Roger Planchon
Né en 1931. Metteur en scène, auteur dramatique, comédien, producteur et réalisateur de films.
Roger Planchon débute sur scène au cours d’art dramatique de Suzanne Guillaud à Lyon, où il fait la connaissance de Robert Gilbert, Claude Lochy et Alain Mottet, qui pendant de longues années vont l’accompagner dans son travail. En 1949, après avoir remporté un concours de théâtre amateur, Roger Planchon et ses amis fondent une compagnie. Ils donnent leurs premières représentations dans une salle de la paroisse lyonnaise de Saint-Nizier puis, à partir de 1952, s’installent dans une petite salle de l’impasse des Marronniers, où ils fondent le Théâtre de la Comédie. Ils y alternent textes élisabéthains, théâtre burlesque et auteurs contemporains (Brecht, Vitrac, Ionesco, Vinaver, Adamov…), qu’ils contribuent à faire connaître.
A partir de 1957, Roger Planchon obtient de la municipalité de Villeurbanne une salle de 1 200 mieux adaptée à ses ambitions, qui devient le Théâtre de la Cité. Il la dirige avec Roger Gilbert.
En quelques années, Roger Planchon et ses compagnons font du Théâtre de la Cité un foyer de création remarquable, offrant le meilleur du répertoire classique et contemporain au plus grand nombre. Ils s’emploient inlassablement en effet à élargir leur public : politique active en direction des comités d’entreprises, des associations, du jeune public, organisation de débats à l’issue des spectacles, mise en place d’une programmation qui déborde largement le cadre du théâtre : musique classique, jazz, chanson, danse, cinéma…
Par sa réflexion critique sur les œuvres, par son art de la mise en scène, son souci de mettre le théâtre au cœur de la Cité, Planchon s’affirme comme une personnalité majeure de la décentralisation théâtrale. Ce n’est pas un hasard s’il accueille en 1968 le Comité permanent des directeurs de théâtres populaires et des maisons de la culture, solidaire du mouvement ouvrier et étudiant, et si son théâtre devient un foyer de débats sur la politique de l’Etat à l’égard du théâtre et sur la liberté des créateurs.
En 1972, le Théâtre de la Cité devient Théâtre national populaire (TNP), succédant dans sa mission publique de production et d’accueil de spectacles au Théâtre de Chaillot. Roger Planchon et Robert Gilbert s’associent avec Patrice Chéreau puis, à partir de 1986, avec Georges Lavaudant. Grâce à une programmation audacieuse, qui donne la parole à des auteurs ou metteurs en scène tels que Bob Wilson, Tadeusz Kantor, Matthias Langhoff, Botho Strauss, Bruno Boeglin, Jean-Christophe Bailly… le TNP s’affirme alors comme un des phares de la scène contemporaine.
Fasciné depuis toujours par l’écriture, Roger Planchon a mis en scène quelques-unes de ses propres pièces : La remise (1962), Le cochon noir (1973) : Gilles de Rais, l’infâme (1976), Le vieil hiver (1991), Le Radeau de la méduse ou Gustave et Théo (1995), Les libertins : des Bleus, des Blancs, des Rouges : janvier 1788-juin 1800 (1996). Il a également réalisé plusieurs films : Dandin (1981), Louis, enfant roi (1991), Lautrec (1997)
En 2000, Christian Schiaretti est nommé à la tête du TNP. Sans pour autant abandonner le théâtre, Roger Planchon, se tourne alors vers la production cinématographique et crée un organisme d’aide à la production : « Rhône Alpes Cinéma ».
Roger Planchon a remis ses archives au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France en juillet 2005. Celles-ci concernent aussi bien ses spectacles et ses activités théâtrales au TNP, que sa carrière cinématographique. Elles contiennent, outre des documents imprimés et manuscrits de toute nature, un ensemble de costumes de scène et de nombreuses bandes vidéographiques. L’inventaire du fonds Roger Planchon est consultable dans la salle de lecture du département des Arts du spectacle.
