Sébastien de Brossard (1655-1730) maître de chapelle, chanoine, érudit, compositeur et théoricien de la musique, réunit au cours de son existence une collection musicale exceptionnelle de près de 1000 pièces. Après des études générales traditionnelles à Caen, ce jeune homme, autodidacte en matière de musique, commence dès ses années de formation à Paris à copier de la musique et des traités théoriques. Il s’installe à Strasbourg en 1687, d’abord vicaire puis maître de chapelle de la cathédrale. C’est au cours des années strasbourgeoises que le collectionneur va réunir la majeur partie de sa bibliothèque. Il achète, copie lui-même et fait copier de nombreuses œuvres, non seulement pour son plaisir mais aussi pour ajouter au répertoire du chœur de la cathédrale qu’il dirige. Lorsqu’il quitte Strasbourg pour prendre à Meaux le poste de maître de chapelle de la cathédrale en 1699, il emporte avec lui un répertoire conséquent destiné aux offices de Meaux. Devenu chanoine en 1709, il poursuit ses travaux de composition et d’érudition en publiant notamment son Dictionnaire de musique (1703). C’est en 1724 que le chanoine décide de céder sa collection à la Bibliothèque royale. Il n’a pas de descendance et craint sans doute la dispersion de son extraordinaire ensemble d’ouvrages. Après maintes péripéties, parmi lesquelles on lui impose la rédaction du Catalogue de sa bibliothèque, la collection entre à la bibliothèque du roi en contrepartie d’une pension que Brossard ne percevra guère puisqu’il meurt le 17 août 1730. La collection de Sébastien de Brossard se complète donc du Catalogue des livres de musique théorique et prattique rédigé par le collectionneur lui-même en 1724, et qui comporte nombre d’informations et d’appréciations uniques (Mus. Rés. Vm.8 20). La collection Sébastien de Brossard présente un tableau complet de la musique et de la théorie musicale européennes du XVIe au XVIIIe siècles. Tous les genres musicaux, tous les domaines sont représentés. Sa richesse demeure exceptionnelle : soixante-cinq ouvrages imprimés sont les seuls exemplaires conservés au monde et nombre de manuscrits constituent des sources uniques. Elle réunit aujourd’hui 959 titres, essentiellement conservés à la Bibliothèque nationale de France, répartis dans différents départements. La plus grande partie se trouve au département de la Musique et en constitue l’un des noyaux. Parmi les pièces uniques figurent plusieurs oratorios et motets de Marc-Antoine Charpentier (Vm.1 1269, Vm.1 1478-1480), de Giacomo Carissimi (Historia Davidis et Jonathas, Vm.1 1476), deux motets de Guillaume Bouzignac (dans Rés. Vma. ms. 571). La Réserve des livres rares et le département Littérature et arts conservent les ouvrages théoriques imprimés, comme ce Musice utriusque de Franchino Gaffurio, publié à Brescia en 1497, ouvrage le plus ancien de la collection (Rés. V. 552). Les écrits théoriques manuscrits se trouvent au département des Manuscrits. Citons par exemple les Règles pour l’accompagnement du clavecin de François Couperin (N. a. fr. 4673) et les Règles de composition de Marc-Antoine Charpentier (N. a. fr. 6355), sources uniques également.
Brossard, Yolande de. La collection Sébastien de Brossard (1655-1730): catalogue, Paris : BNF, 1994. XXV-539 p. Grand, Cécile. "La bibliothèque de Sébastien de Brossard" Dans : Le concert des muses / textes réunis par Jean Lionnet. Paris : Klincksieck, 1997, p. 191-199. Lebeau, Elisabeth. "L’entrée de la collection musicale de Sébastien de Brossard à la Bibliothèque du roi d’après des documents inédits". Revue de musicologie, décembre 1950, XCV-XCVI, p. 77-93 et juillet 1951, XCVII-XCVIII, p. 20-43.
Lydia Mérigot et Pierre Gasnault, Les Catalogues du Département des manuscrits : manuscrits occidentaux, Paris : Bibliothèque nationale, 1974, p. 56. - Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 142. - Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 53
Brémond, Alphonse
Alphonse Brémond, historien et généalogiste du XIXe siècle, est l’auteur d’un ensemble de 17 volumes manuscrits (Mss, Français 33102 à 33118) conservés à la BnF.
