Boulanger, Nadia (1887-1979) Après le décès de Nadia Boulanger, en octobre 1979, Annette Dieudonné, son exécuteur testamentaire, partagea l'ensemble des objets et documents qui remplissaient l'appartement de la rue Ballu entre plusieurs institutions. La Fondation Lili et Nadia Boulanger, la Bibliothèque de l'Université d'Harvard, la Bibliothèque polonaise de Paris, le Musée de la Musique, la Bibliothèque du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon et la Bibliothèque nationale furent parmi les bénéficiaires. Compositeur, chef d'orchestre, pédagogue, cette grande musicienne possédait une bibliothèque hors du commun. Une grande partie de ses éditions musicales françaises, sa bibliothèque de travail, forment le noyau de la bibliothèque du Conservatoire de Lyon. Les documents qui ont enrichi les collections du département de la Musique de la Bibliothèque nationale en 1980 sont considérables en nombre, 1745 unités ! , et précieux par leur qualité. A côté d' ouvrages et de périodiques sur la musique, sont rassemblés de la musique imprimée étrangère, avec un fonds remarquable d'œuvres d'Igor Stravinsky mais aussi de Paul Hindemith et des éditions musicales françaises qui sont pour la plupart des exemplaires uniques, car dédicacés ou annotés, et surtout de nombreux manuscrits autographes, ceux de sa sœur Lili Boulanger, et de divers compositeurs comme Gabriel Fauré, Jean Françaix, Raoul Pugno, Francis Poulenc, Roger-Ducasse, Lutos?awsky, Stravinsky... Le fonds de lettres autographes témoigne de son exceptionnel rayonnement et de ses fidèles amitiés : il réunit le monde musical de près d'un siècle en un ensemble de 69 volumes, avec des points forts comme les lettres de Roger-Ducasse ou celles de Stravinsky. Nous conservons aussi des documents plus personnels, des lettres familiales, ses agendas et ceux de Lili, divers carnets, des listes d'élèves et même ses livres de comptes, ce sont souvent des reflets émouvants ou impressionnants de cette phénoménale personnalité.
"[Hommage à] Lili et Nadia Boulanger". - Paris, La Revue musicale, 1982 (N° 353-354) Jérôme Spycket. Nadia Boulanger. - Paris, Lattès, Lausanne, Payot, 1987 Doda Conrad. Grandeur et mystère d'un mythe : Souvenirs de quarante-quatre ans d'amitié avec Nadia Boulanger. - Paris, Buchet-Chastel, 1995
Vente du prince Borghese vers 1892-3. - 80 recueils de madrigaux des XVIe-XVIIe siècles, reliés aux armes
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.
BLANCHETON (fonds). Collection de musique instrumentale essentiellement italienne conservée au département de la Musique, fonds du Conservatoire. Cet ensemble de 27 volumes in-folio est relié aux armes de la famille Blancheton de Rochepot. Il provient de Pierre Philibert de Blancheton (né le 9 octobre 1697 - mort le 6 mars 1756), magistrat au parlement de Metz à qui Carlo Tessarini dédia son recueil de trios pour deux violons et basse, opus 6, publié vers 1743 à Paris. Ces volumes correspondent aux parties séparées des oeuvres, aucune d'entre elles n'étant pRéserve des livres raresentée en partition. Elles ne portent pas d'indications pour l'exécution. Le recueil de concerti porte la signature du copiste Estien (peut-être Charles Estien). Ils ont été répartis en six sections : Concerti, Opera Ia (7 parties, violino principale, violino 2, violino 3, violino 4, alto viola, violoncello, organo) Opera Ia : Recueil de Symphonies italiennes (4 parties, violino 1, violino 2, basso et violino 3, alto viola et violino 4 Opera IIa : Recueil de Symphonies (4 parties, violino 1; violino 2, alto viola, basse) Opera IIIa, Va et VIa : également Recueils de Symphonies en 4 parties. La section IV est manquante. Ce fonds comprend trois cent une œuvres dues à cent quatre compositeurs. Les genres représentés dans le fonds Blancheton sont le concerto et le concertino (122 œuvres), l’ouverture (52 œuvres), la sinfonia (27 œuvres) et la sonate (27 œuvres). Probablement constitué entre 1740 et 1750, il est tout particulièrement repRéserve des livres raresentatif de l'époque où apparaît la symphonie en Italie. Certains noms prédominent comme le milanais Giovanni Sammartini, le bavarois Placidus von Camerloher (douze concerti et douze symphonies), Antonio Brioschi et Andrea Zanni mais d'autres compositeurs appartiennent aux écoles française (Leclair), belge (Henri Jacques de Croës), hollandaise (Antoine Mahaut) et allemande (Hasse, Telemann, Quantz) ou de Bohême (Benda, Tiseck). Certaines de ces symphonies ont aussi fait l'objet d'éditions au XVIIIe siècle ; d'autres ont reçu de fausses attributions de la part du copiste, d'autres sont des transpositions d'ouvertures d'opéras (Haendel, Hasse) mais beaucoup d'entre elles sont des unica.