PLANCHON, Roger. Apprentissages : mémoires. Paris : Plon, 2004. 629 p.-[16] p. de pl.
BATAILLON, Michel. Un défi en province. : Planchon : chronique d'une aventure théâtrale. Paris : Marval, 2001. 2 vol. (271, 385 p.) : ill. en noir et en coul. Comprend : 1950-1957 ; 1957-1972.
COPFERMAN, Émile. Roger Planchon. [Lausanne] : la Cité ; 1969. 315-[24] p. : ill. Contient un choix de textes de Roger Planchon, extraits pour la plupart, de «Cité-panorama», 1959-1969.
Fonds Pizzi
Après des études d’architecture, Pier Luigi Pizzi, né le 15 juin 1930 à Milan, débute dans la scénographie en 1951 (Leocadia de Jean Anouilh au Piccolo Teatro della Città de Gênes) et signe sa première mise en scène en 1977 (Don Giovanni de Mozart au Teatro Regio de Turin). Il impose, notamment par ses mises en scène d’opéras baroques, un style épuré où le blanc domine et révèle volumes et structures tandis que les costumes, aux volumes géométriques, statufient les personnages. Auteur de nombreuses mises en scènes pour l’Opéra de Paris, il donna à la Bibliothèque-musée de l’Opéra, entre 1988 et 1991, 334 maquettes de décors et 619 maquettes de costumes pour des scènes d’opéra et de théâtre françaises et étrangères.
Pier Luigi Pizzi : dessins pour la scène : [Paris, Bibliothèque-musée de l'Opéra, 3 juin-18 octobre 1992]. Paris : Bibliothèque nationale : Opéra de Paris : Louis Vuitton, 1992.
La scène moderne / Giovanni Lista. Paris ; Arles : éd. Carré, Actes Sud, 1997.
Pier Luigi Pizzi, il teatro della meraviglia : [mostra, Genova, Grande Foyer del Teatro Carlo Fenice dal 20 novembre 1999 al 25 gennaio 2000] / [a cura di Vittoria Crespi Morbio]. Genova : Tormena, 1999.
Les arts en scène : una quadreria del seicento : [exposition, Ajaccio, Musée Fesch, 29 mars-3 septembre 2000] / textes, Dominique Fernandez, Arnauld Brejon de Lavergnée, Lucia Formari Schianchi... [et al.] ; notices, Daniele Benati, Arnauld Brejon de Lavergnée, Maurizio Fagiolo dell'Arco... [et al.]. [Ajaccio] ; Ville d'Ajaccio : Musée Fesch, 2000.
Mathias Auclair et Pauline Girard, « Les collections iconographiques du XXe siècle de la Bibliothèque-musée de l’Opéra de Paris », à paraître dans Music in art : international journal for music iconography.
Pirro (André)
André Pirro naquit en 1869 à Saint-Dizier (Haute-Marne). Son père Jean Pirot (puis Pirrot, enfin Pirro) (1813–1886), à la fois organiste, compositeur et linguiste, lui enseigna l’orgue. Il poursuivit ses études à Paris, où il mena une double carrière d’organiste et de musicologue et publia son premier livre, L’orgue de Jean-Sébastien Bach, en 1895. En 1907, sa thèse sur L’esthétique de Jean-Sébastien Bach lui valut d’obtenir le doctorat ès lettres à la Sorbonne, où il enseigna l’histoire de la musique de 1912 à 1937, d’abord comme chargé de cours, puis maître de conférences, enfin comme professeur (1930). Il mourut en 1943.
Ses travaux (sept livres et de nombreux articles et conférences) portèrent principalement sur la musique d’orgue, l’œuvre de Jean-Sébastien Bach et la musique des XVe et XVIe siècle et se caractérisèrent d’emblée par un souci de rigueur et de recours direct aux sources musicales et archivistiques, encore largement inexploitées à l’époque.
