François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.
Hurault, Philippe Hurault de Cheverny, évêque de Chartres
Le règne de Louis XIII n'est pas très favorable à la Bibliothèque royale et l'achat le 8 mars 1622 des manuscrits ayant appartenu à Philippe Hurault de Cheverny, représente pour cette période la seule acquisition de manuscrits importante. Il s'agit d’abord de la bibliothèque familiale de la famille Hurault, réunie par le père de l’évêque de Chartres, Philippe Hurault de Cheverny, qui occupa diverses fonctions importantes auprès des rois de France et qui à sa mort en 1599 était Grand Chancelier de France. Cette bibliothèque aux reliures luxueuses et aux textes souvent richement enluminés est tout à fait repRéserve des livres raresentative des collections réunies par les grandes familles parisiennes de cette époque. Certains volumes provenant d’Étienne Poncher, évêque de Paris, ou de la famille Briçonnet, témoignent des alliances familiales de la famille Hurault. Une autre partie des manuscrits avaient auparavant été réunis au château de Gaillon par Georges Ier d’Amboise, ministre de Louis XII et archevêque de Rouen : ces somptueux exemplaires avaient été réalisés pour lui ou provenaient de la Librairie des rois aragonais de Naples. D’autres volumes contiennent des dossiers sur la célèbre affaire du connétable de Bourbon, dans laquelle Raoul Hurault, père du Chancelier, avait joué un rôle important. Les manuscrits grecs, arabes et hébreux, qui viennent pour la plupart de Jean Hurault de Boistaillé, constituent un lot à part. Jean Hurault avait été ambassadeur de France et à Venise dans les années 1550 et 1560 et c’est le plus souvent à l’occasion de ses séjours dans ces villes qu’il y avait acheté ou fait copier ses manuscrits. A sa mort en 1572, ceux-ci passèrent à son cousin, le Chancelier. A leur arrivée à la Bibliothèque royale les manuscrits de la famille Hurault ont été décrits par Nicolas Rigault en quatre listes, la première regroupant 11 manuscrits hébreux et arabes, la seconde 136 manuscrits grecs, la troisième 56 manuscrits latins de haute époque et enfin la quatrième répertoriant 191 manuscrits français et latins de la fin du Moyen Age ou du XVIe siècle, tous aujourd’hui conservés au département des Manuscrits.
Hurault, Philippe, comte de Cheverny. Mémoires. Paris, 1664 Vibraye, Henri, comte de. Histoire de la maison Hurault, rééd., Paris, 1972 Delisle (Léopold), Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque impériale…, t. I; Paris, 1868, p. 213-214 Steinschneider, Moritz. Catalogus codicum hebraeorum bibliothecae Academiae Luduno-Batavae. Leiden, 1858 Van der Heide, Albert. Hebrew manuscripts of Leiden University Library. Leiden : Universitaire PERS, 1977, p. 5-6. Irigoin, Jean. "Les ambassadeurs à Venise et le commerce des manuscrits grecs dans les années 540-1550". Dans : Venezia, centro di mediazione tra Oriente e Occidente : secoli XV-XVI : aspetti e problemi : [atti] / [del 2 Convegno internazionale di storia della civiltà veneziana … Venezia, 3-6 ottobre 1973]. Florence : L.S. Olschki, 1977, t. II. (Civiltà veneziana. Studi ; 32) Laffitte, Marie-Pierre. "Collection d’homme d’état et d’humaniste, la librairie de Georges d’Amboise à Gaillon". Dans : Léonard de Vinci entre France et Italie, "miroir profond et sombre" : actes du colloque international de l'Université de Caen, 3-4 octobre 1996. Caen : Presses universitaires de Caen, 1999, p. 261-273 Omont, Henri. Anciens inventaires et catalogues de la Bibliothèque nationale, t. II, Paris, 1909, p. 401-428. [Publie les listes de Nicolas Rigault sans indiquer les cotes des manuscrits ; une réédition de ces listes, avec identification des manuscrits conservés et concordance avec les cotes actuelles est disponible au département des Manuscrits].
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. I, p. 213-214. - Omont, Inventaires, IV, p. 401-428 [avec concordance au Dépt des Mss]. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 65.
