André Barsacq Décorateur et metteur en scène 1909-1973 André Barsacq est né en Crimée d’un père français et d’une mère russe A la mort de son père, en 1919, il vient en France avec sa mère et son frère Léon, futur décorateur de cinéma. En 1925, il entre à l’école des arts décoratifs, dans la section architecture. Il fait ses débuts au théâtre deux ans plus tard. En 1927, en effet, Charles Dullin le charge de peindre les décors conçus par Jean Hugo pour Le joueur d’échecs de Marcel Achard. La même année, Jean Grémillon l’engage comme assistant-réalisateur et décorateur sur le film Maldone. Pendant quelques années André Barsacq partagera son temps entre la scène et l’écran avant de se vouer presque exclusivement au théâtre. Pour le cinéma, il réalise les décors de L’argent, et de La comédie du bonheur, de Marcel L’Herbier, de Gardiens de phares et de La Dolorosa, de Jean Grémillon, du Martyre de l’obèse, de Pierre Chenal, de Courrier sud, de Pierre Billon, de Yoshiwara, de Max Ophüls. A la scène il poursuit le travail entamé avec Charles Dullin, et collabore également avec Michel Saint-Denis et Jacques Copeau. En 1937, il fonde en compagnie de Jean Dasté et Maurice Jacquemont le Théâtre des Quatre saisons. La même année, à l’occasion de l’Exposition internationale, cette troupe présente Le médecin volant de Molière, puis Le roi cerf de Carlo Gozzi, dans des décors d’André Barsacq. Cette pièce connaît un formidable succès. Du jour au lendemain la troupe devient célèbre, elle est invitée pour quatre mois au French Theatre of New York par Gertrude Robinson Smith, la fondatrice de ce théâtre.
Au cours de l’été 1938, Barsacq met au point en compagnie de Jean Anouilh la mise en scène du Bal des voleurs, pour le Théâtre des Arts. C’est le début d’une longue collaboration entre les deux hommes.
La troupe des Quatre Saisons retourne à New York en décembre 1938 pour trois mois. En 1940, Charles Dullin, souhaitant désormais mettre en scène ses spectacles sur un plus grand plateau, propose à Barsacq de lui confier la direction du Théâtre de l’Atelier. Commence alors pour Barsacq une nouvelle carrière qui ne s’achèvera qu’à sa mort. Pendant plus de trente ans, il découvre, adapte, met en scène des auteurs nouveaux comme Félicien Marceau, Marcel Aymé, Georges Neveux, René de Obaldia…, tout en accordant une large place aux auteurs étrangers, particulièrement les russes (Gogol, Lermontov ; Tchekhov, Dostoïevski, Maiakovski) auxquels il est très attaché.
Le fonds André Barsacq (coté 4°-COL-30), acquis grâce aux dons successifs de la famille et à quelques achats, retrace sa carrière de 1937 jusqu'à sa mort. Il comprend des documents concernant les spectacles représentés au French Theatre of New-York par le Théâtre des Quatre Saisons, les spectacles mis en scène au Théâtre de l'Atelier à partir de 1940 (textes de mise en scène, conduites, plantations de décors, photographies de scène, programmes, affichettes, recueils d'articles de presse)... ainsi que de la correspondance.
André Barsacq : cinquante ans de théâtre : exposition, Paris, Bibliothèque nationale, 1978. Paris, Bibliothèque nationale, 1978. XXVIII-179 p
Autres sources : BIFI (Bibliothèque du film) André Barsacq : un décorateur au carrefour de la réflexion scénique du XXe siècle : exposition, Paris, Bibliothèque nationale de France, 14 décembre 2004-27 février 2005. Paris, Bibliothèque nationale de France 2004. 44 p. (Cahiers d'une exposition ; 50).
Barsacq, Jean-Louis. Place Dancourt : la vie, l’œuvre et l’atelier d’André Barsacq. Paris, Gallimard, 2005. 415 p. [24] p. de pl.
