Gentil, Nicolas
Nicolas Gentil, employé à la reliure au Cabinet des Estampes, réunit une collection de gravures sur bois, ensemble monumental de près de 15 000 pièces. II s'agit essentiellement de défets, en majorité de la presse illustrée de l'époque 1830-1855, mais aussi de vignettes tirées de livres illustrés, de prospectus de livres, de catalogues etc. Cette collection, classée (avec de nombreuses erreurs) par ordre alphabétique de noms de graveurs, fut semble-t-il achetée à Gentil et servit de base à l'étude de Georges Duplessis, Les Graveurs sur bois contemporains (1857).
Cote : Zb 1 à 55.
Il ne s’agit pas d’une véritable cote de la Réserve des livres rares (comme Enfer, Vélins ou Nains), mais d’une dénomination d’usage, née chez les libraires et reprise par les bibliothécaires. Entre les années 1880 et les années 1930 en effet fleurit en France un véritable sous-genre éditorial : le roman de Flagellation, branche spécialisée de la littérature érotique. Dans ce contexte, la "flagellation passionnelle" est une perversion sexuelle consistant à éprouver un plaisir érotique à se faire fouetter. La Flagellation s’est trouvé des cautions historiques : l’histoire médicale avec Johann Heinrich Meibom (1590-1655), auteur du De usu flagrorum in re medica et veneria ; l’histoire religieuse avec l’Histoire des Flagellants de l’abbé Jacques Boileau (1635-1716) ou le Traité des instruments de martyre et des divers modes de supplice… (1591) de l’oratorien Antonio Gallonio. Les châtiments corporels en usage dans les collèges britanniques, l’"éducation anglaise", ou l’histoire coloniale autorisent des études de mœurs. Les œuvres de Sacher-Masoch (1870, La Vénus à la fourrure) ou la Psychopathia sexualis de Krafft-Ebing (1886) dominent le roman de Flagellation, qui mêle thèmes "masochistes" et "sadiques", scènes de domination ou d’humiliation, contrats de dressage…
Les ouvrages, signés de pseudonymes, semblent une variante alimentaire du roman pornographique : seul émerge le nom de Pierre Mac Orlan (auteur, sous le nom de "Sadie Blackeyes", de Lise fessée ou Baby, douce fille). Cette littérature, rarement poursuivie avant 1940, a parfois été condamnée en correctionnelle dans les années 1950 pour "outrage aux bonnes mœurs". Le fonds qui a été constitué à la Bibliothèque nationale provient à peu près exclusivement du dépôt légal. C’est assez tôt que l’administration a songé à les regrouper: à partir de 1900, ils se trouvent à la Réserve des livres rares entre les cotes Rés. p. Y2 260 et 999, encore mélangés à des romans non polissons. En 1934, ils reçoivent une cote spéciale, le Rés. p. Y2-1000, à l’intérieur de laquelle chaque volume, quel que soit son éditeur ou sa collection, est affecté d’une sous-cote. Afin d’éviter les vols –assez nombreuses "absences constatées" lors du récolement de 1947–, les ouvrages sont enfermés dans quatre "armoires de la Flagellation". La cote est fermée fin 1960 ; l’ensemble, environ 900 volumes, est transféré à l’annexe de Versailles, avant de retrouver en 1997 la Réserve des livres rares, où il côtoie désormais l’Enfer, voisin plus prestigieux. Les cotes 4-Y2-0000 et 8-Y-90000 du département Littérature et Arts jouent l’ancien rôle de la Flagellation, fonds clos.
