Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 14
Né à Paris le 26 décembre 1912, fils du musicien Henri Casadesus, Christian Casadesus commence en 1930 une carrière de comédien, jouant dans quelques films films, dont Le capitaine Jaune (Anders Wilhelm Sandberg), Hôtel des étudiants (Victor Tourjansky, 1932) ou L'étoile de Valencia (Serge de Poligny 1933). Il entre ensuite au Conservatoire d’art dramatique de Paris dans la classe de Louis Jouvet (1938-1939). Mobilisé pendant quelques mois, il reprend ensuite, son métier de comédien sur plusieurs scènes parisiennes, notamment au Théâtre Montparnasse, dans La mégère apprivoisée mise en scène par Firmin Gémier (1941).
La même année il crée la Compagnie du Regain, troupe itinérante qui va sillonner la France jusqu'en1945, présentant des auteurs classiques (Shakespeare, Molière, Marivaux, Musset, Beaumarchais), mais aussi L'Annonce faite à Marie, de Paul Claudel (1944). Christian Casadesus enrôle dans cette troupe de jeunes comédiens recherchés pour le STO ou pour leurs origines juives.
La Compagnie du Regain est dissoute en 1953. L’année suivante, Christian Casadesus prend la direction du Théâtre de l'Ambigu. Sans négliger les classiques, il y accueille plusieurs auteurs contemporains : Erskine Caldwell, Roger Vitrac, François Billetdoux, ainsi que les jeunes compagnies de Roger Planchon, Jacques Fabbri, Jean-Marie-Serreau, ou encore le mime Marceau. Mais les difficultés financières le contraignent en 1965 à fermer son théâtre qui, malgré les protestations, est démoli l’année suivante
De 1971 à 1984, Christian Casadesus est chargé de diverses missions pour le ministère de la Culture. D’abord chargé d’une étude sur l’enseignement privé de l’art dramatique, il devient ensuite conseiller pour le théâtre auprès de ce ministère puis effectue diverses missions dans le Nord-Pas-de-Calais et en Poitou-Charentes.
Christian Casadesus a donné en 1966 à la Bibliothèque nationale les archives concernant la Compagnie du Regain et le Théâtre de l’Ambigu puis, en 1990, ses archives personnelles.
Le fonds Christian Casadesus (cote : 4-COL-6) comprend de très nombreux documents : manuscrits, presse, dessins, affiches, programmes et de photographies). Il concerne à la fois la vie de la Compagnie du Regain (1941-1950) et du théâtre de l’Ambigu (1954-1965), l’ensemble de la carrière de Christian Casadesus, et certaines archives familiales.
Un inventaire est disponible dans la salle de lecture du département des Arts du Spectacle.
Added, Serge. Le théâtre dans les années Vichy : 1940-1944. Paris, Ramsay, 1992 http://www.casadesus.com
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 140. Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 59-60.
