BROSSET.
Le Bulletin mensuel des publications étrangères répertorie en 1881, p. 119-128, en une liste alphabétique unique, les ouvrages légués à la Bibliothèque nationale par Marie-Félicité Brosset (1802-1880), membre de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg et professeur de littérature arménienne et géorgienne. Ceux-ci, plus d’une centaine, concernent principalement les langues et la littérature de la Russie et de ses possessions d’Asie centrale.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 41
Brienne (Collection de)
La Collection de Brienne fut constituée par Antoine de Loménie, secrétaire d’Etat sous Henri IV et Louis XIII. Son objectif était de réunir les textes les plus nécessaires aux hommes d’Etat qui voulaient étudier les affaires étrangères et l’administration intérieure du royaume. Il destinait plus particulièrement cet ensemble à son fils Henri-Auguste, qui devait lui succéder comme secrétaire d’Etat. Antoine de Loménie fut aidé dans le choix des pièces par Pierre Dupuy, et la transcription fut dirigée par un nommé Vallier. Les copies formèrent 358 volumes, reliés par Le Gascon en maroquin rouge, aux armes de Loménie : un arbre avec un tourteau à la racine, et un chef chargé de trois losanges. Après la mort d’Antoine de Loménie (1638), Henri-Auguste dut céder au roi les volumes. La collection fut placée dans la bibliothèque de Richelieu et, à la mort du cardinal, portée à la bibliothèque du roi ou peut-être au Cabinet du Louvre. Un peu plus tard, Mazarin la plaça dans son propre palais. En 1652, lors de la disgrâce du cardinal, le roi fit retirer la collection et la confia au comte de Brienne. C’est alors que Petau et Pithou apposèrent le paraphe que l’on peut voir au commencement de chacun des volumes. Restituée à Mazarin lorsqu’il reprit la direction des affaires de l’Etat, la collection de Brienne resta en sa possession jusqu’à sa mort en 1661, après laquelle elle entra définitivement dans les collections royales.
Plusieurs copies de la collection furent réalisées au XVIIe siècle. Henri-Auguste de Loménie fit faire la première. Sans doute est-ce celle qui se trouvait en 1789 dans la bibliothèque de Gilbert de Voisins, et dont les 206 premiers volumes sont reliés en veau aux armes de Loménie de Brienne. Fouquet s’en fit faire une autre copie, de même que Colbert. Ce dernier exemplaire, acquis dans la suite par Megret de Sérilly, forme aujourd’hui à la BnF la première partie de la collection de Sérilly. Une autre copie fut exécutée pour le duc de Wolfenbutel. A la fin de l’Ancien régime, le cardinal de Brienne, Etienne-Charles de Loménie, archevêque de Toulouse, fit exécuter un nouvel exemplaire. Cette copie, incomplète mais en même temps enrichie de 6 volumes contenant les archives d’Henri-Louis de Loménie de Brienne, dernier des secrétaires d’Etat de la famille, fait aujourd’hui partie de la collection Bauffremont.
La collection de Brienne est aujourd’hui conservée au Département des manuscrits sous les cotes Nouv. acq. fr. 6972-7328. On en trouve l’inventaire détaillé dans le Catalogue des manuscrits français, Nouvelles acquisitions françaises 6501-10000, p. 62 à 92, avec une double numérotation : celle propre à la collection de Brienne (n° 1 à 362) et celle de la série des Nouvelles acquisitions françaises. Il existe par ailleurs à la BnF un assez grand nombre de catalogues anciens de la collection de Brienne : inventaire sommaire (dont 3 exemplaires reliés aux armes de Loménie : n° 359 de la collection de Brienne, et n° 19202 et 24487 du fonds français), inventaire détaillé, tables alphabétiques (ms fr 9437 et ms fr 22574 fol. 1), répertoires alphabétiques.
Adry (le P.), "Notice sur les manuscrits de Brienne, et sur cette collection". Bulletin du bibliophile, 1851-1852, 10e série, p. 108-114. Delisle, Léopold. Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale, t. I, 1868, p. 215-217. Delisle, Léopold. "Notice sur des collections manuscrites de la Bibliothèque nationale. Collections relatives à l’histoire des provinces". Bibliothèque de l’École des chartes, 1874, t. 35, p. 282-290. Paravicini, Werner. Die Nationalbibliothek in Paris… München-New York-Paris : K.G. Saur, 1981, p. 53.http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ead.html?id=FRBNFEAD000041435&c=FRBNF...
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. I, p. 215-217. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 54.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 140. Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 59-60.
Tersan (Charles-Philippe Campion de), dit l'abbé de Tersan Né à Marseille en 1736, archéologue, graveur et architecte, l'abbé de Tersan a sans doute été l'un des derniers collectionneurs de l'Ancien Régime à posséder un cabinet de curiosités. Il semble avoir traversé la Révolution sans dommage. L'abbé de Tersan habitait l'Abbaye-aux-bois, couvent de cisterciennes fondé en Picardie puis transféré à Paris en 1654, vendu comme bien national en 1797 et transformé en maison d'habitation. Au moment de sa mort, son cabinet se trouvait dans ce lieu mythique qui, de 1814 à 1849, a accueilli Madame Récamier. Le catalogue de la vente après décès de ses collections donne la mesure de ses intérêts: bustes, figurines…, en terre cuite, albâtre, bronze etc., dispersés au cours d'enchères qui ont eu lieu à l'Abbaye-aux-Bois à partir du 8 novembre 1819. Le catalogue se termine par une liste de près de cent manuscrits médiévaux en latin et français, de quatre-vingts manuscrits modernes, et d'une quinzaine de manuscrits orientaux. Au moins cent de ces manuscrits sont entrés dans les collections du département des Manuscrits après la vente aux enchères. Selon une pratique fréquente à cette époque, le libraire De Bure a servi d'intermédiaire, en achetant les volumes puis en les revendant à la Bibliothèque royale en décembre 1819 et avril 1820. Il s'agissait surtout de manuscrits médiévaux, parmi lesquels un lot important de manuscrits provenant de l'abbaye de Rebdorff en Allemagne: en juillet 1800, l'abbaye de Rebdorff avait été pillée par un général français, Joba. Après la mort de ce dernier, de nombreux volumes étaient passés dans la bibliothèque de Chardin puis chez sir Thomas Phillipps ou chez Tersan. Ce dernier était aussi en possession de papiers d'orientalistes, que Jean-Pierre Abel-Rémusat récupéra dans son cabinet en juillet 1820, pour les faire apporter à la Bibliothèque royale. Ces vingt-huit cartons contenaient entre autres des dossiers de travail d'Arcadio Hoange, des Fourmont, de Leroux Deshautesrayes, de Guignes et de Tersan lui-même. D'après une note reliée en tête d'un des manuscrits regroupant la correspondance de Fourmont l'Aîné (naf 8944, f. 1bis), ils ont été reliés en 51 volumes. Ils sont classés parmi les nouvelles acquisitions françaises.
Delisle, Le Cabinet des Manuscrits…, II, p. 285. Paul Ruf, Mittelalterlichebibliothekskataloge Deutschlands und der Schweiz, III/2, Bistum Eichstätt, Munich, 1933, p. 256-316 et Sigrid Krämer et Michael Bernhard, ibid., suppl., I, Munich, 1990, p. 450-457 passim.
Léopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale [nationale] : étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, 1868-1881, t. II
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 14