Dévigne, Roger (1885-1965)
Roger Dévigne est né en 1885 à Angoulême et a mené conjointement, tout au long de sa vie, une triple activité de poète-écrivain-imprimeur, de journaliste et de folkloriste. En 1932 il est nommé sous-directeur du Musée de la parole et du geste (Voir Pernot, Hubert) de l’Institut de phonétique à l’Université de Paris, Pierre Fouché en étant lui le directeur en titre. Puis par arrêté du 28 avril 1938, “sous-directeur du Musée de la parole, [il] est chargé de la direction de la Phonothèque nationale ” créée par décret du 8 avril 1938. Roger Dévigne est ainsi le premier directeur de la Phonothèque nationale avec pour mission la collecte du dépôt légal des phonogrammes (dépôt légal institué par la loi du 19 mai 1925 mais resté lettre morte jusqu’en 1938). Le premier dépôt légal de phonogrammes a lieu le 25 janvier 1940 et ce sont 18 disques qui sont ainsi déposés. De 1932 à son départ à la retraite en 1953, parallèlement à la mise en place de la Phonothèque nationale et du dépôt légal des phonogrammes, Roger Dévigne développe un programme d’enregistrements inédits qui tient en deux points essentiels : - des anthologies sonores (des poètes dits par eux-mêmes, des aviateurs et de l’éloquence judiciaire) qui sont la continuation des "Voix célèbres" de Ferdinand Brunot - des atlas de "géographie sonore" pour reprendre son expression qui recouvrent en fait les enregistrements de folklore. A ce titre, il effectue plusieurs missions de collecte phonographique "sur le terrain" en France. La première se déroule en Alpes-Provence en août 1939 et est interrompue par la déclaration de guerre. Dès 1940 Roger Dévigne se replie en zone libre, à Toulouse. C’est de là qu’il va mener une collecte phonographique en Languedoc-Roussillon et dans les Pyrénées orientales et ariégeoises, entre octobre 1941 et août 1942. Après la guerre, il accomplit 2 autres missions de collecte : en Vendée et en Normandie, en juin et août 1946. Parallèlement, durant les années 1930, le Musée de la parole va prêter du matériel d’enregistrement à des missions partant pour l’étranger. On peut citer la mission de Paul Émile Victor au Groenland en 1935-1936, ou encore celle de Creston et Divry dans les Iles Feroe en juillet 1939. L’activité du Musée de la parole cesse avec le départ en retraite de Roger Dévigne en 1953. Les collections du Musée sont définitivement intégrées à la Phonothèque nationale en 1963 que dirige Roger Décollogne depuis 1954. L’"héritage" de Roger Dévigne au département de l’Audiovisuel est constitué non seulement des collections d’enregistrements sonores qu’il a produits mais aussi de sa collection personnelle de disques léguée à sa mort à la Phonothèque nationale.
Dévigne, Roger. Le Musée de la parole et du geste : les collections, le laboratoire, la phonothèque, Paris, 1935 Dévigne, Roger. De la mission des Ardennes (1912) à la mission Alpes-Provence (1939). Tiré à part, extrait des Annales de l'Université de Paris, 1941 Dévigne, Roger. Mission Languedoc-Pyrenées. I. Languedoc, Quercy, Rouergue, Bigorre, Vallespir, Couserans : rapport adressé à M. le Recteur de l'Université de Paris et à M. le Recteur de l'Université de Toulouse. Paris, 1942 Dévigne, Roger. La Phonothèque nationale : bilan de dix ans de travail, le dépôt légal, la lecture sonore, l'histoire et la géographie sonores, les anthologies phonographiques. Paris, 1949
Née en Ukraine en 1885, installée en France depuis 1905, Sonia Delaunay, peintre, créatrice de costumes et de décors de théâtre, joua ainsi que son mari, le peintre Robert Delaunay (1885-1941), un rôle capital dans les milieux littéraires et artistiques d’avant-garde. En 1977, celle-ci faisait don à la Bibliothèque nationale d'un ensemble impressionnant de pièces qui furent réparties dans les différents départements de la bibliothèque.
Le département des Estampes et de la Photographie recevait des dessins, projets d'affiches, projets de couverture, estampes réalisés par elle-même et Robert Delaunay.
Le département des Manuscrits recevait des manuscrits et autographes divers particulièrement de Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, Guillermo de Torre et Tristan Tzara mais aussi tout un ensemble de manuscrits de Robert Delaunay et des lettres d'artistes étrangers adressées à Robert et Sonia Delaunay et le journal de Sonia Delaunay, sous réserve de communication.
