Lieure, Jules-Pierre-Émile
Avec des revenus modestes (il était intendant du lycée Condorcet), Jules Lieure collectionna toute sa vie. II dessinait et gravait lui-même (il a fait don de son œuvre au Cabinet des Estampes). Comme collectionneur, il réunit des estampes de deux sortes: un remarquable ensemble sur Callot, dont il fut le catalographe attitré, se montant à 1370 pièces qui passèrent au musée des Beaux-Arts de Nancy, par achat en 1940, et une autre collection illustrant les techniques de la gravure de tous les temps et de tous les pays, soit 7000 pièces dont 1000 chinoises et 300 japonaises, dont il se défit en faveur du Cabinet des Estampes.
Marque de collection : collection J Lieure. 1943; Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d’estampes… Amsterdam, 1921 n° 1681 c. Cote : Ad 64. 14 boîtes fol.
Collection Lieure. Catalogue des pièces chinoises (Est. Ye 265.4°).
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 49
(Rés. Z.Lévis Mano) Guy Lévis Mano légua par testament à la Bibliothèque nationale un exemplaire de l’ensemble des livres qu’il édita entre 1923 et 1974 ainsi que ses archives littéraires.
Poète, éditeur et typographe, Guy Lévis Mano fut véritablement considéré comme « l’éditeur des poètes ». A partir de 1933, date où il devint son propre imprimeur, toutes ces publications portèrent le sigle GLM Principal éditeur des surréalistes jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, il publia des poètes d’horizons divers comme René Char , Andrée Chedid ou encore Henri Michaux. Il fit aussi la part belle à la traduction d’auteurs étrangers, en particulier Federico Garcia Lorca. Les 525 titres de livres ou de périodiques édités par Guy Lévis Mano sont conservés à la Réserve des livres rares, regroupés sous la cote : Rés. Z. Lévis Mano. Il s’agit pour la plupart d’un exemplaire de tête, le plus souvent numéroté 1 et portant un envoi autographe de l’auteur. Les archives littéraires comprenant correspondance, contrats, maquettes et projets de livres sont classées mais non encore disponibles sur le Web. Communication seulement sur demande motivée au directeur de la Réserve des livres rares.
Les Éditions GLM, 1923-1974 : bibliographie rédigée par Antoine Coron. – Paris : Bibliothèque nationale, 1981
Jeanne Laurent
1902-1989
Diplômée de l’Ecole des chartes, Jeanne Laurent entre en 1930 au ministère de l’Education nationale. En 1939, lorsque la guerre éclate, elle intègre la sous-direction de la Musique et des spectacles de ce ministère. Sans adhérer à la politique vichyste – elle participe à la Réserve des livres raresistance aux côtés de Germaine Tillion – elle profite du programme politique mis en place par le gouvernement d’alors dans le domaine culturel (protection du théâtre d’art contre les attaques mercantiles du théâtre de boulevard, aide à l’installation de compagnies à demeure en province) pour jeter les bases d’une décentralisation qu’elle mettra en œuvre à la Libération. Nommée en 1945 sous-directeur des spectacles et de la musique à la direction générale des Arts et lettres du ministère, jusqu’en 1952, année où elle est évincée, elle met en place et développe, en s’appuyant sur des hommes de terrains comme Jean Dasté, Hubert Gignoux, Maurice Sarrazin… les Centres dramatiques nationaux, chargés d’insuffler un nouveau dynamisme culturel dans les régions. Elle contribue également à la renaissance du Théâtre national populaire et à la fondation du Festival d’Avignon, a la tête duquel elle nomme Jean Vilar en 1951. D’autres mesures, comme la création du Concours des jeunes compagnies, vivier de nouveaux metteurs en scène, ou l’institution d’une aide à la première pièce, favorisent le renouveau du théâtre, sa diffusion sur l’ensemble du territoire, et la conquête de nouveaux publics.
Jeanne Laurent a légué au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France ses archives personnelles. Le fonds est organisé autour de ses oeuvres publiées : La République et les Beaux-Arts (1955), Arts et pouvoirs (1982), préfaces et articles publiés et oeuvres inachevées : Essai sur la politique culturelle de 1932 à 1989, Vilar, Décentralisation théâtrale, projets d'articles et textes de conférences. Il contient aussi de la documentation émanant du bureau des Beaux-Arts et ses papiers personnels : correspondance, cahiers et carnets de notes. Ce fonds est coté 4-COL-8. Un inventaire (Inv. 25) est disponible en salle de lecture
Denizot, Marion. Jeanne Laurent: une fondatrice du service public pour la culture, 1946-1952. Paris : Comité d'histoire du Ministère de la culture : 2005287 p.: (Travaux et documents / Comité d'histoire du Ministère de la culture ; 19).
Goetschel, Pascale. Renouveau et décentralisation théâtrale (1945-1981). Paris, P.U.F., 2003. 496 p.