René Blum et Josette France
René Blum (1878-1942) Frère de l’homme politique Léon Blum, critique d’art, bibliophile, conférencier, éditeur de musique, René Blum a fondé plusieurs revues littéraires. De 1924 à 1929, il dirige les spectacles (comédies et opérettes) du théâtre de Monte Carlo. Il y reçoit les Ballets russes de Diaghilev. A la mort de celui-ci, en 1929, il devient responsable de la programmation des ballets et opéras. Il fonde et dirige avec le colonel de Basil les Ballets russes de Monte Carlo, de 1932 à 1935, puis, seul, les Ballets de Monte Carlo, de1936 à 1940. Il se consacre essentiellement à la direction artistique de cette compagnie. Il passe des commandes à de jeunes compositeurs, engage des danseurs aux talents prometteurs tout en poursuivant sa collaboration avec d’anciens artistes des Ballet russes : Boris Kochno, Georges Balanchine, Léonide Massine, Michel Fokine… Il meurt en déportation à Auschwitz en 1942.
Josette France (1900-1986) Pseudonyme de Madeleine Frèrebeau Compagne de René Blum, dont elle aura un fils, Josette France est d’abord comédienne, mais des problèmes de santé l’obligent à renoncer à cette carrière. Elle entre à la compagnie cinématographique Lux en 1940, comme administrateur. Elle en devient directrice générale en 1941 et enfin, de 1947 à 1969, y remplit les fonctions de directrice artistique. Elle est également gérante des productions cinématographiques Fémina, de 1946 à 1970. Elle traduit et rédige en français les dialogues et les sous-titres d’un grand nombre de films italiens. En 1942, elle acquiert les éditions Choumine (propriété de René Blum). Plus tard, elle fonde les Editions Josette France, éditions musicales en relation avec la production cinématographique dont elle s’occupe.
Ce fonds, légué par Josette France est coté 4-COL-79 au Département des Arts du spectacle. Il comprend des documents personnels de René Blum, de Josette France et de leur fils Claude-René Blum, de la correspondance familiale, les archives professionnelles de René Blum, comme éditeur d’art, directeur des Ballets de Monte Carlo et éditeur de musique, et celles de Josette France. Un inventaire (Inv. 50) est disponible en salle de lecture du département des Arts du spectacle.
Bertin, Pierre (1891-1984)
Artiste complet, Pierre Bertin savait aussi bien composer de la musique et chanter que jouer la comédie. Il écrivit des pièces, des chansons, des livrets d'opéra-comique. Il fût aussi metteur en scène d'opéras et musicologue.
Au théâtre, Pierre Bertin participa à trois grandes aventures : celle du théâtre de l'Odéon, pendant la guerre 1914-1918, celle de la Comédie-Française, où il resta vingt-deux ans, pensionnaire puis sociétaire, celle de la Compagnie Renaud-Barrault, dès sa fondation en 1946. Il fût ami d'Erik Satie et lié au groupe des Six. Son carnet de voyages, Aux empires du soleil, publié en 1957, relate la tournée Renaud-Barrault en Amérique du sud d'avril à juillet 1956. Il confia ses souvenirs dans un livre édité en 1971 : Le théâtre et/est ma vie, préfacé par Jean-Louis Barrault.
Acteur de cinéma (plus de 50 films entre 1917 et 1978), Pierre Bertin joua entre autres dans "L'inhumaine", film de Marcel L'Herbier (1924), Faisons un rêve, de Sacha Guitry (1936), Le corbeau, d'Henri-Georges Clouzot (1943), Orphée de Jean Cocteau (1949), Knock, de Guy Lefranc avec Louis Jouvet (1950), Les bonnes femmes, de Claude Chabrol (1959), La grande vadrouille, de Gérard Oury (1966)…
Le fonds Pierre Bertin (15 boîtes et 2 classeurs) a été donné à la Bibliothèque nationale de France par sa fille, Marie Bertin. Il est coté : 4-COL-57. Il contient des livres et périodiques de sa bibliothèque personnelle, des partitions imprimées et manuscrites, des manuscrits de Pierre Bertin (textes dramatiques, littéraires et de conférences) et d'autres auteurs, des documents concernant sa carrière, de la correspondance, adressée à lui et à sa fille Marie, 2 classeurs de photographies : (cotés : FOL-ICO-PER- Bertin), des dessins et portraits encadrés.