Jamet, dit le jeune, né à Louvières en 1710 et décédé à Paris en 1778. Il est le frère de Pierre-Charles Jamet connu par sa collaboration avec Thomas-Simon Gueulette aux travaux de réédition de Montaigne (1725) et Rabelais (1732). Après des études à Caen, François-Louis Jamet devient en 1734 secrétaire de M. de La Galaizière alors intendant à Soissons. Il y reste attaché lorsque ce dernier accède à la charge de chancelier de Stanislas en 1737. Jamet rejoint Paris en 1740 pour se marier à une veuve de fermier général. C’est à partir de cette date qu’il collecte l’essentiel de sa bibliothèque tout en se consacrant aux milieux éclaiRéserve des livres rares de la capitale où il fréquente tout spécialement les amateurs de littérature "croustilleuse" et clandestine. Reconnue comme celle d’un "Bibliophile-graphomane", la méthode Jamet semble avant tout procéder du dossier. Ce qu’il nous reste de sa collection nous montre un bibliomane soucieux d’organiser le contenu des livres sur un mode d’appropriation extrême. C’est dans cet esprit qu’il a composé sa bibliothèque en recueils thématiques où s’expriment ses préoccupations de libre penseur. Un volume de provenance F.-L. Jamet c’est, tout d’abord, une petite écriture cursive, serrée et légèrement inclinée qui annote les pièces imprimées ; c’est ensuite tout un système de montage qui recompose un univers bien particulier, fait de livres ou de défets, d’articles de journaux, de "soulignures", de collage de gravures, de vignettes et de frontispices retouchés, de pages manuscrites interfoliées recopiant des ouvrages imprimés ou inédits, de dessins ; le tout truffé de retranscriptions de réflexions malignes et d’anecdotes qu’il consigne pour mémoire et qu’il désigne comme "lardon" et "Mussof", valant respectivement pour brocard et addition. A sa mort, lors de l’inventaire, quatre cents volumes divisés en soixante et un lots furent dénombRéserve des livres rares et il est certain qu’il avait déjà lui-même donné de son vivant bon nombre de volumes. Toutefois, si une grande partie du fonds Jamet s’est dispersé au gré des ventes publiques, on en trouve trace dans les bibliothèques Mazarine, de l’Arsenal ou à la British Library. Outre les deux volumes reliés sous le titre Miscellanea que possède le département des Manuscrits (Nouv. acq. fr. 4361-4364), la Réserve des livres rares de la Bnf détient trois séries particulièrement intéressantes et plus ou moins complètes. Elles sont rentrées suivant différents modes au fil des années. En février 1824, à l’occasion de la vente Chardin, entrèrent cinquante six volumes de la série Femmes (Rés. Z-3208-3263), restés en l’état du XVIIIe siècle et accompagnés d’une table manuscrite. Entre 1833 et 1848 arrivèrent les vingt six premiers volumes de la série Stromates (littéralement : tapisseries). Les deux derniers volumes de cette collection de recueils entreront à la BN au XXe siècle par les legs Ristelhuber (1899) et Seymour de Ricci (1943). La série sera cotée en Rés. p Z-150 (1-28). D'autres recueils factices issus de la série Mélanges sont parvenus à la BN avant 1837. Certains furent conservés par la Réserve des livres rares (Rés. Z-3206-3207), et par les Manuscrits (Mss fr. 15362-15365), d’autres, jugés de moins d’importance furent cassés vers 1883 pour être recotés sans que l’on en conserve une table de concordance spécifique. Ils ont été disséminés par lettrage dans les fonds *Ez, Rz, Zz (Zz.-3455-3627 et 3648-3860) et Y. Environ quatre cents pièces ont de nouveau été réunies lors du récent chantier de l’accroissement de la Réserve des livres rares. Enfin, en mai 1938, à l’occasion de la vente Gustave Mouravit sur les seize notices concernant Jamet, la BN fit l’acquisition de deux recueils intitulés Jametiana (Rés. p Z-1199) qui provenaient antérieurement de la collection du Baron Pichon et, en 1946, lors de la vente Van Moé, entrait un dernier volume annoté par le collectionneur polygraphe.
Lebédel, Claude. "François-Louis Jamet dit Jamet le jeune". Mélanges de la bibliothèque de la Sorbonne, 1995, vol. 13, p. 15-60 Lebédel, Claude. "A propos de Jamet". Bulletin du bibliophile, 1988, p. 333-348 Mouravit, Gustave. "Jamet le jeune". Le Livre, 1880, p. 369-380 ; 1881, 55-60 et 73-82 ; 1882, p. 216-226 Ledos, Eugène-Gabriel. Histoire des catalogues des livres imprimés de la bibliothèque nationale. Paris, BN, 1936, p. 129-130 Mothu, Alain. "Ed Etra…et De la diversité des religions". La lettre clandestine, 1993, n° 2, p. 18-23 Table manuscrite dite Suitte des femmes (Rés. g. Q 238) [dépouillement des vol. 35 à 57 – Rés. Z-3241-3263 – de la série Femmes ; contient aussi une table des Stromates qui ne sont pas à la BnF] Table manuscrite dite du Recueil de Jamet (Rés. m Q 469 [Table des Mélanges, dans l'ordre initial des volumes ; donne une concordance partielle avec les cotes actuelles]
E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 129-130. Lebédel, C. « François-Louis Jamet dit Jamet le jeune ». Mélanges de la bibliothèque de la Sorbonne, 1995, vol. 13, p. 15-60
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 149
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss37