Fonds Garnier
La Bibliothèque-musée de l’Opéra (BMO) conserve une grande partie des archives de l’architecte Charles Garnier (1825-1898) et de son Agence. Ces archives se composent de papiers et d’objets personnels mais aussi d’archives administratives et professionnelles, de documents techniques (et notamment de plans) et de photographies (photographies de construction) tant pour le Palais Garnier que pour de nombreux autres édifices (observatoire de Nice, Opéra-casino de Monte-Carlo, Villas de Bordighera, etc.) construits par l’architecte ou par son agence. La BMO conserve également une partie des archives de l’Agence Garnier pour des périodes postérieures au décès de l’architecte (entretien et restauration du Palais Garnier).
L’ensemble des documents préparatoires à la construction du Palais Garnier a été donné à la Bibliothèque de l’Opéra par l’architecte : une lettre du 24 octobre 1883 du directeur des Beaux-Arts (pour le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts) fait savoir à Charles Nuitter, archiviste de l’opéra, que Charles Garnier “offre de donner à l’Etat les dessins, études, croquis faits pour les travaux de construction du Nouvel Opéra” et qu’il a choisi la “Bibliothèque et les Archives de l’Académie nationale de musique” pour recevoir ce don. A cet ensemble de plans pour le Palais Garnier furent joints les plans pour les autres constructions de Charles Garnier ainsi qu’un fonds important de photographies.
En 1919, la veuve de l’architecte complétait le don en légant à la Bibliothèque de l’Opéra des portraits de Charles Garnier par ses différents amis peintres (Saintin, Barrias, Boulanger, Benouville, Jérôme, Bida, Baudry, Carolus-Duran) ; les livres, registres et cahiers de voyage de l’architecte en Allemagne, en Italie, en Grèce et en Espagne ; quatre esquisses pour le Foyer de la danse de Boulanger qui étaient marouflées sur les portes du cabinet de travail de l’architecte ; les esquisses en bronze doré des deux groupes de la façade du Palais Garnier par Gumery. Un deuxième lot provenant du legs de Mme Garnier fut remis à la Bibliothèque de l’Opéra en 1920 et comprenait, outre quelques pièces de musée supplémentaires (deux esquisses d’Eugène Thirion pour la Galerie du glacier, un buste en biscuit de Sèvres de Charles Garnier par Carpeaux), un lot de manuscrits et de correspondances diverses.
Un ensemble de plus de 150 lettres de l’architecte, entrées à la Bibliothèque-musée de l’Opéra par don ou par achat, est par ailleurs conservé sous la cote LAS Charles Garnier.
La Bibliothèque-musée de l’Opéra complète aujourd’hui par achat ce fonds important qui forme le noyau des collections d’architecture de la Bibliothèque, ces dernières comprenant également un fonds de plans de l'actuelle salle de l’Opéra-Comique construite par Louis Bernier, un vaste ensemble de plans originaux ou gravés du XVIIe au XXe siècle de théâtres européens et un ensemble important de livres d’architecture.
Des fonds complémentaires sont conservés notamment aux Archives nationales et à la Bibliothèque de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts (photographies et correspondance).
Archives de la Bibliothèque-musée de l’Opéra, Arch. Bibl. 7.
Charles Garnier’s Paris Opéra : architectural empathy and the Renaissance of French classicism / Christopher Curtis Mead. Cambridge (Mass.) ; London : MIT press, 1991.
Charles Garnier / Jean-Michel Leniaud ; documentation et catalogue par Béatrice Bouvier ; photogr. de Thierry Béghin. Paris : Monum-éd. du Patrimoine, 2003.
Les riviera de Charles Garnier et Gustave Eiffel : le rêve de la raison. Marseille : éd. Imbernon, 2004.
Le fonds Edouard Ganche, légué à la Bibliothèque nationale par l’épouse du musicographe, la pianiste Marthe Ganche, née Bouvaist (1888-1971), est entré au département de la Musique en 1979. Il témoigne principalement de la passion d’Edouard Ganche pour Chopin, mais atteste aussi de ses autres intérêts : avant de devenir spécialiste de Chopin, Edouard Ganche s’était d’abord destiné à la médecine. Certains de ses ouvrages, pRéserve des livres raresents dans le fonds, traduisent cet intérêt (Le Livre de la mort, 1909 ; Souffrances de Frédéric Chopin. Essai de médecine et de psychologie, 1935). Dans sa recherche sur Chopin, le musicographe privilégia la découverte de documents authentiques sur lesquels il construisit ses propres ouvrages (notamment, Frédéric Chopin, sa vie et ses œuvres, 1913 ; Dans le souvenir de Frédéric Chopin, 1925 ; Voyages avec Frédéric Chopin, 1934) ; il rassembla aussi une collection d’une grande importance (livres, partitions, manuscrits autographes, documents iconographiques), qu’il essaya, en vain, de constituer en musée. Cette collection fut l’objet d’une vente forcée à Lyon pendant la guerre, en 1943 : les autorités allemandes firent alors don de la collection à la Pologne. Les documents (dont le fonds Ganche conserve le catalogue) se trouvent aujourd’hui au Musée et à la Bibliothèque de l’Université Jagiellone de Cracovie. Ganche put cependant conserver un joyau de sa collection : l’œuvre pour piano de Chopin, presque intégrale, dans ses premières éditions françaises, réunie et ordonnée en sept volumes par son élève écossaise Jane W. Stirling. Chopin donna lui-même son assentiment à cet ordonnancement (la table des volumes est en partie de sa main) et les partitions contiennent des annotations et doigtés eux aussi autographes. Ces volumes servirent de base au grand œuvre du musicographe : l’édition, chez Oxford University Press en 1928, des œuvres pour piano de Chopin. La pièce maîtresse du fonds consiste donc en ces sept volumes légués à la Bibliothèque nationale avec une importante collection de livres et de partitions : l’édition d’Oxford elle-même (avec ses jeux d’épreuves corrigées de la main de Ganche) ; tous les ouvrages littéraires du musicographe sur Chopin (livres, préfaces, discours), ainsi que les notes ayant servi à leur élaboration et leurs épreuves corrigées ; de nombreux ouvrages critiques concernant le contexte dans lequel évolua Chopin ; divers numéros de revues musicologiques ou autres contenant des publications sur Chopin (notamment La Revue musicale, Comoedia, La Pologne) ; une bibliothèque de partitions, constituée essentiellement des œuvres pour piano de Chopin, mais aussi de ses contemporains. Outre des meubles et objets personnels, la collection compte plusieurs pastels et lithographies (portraits de Goethe, Wagner, d’Emile Verhaeren, d’Edouard Ganche lui-même) : toutes ces pièces sont réparties aujourd’hui entre le département de la Musique et la Bibliothèque musée de l’Opéra. La genèse des ouvrages savants de Ganche et l’histoire de son activité prosélyte de l’œuvre de Chopin sont en outre contenues dans un très important fonds conservé sous la cote [Vma. 4334 (1-49) : la multiplicité de ses tâches apparaît à travers quarante-neuf dossiers personnels et administratifs. On y trouve, entre autres, les archives de l’Association Chopin, qu’il fonda en 1911 et dont il fut secrétaire général ; les documents concernant la vente forcée de sa collection en 1943 ; une importante correspondance avec ses éditeurs et les spécialistes de Chopin à travers le monde entier, plus particulièrement avec la Pologne et les autorités polonaises (un épais dossier traite notamment du projet de translation des cendres de Chopin à Cracovie) ; les revues de presse concernant ses ouvrages. Les lettres autographes reçues d’éminents représentants du monde musical (de Gustave Charpentier à Alexandre Tansman), littéraire et politique sont également conservées au département de la Musique.
Jean-Michel Nectoux, Jean-Jacques Eigeldinger, « Edouard Ganche et sa collection Chopin », Paris, Revue de la Bibliothèque nationale, n° 7, mars 1983. Id., Introduction et préface aux Œuvres pour piano de Frédéric Chopin, fac-similé de l’exemplaire de Jane W. Stirling avec annotations et corrections de l’auteur (Ancienne collection Edouard Ganche), Paris, Bibliothèque nationale, 1982, p. VII-XLV.