COLLECTION Gaston BATY
Gaston Baty (1885-1952) débute en 1919 comme assistant de Firmin Gémier, alors directeur du Cirque d’hiver. A la Comédie Montaigne, en 1920, il monte Le Simoun de Henri-René Lenormand. Il fonde une troupe qu’il baptise « les Compagnons de la Chimère » et fait construire à St Germain des près, une baraque en bois où il défend des nouveaux auteurs. Il va s’imposer, entre 1924 et 1928, au Studio des Champs-Elysées, par l ingéniosité et la variété de ses mises en scène. Sur ce minuscule plateau il monte Têtes de rechange de Jean-Victor Pellerin, Maya de Simon Gantillon, le Dibbouk de An-ski. C’est à cette époque, en 1926, qu’il publie « Le Masque et l’encensoir », plaidoyer pour une esthétique chrétienne qui fait l’éloge du mystère médiéval, et met en question la littérature dramatique.
Baty adhère en 1927, au Cartel, où il retrouve Jouvet, Dullin, Pitoëff. Après un passage au Théâtre de l’Avenue et au Théâtre Pigalle, il s’installe au Théâtre Montparnasse (1930-1947), qu’il remet en état avec l’aide de l’architecte-scénographe Pierre Sonrel. L’aboutissement de ses mises en scène lui vaut la faveur du public conquis. Il monte des auteurs contemporains (Brecht, Pirandello), et des adaptations de textes célèbres : Crime et Châtiment de Dostoïevski (1933), Madame Bovary d’après Flaubert (1936). Il renouvelle, d’une façon parfois discutée , la présentation des classiques : Les Caprices de Marianne (1935), Faust (1937), Phèdre, Mac beth (1942). Invité par Edouard Bourdet, à la Comédie-Française il met en scène Le Chandelier de Musset (1936) et Un chapeau de paille d’Italie de Labiche (1938). Il abandonne peu à peu son rôle de directeur de troupe pour se consacrer à la recherche d’un répertoire et à la formation de manipulateurs pour ses marionnettes à la française (1944-1949). Tout comme Charles Dullin il prendra part à la réflexion sur la décentralisation théâtrale et créera à la fin de sa vie La Comédie de Provence (1952).
Baty explique son esthétique théâtrale dans un essai « Vie de l’Art théâtral des origines à nos jours » (1932). Il veut rethéâtraliser le théâtre (art de synthèse qui regroupe tous les autres arts) mais en laissant la prééminence au metteur en scène. Souvent provocateur dans ses déclarations théoriques : « Sire le mot » (1919), et ses partis pris scéniques, hostile à une formule unique pour le décor, il multiplie les solutions habiles et séduisantes sans machinerie compliquée, utilise en virtuose les éclairages, contrôle tous les éléments de la représentation. Ayant assez tôt abandonné le métier d’acteur, il rassemble autour de lui une troupe solide et cohérente dominée par deux comédiens talentueux : Marguerite Jamois et Lucien Nat. Considéré à ses débuts comme un novateur s’adressant à une élite, Baty a élaboré un langage scénique influencé par : son goût pour les traditions populaires, les marionnettes, sa défiance face à l’excès de littérature. En apportant au spectateur le rêve et l’évasion, il fait du théâtre un refuge et un lieu de ressourcement.
Le fonds Gaston Baty a été remis en 1953 à la Bibliothèque nationale par sa femme. Il comprenait ses mises en scène autographes, les maquettes originales de décors et costumes, des manuscrits, la correspondance, des programmes affiches, recueils de presse. Ce premier don s’accroît, en 1961 d’un fonds de musique de scène des spectacles montés par Baty, grâce à la générosité du compositeur André Cadou. Puis, en 1965 d’un ensemble de documents demeurés au Théâtre Montparnasse après la mort de Baty : maquettes construites, costumes, disques…Madame Baty poursuit ses dons au cours des années, remettant en particulier des documents relatifs à la création du Centre dramatique d’Aix en Provence. Simone Jouffroy, en 1977, dépose un ensemble éclairant une autre facette de l’activité de Baty : le marionnettiste, à travers une correspondance échangée entre G. Baty et elle-même. Le Département des Arts du spectacle achète en 1980 quelques maquettes exécutées par Charles Sanlaville, décorateur attitré de Baty pendant son activité à la Baraque de la Chimère, pour Le Songe d’une nuit d’été. En 1966, une exposition intitulée « Gaston Baty et le renouvellement du théâtre contemporain » a été organisée à la Bibliothèque de l’Arsenal par l’Association des Amis de Gaston Baty.
