Michel Saint-Denis (1897-1971)
Metteur en scène, directeur de théâtre, professeur d'art dramatique, acteur.
Au lendemain de la Première guerre mondiale, Michel Saint-Denis entre au Théâtre du Vieux-Colombier, dirigé par son oncle Jacques Copeau, comme administrateur, mais aussi comme directeur de scène et acteur. En 1920, il suit Jacques Copeau en Bourgogne et participe aux aventures de la compagnie des Copiaus qui sillonne villes et villages de la région. Au cours de cette même période, il collabore, avec Jean Vilar à l’écriture de deux pièces : La danse de la ville et des champs, et L’araignée et les jeunes gens ou la tragédie imaginaire.
En 1930, il fonde sa propre troupe, la Compagnie des Quinze, qui s’installe au Théâtre du Vieux-Colombier, où il met en scène des textes d’André Obey, Jean Variot, Armand Salacrou, Jean Giono…. Cette compagnie est dissoute en 1934. Michel Saint-Denis s’installe alors à Londres où il fonde, sur les principes de Copeau, le London Theatre Studio, qui est à la fois une compagnie permanente et une école d’art dramatique. Par son enseignement il acquiert une certaine aura et contribue au renouveau du théâtre anglais. Alec Guiness, Laurence Olivier, Peter Ustinov… seront ses élèves ou ses collaborateurs.
Mobilisé en 1939 dans l’infanterie coloniale, il devient officier de liaison pour le quartier général anglais. En 1940, il est chroniqueur à la section française de la BBC. Sous le pseudonyme de Jacques Duquesne, il anime jusqu’en 1944, une émission quotidienne demeurée célèbre : Les Français parlent aux Français.
Au lendemain de la guerre il poursuit ses activités à la BBC et oeuvre, avec Hugh Hunt et George Devine, à la réorganisation de l’Old Vic Theatre et à la création en son sein d’une école d’art dramatique.
En 1952, il prend la direction du Centre dramatique de l’Est, installé à Colmar, l’un des nouveaux centres dramatiques de la décentralisation. En 1953, ce Centre déménage à Strasbourg, avec son école, seule institution de ce type reconnue par l’Etat au sein d’un établissement de la décentralisation.
En 1957, il est appelé comme conseiller artistique au Théâtre National du Canada, à Montréal, puis devient codirecteur de la Julliard Drama Division au Lincoln Center de New York. En 1962, il retourne à Londres, où il assure, avec Peter Brook et Peter Hall, la direction de la Royal Shakespeare Compagny.
Il se retire à Londres en 1969 où il décède deux ans plus tard.
Les archives de Michel Saint-Denis ont été léguées au département des Arts du spectacle par sa fille et sa belle-fille. Les manuscrits, imprimés, notes de mises en scène, plans, partitions, photographies, correspondance, coupures de presse, programmes… permettent de retracer l’ensemble de sa carrière et de son œuvre. Elles comportent aussi divers documents relatifs à Jacques Copeau et au Théâtre du Vieux-Colombier.
L’inventaire de ce fonds, coté 4-COL-83, est disponible dans la salle de lecture du département des Arts du spectacle sous la cote 017 INV THE 55
SAINT-DENIS, Michel. Theatre : the rediscovery of style. Introd. by Sir Laurence Olivier. New York : Theatre Arts Books, 1986. 113 p.
SAINT-DENIS, Michel. Training for the theatre : premises and promises. Ed. by Suria Saint-Denis. New-York : Theatre arts books ; London : Heinemann, 1982. 243 p.-[8] p. de pl.
BALDWIN, Mederos Jane. Michel Saint-Denis and the shaping of the modern actor. Westport (Connecticut) : Praeger. XIX-218 p. (Lives of the theatre) (Contributions in drama and theatre studies; 104).
GOUMEL, Jean-Baptiste. Michel Saint-Denis : un homme de théâtre : 1897-1971. Paris : Université Paris I Panthéon Sorbonne, 2005. 2 vol. (200, 387-XLV p.).
