Marteau, Georges (1858-1916)
Georges Marteau (1858-1916) était le neveu du fondateur de la maison Grimaud, le dernier des maîtres-cartiers traditionnels. Il fut lui-même maître cartier. Membre du Vieux-Papier, il rassembla une superbe collection axée sur deux centres d'intérêt distincts: d'une part la carte à jouer et les ouvrages y relatifs, d'autre part les livres illustrés et estampes japonais, ainsi que les ouvrages sur l'art japonais. Il légua en 1916 un ensemble de 856 jeux et 184 volumes rares sur l'histoire de la carte à jouer, ainsi que sa collection japonaise, Réserve des livres rareservant au Louvre ses miniatures persanes et ses armes d'Extrême-Orient.
Marque de collection : G. Marteau : Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d’estampes… Amsterdam, 1921 n° 1797.
Cote : Canes à jouer. Kh 167 Réserve des livres rares. pet. fol. (boîtes I à 28). Ye 260 4°. collection Georges Marteau.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectioneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132.
Collection Marteau au Département des Manuscrits Georges Marteau (1858-1916), ingénieur de l'Ecole centrale, fut un grand collectionneur d'art d'Extrême-orient. En 1912, il fut l'organisateur avec Henri Vever (1854-1952) de la première exposition consacrée à l'art du livre islamique au Musée des Arts décoratifs à Paris, où furent présentées de nombreuses pièces de leurs propres collections ; cette exposition fut suivie, en 1913, d'une publication illustrée où étaient étudiés non seulement les miniatures, mais aussi reliures, calligraphie, colophons, papier, enluminures. Un partie de l'immense collection de G. Marteau entra le 22 décembre 1916 au Département des Manuscrits ; sont inscrits au Registre des dons à cette date, "Legs G. Marteau, 3 rue de La Boëtie", 2 manuscrits japonais (Japonais 248 et 249), 22 manuscrits persans (Supplément persan 1946 à 1967), 5 reliures persanes (Suppl. persan 2050), 2 manuscrits arabes (Arabe 6715 et 6716). Une autre partie entra au Département des Estampes. Sa collection de miniatures persanes (103 oeuvres) fut léguée au Louvre et nombre de ses objets au Musée des Arts décoratifs.
Notices sur les manuscrits persans et arabes de la Collection Marteau, par E. Blochet, Paris, Impr. nationale, 1923, 308 p., in-4°. Extr. de : "Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale et autres bibliothèques", T. XLI. Miniatures persanes... exposées au Musée des Arts décoratifs. Juin-Octobre 1912. Préface et commentaire par Georges Marteau et Henri Vever, Paris, Bibliothèque d'art et d'archéologie, 1913, 2 vol.
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Mss 35
Mazarin (Jules)
L'histoire des livres de Mazarin est marquée par le parcours politique "mouvementé" de leur possesseur. Celui qui a été surnommé le prince des collectionneurs avait déjà une bibliothèque dans son hôtel romain, avant de s'installer à Paris, et d'y faire construire un somptueux palais destiné à abriter ses œuvres d'art et ses livres, dont le corps de bâtiment subsistant constitue aujourd'hui encore le cœur du site Richelieu. De 1643 jusqu'à la Fronde Gabriel Naudé, son bibliothécaire, dépense 88362 livres pour la constitution d'une bibliothèque exceptionnelle, qui contient environ 40.000 livres. Mais les événements bouleversent ses projets: alors que Mazarin s'est exilé à Brühl, le Parlement de Paris ordonne la vente aux enchères de ses livres. Cette vente a lieu en janvier-février 1652.
Le fameux échange de 1668 entre la Bibliothèque royale et le Collège Mazarin, dont l’idée vient de Jean-Baptiste Colbert, concerne donc la « seconde bibliothèque de Mazarin », reconstituée dès 1653-1654 à partir des restes de la collection que Naudé avait réunie pour le cardinal avant la Fronde. L'état des volumes imprimés, échangés avec des exemplaires de la Bibliothèque royale, et celui des manuscrits, qui sont quant à eux achetés, portent la signature du bibliothécaire de Colbert, Pierre de Carcavi, et du successeur de Naudé, François de la Poterie (nouv. acq. fr. 5763). Cet accord coupe en deux la bibliothèque de Mazarin et environ deux mille quatre cents manuscrits et trois mille six cents livres imprimés rejoignent la Bibliothèque royale, alors que le reste de la collection est tranféré selon les vœux du cardinal défunt dans le Collège Mazarin, de l'autre côté de la Seine.
