Fonds Farina (1883-1943)
Jules-Maurice Chevalier dit Farina débute au théâtre à 14 ans. Il choisit d'illustrer l'art du mime dans la lignée des Debureau, Séverin. En 1899 il est sur la scène du Théâtre Déjazet. Il excelle dans les chansons mimées et les pantomime-ballets. Son succès va grandissant, il effectue de nombreuses tournées, la première guerre empêche son départ à l'étranger. Soldat valeureux, gravement blessé, il sera décoré de la Croix de guerre. En 1920 il reprend son activité en compagnie de Séverin, collabore à des mises en scène de ballets de l'Opéra. Il présente en 1925, à l'occasion de l'Exposition universelle, des spectacles de pantomimes (le théâtre des Funambules) qui connaîtront le succès. Bien qu'ayant beaucoup de réticences face à la naissance du cinéma qu'il accuse d'avoir tué la pantomime, il accompagne ses premiers pas. Ses tournées le conduisent en Europe, Russie. Les séquelles de ses blessures de guerre minent sa santé et l'obligent à prendre une retraite précoce. C'est pour lui l'occasion de se consacrer à l'écriture d'un ouvrage documentaire sur la Commedia dell'arte, ainsi qu'à la constitution d'une bibliothèque dédiée à la pantomime, aux mimes ainsi qu'aux arts du spectacle annexes. A l'instar d'Auguste Rondel qu'il admirait beaucoup il léguera à l'état français sa collection composée de tableaux de gravures, photographies affiches, masques, sculptures, d'objets et d'études (imprimées et manuscrites) concernant l'esthétique, la technique, l'histoire de son art et débordant plus largement sur le clown, la marionnette, l'histoire du théâtre, de l'architecture, de la mise en scène… Il crée un centre de documentation unique pour les historiens et les artistes. La richesse de ce fonds se double d'une particularité : Farina a truffé ses ouvrages de défets d'iconographie découpée, de dessins, de notes manuscrites…
A cet ensemble s'ajoute une nombreuse correspondance échangée de 1905 à 1943 entre le mime et des artistes, et auteurs dramatiques.
Après la deuxième guerre, en 1947 sa femme exaucera le vœu de son mari en déposant cette collection, unique en son genre, en complément à la collection Rondel. Grâce à sa générosité une acquisition a pu être faite en 1974 de deux masques africains et d'un buste en terre cuite représentant un clown, autoportrait du sculpteur, Gustave PIMIENTA qui vécut dans l'entourage des Fratellini.
Un catalogue papier de cette collection cotée est à la disposition des chercheurs. Un inventaire est consultable en ligne dans le catalogue BnF Archives et manuscrits : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc19907q.
Les Funambules. Farina et la pantomime [texte imprimé, recueil de critiques et d'articles sur M. Farina]. [S.l.n.d]. 1930. 38 pp. : 32 pl., couv. d'un portr. de Farina, par P. Icard.
Henri Etiévant
1870-1953
Comédien, metteur en scène et directeur de théâtre
Henri Etiévant commence sa carrière au Théâtre libre d’André Antoine en 1892, puis dans divers théâtres. En 1899, il dirige le théâtre municipal de Troyes. Après une longue tournée en Europe il revient en France vers 1900.
Il est alors engagé au Théâtre de l’Ambigu puis au Théâtre de la Porte Saint-Martin, où il reste jusqu’en 1913, année au cours laquelle il abandonne le théâtre pour se consacrer au cinéma, comme acteur et metteur en scène. Il réalise quelques films en Italie avant la guerre, puis en France.
A l’avènement du cinéma parlant, il abandonne la réalisation cinématographique et se tourne de nouveau vers le théâtre.
Le fonds Henri Etiévant, coté 4-COL-85, acquis par le département des Arts du spectacle en 2004, réunit des archives personnelles, de la correspondance, des photographies, des coupures de presse, une importante documentation relative à sa carrière théâtrale et cinématographique, ainsi qu’une collection de livres et de revues ayant appartenu à sa fille, la comédienne Yvette Etiévant. Il contient aussi un ensemble de recueils factices sur les personnalités du théâtre et du cinéma qu’Henri Etiévant a côtoyés (photographies signées ou dédicacées, correspondance, extraits de presse, programmes). Un inventaire (Inv. 57) est consultable en salle de lecture.