En 1985 s’ajoute à cette collection, un dossier de documents concernant Marguerite Jamois (1901-1964), qui après avoir été la collaboratrice de Gaston Baty, lui succède après à la direction du Théâtre Montparnasse. Ce dossier a été remis par Hélène Iscovesco.
André Antoine (1858-1943), considéré comme le créateur de la fonction de metteur en scène au sens moderne du terme, fonde le Théâtre-Libre en1887 pour défendre au théâtre l’école naturaliste. A contre courant des conventions en cours, il se fait le propagateur d’un jeu naturel, inscrit dans un décor exact, des accessoires vrais, des costumes inspirés du réel. L’éclairage électrique joue un rôle déterminant dans son système esthétique. La mise en scène chez Antoine procède d’une véritable reconstruction artistique du réel, comme chez Stanislavski.
Il monte durant les neuf fécondes années d’exercice de ce théâtre, 124 œuvres nouvelles, introduit et fait connaître en France de grands auteurs étrangers, Ibsen, Strindberg. Devenu directeur du Théâtre Antoine (1897-mai 1906), après la fin de l’expérience du Théâtre-Libre, il prolonge sa démarche, met en scène Shakespeare, et poursuit au Théâtre de l’Odéon (1906-1914) son incursion chez les auteurs étrangers mais aussi dans le répertoire classique français (Racine, Molière…). Ses mises en scène combinent un souci de fidélité historique et une extrême théâtralité. Il aborde le cinéma avec les mêmes règles qu’il a appliquées au théâtre. Il est le premier à tourner en extérieur, et tente dans un style original de mêler documentaire et fiction, ethnographie et poésie (Le Coupable, L’Hirondelle et la Mésange) Après la première guerre mondiale, son activité sera essentiellement celle d’un critique dramatique et cinématographique (dans Le Journal, L’Information…).
André Antoine a lui-même remis en 1932 à son ami Auguste Rondel un fonds qui sera complété par des dons successifs et qui comprend des manuscrits reçus, très souvent enrichis de notes de mise en scène, un ensemble de registres et de documents administratifs, la précieuse série des huit recueils dits "recueils Mosnier", qui relatent l’histoire du Théâtre-Libre, les critiques dramatiques qu’Antoine signait et sa correspondance, soit 20 000 lettres d’acteurs décorateurs, écrivains, cinéastes, hommes politiques. Des achats notamment de correspondance ont permis de compléter cet ensemble. En 1966 et 1967, cette collection s’enrichit : du manuscrit autographe de l’ouvrage écrit sur Antoine par Mattei Roussou, auteur dramatique, mais surtout médecin d’Antoine, des lettres de ce dernier à la famille, ainsi que des maquettes de décors de Medgiès et Wadachi ; grâce à la générosité de son fils, le comédien Samson Fainsilber.
André-Paul Antoine (1892-1982), son fils, lui même auteur et scénariste, complète la collection par un don effectué en 1955, et y ajoute sa propre correspondance. Il fait aussi un legs remis en 1984, d’un ensemble d’ouvrages -certains dédicacés à Antoine, d’autres annotés de sa main- de manuscrits, de maquettes et de photographies. Le fonds André Antoine est à l’origine des dons émanant des grands praticiens du 20e siècle, qui sont venus enrichir les collections de spectacle, une initiative largement redevable à l’amitié nouée entre Auguste Rondel et André Antoine. Une liste des correspondants d’Antoine est à la disposition des chercheurs.