Les volumes, in-folio demi-reliure, contiennent des feuillets montés sur onglets. Chaque famille figurant dans le nobiliaire fait l’objet d’un petit dossier : un feuillet de couleur porte le nom de la famille et l’indication "Notes historiques et généalogiques", puis s’ensuivent de un à dix feuillets répartis en paragraphes intitulés "armes", "historique", "documents divers". La plupart des documents sont manuscrits (notes de travail de Brémond et lettres de ses correspondants relatives à leur généalogie), mais Brémond a parfois également inséré des feuillets imprimés. Classés par ordre alphabétique, les volumes conservés au Département des manuscrits sont sans doute les documents de travail réunis par Brémond en vue de la publication de ses Généalogies, volume qui devait compléter le Nobiliaire toulousain (1863) mais qui ne parut jamais.
Ces manuscrits sont inventoriés dans le Catalogue général des manuscrits français…Anciens petits fonds français, t. III, p. 345-346 et 363. Pour chaque manuscrit sont donnés les noms extrêmes traités, par exemple Abadie-Azémar. Pour la liste exhaustive des noms de famille figurant dans un manuscrit, il faut se reporter à la table alphabétique générale mise à la disposition des lecteurs dans la salle de lecture des manuscrits occidentaux (cote bureau 122 ter). Il s’agit d’une liste des noms de famille suivis d’une indication géographique ou de titulature (par exemple, Bernard, de Saint-Lary en Lomagne). On peut aussi consulter le manuscrit Français 33263, qui est un "Répertoire des cahiers composant les Archives nobiliaires du Toulousain, réunis et mis en ordre par Alphonse Brémond". Son usage est identique à celui de la table manuscrite citée plus haut. Il se présente globalement de la même manière, à ceci près qu’il est transcrit dans un répertoire avec onglets alphabétiques, et qu’il suit à l’intérieur de chaque lettre un ordre alphabétique moins strict.
Papiers Burnouf : (Département des Manuscrits). Eugène Burnouf (1801-1852) était orientaliste et indianiste, archiviste paléographe (première promotion), professeur de grammaire générale et comparée à l'École normale supérieure, professeur de sanscrit au Collège de France, inspecteur général de l'enseignement supérieur, inspecteur de la typographie orientale à l'Imprimerie nationale. Burnouf souhaitait qu’aucun domaine de la civilisation indienne ne soit négligé. C’est pourquoi il s’occupa de faire venir à Paris une collection védique en même temps que des livres bouddhiques sanskrits et obtint de Guizot de faire copier cette collection. Le 1ier août 1840, les manuscrits parvinrent à la Bibliothèque. Divers achats sanskrits à des libraires ou des particuliers eurent lieu les années suivantes. En janvier 1847, une collection rapportée d’une mission scientifique en Inde par Charles d’Ochoa fut déposée par le ministre de l’Instruction publique. Elle comprend essentiellement des textes en marathe, hindi, urdu et pandjabi qui furent rangés dans le fonds « indien ». La collection, acquise en 1845, ne fut pas divisée entre les différents fonds de langues existant et forma le fonds Burnouf. Elle est composée de textes très variés mais surtout védiques et bouddhiques qui complètent ou doublonnent ceux que le département des Manuscrits possédait déjà grâce à Burnouf lui-même. La plupart des manuscrits tibétains copiés par la société asiatique à la demande d’Eugène Burnouf, notamment un manuscrit tibétain des Mdo-Man (Bibl. nat., tibétain 432), furent transmis au Cabinet des manuscrits en mars 1840. Les papiers de l’orientaliste et indianiste Eugène Burnouf (1046 (2678) – 1102 (2730)), dont une partie avait déjà été donnée (dictionnaire pâli et dictionnaires birman) sont entrés à la bibliothèque dès 1869 : Louise-Laure Burnouf, fille d’Eugène Burnouf, avait en effet épousé Léopold Delisle. Il s’agissait d’une « série