriété à ses caractères à « haute lisibilité », dessinés pour l’annuaire téléphonique français (« Clottes ») mais aussi italien (« Galfra ») et américain (« Colorado »).
Ladislas Mandel poursuivit aussi tout au long de sa carrière une réflexion originale autour de l’écriture et de la typographie. Il s’opposa à l’idée d’une typographie universelle et neutre. Pour lui, chaque écriture imprimée devait au contraire refléter les spécificités de la société dans laquelle elle était née. Le Ministère de la Culture lui confia pour cela, en 1983, la création du caractère « Messidor » pour réaliser une édition des Oeuvres complètes de Victor Hugo. En 1985, Mandel fut également l’un des fondateurs de l’Atelier National de Création Typographique (ANCT), devenu par la suite l’Atelier National de Recherche Typographique (ANRT). Il participa aux rencontres typographiques de Lure, à de nombreuses conférences et collabora à plusieurs revues spécialisées. Deux ouvrages, enfin, vinrent résumer sa pensée : l'Ecriture, miroir des hommes et des sociétés (1998), et Du pouvoir de l'écriture (2004), tous deux parus aux Editions Pérousseaux.
Pour nourrir ses recherches, Ladislas Mandel s’appuya sur sa très riche collection personnelle. Passionné par l’écriture et la typographie humanistes, il s’inspira notamment de son propre exemplaire d’un incunable paru à Parme en 1493, Caii Julii Solini Rerum memorabilium collectaneae, enrichi de notes manuscrites, pour dessiner le « Solina » et le « Laura », deux « caractères d’étude ». C’est une partie importante de cette collection que le typographe légua à la bibliothèque de l’Arsenal -une autre partie revenant au Musée de l’imprimerie, à Lyon. En 2007, plus de 3000 documents vinrent donc enrichir les collections du département. : ouvrages imprimés anciens et modernes, revues, spécimens typographiques et manuscrits provenant de toutes les régions du monde. A cet ensemble s’ajoutèrent les archives personnelles du donateur. Enfin, près de deux cents objets -cachets, poinçons, cylindres, fragments de divers supports d'écriture- complétèrent le fonds, qui offre ainsi un panorama complet de l'histoire de l'écriture et des caractères imprimés.
Les documents imprimés et iconographiques qui composent ce fonds sont signalés au Catalogue général de la BnF. Les manuscrits sont quant à eux signalés dans le catalogue BnF archives et manuscrits. Un inventaire des objets peut également être communiqué sur demande.
Manuscrits et documentation de Ladislas Mandel : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc950010 Voir aussi les collections du Musée de l’imprimerie, à Lyon : http://collections.bm-lyon.fr/mil/search?query=creator:"Mandel, Ladislas, 1921-2006"
Ensemble de manuscrits et de documentation donnés par François Caradec en 2003 et 2006, complétés à partir de 2009 par Caroline Caradec, et concernant tous les aspects de l'activité littéraire, éditoriale et sociale de François Caradec.
Un inventaire est consultable en ligne dans le catalogue BnF Archives et manuscrits :
Madame Christiane Arveiller a donné tous les documents que son époux Michel Arveiller (1934-2007), spécialiste d'histoire religieuse, avait rassemblés sur Léon Bloy : retranscriptions ou photocopies de documents, notamment correspondances.
La succession de Pierre Boulez a remis gracieusement à la Bibliothèque nationale de France un ensemble considérable d’archives du compositeur : 220 mètres linéaires de livres, 50 mètres d’archives et de correspondance, mais aussi des partitions, des photographies, disques et bandes magnétiques ainsi qu’une centaine d’objets. Dans le même temps, la Bibliothèque a acquis le manuscrit du premier chef-d’œuvre de Pierre Boulez, les Douze notations pour piano.
Le compositeur et chef d’orchestre Pierre Boulez (1925-2016) a profondément marqué la vie musicale, culturelle et institutionnelle de la seconde moitié du XXe siècle tant par la nouveauté de son langage musical que par ses talents d’interprète, de pédagogue, de théoricien et de polémiste mais aussi par son implication institutionnelle : il est à l’origine, notamment, de la création du Domaine musical, de l’IRCAM et de l’Ensemble Intercontemporain. De son vivant, Pierre Boulez a cédé ses manuscrits musicaux et littéraires à la Fondation Paul Sacher tandis que la Bibliothèque nationale de France s’enrichissait, par acquisition et par don du mécène, critique musical et organisateur de concerts Pierre Souvtchinsky, d’ensembles de correspondance et surtout d’une importante série de manuscrits d’œuvres de jeunesse du compositeur : Psalmodie, la Première sonate pour piano, la Sonatine pour flûte et piano, Visage nuptial, Structures. À la suite du décès de Pierre Boulez, sa succession a décidé de remettre gracieusement à la BnF toutes les archives du compositeur qui n’étaient pas couvertes par son contrat avec la Fondation Paul Sacher : bibliothèque, partitions, correspondance, archives, objets, photographies, manuscrits d’autres compositeurs... Par ailleurs, lors de la vente organisée par Christie’s France le 28 novembre dernier, la BnF a acquis le manuscrit du premier chef-d’œuvre de Pierre Boulez, les Douze notations pour piano. Écrites par le compositeur alors qu’il n’avait que 20 ans et qu’il était encore l’élève d’Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris, les Douze Notations sont influencées par l’enseignement de René Leibowitz, qui initia Pierre Boulez à la technique dodécaphonique. Il s’agit, en effet d’une série de douze variations construites autour d’une même série de douze sons, traitée en permutation circulaire. L’œuvre fut créée le 12 février 1946 aux Concerts du Triptyque par la pianiste Yvette Grimaud.