Auguste Rondel (1858-1934), bibliophile, mécène discret, passionné de théâtre et de spectacle, il suscita dans les années vingt un formidable élan de recherche, qui avait pour singularité d’être orienté vers la représentation du spectacle, alors que les travaux dans ce domaine reposaient essentiellement sur la littérature dramatique. Ce banquier marseillais constitue, à partir de 1895, une vaste collection de livres , estampes, photographies, maquettes, affiches, programmes réunissant 150 000 notices de références essentielles destinées à la recherche sur les Arts du spectacle, tant en France qu’à l’étranger, et dans les domaines voisins, tels l’histoire et la critique littéraire, l’architecture, le costume…, depuis l’origine du théâtre jusqu’en 1936. En 1920, il en fait don à l’Etat. La collection Auguste Rondel est conservée aujourd’hui par le Département des Arts du spectacle. Pour la constituer, Rondel met à profit son érudition, sa connaissance parfaite du spectacle, sous toutes ses formes et sans exclusive aucune, ses liens amicaux avec des personnalités artistiques. Précurseur il a le souci de réserver une large place à la documentation, afin de rassembler et classer tous les documents ayant une valeur historique, documentaire, et artistique : manuscrits, autographes, imprimés, éditions rares, périodiques, estampes, affiches, dessins, photographies, documents techniques, et, ce qui fait l’originalité de cette collection, les recueils d’articles de presse et de programmes. Accessible à tous les chercheurs et professionnels du spectacle, étudiants et documentalistes, cette collection s’organise en 73 inventaires répondant à un classement systématique (qui reflète le classement matériel des documents) découpé en grandes sections: le théâtre français (Rf) et étranger (Re) (œuvres, théâtres, techniques, artistes), la musique et le théâtre musical auxquels ont été ajoutés, la danse, le ballet, le mime, les marionnettes, la chanson, le music-hall, le cirque (Ro) ; les personnalités du monde artistique et littéraire, le cinéma dans sa phase naissante, les périodiques spécialisés, les mouvements littéraires et la critique. Ces inventaires, représentant 800 000 pièces, ou encore 4,5 km de rayonnage, ont été reproduits sur 470 microfiches disponibles par section auprès du service de reproduction de la BnF. Par sa richesse et son approche documentaire ce fonds est, dans son domaine, unique en son genre. L’inventaire méthodique de la collection Rondel est en cours de rétroconvertion.
Rondel, Auguste. "La Bibliothèque Auguste Rondel à la Comédie-Française". Bulletin de la Société de l’Histoire du Théâtre, 1922, n°3-4 Guibert, Noëlle. "Les Arts du spectacle à la Bibliothèque nationale de France : un parcours depuis la collection Auguste Rondel". Art et métiers du livre, 1997, n° 206 : "La Bibliothèque de l'Arsenal", p. 58 Horn-Monval, Madeleine. "Auguste Rondel (1858-1934)". Revue d’Histoire du Théâtre, 1958, t. IV, p. 370-378.
Renaud-Barrault (Collection)
Lors de la vente organisée au théâtre Marigny, le 27 juin 1995, la Bibliothèque nationale de France a acquis la majorité des pièces textuelles et iconographiques (principalement des correspondances et des maquettes de décor et de costume) provenant de la succession Madeleine Renaud (1900-1994) et Jean-Louis Barrault (1910-1994) ainsi que l'intégralité des dossiers de mises en scène et des papiers administratifs de leur Compagnie. Cet achat concernant ce couple mythique de l'histoire du théâtre, des années 1930 aux années 1980, venait compléter un important ensemble documentaire déjà légué de son vivant par Jean-Louis Barrault.
Ce fonds se présente actuellement comme suit: la totalité des spectacles montés par Barrault depuis Autour d'une mère (1935), sont représentés dans la collection. Le matériel est très divers, exprimant toutes les phases du processus de création d'un spectacle, depuis son élaboration, jusqu'à sa promotion: manuscrits, textes annotés, notes de mise en scène, cahiers de régie, partitions, correspondance liée au spectacle, maquettes de costumes et de décors, costumes et accessoires, éléments de décors, audiovisuels, photographies, affiches, programmes, cartons d'invitation, dossiers de presse et tout type de papiers liés à la diffusion et la promotion du spectacle. Il concerne également les spectacles interprétés et/ou montés par Jean-Louis Barrault, hors compagnie, les projets non réalisés, les spectacles extérieurs accueillis par la Compagnie et les fameuses tournées à l'étranger que celle-ci accomplit durant 30 ans. Viennent ensuite les manuscrits de Jean-Louis Barrault de diverse nature: préfaces, conférences, récitals, prestations à la radio ou à la télévision, notes de lecture, poèmes. La correspondance (hors celle relative aux spectacles et classée avec les dossiers de mise en scène) rassemble plus de 500 signatures françaises et étrangères. Parmi ces correspondants, citons les maîtres ou inspirateurs de Barrault, tels Edward Gordon Craig, Jacques Copeau, Louis Jouvet, Charles Dullin ou Antonin Artaud, les auteurs qu'il mit en scène: Paul Claudel, Jean Anouilh, André Gide, Jean-Paul Sartre, Henry de Montherlant, Albert Camus, Samuel Beckett, Eugène Ionesco et Jean Genet, par exemple, ainsi que les peintres, musiciens et comédiens qui collaborèrent à ses spectacles: parmi eux, Lucien Coutaud, Félix Labisse; André Masson, Mayo, Pierre Boulez, Arthur Honegger, Darius Milhaud ou Francis Poulenc... Les documents administratifs de la Compagnie, se composent de livres de compte, bordereaux de salaires des comédiens et des techniciens, projets de budget, bilans financiers, contrats, notes et plans de Jean-Louis Barrault concernant son installation dans les différents théâtres qu'il anima, ainsi que leur aménagement.