Tersan (Charles-Philippe Campion de), dit l'abbé de Tersan Né à Marseille en 1736, archéologue, graveur et architecte, l'abbé de Tersan a sans doute été l'un des derniers collectionneurs de l'Ancien Régime à posséder un cabinet de curiosités. Il semble avoir traversé la Révolution sans dommage. L'abbé de Tersan habitait l'Abbaye-aux-bois, couvent de cisterciennes fondé en Picardie puis transféré à Paris en 1654, vendu comme bien national en 1797 et transformé en maison d'habitation. Au moment de sa mort, son cabinet se trouvait dans ce lieu mythique qui, de 1814 à 1849, a accueilli Madame Récamier. Le catalogue de la vente après décès de ses collections donne la mesure de ses intérêts: bustes, figurines…, en terre cuite, albâtre, bronze etc., dispersés au cours d'enchères qui ont eu lieu à l'Abbaye-aux-Bois à partir du 8 novembre 1819. Le catalogue se termine par une liste de près de cent manuscrits médiévaux en latin et français, de quatre-vingts manuscrits modernes, et d'une quinzaine de manuscrits orientaux. Au moins cent de ces manuscrits sont entrés dans les collections du département des Manuscrits après la vente aux enchères. Selon une pratique fréquente à cette époque, le libraire De Bure a servi d'intermédiaire, en achetant les volumes puis en les revendant à la Bibliothèque royale en décembre 1819 et avril 1820. Il s'agissait surtout de manuscrits médiévaux, parmi lesquels un lot important de manuscrits provenant de l'abbaye de Rebdorff en Allemagne: en juillet 1800, l'abbaye de Rebdorff avait été pillée par un général français, Joba. Après la mort de ce dernier, de nombreux volumes étaient passés dans la bibliothèque de Chardin puis chez sir Thomas Phillipps ou chez Tersan. Ce dernier était aussi en possession de papiers d'orientalistes, que Jean-Pierre Abel-Rémusat récupéra dans son cabinet en juillet 1820, pour les faire apporter à la Bibliothèque royale. Ces vingt-huit cartons contenaient entre autres des dossiers de travail d'Arcadio Hoange, des Fourmont, de Leroux Deshautesrayes, de Guignes et de Tersan lui-même. D'après une note reliée en tête d'un des manuscrits regroupant la correspondance de Fourmont l'Aîné (naf 8944, f. 1bis), ils ont été reliés en 51 volumes. Ils sont classés parmi les nouvelles acquisitions françaises.
Delisle, Le Cabinet des Manuscrits…, II, p. 285. Paul Ruf, Mittelalterlichebibliothekskataloge Deutschlands und der Schweiz, III/2, Bistum Eichstätt, Munich, 1933, p. 256-316 et Sigrid Krämer et Michael Bernhard, ibid., suppl., I, Munich, 1990, p. 450-457 passim.
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. II
Bulteau, Charles (1626 -1710).
Ce doyen des secrétaires du roi et frère du Mauriste Dom Louis Bulteau (1625-1693) s’était fait connaître moins par ses publications que par ses recherches historiques, facilitées par la possession d’une riche bibliothèque. Deux ans après sa mort, celle-ci fut dispersée au cours d’une grande vente publique qui dura du 3 avril au 13 août 1712, et dont le catalogue, établi par le libraire Gabriel Martin, fit longtemps figure de modèle bibliographique, en particulier à cause de son système de classement. 850 imprimés et au moins 900 unités bibliographiques (certaines reliures regroupant plusieurs textes) furent acquis par la Bibliothèque du roi à cette vente, et sont aujourd’hui partagés entre la Réserve des livres rares et les départements thématiques. Il en existe un état complet, dressé à l’époque, conservé aux Archives de l’établissement sous le titre Livres achetez pour la Bibliothèque du roi à l’inventaire de feu M. Bulteau doyen des secrétaires du roi. 1712 (AR 19, p. 113-203). La physionomie de cette collection reflète l’idéal de l’honnête homme du Grand siècle : Jean Boivin le décrit d’ailleurs comme un « parfait honnête homme, qui aimait passionnément les livres, surtout les livres d’histoire, dont il avait recueilli la fleur avec autant de soin que de dépense ». Comme son parent et compatriote rouennais Émery Bigot, dont du reste il possédait certains livres, il communiquait le résultat de ses recherches avec libéralité. A coté de livres rares et curieux, sa bibliothèque réunit une vaste documentation, en particulier d’ordre historique et politique.
Martin, Gabriel, Bibliotheca Bultelliana, seu catalogus librorum bibliothecae v. cl. D. Caroli Bulteau, regi a consiliis et secretariorum regiorum decani, Parisiis, apud P. Giffard, 1711. Bléchet, Françoise, « Glanes bibliographiques sur quelques grandes ventes publiques : la politique d’acquisition de la Bibliothèque du roi », Les ventes de livres et leurs catalogues, XVIIe-XXe siècle, Paris, École des chartes, 2000, p. 77-98, particulièrement p. 82-83.
E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 55-56