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.
La collection Abel Gance du département des Arts du Spectacle s’est constituée en plusieurs étapes. Les premiers documents entrés - manuscrits, dossiers de coupures de presse et matériel publicitaire - proviennent de la collecte régulière effectuée dans les années 10 et 20 par Auguste Rondel, fondateur des collections dont est issu le département. En 1993, Nelly Kaplan, qui fut dans les années 50-60 la collaboratrice d’Abel Gance, met en vente une part importante des archives du cinéaste. A cette vente du 3 mars 1993 à l’Hôtel-Drouot, qui fut largement médiatisée (le dossier de presse et le catalogue sont conservés dans la collection Abel Gance sous la cote 4-COL-36/30) le Département "enleva" l’une des pièces maîtresses: les 19 carnets où de 1914 à 1928, Abel Gance consigna notes de travail et faits intimes, idées et projets, notes de lecture, impressions esthétiques, littéraires, scientifiques et métaphysiques. Essentiels à la recherche, les carnets accompagnent et éclairent l’œuvre du cinéaste. A cette acquisition s’ajoutent l’ensemble des scénarios de Gance écrits entre 1908 et 1919, des lettres de Charles Pathé et de Louis Jouvet. En 1994, le département a l’opportunité de se porter acquéreur du manuscrit de Prisme, ouvrage publié en 1931 chez Gallimard et qui utilise certains éléments des carnets, d’un important lot de documents relatifs au film J’accuse et des lettres adressées par Gance entre 1925 et 1949 au peintre et critique d’art Gaston de Craecke. On ne peut cependant parler d’un véritable "fonds Abel Gance" à la BnF qu’en 1995, lorsque Claude Lafaye, ami du cinéaste et son plus fidèle soutien dans les dernières années de sa vie, fait don à l’Etat des archives qui lui avaient été confiées. Comprenant à la fois papiers personnels et documents de travail, ces archives couvrent l’ensemble de la carrière de Gance. Les documents de tout type ainsi réunis au fil des ans ont été l’objet d’un inventaire disponible à l’accueil de la Bibliothèque. Le lecteur limitant sa recherche aux photographies, affiches et brochures publicitaires, peut interroger la sous-base cinéma d’Opaline, accessible sur le site Internet de la BnF. Cette sous-base signale également l’existence des affiches conservées au département des Estampes et de la photographie.
"Abel Gance". 1895. Bulletin de l'Association française de recherche sur l'histoire du cinéma, 2000
Ferrant, Guy (???? - vers 1963)
Les témoignages permettant de tisser la trame d’une biographie de Guy Ferrant sont quasi inexistants. Il fut le compagnon et le secrétaire du compositeur Reynaldo Hahn à partir des années 1930, avec qui il constitua la collection de disques évoquée ici. Le catalogue commercial de la maison Pathé le mentionne, en 1938, comme interprète aux Bouffes-parisiens. Trois enregistrements datant des années 1930, restituent sa voix de ténor (1). Il lègue de son vivant, avant 1938, au Musée de la parole et du geste (voir notice) un fonds de 1863 disques 78 tours et 65 cylindres. A sa mort, pour des raisons d’ordre administrative, cette collection est mise en dépôt à l’Institut de musicologie de l’Université de Paris. Elle n’intègre les collections patrimoniales de la Phonothèque nationale qu’en 1968. Cette collection, consacrée pour l’essentiel à l’art vocal, témoigne, à travers la production phonographique des quatre premières décennies du XXème siècle, des voix des grands interprètes de l’époque (Enrico Caruso, Edmond Clément, Nellie Melba…), dont certains, telle Adelina Patti (née en 1843), avaient vécu l’apogée de leur art au siècle précédent. Les cylindres recèlent un rarissime témoignage de la voix du ténor belge Ernest Van Dyck. C’est grâce à ce fonds que le département possède les enregistrements de Mary Garden interprétant des œuvres de Claude Debussy, accompagnée au piano par le compositeur (1904) dans une réédition Victor