La collection est classée. En attente de sa cotation et de l'achèvement de son plan de restauration, son inventaire n'est pas à la disposition du public mais elle est consultable sur rendez-vous.
"Jean-Louis Barrault, 1910-1994". Numéro spécial de la Revue de la Société d'histoire du théâtre, n°1-2, Paris, 1996 Renaud Barrault : [exposition, Paris], Bibliothèque nationale de France, [23 mars-20 juin 1999] / [catalogue] sous la dir. de Noëlle Giret. - Paris : Bibliothèque nationale de France, 1999
Paul Raynal
1885-1971
Auteur dramatique
Paul Raynal grandit à Narbonne et fait ses études chez les Dominicains. Son itinéraire le conduit ensuite à Paris, où il se destine tout d’abord à la médecine, qu’il abandonne pour des études de droit. Il décide finalement de se consacrer à l’écriture théâtrale. Combattant de la Grande Guerre, un incendie détruit une partie de ses manuscrits et de ses archives au cours de la Deuxième guerre mondiale.
Sa première pièce Le maître de son cœur, représentée en 1920, remporte un immense succès, et lui permet de se faire connaître dans le monde des lettres. Auteur pacifiste, il songe très tôt à une fraternité européenne dont témoigne sa trilogie sur la Première guerre mondiale : Le Tombeau sous l’Arc de triomphe (1924), La Francerie (1933), Le matériel humain (1946), une œuvre censurée en Italie et en Allemagne. Il aborde aussi le registre historique avec des pièces comme Napoléon unique (1937), A souffert sous Ponce Pilate (1939). Après 1948, il cesse d’écrire pour le théâtre.
Le fonds Paul Raynal, coté 4-COL-107 au Département des Arts du spectacle, est issu d’un don de sa sœur, Marie-Aline Raynal, transmis par son neveu, Charles Raynal. Il réunit des manuscrits et éditions de ses pièces te théâtre, des notes et aphorismes, une importante correspondance privée et professionnelle et de nombreuses coupures de presse. Il contient également un projet manuscrit, intitulé Le tragique (selon moi) qui constitue une relecture toute personnelle des classiques. Un inventaire de ce fonds est disponible en salle de lecture.
Collection PITOEFF
Georges PITOEFF (1884-1939), acteur, décorateur, metteur en scène, directeur de troupe, traducteur, est aussi l’un des membres fondateurs du Cartel.
C’est en Russie et plus précisément à Tbilissi où son père dirige un théâtre, que Georges Pitoëff, dès son plus jeune âge, découvre sa vocation. En 1902, à Moscou, au cours de ses études universitaires, il suit une formation d’architecte, il fréquente assidûment le théâtre d’Art de Stanislavski. Il suit son père à Paris, en 1905, et joue en amateur au « Cercle des Artistes russes ». Il débute comme comédien en 1908, à St Petersbourg, au Théâtre dramatique Véra Komissarjevskaïa, où il rencontre des poètes symbolistes mais aussi des metteurs en scène comme Evreïnov, Taïrov, Meyerhold. En 1910 à la fois acteur et régisseur du Théâtre mobile de Gaïdebourov, il parcourt la Russie. Il revient en 1913 à St Petersbourg, pour prendre la direction de « Notre Théâtre », théâtre d’un quartier ouvrier. Là il met en scène, un répertoire européen : Ibsen, Shaw, Wilde.. et pratique un théâtre à l’opposé du réalisme de Stanislavski. Il participe activement à la réflexion qui accompagne, en Russie, la naissance de nouvelles formes théâtrales, et cette expérience éclaire la place originale qu’il tient en France plus tard, au sein du Cartel (L. Jouvet, G. Baty, C. Dullin) par son immense répertoire, très tourné vers la création contemporaine, et par son œuvre de très inventif décorateur.