de cartons renfermant des matériaux sur les langues et la littérature de l’Inde ». Un catalogue particulier a été établi par Léon Freer en 1899. Il comprend 124 notices, réparties en 6 sections qui donnent une idée des multiples activités de ce savant : 1. Travaux sur le Zend, 2. Sur les inscriptions cunéiformes, 3. Sur le sanskrit, 4. Sur le pâli, le birman, le siamois, 5. Mélanges, 6. Travaux de divers orientalistes ; parmi ces travaux figurent les papiers de ses amis et correspondants tels Eugène Jacquet, Théodore Goldstücker, PE Botta, Dulaurier, Bardelli ( n°106 à 124), papiers entrés à la bibliothèque postérieurement à 1886. Deux volumes entrés avant 1895 contiennent les papiers de la société asiatique (Burnouf 115-116). La cote Burnouf 118 représente 8 estampages d’inscriptions cunéiformes ; les cotes Burnouf 120-123 sont des estampages d’inscriptions indiennes et javanaises. La correspondance d’Eugène Burnouf et quelques uns de ses papiers, séparés des autres, forment les numéros 10587 à 10696 du fonds des Nouvelles Acquisitions françaises (N. a. f.) acquis par la bibliothèque en 1854 (Delisle, Le Cabinet des manuscrits, II, p.303) pour constituer un « fonds des manuscrits Burnouf » qui n’existe plus aujourd’hui, les pièces ayant été réparties dans les fonds concernés (voir p.179-189 du Catalogue des manuscrits sanskrits de A.Cabanon : « Collection Eugène Burnouf. Éditions imprimées, lithographiées au autographiées dans l’Inde » ; ces volumes sont intégrés au fonds sanskrit 1046 à 1102). Quinze volumes collectionnés sur les manuscrits d’Anquetil qui appartenaient au fonds Burnouf ont été versés dans le Supplément persan (voir le Catalogue des manuscrits persans). D’autres ont rejoint le département des Imprimés.
Papiers Burnouf Les papiers de l'orientaliste et indianiste Eugène Burnouf (1801-1852), dont une partie avait déjà été donnée par sa veuve en 1869 (un dictionnaire pâli et un dictionnaire birman notamment), sont entrés à la Bibliothèque en 1886, à la mort de son épouse. Il est fait état alors d'"une série de cartons renfermant des matériaux sur les langues et les littératures de l'Inde". Sur le pâli, le birman, le siamois. 5) Mélanges. 6) Travaux de divers orientalistes. Parmi ces travaux figurent les papiers de ses amis et correspondants, comme Eugène Jacquet, Théodore Goldstücker, P. E. Botta, Dulaurier, Bardelli (nos 106 à 124), papiers entrés à la Bibliothèque postérieurement à 1886. Deux volumes entrés avant 1895 contiennent les papiers de la Société Asiatique (Burnouf 115-116). Par ailleurs, des manuscrits et textes imprimés en Inde réunis par E. Burnouf avaient été acquis par la Bibliothèque dès 1854 (Delisle, Le Cabinet des manuscrits, II, p. 303) pour constituer un "Fonds des manuscrits de Burnouf " qui n'existe plus aujourd'hui, les pièces ayant été réparties dans les fonds concernés ;
BERTHIER, Annie. « Manuscrits, xylographes, estampages [Texte imprimé] : les collections orientales du Département des manuscrits » sous la dir. Paris, Bibliothèque nationale de France, 2000. CABANON (Antoine), « Catalogue sommaire dans manuscrits sanskrits de la Bibliothèque nationale, Iier fascicule, Manuscrits sanscrits », Paris, E.Leroux, 1907, p. 179-189 : « Eugène Burnouf. Editions imprimées, lithographiées ou autographiées dans l’Inde ». [Correspond aux numéros 2678-2730 du Catalogue des livres imprimés et manuscrits composant la Bibliothèque de feu M. Eugène Burnouf, Paris 1854] CABANON (Antoine), « Catalogue sommaire dans manuscrits sanskrits de la Bibliothèque nationale,2ième fascicule, Manuscrits pâlis », Paris, E.Leroux, 1908. Vol. II, p. 154-176 : « papiers d’Eugène Burnouf ». FREER (Léon), « Papiers d’Eugène Burnouf conservés à la Bibliothèque nationale. Catalogue… augmenté de renseignements et de correspondances se rapportant à ces papiers », Paris, H. Champion, 1899.
