Dimier, Louis
Louis Dimier était un habitué du Cabinet des Estampes, où il avait notamment travaillé sur les portraits " aux trois crayons " du XVIe siècle. A sa mort, survenue en 1943, entrèrent dans nos collections, en partie par vente, en partie par don, un grand nombre d'ouvrages relatifs à l'histoire de la gravure sur bois, ainsi qu'un ensemble considérable de bois gravés: des bois de Godard que Oimier avait acquis de Supot, imprimeur, successeur de Poulet-Malassis, et des bois d'origine anglaise, dont ceux de Bewick.
Jobert, Barthélémy. « Un historien d'art au travail : le don Dimier au Département des Estampes ». Nouvelles de l'Estampe, oct. 1991, n° 118-119, p. 16-35 Blachon, Rémy. « À propos du don Dimier... ». Nouvelles de l'Estampe, oct. 1993, n° 130-131, p. 57-60
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n°132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 54
Né à Paris en 1924, Fred Deux grandit à Boulogne-Billancourt dans une famille ouvrière. Confronté très tôt à la misère, à l’alcoolisme et à la promiscuité sexuelle, il abandonne l’école et travaille à l’usine dès l’âge de 14 ans. Bien que sans formation, il parvient à être embauché au début de la guerre, à 18 ans, comme électricien de nuit. En 1943, il entre dans le groupe FTP de son usine et part au maquis. À la Libération, il s’engage dans les Goums marocains, puis quitte l’armée et s’installe à Marseille en 1947 où il devient commis dans une librairie. Il découvre alors l’art par la lecture des écrivains surréalistes et les livres de peinture contemporaine. Il rencontre les membres de l’équipe des Cahiers du Sud et réalise ses premiers dessins et "tâches" d’encre. Il fréquente le groupe surréaliste marseillais dont il se sentira cependant toujours à l’écart (il le quitte définitivement en 1954). Ses œuvres graphiques sont exposées à Paris dès 1948. La période des années cinquante est marquée par une intense activité de création graphique. Il rencontre André Breton, Hans Bellmer dont il restera proche, etc. Il épouse Cécile Reims qui grave ses dessins sur cuivre. Il expose beaucoup. En 1957, il publie La Gana, texte d’essence autobiographique publié sous le pseudonyme de Jean Douassot qui reçoit un bon accueil de la critique. En 1959, il s’installe dans un village de l’Ain. Une crise dans le travail de création et le don anonyme d’un magnétophone à bande l’amènent à tenter l’exploration d’un troisième moyen de communication, après le crayon et la plume : le micro. Il imagine alors de s’enregistrer, chaque jour, dans le calme de son atelier, disant au magnétophone ce qui devient, au fil des séances, une autobiographie parlée qui commence au moment des premières années de travail à l’usine. Elle devient peu à peu une "quasi-autobiographie" de longue haleine (plus de trente années d’enregistrement) mêlant la fiction au réel. En 1985, Fred Deux et Cécile Reims déménagent dans l’Indre, à La Châtre. Ils continuent leurs œuvres respectives. D’autres textes de Fred Deux sont publiés. Des rétrospectives de ses dessins et gravures sont organisées, dont celle du Musée Cantini à Marseille en 1989-1990. Certaines de ses œuvres graphiques rejoignent les collections du Musée national d’Art moderne de Paris et la Réserve des imprimés de la BnF. En 1999, l’éditeur André Dimanche publie le début de l’autobiographie parlée sous la forme d’un coffret de 24 disques compacts. Enfin, en septembre 1999, grâce à une convention avec l’association La Culture pour vivre, 200 heures d’enregistrement de l’autobiographie parlée, intègrent les collections du département de l’Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France.
Fonds André ENGEL
André Engel, né à Nancy en 1946, étudie et enseigne la philosophie jusqu'en 1969. Ses débuts de metteur en scène sont marqués par la présentation au Festival d'Avignon, en 1972, de "Dans la jungle des villes" de Brecht. Il collabore ensuite avec Jean-Pierre Vincent au Théâtre National de Strasbourg jusqu'en 1981, et se fait remarquer par des spectacles-évènements, réalisés dans des lieux non conventionnels, notamment à Strasbourg où il monte Baal de Brecht dans les haras de la ville. Proche de la pensée situationniste de Guy Debord, il adapte les textes littéraires et poétiques du romantisme allemand (Goethe à la Salpêtrière), de la littérature classique (Dante, Virgile..) ou contemporaines (Kafka, Thomas Bernhardt…). Dell inferno en 1982 marque la fin d'une époque. Sans abandonner sa recherche d'appréhension du réel dans le domaine du jeu théâtral, dans les années 1980, il revient au "théâtre à l'italienne". Ses mises en scène d' opéra se distinguent par leur puissance d'expression, dans un univers de passion, dominé par des figures féminines telles Salomé (1987), Lady Mac Beth de Mtsenk (1992), La Walkyrie(1994)… Il fonde en 1987 le centre bi-latéral de création théâtrale et cinématographique, structure qui lui permet la réalisation de projets multiformes (théâtre et cinéma) dans la rencontre du spectacle vivant et de l'audiovisuel Il dirige de 1996 à 2000 le Centre National dramatique de Savoie .
André Engel fait don en 2003, au Département des Arts du spectacle, d'un ensemble de documents concernant cette période, ( affiches, dossiers de production, albums photos, programmes, dossiers de presse, biographiques, pédagogiques, des archives son et video, des maquettes) mais illustrant aussi ses collaborations avec d'autres établissements (mises en scène d'opéras), ainsi que ses archives personnelles qui éclairent son travail de réflexion sur le théâtre.
Fonds Farina (1883-1943)
Jules-Maurice Chevalier dit Farina débute au théâtre à 14 ans. Il choisit d'illustrer l'art du mime dans la lignée des Debureau, Séverin. En 1899 il est sur la scène du Théâtre Déjazet. Il excelle dans les chansons mimées et les pantomime-ballets. Son succès va grandissant, il effectue de nombreuses tournées, la première guerre empêche son départ à l'étranger. Soldat valeureux, gravement blessé, il sera décoré de la Croix de guerre. En 1920 il reprend son activité en compagnie de Séverin, collabore à des mises en scène de ballets de l'Opéra. Il présente en 1925, à l'occasion de l'Exposition universelle, des spectacles de pantomimes (le théâtre des Funambules) qui connaîtront le succès. Bien qu'ayant beaucoup de réticences face à la naissance du cinéma qu'il accuse d'avoir tué la pantomime, il accompagne ses premiers pas. Ses tournées le conduisent en Europe, Russie. Les séquelles de ses blessures de guerre minent sa santé et l'obligent à prendre une retraite précoce. C'est pour lui l'occasion de se consacrer à l'écriture d'un ouvrage documentaire sur la Commedia dell'arte, ainsi qu'à la constitution d'une bibliothèque dédiée à la pantomime, aux mimes ainsi qu'aux arts du spectacle annexes. A l'instar d'Auguste Rondel qu'il admirait beaucoup il léguera à l'état français sa collection composée de tableaux de gravures, photographies affiches, masques, sculptures, d'objets et d'études (imprimées et manuscrites) concernant l'esthétique, la technique, l'histoire de son art et débordant plus largement sur le clown, la marionnette, l'histoire du théâtre, de l'architecture, de la mise en scène… Il crée un centre de documentation unique pour les historiens et les artistes. La richesse de ce fonds se double d'une particularité : Farina a truffé ses ouvrages de défets d'iconographie découpée, de dessins, de notes manuscrites…
A cet ensemble s'ajoute une nombreuse correspondance échangée de 1905 à 1943 entre le mime et des artistes, et auteurs dramatiques.
Après la deuxième guerre, en 1947 sa femme exaucera le vœu de son mari en déposant cette collection, unique en son genre, en complément à la collection Rondel. Grâce à sa générosité une acquisition a pu être faite en 1974 de deux masques africains et d'un buste en terre cuite représentant un clown, autoportrait du sculpteur, Gustave PIMIENTA qui vécut dans l'entourage des Fratellini.
Un catalogue papier de cette collection cotée est à la disposition des chercheurs. Un inventaire est consultable en ligne dans le catalogue BnF Archives et manuscrits : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc19907q.
Les Funambules. Farina et la pantomime [texte imprimé, recueil de critiques et d'articles sur M. Farina]. [S.l.n.d]. 1930. 38 pp. : 32 pl., couv. d'un portr. de Farina, par P. Icard.
D’origine allemande (son patronyme est Bonickhausen), l’ingénieur Gustave Alexandre Eiffel est né à Dijon en 1832. Après avoir participé à la mise en place du réseau de chemin de fer français, il fonde en 1867 les Ateliers mécaniques de Levallois. Il s’illustre alors dans la réalisation d’ouvrages d’art métalliques d’une très grande audace (coupole de l’observatoire de Nice de 22 m de diamètre, en 1885). Abandonnant peu à peu la fonte pour le fer laminé en treillis, il réalise des ponts suspendus d’une portée inimaginable jusqu’alors (pont sur le Douro en 1877, viaduc de Garabit de 165 m en 1884). Le choix du projet “ aérien ” de Gustave Eiffel en 1886 pour réaliser le monument phare de l’Exposition universelle qui commémore le centenaire de 1789 est d’une grande audace.
Lorsque l’exposition ouvre, le 6 mai 1889, la foule qui se presse sur le tapis roulant peut découvrir deux merveilles technologiques, la tour métallique qui domine Paris de 1000 pieds et le phonographe d’Edison. L’inventeur américain est au pinacle de sa notoriété. Ses inventions sont présentées à deux endroits, dans la section des États-Unis et dans un pavillon qu’il a conçu à cet effet et qui remporte immédiatement le succès. Quelques jours après, Edison rencontre Eiffel. Il est invité dans le salon de l’ingénieur au 3ème étage de la tour. On sait que Thomas Edison donne alors un phonographe Class M à Eiffel (ou le lui fait parvenir quelques mois plus tard). Une dédicace signée le 10 septembre 1889 par l’inventeur américain indique : “ To M. Eiffel, the brave builder of so gigantic and original specimen of modern engineering, from one who has the greatest respect for all Engineer including the Great engineer, the Bon Dieu ”. La rencontre entre les deux hommes s’arrête là.
Edison présente son invention à l’Académie des sciences et continue son voyage promotionnel parmi les grandes cours d’Europe. Le phonographe que possède Eiffel reste alors l’un des seuls spécimens sur le continent européen. Le class M est en effet le premier phonographe a avoir été construit industriellement par la North American Phonograph Cy (depuis juillet 1888). Il est alors très peu vendu. Conçu pour faciliter le travail des dactylographes, son succès viendra dès 1893-1895 par le détournement d’usage qui le transforme en appareil de loisir. Eiffel, quant à lui, s’en servira exclusivement pour enregistrer des voix lors de réunion familiale ou amicale. On peut supposer qu’il a lui même raboté plusieurs cylindres, comme cela était prévu par le constructeur. Ceux qui nous sont parvenus ont été enregistrés en février et mars 1891 ou début 1898. Ils nous restituent, outre la voix d’Eiffel, celle d’Ernest Renan, de l’astronome Jules Janssen, de l’écrivain Vallery-Radot et du physicien Eleuthère Mascart. Une autre série contient les voix des enfants et petits enfants de Gustave Eiffel, des poèmes lus et divers enregistrements. L’attribution des voix, pour certains enregistrements, est encore incertaine. Ces cylindres constituent donc les plus anciens enregistrements réalisés en France conservés jusqu’à aujourd’hui. Cette transmission a été faite grâce à Jean Thévenot, homme de radio, qui les redécouvre en 1953 chez les descendants d’Eiffel, grâce aussi au Musée d’Orsay à qui ils ont été donnés et qui les a déposé à la BnF (arrêté ministériel du 23 juin 1988).