Lallemant de Betz
La collection que le fermier général Lallemant de Betz céda au Roi en 1753 par voie d'échange était probablement l'ancienne collection de Jean Rousseau, échevin de la Ville de Paris, que la Bibliothèque royale avait tenté d'acheter à l'époque de l'acquisition Marolles en 1667. Le fils de Jean Rousseau, Claude-Bernard, étant mort en 1720, la collection fut alors mise en vente et acquise par Nicolas du Blé, marquis d'Uxelles, maréchal de France, lequel mourut à son tour en 1730. Elle passa alors entre les mains de Lallemant de Betz qui l'aurait fait relier. Riche de 13 150 estampes de topographie et de portraits, cette belle collection qui contient beaucoup d'états exceptionnels et quelques pièces uniques, notamment un grand nombre de vues des villes et châteaux de France aux environs de 1610, présente la particularité d'être encore conservée dans sa reliure d'origine, en vélin jaune aux petits fers. Lallemant de Betz la céda au roi par échange (don serait mieux approprié...). Il reçut des livres et un exemplaire du recueil appelé Cabinet du Roi (ancêtre de la Chalcographie, alors édité par la Bibliothèque). Les volumes de portraits (28 volumes) furent remis à Hugues-Adrien Joly le 28 août 1753, les pièces de Topographie (50 volumes) le 15 septembre
Cote : Topographie, Vx 1 à Vx 50 fol, ; Portraits, Ne 1 à Ne 29 fol. (28 vol. + 1 de table)
Calalogue raisonné des estampes du Cabinel de M. Lallemant de Betz dressé pendant l'année 1759 [Manuscrit = Est. Ye 24 Rés. petit fol.) Bibliothèque Nationale. Département des Estampes. Inventaire de la collection Lallemant de Betz, rédigé par Auguste Flandrin, augmenté d'une table alphabétique et d'une notice par Joseph Guibert,... Paris : J. Dumoulin, 1903. Beaumont-Maillet, Laure. "Les collectionneurs au Cabinet des Estampes". Nouvelles de l'estampe, 1993, n° 132, p. 10
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 5
Lair (Jacques Michel), greffier du Chätelet de Paris Une note du 17 mars 1819, conservée dans les Archives de la BnF, indique qu’ « a été déposée à la Bibliothèque du roi, Département des manuscrits, une collection considérable de manuscrits acquis à la vente de la bibliothèque de feu M. Lair, ancien greffier au Châtelet pour le prix de 3.000 francs. Ils consistent en ». La liste des documents achetés à cette occasion n’a malheureusement pas été établie et c’est par d’autres sources, relevés des trains envoyés à la reliure sous la Restauration, indications dans les anciens inventaires, cotes portées sur les documents et surtout analyse des dernières notices du catalogue de vente de la bibliothèque de Lair, qu’a pu être reconstituée une très importante collection de plus de cent pièces comptables provenant de la Chambre des Comptes de Paris, dont les archives ont brûlé en 1737 et dont il ne reste que des séries incomplètes. Les mentions anciennes inscrites sur certains documents indiquent d'ailleurs "de camera thesauri", "de camera compotorum particularium", "de camera lingue occitane"…, correspondant à des bureaux de la Chambre des Comptes de Paris. On ne sait rien sur Lair, si ce n'est qu'il a été baptisé le 8 août 1757 et que, n'ayant pas atteint sa 25e année, il a dû en décembre 1781 bénéficier d'une dispense pour obtenir l'office de greffier, commis ancien, alternatif et triennal des Chambres Civile et de Police, maîtrises, jurande et du Parquet du procureur royal du Nouveau Châtelet de Paris. Il possédait une bibliothèque importante constituée de livres imprimés et de quelques manuscrits à peintures (non acquis par la Bibliothèque royale semble-t-il), qui fut dispersée après sa mort en vente publique, à partir du mercredi 10 mars 1819. On ne sait pas dans quelles circonstances exactes il a mis la main sur des registres dont les plus anciens sont de la fin du XIIIe siècle, et parmi lesquels figurent des pièces très importantes, comme le premier Journal du tRéserve des livres raresor royal, couvrant les années 1298-1301, ou l'un des inventaire de la librairie fondée par Charles V au Louvre. Comme bien d'autres, Lair a certainement profité soit des désordres consécutifs à l'incendie de 1737, soit des troubles occasionnés par la période révolutionnaire. Quelques-uns des registres qui sont passés par ses mains, dont beaucoup sont des originaux, sont parfois coupés entre le département des Manuscrits et les Archives nationales.