datant de 1937. Y figure également une interprétation en français de la mélodie de Reynaldo Hahn D’un cimetière par la soprano Lotte Lehmann, rare preuve de sa remarquable diction dans notre langue (1939). Sur chaque pochette Guy Ferrant précise les autres artistes contemporains ayant enregistré le même extrait d’œuvre. La chanson y tient également une certaine place où se mêlent les interprètes de chansons de genre (Damia, Fréhel…), ceux venus du music-hall (Dranem, Polin…) ou du cinéma (Marlène Dietrich…). La musique instrumentale y tient une infime place, mais dans l’esprit d’y réunir des interprétations peu courantes, telle cette Rêverie à Blidah extraite de la Suite algérienne de Camille Saint-Saëns enregistrée au piano par le compositeur (1919). Quelques disques de diction complètent cet ensemble lyrique retraçant les voix de Sarah Bernhardt, Georges Berr… Enfin, un enregistrement Odéon, publié en 1928, fixe la voix des aviateurs Costes et Le Brix racontant leur raid autour du monde. Au-delà de la qualité du contenu de ces enregistrements, le fonds Guy Ferrant constitue une contribution à l’histoire de l’édition phonographique, car l’essentiel des marques discographiques y apparait : Fonotipia, Gramophone, Odéon, Parlophone, Pathé, Polydor, Victor, pour ne citer que les « majors » de l’époque.
Gavoty, Bernard, Reynaldo Hahn : le musicien de la Belle-Epoque, Paris, Buchet-Chastel, 1997
René Fauchois Auteur dramatique, poète, comédien (1882-1962)
Né à Rouen, René Fauchois s’installe à Paris à l’âge de 15 ans dans l’espoir de devenir comédien et auteur dramatique. Très vite, il décroche de petits rôles et se met à écrire. En 1899, il a alors 17 ans, il parvient à faire représenter sa première pièce : Le Roi des Juifs est mort, un drame sacré. A la même époque, il fait la connaissance de Sarah Bernhardt. Celle-ci lui présente Reynaldo Hahn, avec qui il collaborera par la suite pour Nausicaa, opéra en 2 actes (1919) et Le oui des jeunes filles, comédie lyrique en 3 actes (1949). Il rencontre également Gabriel Fauré pour qui il écrit en 1913 le livret de Pénélope, drame lyrique en 3 actes et, en 1919, le livret de Masques et bergamasques.
Très tôt il fait également la connaissance de Sacha Guitry avec qui il entretiendra une longue amitié. Sacha Guitry montera une de ses pièces, La danseuse éperdue, au Théâtre des Mathurins en 1920 et lui confiera plusieurs rôles au cinéma (notamment dans Remontons les Champs Elysées, 1938) comme au théâtre (Le Comédien et Pasteur en 1919 ; Vive l’Empereur en 1941).
René Fauchois se révèlera un auteur dramatique très prolifique. Il connaît son premier succès en 1908, avec La Fille de Pilate, montée à l’Odéon par André Antoine. Vitrail, créé à la Comédie française par Julia Bartet en 1916, est repris par Sarah Bernhardt, qui joue cette pièce dans toute l’Amérique avant de la reprendre à Paris, Le singe qui parle, rôle créé par Jean Yonnel. Plusieurs de ses œuvres ont été portées à l’écran : Boudu sauvé des eaux, adapté par Jean Renoir en 1932, Prenez garde à la peinture, comédie créée au Théâtre des Mathurins en 1932 et adaptée la même année par Henri Chomette, Rêves d’amour, dans une réalisation de Christian Stengel, en 1947.
Auteur talentueux, René Fauchois a également publié plusieurs recueils de poèmes, des contes et nouvelles, des romans, une biographie de Beethoven.
Le Fonds René Fauchois, donné à la Bibliothèque nationale de France par sa fille et son petit-fils, Yann Fauchois, coté 4-COL-49 au Département des arts du spectacle, contient des papiers personnels, les manuscrits de ses œuvres, de la correspondance, des articles de presse le concernant, des dessins et partitions, des ouvrages et brochures ayant constitué sa bibliothèque de travail et également des papiers et lettres de son ami Max Jacob. Un inventaire (Inv. 32) est disponible dans la salle de lecture du département des Arts du spectacle.