En 1914 il quitte la Russie pour Paris, découvre les expériences théâtrales de Jacques Copeau. épouse un an après , sa compatriote, Ludmilla de Smanov (1895-1951), elle l’accompagne tout au long de son parcours qui le mène de Genève (1915- 1922) où il crée sa compagnie, à Paris où ils se fixent en 1922 : d’abord à la Comédie des Champs-Elysées, puis de théâtres en théâtres : Théâtre des Arts, Vieux-Colombier, Champs-Elysées avant de s’installer au Théâtre des Mathurins en 1934.. Ludmilla a fait ses débuts de comédienne à Genève, en 1915 dans les Tréteaux de Blok. Elle fera désormais partie de toutes les distributions du répertoire de son mari, et sera un atout essentiel de la Compagnie Pitoëff. Sa voix pure et son jeu passionné lui ont permis des affinités exceptionnelles avec les héroïnes de Tchekhov, Claudel, Ibsen, et Shaw : le rôle titre, Sainte Jeanne, la consacrera comme l’une des plus grandes comédiennes parisiennes de l’entre-deux guerres.
Georges Pitoëff meurt à Genève en 1939. Metteur en scène Georges Pitoëff va s’attacher à faire connaître le plus grand nombre d’auteurs possibles sans se soucier de la critique (212 pièces mises en scène de 115 auteurs appartenant à 21 nationalités, il révèle Tchekhov en France grâce aux traductions qu’il en fait avec l’aide de Ludmilla), ce qui explique les imperfections de certaines réalisations et les difficultés matérielles qu’il connaît : « le théâtre ne peut pas vivre sans essai… ». Son travail se caractérise par une spiritualité profonde de l’inspiration alliée à une imagination puissante. Pour lui le jeu de l’acteur est primordial, c’est à partir de ce jeu que le metteur en scène « autocrate absolu », mais imprégné de l’esprit et du message de la pièce, transpose et dépasse la vie. A l’originalité de ce répertoire s’ajoute celle du décorateur de talent qu’il se révèle être. L’esthétique de ses maquettes (formes géométriques, extrême dépouillement décoratif) illustre le courant pictural russe représenté par Kandinsky, Larionov…
A la scène il choisit tantôt de libérer l’espace (simples rideaux, peu d’accessoires) ou de l’occuper dans toutes ses dimensions (décors à compartiments, simultanés…), ses dispositifs scéniques pour les drames shakespeariens sont une réussite. Le comédien ne laisse pas indifférent, il marque de son sceau le rôle d’Hamlet et s’essaie dans des personnages apparemment antithétiques avec plus ou moins de bonheur. Son physique tourmenté, illuminé d’un feu intérieur le pousse au jeu expressionniste dans l’interprétation des héros torturés et névrosés de Pirandello ou Tolstoï. Son amour ardent du théâtre, qu’il manifeste dans les multiples responsabilités qu’il assume, le plonge dans des difficultés financières à répétition ( surtout à partir de 1934 au Théâtre des Mathurins) auxquelles il doit remédier en tant que directeur de troupe. Il se montre un administrateur inventif (recours au mécénat en Suisse) et avisé (tournées à l’étranger très lucratives). Dès 1937, en accord avec les membres du Cartel et leur conception du théâtre, il souhaite une aide de l’état. Seul du Cartel, à ne pas connaître la consécration par une nomination à la tête de la Comédie-Française,( sans doute victime de son origine étrangère, de son répertoire cosmopolite et de l’inquiétude inspirée à ses pairs) il marque profondément l’histoire du théâtre par sa personnalité hors du commun et cette symbiose quasi mystique avec sa femme, collaboratrice et inspiratrice sur laquelle s’appuie tout son travail de mise en scène.
En 1959, une partie du fonds Pitoëff, soit 250 esquisses et maquettes de décors ( souvent de la main de G. Pitoëff), et quelques photographies de scène ; entre par achat dans le Département, elle sera complété ultérieurement par un don de Madame Goldschild, en 1982, après la mort de son mari, Maurice Goldschild collaborateur jusqu’en 1939 de Georges et Ludmilla Pitoëff. A l’occasion de la grande exposition que le Département des Arts du spectacle a consacrée aux metteurs en scène du Cartel, le fils de Georges Pitoëff, offre en 1987 une importante correspondance et quelques textes annotés par son père. En 1990 et 1991 le département fait deux achats successifs auprès de Sacha Pitoëff, puis après la mort de ce dernier, auprès de son frère Georges et des autres héritiers, il s’agit, de textes portant des annotations de mises en scène. De 1994 à1996, des achats complémentaires seront effectués portant sur -deux textes annotés de Pirandello, Six personnages en quête d’auteur, et d'Ibsen, Le Petit Eyolf ; - le manuscrit de sa traduction de La Cerisaie - deux tableaux : un portrait au fusain de Georges Pitoëff et une sanguine représentant Ludmilla Pitoëff - une maquette de décor pour Là-bas. La documentation : programmes, presse, textes annotés, photos, concernant les spectacles montés par Georges Pitoëff et joués par sa compagnie, a été cataloguée dans la base BNF Opaline accessible par internet.