BROSSET.
Le Bulletin mensuel des publications étrangères répertorie en 1881, p. 119-128, en une liste alphabétique unique, les ouvrages légués à la Bibliothèque nationale par Marie-Félicité Brosset (1802-1880), membre de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg et professeur de littérature arménienne et géorgienne. Ceux-ci, plus d’une centaine, concernent principalement les langues et la littérature de la Russie et de ses possessions d’Asie centrale.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 41
Sébastien de Brossard (1655-1730) maître de chapelle, chanoine, érudit, compositeur et théoricien de la musique, réunit au cours de son existence une collection musicale exceptionnelle de près de 1000 pièces. Après des études générales traditionnelles à Caen, ce jeune homme, autodidacte en matière de musique, commence dès ses années de formation à Paris à copier de la musique et des traités théoriques. Il s’installe à Strasbourg en 1687, d’abord vicaire puis maître de chapelle de la cathédrale. C’est au cours des années strasbourgeoises que le collectionneur va réunir la majeur partie de sa bibliothèque. Il achète, copie lui-même et fait copier de nombreuses œuvres, non seulement pour son plaisir mais aussi pour ajouter au répertoire du chœur de la cathédrale qu’il dirige. Lorsqu’il quitte Strasbourg pour prendre à Meaux le poste de maître de chapelle de la cathédrale en 1699, il emporte avec lui un répertoire conséquent destiné aux offices de Meaux. Devenu chanoine en 1709, il poursuit ses travaux de composition et d’érudition en publiant notamment son Dictionnaire de musique (1703). C’est en 1724 que le chanoine décide de céder sa collection à la Bibliothèque royale. Il n’a pas de descendance et craint sans doute la dispersion de son extraordinaire ensemble d’ouvrages. Après maintes péripéties, parmi lesquelles on lui impose la rédaction du Catalogue de sa bibliothèque, la collection entre à la bibliothèque du roi en contrepartie d’une pension que Brossard ne percevra guère puisqu’il meurt le 17 août 1730. La collection de Sébastien de Brossard se complète donc du Catalogue des livres de musique théorique et prattique rédigé par le collectionneur lui-même en 1724, et qui comporte nombre d’informations et d’appréciations uniques (Mus. Rés. Vm.8 20). La collection Sébastien de Brossard présente un tableau complet de la musique et de la théorie musicale européennes du XVIe au XVIIIe siècles. Tous les genres musicaux, tous les domaines sont représentés. Sa richesse demeure exceptionnelle : soixante-cinq ouvrages imprimés sont les seuls exemplaires conservés au monde et nombre de manuscrits constituent des sources uniques. Elle réunit aujourd’hui 959 titres, essentiellement conservés à la Bibliothèque nationale de France, répartis dans différents départements. La plus grande partie se trouve au département de la Musique et en constitue l’un des noyaux. Parmi les pièces uniques figurent plusieurs oratorios et motets de Marc-Antoine Charpentier (Vm.1 1269, Vm.1 1478-1480), de Giacomo Carissimi (Historia Davidis et Jonathas, Vm.1 1476), deux motets de Guillaume Bouzignac (dans Rés. Vma. ms. 571). La Réserve des livres rares et le département Littérature et arts conservent les ouvrages théoriques imprimés, comme ce Musice utriusque de Franchino Gaffurio, publié à Brescia en 1497, ouvrage le plus ancien de la collection (Rés. V. 552). Les écrits théoriques manuscrits se trouvent au département des Manuscrits. Citons par exemple les Règles pour l’accompagnement du clavecin de François Couperin (N. a. fr. 4673) et les Règles de composition de Marc-Antoine Charpentier (N. a. fr. 6355), sources uniques également.
Brossard, Yolande de. La collection Sébastien de Brossard (1655-1730): catalogue, Paris : BNF, 1994. XXV-539 p. Grand, Cécile. "La bibliothèque de Sébastien de Brossard" Dans : Le concert des muses / textes réunis par Jean Lionnet. Paris : Klincksieck, 1997, p. 191-199. Lebeau, Elisabeth. "L’entrée de la collection musicale de Sébastien de Brossard à la Bibliothèque du roi d’après des documents inédits". Revue de musicologie, décembre 1950, XCV-XCVI, p. 77-93 et juillet 1951, XCVII-XCVIII, p. 20-43.