CATALOGUES IMPRIMES • CABATON (Antoine), Catalogue sommaire des manuscrits sanscrits de la Bibliothèque nationale, 1er fascicule, Manuscrits sanscrits, Paris, E. Leroux, 1907, p. 179-189 : « Eugène Burnouf. Éditions imprimées, lithographiées ou autographiées dans l'Inde ». [Correspond aux numéros 2678-2730 du Catalogue des livres imprimés et manuscrits composant la Bibliothèque de feu M. Eugène Burnouf, Paris, 1854.] • CABATON (Antoine), Catalogue sommaire des manuscrits sanscrits et pâlis..., 2e fascicule, Manuscrits pâlis, Paris, E. Leroux, 1908. Vol. II, p. 154-176 : « Papiers d'Eugène Burnouf ». • FEER (Léon), Papiers d'Eugène Burnouf conservés à la Bibliothèque nationale. Catalogue... augmenté de renseignements et de correspondances se rapportant à ces papiers, Paris, H. Champion, 1899. ARTICLE • FEER (Léon), « Notice sur les papiers d'Eugène Burnouf conservés à la Bibliothèque nationale », Journal Asiatique, 1897, I, p. 508-524. CATALOGUES MANUSCRITS • « Sommaire des papiers et manuscrits d'Eugène Burnouf donnés à la Bibliothèque nationale par Madame Eugène Burnouf, 1896 ». Burnouf 124 • PAULY (Félix), « Catalogue des travaux manuscrits d'Eugène Burnouf et des manuscrits de sa collection donnés ou légués au département des Manuscrits par Mme Vve Burnouf de 1869 à 1886. 13 octobre 1892 ». 36 f. • PAULY (Félix), « Catalogue sommaire de la collection E. Burnouf. Don (de Mme Vve Burnouf). Inscrit au registre des Dons sous le n° 2345 », 1890.
Annie Berthier (dir.), Manuscrits, xylographes, estampages : les collections orientales du département des Manuscrits : guide, Paris : Bibliothèque nationale de France, 2000, p. 136
Bulteau, Charles (1626 -1710).
Ce doyen des secrétaires du roi et frère du Mauriste Dom Louis Bulteau (1625-1693) s’était fait connaître moins par ses publications que par ses recherches historiques, facilitées par la possession d’une riche bibliothèque. Deux ans après sa mort, celle-ci fut dispersée au cours d’une grande vente publique qui dura du 3 avril au 13 août 1712, et dont le catalogue, établi par le libraire Gabriel Martin, fit longtemps figure de modèle bibliographique, en particulier à cause de son système de classement. 850 imprimés et au moins 900 unités bibliographiques (certaines reliures regroupant plusieurs textes) furent acquis par la Bibliothèque du roi à cette vente, et sont aujourd’hui partagés entre la Réserve des livres rares et les départements thématiques. Il en existe un état complet, dressé à l’époque, conservé aux Archives de l’établissement sous le titre Livres achetez pour la Bibliothèque du roi à l’inventaire de feu M. Bulteau doyen des secrétaires du roi. 1712 (AR 19, p. 113-203). La physionomie de cette collection reflète l’idéal de l’honnête homme du Grand siècle : Jean Boivin le décrit d’ailleurs comme un « parfait honnête homme, qui aimait passionnément les livres, surtout les livres d’histoire, dont il avait recueilli la fleur avec autant de soin que de dépense ». Comme son parent et compatriote rouennais Émery Bigot, dont du reste il possédait certains livres, il communiquait le résultat de ses recherches avec libéralité. A coté de livres rares et curieux, sa bibliothèque réunit une vaste documentation, en particulier d’ordre historique et politique.
Martin, Gabriel, Bibliotheca Bultelliana, seu catalogus librorum bibliothecae v. cl. D. Caroli Bulteau, regi a consiliis et secretariorum regiorum decani, Parisiis, apud P. Giffard, 1711. Bléchet, Françoise, « Glanes bibliographiques sur quelques grandes ventes publiques : la politique d’acquisition de la Bibliothèque du roi », Les ventes de livres et leurs catalogues, XVIIe-XXe siècle, Paris, École des chartes, 2000, p. 77-98, particulièrement p. 82-83.
E.-G. Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris : Éditions des bibliothèques nationales, 1936, p. 55-56