Collection GERMINET-VINOT
Maurice Vinot (1882-1969) dit Gabriel Germinet, ingénieur de formation est l'un des pionniers de la radio sous toutes ses formes et telle que nous la connaissons encore aujourd'hui, notamment du théâtre radiophonique, qu'il écrit et sur lequel il réfléchit. En 1922 il conçoit un radio-journal, invente pour les reportages en direct la voiture émettrice, créée le premier magazine de programmes radio : "Paris Informations sans-fil" sans succès. On y trouve pourtant toutes les rubriques qui nourrissent encore les journaux des grandes radios actuelles. Radiola, premier studio de la première radio privée parisienne (créé le 06.11.1922, 8 jours avant la B.B.C!), l'accueille en 1923 en tant que directeur de programmes, en 1927, lors de sa transformation en Radio-Paris (célèbre sous l'Occupation!), il quitte ce poste mais restera conseiller de la Station jusqu'en 1931 Il mène alors, mais sous son patronyme Maurice Vinot, une carrière d'auteur de "radiodrames" dont le premier et qui a frappé la sensibilité des auditeurs "Maremoto", 1er prix du Concours d'art radiophonique avec un jury comprenant Colette, Jacques Copeau, Léon-Paul Fargues…. Il met en ondes le 21.10.1924 sur Radio Paris ce drame radiophonique qu'il a co-écrit avec Pierre Cusy; ce "Raz de marée" terrorise si bien les auditeurs que la diffusion en est interdite…par le Ministère de la Marine.. Traduite en anglais elle sera diffusée par la B.B.C. le 25.02.1925, puis par Radio-Paris le 25.03.1937( mise en ondes fragmentaire de Georges Colin), enfin au cours d'un hommage à Germinet-Vinot sur la RTF en 1949, Georges Godebert remonte cette œuvre.. traduite en huit langues dont le Japonais ce drame de la mer fit le tour du monde. On ne peut s'empêcher de penser qu' Orson Welles avec la "Guerre des mondes " rendait implicitement hommage à l'inventivité de Maurice Vinot. En préface à "Maremoto " le dramaturge nous rappelle sa formation de scientifique en livrant sa réflexion sur ce nouveau genre dramatique qu'il contribue à créer avec en préface à "Maremoto" : "Contribution à l'art théâtral spécialement étudié pour son application à la Radiophonie". En 1926 cette contribution sera rééditée avec "le Théâtre radiophonique, mode nouveau d'expression artistique". Après l'expérience de "Maremoto", ses œuvres souvent co-écrites ou adaptations d'œuvres littéraires sont plus accessibles à tout public En 1962, Germinet-Vinot fait don au département des Arts du spectacle de sa documentation personnelle (grand nombre d'études, de coupures de presse, de notes et de lettres) relative aux débuts de la radiodiffusion et France et dans le monde, à laquelle il a joint ses propres textes. En 1976, Roger Richard, critique radiophonique depuis 1938, producteur la RTF et surtout célèbre historien de la création dramatique à la radio depuis ses origines apporte un complément à ce premier ensemble.
NOTE : Le Département des Arts du spectacle conserve un certain nombre de Fonds concernant la radio de cette époque : Georges Godebert, Emile Malespine, , Jacques Dapoigny, Pham Van Ky, Georges-Marie Bernanose, ainsi sur la Télévision, fonds Jean Thévenot, script d'émissions de J-C Averty (don de l'auteur)
RICHARD (Roger). Théâtre radiophonique ou audiodramaturgie. Paris, Fayard, 1952 GERMINET( G.) CUSY (P)- Théâtre radiophonique mode nouveau d'expression artistique. Chiron, Paris, 1926 (Réédition le Livre à la carte et Phonurgia Nova, 1997) "Radio mon amour", revue "Interférences" , nouvelle série, n°2-82 (1982)
Gentil, Jean-Baptiste-Joseph (1726-1799)
Le chevalier Gentil (1726-1799) passa vingt-sept ans aux Indes, servant sous les ordres de Bussy-Castelnau, de Dupleix et de Lally-Tollendal. Après le désastre essuyé par ce dernier, il passa au service du nabab d'Aoudh et resta aux Indes jusqu'en 1778, date à laquelle les Anglais le firent expulser. Il rapporta en France tout un musée (armes. médailles. dessins, manuscrits) dont il fit pRéserve des livres raresent au roi. après avoir refusé de le vendre aux Anglais pour une somme considérable.
Les peintures provenant de la collection du chevalier Gentil sont dispersés dans la sous-série Od.
Catalogue manuscrit des dessins orientaux de N. Gentil (Est. Ye 62 Rés. in-4°). Dict. de biogr. fr.. t. IV. 1082-1083. Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes ». Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 10
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.