Peter Brook
1925 –
Metteur en scène, adaptateur, directeur de théâtre
Peter Brook est né à Londres en 1925, de parents d’origine russe. Il met en scène son premier spectacle alors qu’il est encore étudiant à Oxford, puis des opéras à Covent Garden. Devenu pour un temps co-directeur de la Royal Shakespeare Company, il monte la presque totalité des œuvres de Shakespeare, en Angleterre, puis dans le monde entier.
Invité par A.-M. Julllien et Claude Planson dans le cadre du Théâtre des Nations, il fait redécouvrir Shakespeare en France dans des mises en scène originales, loin des représentations académiques. C’est d’abord Titus Andronicus en 1957. Vivien Leigh et Laurence Olivier en sont les principaux interprètes. Suivront Le Roi Lear en 1963, puis à l’initiative de Jean-Louis Barrault Tout est bien qui finit bien en 1968, Le songe d’une nuit d’été en 1972.
Sa carrière française avait débuté avec la mise en scène de La chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams en 1956, au Théâtre Antoine, qui avait reçu un accueil plutôt hostile. Au Théâtre Antoine, il montait encore Vu du pont, d’Arthur Miller en 1958, puis Le balcon, de Jean Genet au Théâtre du Gymnase en 1960. Cette pièce, précédée d’un parfum de scandale avait été assez mal accueillie par le public. Dans ce même théâtre, il avait créé en 1963 La danse du sergent Musgrave de John Arden, avec Laurent Terzieff dans le rôle-titre.
En 1970, Peter Brook décide de s’installer définitivement à Paris. Il crée, avec Micheline Rozan, le Centre international de recherche théâtrale (C.I.R.T.), où il accueille acteurs, auteurs et musiciens d’origines diverses. Exercices physiques, improvisation, travail sur le son, sont les voies explorées dans la recherches de nouvelles formes de théâtre. Les créations, en 1971, au Festival de Chiraz-Persépolis, d’Orghast et, en 1972, de Kaspar, inspiré du personnage de Gaspar Hauser, en banlieue parisienne, concrétisent ce travail de recherche.
En 1974, il fonde, toujours avec Micheline Rozan, le Centre international de créations théâtrales (C.I.C.T.), qui accueille des ateliers de recherches animés par des comédiens de la troupe ou par des metteurs en scène extérieurs, tandis que le C.I.C.T., édite les œuvres qui y sont représentées. La même année, Peter Brook s’installe au Théâtre des Bouffes du Nord. Pour l’inauguration, dans le cadre du Festival d’automne à Paris, Peter Brook présente Timon d’Athènes, de Shakespeare, et l’adaptation, sous le titre Les Iks, de l’ouvrage de l’ethnologue Collin Turnbull : The Mountain People, prétexte à un travail expérimental d’acteur. Dans les années qui suivent, il fait alterner sans relâche créations théâtrales, chants, danses. Invité au Festival d’Avignon en 1985, il y présente une adaptation par Jean-Claude Carrière, de la vaste épopée indienne du Mahabharata., un spectacle-fleuve qui fera le tour du monde.
Le fonds Peter Brook – Théâtre des Bouffes du Nord est coté 4-COL-14 au Département des Arts du spectacle.Il contient un ensemble de dossiers relatifs aux spectacles montés de 1974 à 1989 par le Centre International de Créations Théâtrales au Théâtre des Bouffes du Nord et lors des tournées en France ou à l'étranger : programmes, dossiers de presse, affiches, coupures de presse, rapports d'activité du C.I.R.T. et du C.I.C.T. Un inventaire (Inv. 10) est disponible dans la salle de lecture du Département des Arts du spectacle.