Les manuscrits sont en latin, en français, dans la plupart des langues européennes à l’exception de l’anglais, en grec, hébreu, copte, syriaque, samaritain, éthiopien, persan, turc, arabe et chinois.
Une partie considérable de la collection se compose de papiers contemporains, en rapport avec les intérêts « professionnels » de Mazarin, comme les mémoires d’Etat d’Antoine de Loménie, comte de Brienne, secrétaire d’Etat de Henri IV puis de Louis XIII, que Richelieu avait achetés de force en 1638. Déposées un temps au Louvre après la mort de Richelieu, ces copies avaient excité la convoitise de Mazarin qui s’en était emparé en 1642 et les avait récupérées en 1653. Remises à la Bibliothèque royale dès 1661, elles sont cependant intégrées dans l’échange de 1668.
Le Moyen Age est lui aussi largement représenté par des textes importants et par des manuscrits enluminés de qualité. Les manuscrits achetés par Naudé en 1647 après le décès de Peiresc forment sans aucun doute possible le groupe le plus considérable de documents anciens. On peut aussi identifier un certain nombre de manuscrits acquis par Naudé au fil de ses découvertes chez les libraires parisiens ou au cours de ses voyages à l’étranger, et en particulier en Italie et dans les pays germaniques.
Les manuscrits provenant de Mazarin conservent peu de traces de leur passage dans sa bibliothèque. Quelques étiquettes de papier encore collées au dos de reliures anciennes, des chiffres parfois inscrits dans la marge supérieure du premier feuillet de texte indiquent bien que ces volumes ont été placés dans des ensembles structurés importants, mais rien ne permet d’affirmer qu’il s’agit du cadre de classement du Collège Mazarin.
Ce fonds contient des manuscrits musicaux du compositeur Georges Migot (1891-1976) ainsi que de la correspondance, des monographies et des documents iconographiques. Dons de Marc Honegger en 1976 et de Joël-Marie Fauquet en 1986
Massignon Geneviève (1921-1966)
Fille de Louis Massignon, Geneviève Massignon eut durant sa vie brutalement interrompue en 1966 une intense activité de folkloriste et de dialectologue. Par donation en date du 9 octobre 1985, la famille de Geneviève Massignon a légué à la Bibliothèque nationale l’ensemble des documents relatifs aux collectes et enquêtes de Geneviève Massignon. Ce fonds représente une cinquantaine de boîtes d’archives, neuf fichiers et près de trois cent bandes magnétiques d’enregistrements sonores. Cet ensemble retrace la carrière de Geneviève Massignon : du début de ses activités en 1945 à sa mort prématurée en 1966. Il embrasse de vastes matériaux dialectologiques et folkloriques des régions suivantes : Ouest de la France (pays entre la Loire et la Garonne, Brière, Bretagne), Acadie, Corse et Kabylie.
Les matériaux concernant l’Ouest de la France recouvrent d’une part des mélodies et des contes sous forme de notes, de transcriptions, de cahiers de musique…, d’autre part des dossiers d’enquêtes, questionnaires… relatifs à la constitution de l’Atlas linguistique et ethnographique de l’Ouest. Les documents relatifs à l’Acadie sont probablement les plus riches du fonds Geneviève Massignon. Ils couvrent les deux enquêtes qu’a menées la dialectologue en 1946 et en 1961. Ils embrassent environ 1300 mélodies et contes populaires et sont enregistrés sous forme de cent quatre vingt bandes magnétiques accompagnées de boîtes d’archives, de cahiers, registres, manuscrits… Les bandes magnétiques de ce corpus sont cotées SB 27/772 à SB 27/879.
Les matériaux recueillis en Corse dans les années 1950 se subdivisent en deux parties. La première partie comporte des contes, enregistrés sur trente neuf bandes magnétiques accompagnées de notes manuscrites, de questionnaires… La deuxième partie comprend les manuscrits des enquêtes menées dans le cadre de l’Atlas linguistique méditerranéen. Quant à la Kabylie, elle est présente dans le fonds Geneviève Massignon à travers un dossier de réponses à un questionnaire, de notes manuscrites et de photographies.