Archives nationales, CHAN V1, dossier greffiers (renseignements fournis par Michel Nortier et Jean Guérout) Département des Manuscrits, Archives Modernes 4922, f. 258 (Mr de Bure, mss de Mr Lair) Catalogue des livres rares, précieux et bien conditionnés du cabinet de feu M. Lair… dont la vente se fera le mercredi 10 mars 1819 et jours suivants…, Paris 1819 liste des registres provenant de Lair consultable au département des Manuscrits. Delisle, Le Cabinet des Manuscrits, II, p. 285-286 A. M. de Boislisle, Chambre des Comptes de Paris, Pièces justificatives pour servir à l'histoire des premiers présidents (1506-1791). Notice préliminaire, Nogent-le-Rotrou, 1872 Charles-Victor Langlois, Inventaire d'anciens comptes royaux dressé par Robert Mignon…, Paris, 1899, p. I-XIII (Recueil des historiens de la France, Documents financiers, I) Michel Nortier, « Le sort des archives dispersées de la Chambre des Comptes de Paris », dans Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, CXXIII (1965), p. 460-537.
Lacour, Marcelle de (1896-1999)
Marcelle Schaeffer est née en 1896 à Besançon où elle s'intéresse à la musique : au Conservatoire de Besançon elle entreprend des études très complètes qu'elle achèvera au Conservatoire de Paris (piano, harpe, chant, histoire de la musique). Mariée au comte Robert de Lacour, docteur en droit et lui-même amateur de musique, elle vient à Paris dans les années vingt où elle devient l'élève de Lily Laskine pour la harpe et de Wanda Landowska pour le clavecin. Bien qu'elle ait participé à des concerts en tant que chanteuse (elle chante le Pie Jesu de Gabriel Fauré aux Invalides après la disparition de Mermoz en mer), elle se consacrera exclusivement au clavecin. Elle devient l'interprète d'auteurs anciens comme Louis et François Couperin dont elle enregistrera quelques pièces et participe aux concerts de la Société de Musique d'autrefois fondée par Geneviève Thibault de Chambure. D'autre part, dans les années 30, elle sollicite les compositeurs contemporains afin d'enrichir le répertoire de son instrument. Elle est l'inspiratrice et la dédicataire de nombreuses œuvres comme le Concerto pour clavecin de Bohuslav Martinu (1935) ou le Prélude et fugue d'Alexandre Tansman (1935). Ces manuscrits ou éditions se trouvent aujourd'hui au département de la Musique. En 1955, elle crée la classe de clavecin du Conservatoire de Paris, dont elle est titulaire de 1958 à son départ en 1967, et y forme de nombreux élèves français et étrangers. La Fondation Marcelle et Robert de Lacour pour la musique et la danse située au château de Fourg (Doubs) entretient la mémoire de cette interprète et mécène.
En 1988, Marcelle de Lacour fit don au département de la Musique d'une centaine de pièces pour clavecin sous la forme de manuscrits et d'éditions dédicacés par leurs auteurs à leur brillante interprète, auteurs parmi lesquels on peut citer Jacques Ibert, Georges Migot, Paul Ladmirault, Jean Langlais, Bohuslav Martinu, Alexandre Tansman, René Leibowitz et Louis Saguer. Le Don 88-32 (1-102) a fait l'objet d'une entrée détaillée au carnet de don. Les pièces sont accessibles par les fichiers auteurs.
Petit-neveu de la favorite de Louis XIV, Louis-César de la Baume Le Blanc, duc de la Vallière, fut l’un des plus puissants seigneurs de la Cour de Louis XV. Ce ne sont pourtant pas ses titres de capitaine des chasses de la varenne du Louvre ni de grand fauconnier de France qui lui valurent son renom, mais la bibliothèque choisie qu’il rassembla dans un premier temps dans son château de Montrouge, puis, après 1768, dans son hôtel de la rue du Bac. Intervenant dans presque toutes les grandes ventes à partir de 1740, le duc fit également rechercher les livres convoités dans les bibliothèques des communautés religieuses ou des collèges, en France ou à l’étranger. Achetant des bibliothèques entières (collections Guyon de Sardière en 1759, Bonnemet en 1772, Jackson en 1775) et procédant à des ventes répétées, le duc de la Vallière constitua une collection en perpétuel mouvement, dont son bibliothécaire, l’abbé Rive, dut renoncer à publier l’inventaire. Il faut donc recourir aux catalogues des ventes successives (1768, 1773, 1777, 1784 première et seconde partie) pour cerner les domaines de prédilection du duc : livres sur vélin, plaquettes gothiques , pièces de théâtre –le duc est l’auteur d’une Bibliothèque du théâtre françois depuis son origine- textes dialectaux ou poétiques, brochures de colportage qu’il contribua à préserver de la destruction. Si les trois premières ventes et la première partie de la dernière dispersèrent la collection, il n’en va pas de même pour les 26537 ouvrages de la dernière vente. Celle-ci, acquise en bloc par le marquis de Paulmy, forme, avec les quelque 52 000 ouvrages de ce collectionneur, le noyau du fonds ancien de la bibliothèque de l’Arsenal.
Coq, Dominique. «Le parangon du bibliophile français : le duc de la Vallière et sa collection » Dans : Histoire des bibliothèques françaises, II, Les bibliothèques sous l'Ancien régime 1530-1789. Paris, 1988, p. 316-331
G. de Bure, Catalogue des livres…, Paris 1783. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 68.