Le département des Arts du spectacle recevait des études, projets de décor et de costumes ainsi que des costumes et des robes proprement dits.
La Réserve des livres rares fit un choix parmi les livres de la bibliothèque de Sonia et Robert Delaunay, privilégiant les textes ou éditions qui n'étaient pas dans ses collections ainsi que les exemplaires remarquables par leurs tirages, leur état, leur dédicace, leurs notes manuscrites et les livres reliés par l’artiste. Ces 319 livres et périodiques ainsi que la soixantaine actuellement conservée au département Art et littérature furent inscrits dans le registre des dons en 1980. On compte parmi eux un certain nombre de livres russes. Les ouvrages conservés à la Réserve des livres rares furent regroupés sous la cote : Rés. Z.Delaunay.
Exposition. Paris. Bibliothèque nationale. 1977. – Sonia & Robert Delaunay, p. 165-178.
Collection Jacques COPEAU
Après des études de lettres et de philosophie, Jacques Copeau (1879-1949) débute comme critique d’art, de littérature et, surtout, de théâtre. Il collabore à la Revue d’art dramatique, l’Ermitage, La Grande Revue. Il fonde, en 1909, avec André Gide, et Gaston Gallimard, La Nouvelle Revue Française, qu’il dirige jusqu’en 1913, date à laquelle il ouvre le théâtre du Vieux-Colombier. En 1914 la guerre l’oblige à fermer son théâtre mais il continue à approfondir sa réflexion et ses connaissances, grâce à ses rencontres avec, Edward Gordon Graig , Jacques-Dalcroze, et Adolphe Appia. De 1917 à 1919, il part avec sa troupe pour deux saisons à New-York. 1920 voit : la création de L’Ecole (en projet depuis 1913) et la réouverture du théâtre qui affiche au cours des quatre saisons suivantes, Mérimée : Le Carrosse du St Sacrement ; Shakespeare : la Nuit des rois ; Molière : L’Amour médecin…Vildrac, Martin du Gard. En 1924, il monte une pièce de lui : la Maison natale, qui ne rencontre pas l’adhésion du public . La fermeture définitive de son théâtre le conduit à concrétiser un projet de « retraite » en Bourgogne. Une trentaine de disciples l’y suivent afin de poursuivre un travail de formation et de recherche qui aboutira à la constitution d’une troupe « Les Copiaus ». Celle-ci se produit d’abord dans la région puis au delà, et propose un répertoire composé de spectacles collectifs, de saynètes, mimes, chansons, farces, jusqu’à sa dissolution en 1929. Copeau se consacre alors à des activités diverses : conférences, lectures de pièces, critiques dramatiques aux Nouvelles littéraires. En 1933 il met en scène le Mystère de Santa Uliva dans un cloître de Florence . Associé de 1936 à 1939, par l’administrateur E. Bourdet aux côtés decLouis Jouvet, Charles Dullin, Gaston Baty, au renouveau de la Maison de Molière, il monte plusieurs spectacles à la Comédie-Française avant d’y occuper en 1940,pour moins d’un an, le poste d’administrateur. en 1941, il publie un petit essai « Le Théâtre populaire », et en 1943, après en avoir fait l’adaptation , il monte Le Miracle du pain doré, dans la cour des Hospices de Beaune. Il meurt dans sa région d’élection en 1949 laissant une pièce inédite Le Petit pauvre, qui sera créée à San Miniato en 1950. Copeau est venu au théâtre par « une impulsion de moralité littéraire », sans aucune formation, ni expérience pratique, il connaît par contre les grands théoriciens du passé ou contemporains et s’en inspire pour constituer sa propre doctrine. Il fustige le mercantilisme , le cabotinage, la bassesse des œuvres et des mœurs. Chez lui les exigences morales et esthétiques vont de pair d’où la nécessité d’une réforme des acteurs (création d’une école, d’un mode de vie communautaire autour du chef, réglé avec rigueur et discipline), qui vont former une troupe homogène et enthousiaste rompue à tous les emplois. Le répertoire fait la part belle aux œuvres classiques (choix novateur pour l’époque), car à travers ces exemples de beauté et de vérité Copeau veut stimuler l’inspiration des meilleurs écrivains et régénérer le goût du public pour le fidéliser et le rendre juge, non d’un spectacle, mais de la démarche d’ensemble du Vieux-Colombier . La création d’une revue « Les Cahiers du Vieux-Colombier » est une démarche volontariste en direction de son public. Copeau metteur en scène accorde la première place au texte dramatique , adepte du « tréteau nu », il transforme la scène du Vieux-Colombier en une architecture fixe où peut se jouer n’importe quelle pièce. Sur un fond neutre, les costumes (dont les couleurs et les matériaux sont très étudiés) mis en valeur par un éclairage très soigné, font ressortir les acteurs, éléments essentiels de la mise en scène. A partir de 1924 Copeau souhaite atteindre un public plus « populaire » et lui offrir « une comédie nouvelle » d’où ses recherches sur les techniques de la Commedia dell’arte, et sa prédilection pour le théâtre antique, grec et médiéval. Copeau, par son Ecole et ses options esthétiques et morales, inspire la création du Cartel (formé par Dullin, Baty, Jouvet, Pitoëff). Il influence tout le théâtre d’après guerre en particulier le mouvement de décentralisation et le Théâtre National Populaire.