La bibliothèque musicale d’André Pirro est entrée par legs au Département de la Musique en 1953. Elle comporte environ 800 livres et 500 partitions imprimées. À l’exception de quelques ouvrages datant des XVIIe et XVIIIe siècles et des œuvres de son père Jean Pirrot, il s’agit principalement d’études musicologiques et d’éditions récentes où on retrouve dans les sujets abordés et les compositeurs représentés les grands thèmes des travaux et des cours de Pirro, mais aussi son répertoire d’organiste. S’y ajoutent des numéros isolés d’une centaine de titres de périodiques et une quarantaine de manuscrits, pour la plupart des copies réalisées par Pirro pour les besoins de ses travaux. Tous ces documents sont accessibles par auteur ou titre dans le catalogue sur fiches du département de la Musique. On peut identifier leur provenance grâce au numéro d’entrée du legs (Don 5000).
La partie du legs Pirro encore en cours de traitement (une centaine de lots) constitue une documentation très riche et quasi exhaustive pour l’étude de sa vie et de son œuvre. Une quinzaine de lots contiennent des papiers de famille : lettres de ses parents Jean et Eugénie, de son frère Henri (1858-1919), bibliothécaire à Saint-Dizier, lettres en suédois adressées à son épouse Agnès, d’origine finlandaise, devoirs d’écolier de Pirro lui-même, photographies, cartes de visites, faire-part, etc. Le reste contient les notes de travail du musicologue (principalement des copies de musique et d’extraits de livres classées par sujet, auteur ou bibliothèque d’origine), parfois dans leurs boîtes d’origine, ainsi que les manuscrits et épreuves corrigées de ses ouvrages. On y trouve aussi des traces de sa correspondance avec les bibliothèques (photographies de sources musicales et réponses de bibliothécaires et d’archivistes) et des témoignages de son activité d’enseignant : notes de cours et copies d’élèves, notamment Jacques Chailley. Quelques cartes géographiques complètent l’ensemble.
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.
Amateur d’art, photographe, collectionneur et grand voyageur, Eugène Piot naquit à Paris en 1812. Ami de Théophile Gautier dès 1835, il fit, en 1840, un voyage en Espagne en sa compagnie, où il prit ses premières photos. Ses centres d’intérêt étaient l’archéologie, la photographie, la littérature. C’est à lui que nous devons la première publication photographique des monuments de l’antiquité, dont le premier fascicule de son Italie monumentale parut en 1851. Il fonda la revue Le Cabinet de l’amateur (1842), puis légua sa fortune à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres de l’Institut de France qui, grâce aux revenus de la Fondation Eugène Piot, publia la série des Monuments et Mémoires consacrés aux études d’art et d’archéologie, dont le premier volume parut en 1894.
Au cours de ses nombreux voyages en Italie et en Grèce, il se consacra à l’architecture antique et à l’achat d’œuvres d’art et de livres. Piot recherchait non seulement la rareté mais également la qualité des éditions, des documents sur les origines de la typographie et de la gravure et des documents précieux sur la technique de tous les arts. Il mourut à Paris le 17 janvier 1890 après avoir fait don, par disposition testamentaire, au département des Estampes de la Bibliothèque nationale de trois livres contenants des gravures et estampes notamment de Marcantonio Raimondi (1480-1534). L’ensemble de sa bibliothèque, dans laquelle l’histoire des arts et de la typographie tenait une grande place, fut dispersé dans des ventes. La Bibliothèque nationale acquit une partie de cette bibliothèque lors de la vente de juillet 1891. Cette collection de 3 062 ouvrages très divers, allant des incunables (plus de vingt éditions dont le texte le plus ancien est daté de 1476) aux œuvres du XIXe siècle, pour la plupart imprimés en Italie, fut aussitôt décrite sous la forme d’un catalogue méthodique par le Département des imprimés, publié en 1892 sous le titre de Catalogue des livres provenant des collections d’Eugène Piot, vendues à Paris en 1891, Paris, Imp. nationale, 1892.