Lair (Jacques Michel), greffier du Chätelet de Paris Une note du 17 mars 1819, conservée dans les Archives de la BnF, indique qu’ « a été déposée à la Bibliothèque du roi, Département des manuscrits, une collection considérable de manuscrits acquis à la vente de la bibliothèque de feu M. Lair, ancien greffier au Châtelet pour le prix de 3.000 francs. Ils consistent en ». La liste des documents achetés à cette occasion n’a malheureusement pas été établie et c’est par d’autres sources, relevés des trains envoyés à la reliure sous la Restauration, indications dans les anciens inventaires, cotes portées sur les documents et surtout analyse des dernières notices du catalogue de vente de la bibliothèque de Lair, qu’a pu être reconstituée une très importante collection de plus de cent pièces comptables provenant de la Chambre des Comptes de Paris, dont les archives ont brûlé en 1737 et dont il ne reste que des séries incomplètes. Les mentions anciennes inscrites sur certains documents indiquent d'ailleurs "de camera thesauri", "de camera compotorum particularium", "de camera lingue occitane"…, correspondant à des bureaux de la Chambre des Comptes de Paris. On ne sait rien sur Lair, si ce n'est qu'il a été baptisé le 8 août 1757 et que, n'ayant pas atteint sa 25e année, il a dû en décembre 1781 bénéficier d'une dispense pour obtenir l'office de greffier, commis ancien, alternatif et triennal des Chambres Civile et de Police, maîtrises, jurande et du Parquet du procureur royal du Nouveau Châtelet de Paris. Il possédait une bibliothèque importante constituée de livres imprimés et de quelques manuscrits à peintures (non acquis par la Bibliothèque royale semble-t-il), qui fut dispersée après sa mort en vente publique, à partir du mercredi 10 mars 1819. On ne sait pas dans quelles circonstances exactes il a mis la main sur des registres dont les plus anciens sont de la fin du XIIIe siècle, et parmi lesquels figurent des pièces très importantes, comme le premier Journal du tRéserve des livres raresor royal, couvrant les années 1298-1301, ou l'un des inventaire de la librairie fondée par Charles V au Louvre. Comme bien d'autres, Lair a certainement profité soit des désordres consécutifs à l'incendie de 1737, soit des troubles occasionnés par la période révolutionnaire. Quelques-uns des registres qui sont passés par ses mains, dont beaucoup sont des originaux, sont parfois coupés entre le département des Manuscrits et les Archives nationales.
Archives nationales, CHAN V1, dossier greffiers (renseignements fournis par Michel Nortier et Jean Guérout) Département des Manuscrits, Archives Modernes 4922, f. 258 (Mr de Bure, mss de Mr Lair) Catalogue des livres rares, précieux et bien conditionnés du cabinet de feu M. Lair… dont la vente se fera le mercredi 10 mars 1819 et jours suivants…, Paris 1819 liste des registres provenant de Lair consultable au département des Manuscrits. Delisle, Le Cabinet des Manuscrits, II, p. 285-286 A. M. de Boislisle, Chambre des Comptes de Paris, Pièces justificatives pour servir à l'histoire des premiers présidents (1506-1791). Notice préliminaire, Nogent-le-Rotrou, 1872 Charles-Victor Langlois, Inventaire d'anciens comptes royaux dressé par Robert Mignon…, Paris, 1899, p. I-XIII (Recueil des historiens de la France, Documents financiers, I) Michel Nortier, « Le sort des archives dispersées de la Chambre des Comptes de Paris », dans Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, CXXIII (1965), p. 460-537.
Lacour, Marcelle de (1896-1999)
Marcelle Schaeffer est née en 1896 à Besançon où elle s'intéresse à la musique : au Conservatoire de Besançon elle entreprend des études très complètes qu'elle achèvera au Conservatoire de Paris (piano, harpe, chant, histoire de la musique). Mariée au comte Robert de Lacour, docteur en droit et lui-même amateur de musique, elle vient à Paris dans les années vingt où elle devient l'élève de Lily Laskine pour la harpe et de Wanda Landowska pour le clavecin. Bien qu'elle ait participé à des concerts en tant que chanteuse (elle chante le Pie Jesu de Gabriel Fauré aux Invalides après la disparition de Mermoz en mer), elle se consacrera exclusivement au clavecin. Elle devient l'interprète d'auteurs anciens comme Louis et François Couperin dont elle enregistrera quelques pièces et participe aux concerts de la Société de Musique d'autrefois fondée par Geneviève Thibault de Chambure. D'autre part, dans les années 30, elle sollicite les compositeurs contemporains afin d'enrichir le répertoire de son instrument. Elle est l'inspiratrice et la dédicataire de nombreuses œuvres comme le Concerto pour clavecin de Bohuslav Martinu (1935) ou le Prélude et fugue d'Alexandre Tansman (1935). Ces manuscrits ou éditions se trouvent aujourd'hui au département de la Musique. En 1955, elle crée la classe de clavecin du Conservatoire de Paris, dont elle est titulaire de 1958 à son départ en 1967, et y forme de nombreux élèves français et étrangers. La Fondation Marcelle et Robert de Lacour pour la musique et la danse située au château de Fourg (Doubs) entretient la mémoire de cette interprète et mécène.
En 1988, Marcelle de Lacour fit don au département de la Musique d'une centaine de pièces pour clavecin sous la forme de manuscrits et d'éditions dédicacés par leurs auteurs à leur brillante interprète, auteurs parmi lesquels on peut citer Jacques Ibert, Georges Migot, Paul Ladmirault, Jean Langlais, Bohuslav Martinu, Alexandre Tansman, René Leibowitz et Louis Saguer. Le Don 88-32 (1-102) a fait l'objet d'une entrée détaillée au carnet de don. Les pièces sont accessibles par les fichiers auteurs.