Marie-Hélène Dasté ( 1902-1994), décoratrice, comédienne, et fille de Jacques Copeau remet , en 1963, au Département des Arts du spectacle, les archives concernant la carrière de son père : mises en scène écrites, maquettes originales de décors et costumes, photographies de scène, recueil de presse, dossiers administratifs. Plus un ensemble d’archives sur l’activité du Théâtre du Vieux-Colombier de 1913-1924, ainsi que de la troupe « Les Copiaus » à partir de 1925. Les achats et les dons concernant cette collection se sont depuis succédés : en 1988 le Département acquiert les cahiers et carnets autographes que Copeau a rédigés depuis ses débuts d’auteur, en 1896, jusqu’à sa mort. En 1995 et 1996 quatre nouveaux achats ajoutent à cette collection une vingtaine de manuscrits autographes et 26 cahiers de conduite concernant ses mises en scène au Vieux-Colombier ainsi qu’une abondante correspondance (près de 3000 lettres) adressée par de grands théoriciens et metteurs en scène (Craig, Appia, Hébertot, Barsacq, Barrault…), des auteurs dramatiques(Vildrac, Montherlant…) auxquels s’ajoutent une soixantaine de maquettes (réalisées pour les spectacles qu’il a montés), dessinées par, sa fille M-H Dasté, Fauconnet, Gampert, Duncan Grant, Bertholt Mann
En 1963 une exposition « Jacques Copeau et le Vieux-Colombier » organisée à la Bibliothèque de l’Arsenal, a commémoré le Cinquantième anniversaire de la fondation du Vieux-Colombier.
L’achat de la correspondance Gaston Gallimard et Valentine Tessier, en 1998 a permis d’apporter un complément à cette collection. Il y est question de Jacques Copeau, avec lequel elle débuta au Vieux-Colombier, de Jean Giraudoux, dont elle fut l’interprète. Gaston Gallimard, fondateur de la NRF, lui parle de ses rôles et évoque la vie littéraire, artistique, et théâtrale parisienne. On pourra en complément consulter avec profit, un certain nombre de documents se rapportant à la Compagnie des Quinze, fondée par Michel Saint-Denis (1897-1971), neveu de Copeau, « Copiaus », metteur en scène et continuateur de l’œuvre de son oncle, en France, Angleterre et U.S.A.
Un inventaire des documents se rapportant à l’activité de Jacques Copeau, et des « Copiaus » est à la disposition des chercheurs.
Copeau (Jacques).- Souvenirs du Vieux-Colombier : la compagnie des quinze / Jacques Copeau. [Paris] : Nouvelles éditions latines, 1975. Copeau (Jacques).- L’Ecole du Vieux-Colombier / Jacques Copeau….textes établis, présentés et annotés par Claude Sicard. [Paris] : Gallimard, 1999. Collection : Pratiques du théâtre. Copeau (Jacques).- Journal : 1901-1948 / Jacques Copeau ; texte établi, présenté et annoté par Claude Sicard. Paris : Seghers, 1991. Collection : Pour mémoire. Aliverti (Marie, Inès).- Jacques Copeau…[texte imprimé] /Marie, Inès Aliverti. Roma, Bari : G. Laterza, 1997. (Il teatro del xx secolo) (Biblioteca Laterza ; 471) [Exposition .Paris. Bibliothèque nationale. Bibliothèque de l’Arsenal. 1963.].- Catalogue. Jacques Copeau et le Vieux-Colombier. 1963. 55p. Corvin (Michel).- Dictionnaire encyclopédique du Théâtre….Paris : Bordas, 1995
Inventaire manuscrit : MMA-109
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Com. 16. Werner Paravicini, Die Nationalbibliothek in Paris : ein Führer zu den Beständen aus dem Mittelalter und der frühen Neuzeit, München ; New York ; Paris [etc.] : K.G. Saur, 1981, p. 59