Le catalogue est divisé en deux parties : une première partie comportant 1 396 titres qui couvrent les grandes disciplines. Les ouvrages sont répartis entre les départements de la BnF, plus de la moitié étant conservée au département Littérature et Art dans les fonds Z (varia), Yd (poésie et théâtre), Q (bibliographie) et près d’un tiers à la Réserve des livres rares. Une deuxième partie, de la page 101 à la page 162, répertorie 1 664 Pièces de théâtre en italien, en suivant l’ordre alphabétique des titres.
Eugène Piot a vraisemblablement acheté en bloc, auprès de son réseau de libraires en Italie, cet ensemble de « pièces » dont près de deux cents sont des doublons, appartenant presque toutes au genre du drame en musique ou drame lyrique, et presque toutes imprimées à Venise. Il s’agit plus exactement de libretti (livrets), de drames, mélodrames, tragédies, pastorales, comédies, tragicomédies, farces, intermèdes musicaux, bals, écrits dès la fin du XVIe siècle par des librettistes comme O. Rinuccini, A. Zeno, Métastase, Calzabigi, Goldoni, Da Ponte, F. Romani, S. Cammarano, F.M. Piave. La collection est conservée en une série continue dans le département Littérature et Art sous la cote 8-Yth, de 50856 à 52520. Vingt et une de ces pièces sont datées du XVIe siècle, cent quatre-vingt-quinze du XVIIe, sept cent trente-deux du XVIIIe et cinq cent seize du XIXe.
BONNAFFE, Edmond. Eugène Piot, Paris, Etienne Charavay, 1890, 62 p.
Catalogue des livres provenant des collections d’Eugène Piot, acquis en 1891, Bibliothèque nationale. Département des imprimés, Paris, Impr. nationale, 1892, 164 p. [Indique les cotes]
PIOT, Charlotte, Eugène Piot, amateur d’art et collectionneur, mémoire de maîtrise, dir. Jean Guillaume et Daniela Gallo, univ. Paris IV, 1999, dactyl.
Lydia Mérigot, Les Catalogues du Département des imprimés, Paris : Bibliothèque nationale, 1974, p. 40. Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 62
FONDS PIERSON
Après des études à l’université de Princeton, John Shaw Pierson (1822-1908) exerça à partir de 1850 le métier de libraire pour le compte de la Société Biblique de New York. Il était chargé à ce titre d’approvisionner les bibliothèques embarquées à bord des navires ayant leur port d’attache à New York. Grâce à ses relations dans le milieu de l’édition et de la librairie il put constituer une vaste collection d’ouvrages consacrés à la Guerre de Sécession qu’il confia à son ancienne université : de 1870 à 1908 la bibliothèque de l’université de Princeton reçut ainsi 6600 livres et 2000 pamphlets ce qui en fit le deuxième fonds le plus important sur le sujet aux Etats-Unis. La générosité de Pierson ne se limita pas à son ancienne université, puisque la Bibliothèque nationale reçut en 1886 334 volumes conservés pour l’essentiel dans le département PHS sous les cotes 8-Pb-2675-2922 et 8-Pz-550-583 . Le département LLA conserve pour sa part 17 volumes de poésies réunis sous les cotes 8-Yk 174-181 et Yk pièce 33-34 (dont les Battle-pieces and aspects of the War d’Herman Melville) et 8 romans sous les cotes Y² 9044-9051. Tous ces volumes portent l’ex libris : Civil War in USA Presented by J. S. Pierson New York Les ouvrages de ce fonds ont été publiés dans les années 1860-1880 et concernent principalement l’histoire militaire de la Guerre de Sécession, même si on y trouve aussi des ouvrages sur le problème de l’abolition de l’esclavage.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Impr. 61