Lionel de La Laurencie, Inventaire critique du fonds Blancheton de la Bibliothèque du Conservatoire de Paris, Paris, Société française de Musicologie, 1931. 2 vol. (catalogue thématique des oeuvres ordonné selon l'ordre alphabétique des compositeurs avec une notice biographique sur chaque d'entre eux).
Fonds Baillot, Pierre et René Fonds Sauzay, Eugène
Pierre Baillot (1771-1842), connu essentiellement comme violoniste et compositeur, fut aussi un grand pédagogue et joua un rôle capital dans le développement de la musique de chambre à Paris, en organisant entre 1814 et 1840 des séances de quatuors et de quintettes par souscription. Son fils, René Baillot (1813-1889), pianiste et compositeur, fut le premier titulaire de la classe de musique d’ensemble du Conservatoire de Paris (1848-1887), tandis que sa fille, Augustine Sauzay, et son gendre, le violoniste Charles-Eugène Sauzay (1809-1901) jouaient dans les séances de musique de chambre organisées par Pierre et René Baillot. Le fonds Baillot conservé au département de la Musique reflète ces différentes activités et les personnalités de cette famille de musiciens. Il est issu de dons (Charles Panzera, époux de la pianiste Madeleine Baillot, Max Milner et Christiane Panzera-Milner, 1987 ; Daniel Lainé, 2000) et d’acquisitions (Daniel Lainé, 2000). Le don issu de la famille de Charles Panzera (accessible par les entrées détaillées inscrites au carnet de dons et les fichiers du département de la Musique) contient de nombreux manuscrits autographes musicaux de Pierre et René Baillot (œuvres pour violon, piano ou musique de chambre). Un dossier de documents d’archives permet de suivre la carrière de Pierre Baillot : on y trouve notamment des pièces concernant l’organisation de la Chapelle royale, la place de violon solo à l’Opéra, la Société des concerts du Conservatoire, les jurys des Expositions des objets de l’industrie au Louvre. Les déplacements du violoniste sont documentés par les manuscrits autographes d’un bref journal de voyage dans le midi de la France, celui d’un voyage en Russie, auxquels s’ajoute le manuscrit de ses « Souvenirs ». Des documents familiaux (actes de naissance, de décès), permettent de suivre l’histoire de la famille. Enfin, tout un ensemble de lettres reçues ou envoyées par Pierre Baillot, par son fils René Baillot et son gendre Eugène Sauzay permettent de connaître le réseau de relations entretenu par la famille. Le second ensemble de documents concernant la famille Baillot provient de la collection de Daniel Lainé (don et acquisition) : entièrement inventorié, il rassemble lui aussi un important ensemble de manuscrits autographes d’œuvres de Pierre Baillot (œuvres pour violon, mais aussi pianoforte, musique de chambre et chœurs ; minutes des méthodes rédigées pour le Conservatoire), des copies de la main d’Eugène Sauzay, et des copies non autographes. Des partitions imprimées d’œuvres de Pierre Baillot sont parfois annotées de la main du violoniste, comme le sont certaines éditions de Mozart ou de Bach. Un ensemble de partitions gravées et imprimées d’œuvres, entre autres de Beethoven (Pierre Baillot fut le créateur en France du concerto pour violon), de Luigi Cherubini (dont il suivit les cours), de musique de chambre de Luigi Boccherini, que le violoniste contribua grandement à divulguer en France, du violoniste Giovanni Viotti (qui jouera un rôle déterminant dans sa formation à Paris), témoigne de la bibliothèque musicale des familles Baillot et Sauzay. Enfin, d’importants manuscrits autographes d’Eugène Sauzay (notamment des romances, trios, de la musique pour les intermèdes du Sicilien, de Georges Dandin, des pièces pour violon) complètent notre connaissance de cette grande famille de musiciens.
Joël-Marie Fauquet, Les Sociétés de musique de chambre à Paris de la Restauration à 1870, Paris, Aux amateurs de livres, 1986.