Banu, Georges. Peter Brook, de « Timon d'Athènes » à « Hamlet ». Nouv. éd. mise à jour. Paris : Flammarion, 2001. 337 p. Brook, Peter. Conversations avec Peter Brook. Entretiens avec Margaret Croyden., traduits de l'anglais par Véronique Gourdon. Paris : Éd. du Seuil, 2007. 308 p.-[16] p. de pl. : ill Kustow, Michael. Peter Brook : une biographie. Traduit de l'anglais par Marie-Thérèse Weal. Paris, Éd. du Seuil, 2006. 420 p.-[16] p. de pl. : ill. Brook : études... textes... propos... Réunis et présentés par Georges Banu. Paris : Éd. du Centre national de la recherche scientifique, 1985. 402 p. (Les Voies de la création théâtrale. ; 13)
Brienne (Collection de)
La Collection de Brienne fut constituée par Antoine de Loménie, secrétaire d’Etat sous Henri IV et Louis XIII. Son objectif était de réunir les textes les plus nécessaires aux hommes d’Etat qui voulaient étudier les affaires étrangères et l’administration intérieure du royaume. Il destinait plus particulièrement cet ensemble à son fils Henri-Auguste, qui devait lui succéder comme secrétaire d’Etat. Antoine de Loménie fut aidé dans le choix des pièces par Pierre Dupuy, et la transcription fut dirigée par un nommé Vallier. Les copies formèrent 358 volumes, reliés par Le Gascon en maroquin rouge, aux armes de Loménie : un arbre avec un tourteau à la racine, et un chef chargé de trois losanges. Après la mort d’Antoine de Loménie (1638), Henri-Auguste dut céder au roi les volumes. La collection fut placée dans la bibliothèque de Richelieu et, à la mort du cardinal, portée à la bibliothèque du roi ou peut-être au Cabinet du Louvre. Un peu plus tard, Mazarin la plaça dans son propre palais. En 1652, lors de la disgrâce du cardinal, le roi fit retirer la collection et la confia au comte de Brienne. C’est alors que Petau et Pithou apposèrent le paraphe que l’on peut voir au commencement de chacun des volumes. Restituée à Mazarin lorsqu’il reprit la direction des affaires de l’Etat, la collection de Brienne resta en sa possession jusqu’à sa mort en 1661, après laquelle elle entra définitivement dans les collections royales.
Plusieurs copies de la collection furent réalisées au XVIIe siècle. Henri-Auguste de Loménie fit faire la première. Sans doute est-ce celle qui se trouvait en 1789 dans la bibliothèque de Gilbert de Voisins, et dont les 206 premiers volumes sont reliés en veau aux armes de Loménie de Brienne. Fouquet s’en fit faire une autre copie, de même que Colbert. Ce dernier exemplaire, acquis dans la suite par Megret de Sérilly, forme aujourd’hui à la BnF la première partie de la collection de Sérilly. Une autre copie fut exécutée pour le duc de Wolfenbutel. A la fin de l’Ancien régime, le cardinal de Brienne, Etienne-Charles de Loménie, archevêque de Toulouse, fit exécuter un nouvel exemplaire. Cette copie, incomplète mais en même temps enrichie de 6 volumes contenant les archives d’Henri-Louis de Loménie de Brienne, dernier des secrétaires d’Etat de la famille, fait aujourd’hui partie de la collection Bauffremont.
La collection de Brienne est aujourd’hui conservée au Département des manuscrits sous les cotes Nouv. acq. fr. 6972-7328. On en trouve l’inventaire détaillé dans le Catalogue des manuscrits français, Nouvelles acquisitions françaises 6501-10000, p. 62 à 92, avec une double numérotation : celle propre à la collection de Brienne (n° 1 à 362) et celle de la série des Nouvelles acquisitions françaises. Il existe par ailleurs à la BnF un assez grand nombre de catalogues anciens de la collection de Brienne : inventaire sommaire (dont 3 exemplaires reliés aux armes de Loménie : n° 359 de la collection de Brienne, et n° 19202 et 24487 du fonds français), inventaire détaillé, tables alphabétiques (ms fr 9437 et ms fr 22574 fol. 1), répertoires alphabétiques.
Adry (le P.), "Notice sur les manuscrits de Brienne, et sur cette collection". Bulletin du bibliophile, 1851-1852, 10e série, p. 108-114. Delisle, Léopold. Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale, t. I, 1868, p. 215-217. Delisle, Léopold. "Notice sur des collections manuscrites de la Bibliothèque nationale. Collections relatives à l’histoire des provinces". Bibliothèque de l’École des chartes, 1874, t. 35, p. 282-290. Paravicini, Werner. Die Nationalbibliothek in Paris… München-New York-Paris : K.G. Saur, 1981, p. 53.http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ead.html?id=FRBNFEAD000041435&c=FRBNF...
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. I, p. 215-217. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 54.
Lydia Mérigot et Pierre Gasnault, Les Catalogues du Département des manuscrits : manuscrits occidentaux, Paris : Bibliothèque nationale, 1974, p. 56. - Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 142. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 53