Fonds André ENGEL
André Engel, né à Nancy en 1946, étudie et enseigne la philosophie jusqu'en 1969. Ses débuts de metteur en scène sont marqués par la présentation au Festival d'Avignon, en 1972, de "Dans la jungle des villes" de Brecht. Il collabore ensuite avec Jean-Pierre Vincent au Théâtre National de Strasbourg jusqu'en 1981, et se fait remarquer par des spectacles-évènements, réalisés dans des lieux non conventionnels, notamment à Strasbourg où il monte Baal de Brecht dans les haras de la ville. Proche de la pensée situationniste de Guy Debord, il adapte les textes littéraires et poétiques du romantisme allemand (Goethe à la Salpêtrière), de la littérature classique (Dante, Virgile..) ou contemporaines (Kafka, Thomas Bernhardt…). Dell inferno en 1982 marque la fin d'une époque. Sans abandonner sa recherche d'appréhension du réel dans le domaine du jeu théâtral, dans les années 1980, il revient au "théâtre à l'italienne". Ses mises en scène d' opéra se distinguent par leur puissance d'expression, dans un univers de passion, dominé par des figures féminines telles Salomé (1987), Lady Mac Beth de Mtsenk (1992), La Walkyrie(1994)… Il fonde en 1987 le centre bi-latéral de création théâtrale et cinématographique, structure qui lui permet la réalisation de projets multiformes (théâtre et cinéma) dans la rencontre du spectacle vivant et de l'audiovisuel Il dirige de 1996 à 2000 le Centre National dramatique de Savoie .
André Engel fait don en 2003, au Département des Arts du spectacle, d'un ensemble de documents concernant cette période, ( affiches, dossiers de production, albums photos, programmes, dossiers de presse, biographiques, pédagogiques, des archives son et video, des maquettes) mais illustrant aussi ses collaborations avec d'autres établissements (mises en scène d'opéras), ainsi que ses archives personnelles qui éclairent son travail de réflexion sur le théâtre.
Duret, Théodore
Théodore Duret acquit ses premiers livres japonais au cours d'un voyage fait avec M. Cernuschi en 1871-1876. L'un et l'autre étant partis sans idées préconçues commencèrent à regarder les petits bronzes japonais et Cernuschi eut l'idée d'exploiter cette mine. Sa collection est maintenant le musée du parc Monceau. Pendant qu'il cherchait les bronzes, Théodore Duret, qui s'était souvenu de petites gravures et albums appartenant à Philippe Burty aperçus à l'Exposition universelle de 1867, s'était mis en quête de ce type de documents qu'il eut beaucoup de mal à trouver. En effet, tout l'art ancien de la gravure était occulté, et les vieux livres, vieilles estampes ne faisaient l'objet d'aucun commerce régulier. Trois ans plus tard, le nombre de collectionneurs japonisants s'était beaucoup accru. Gonse avait publié son ouvrage sur l'art japonais, Bing et Hayashi avaient établi au Japon des représentants qui recherchaient systématiquement les objets d'art de toutes sortes pour les expédier en Europe. Ils allèrent chez les artistes et les acteurs qui en détenaient et ils leur en offraient des prix dépassant tout ce que les Japonais pouvaient espérer. C'est en voyant s'élargir le cercle de ses fervents que l'art japonais prit conscience de lui-même, et ce n'est pas le moindre mérite de Théodore Duret que d'avoir contribué à cette reconnaissance.
Marque de collection : un fleuron
Lugt, Frits. Les Marques de collections de dessins et d’estampes… Amsterdam, 1921, n° 2845.http://www.marquesdecollections.fr/detail.cfm/marque/10120/total/1 Bibliothèque nationale. Département des Estampes. Livres et albums illustrés du Japon réunis et catalogués par Théodore Duret. Paris : E. Leroux. 1900 Dictionnaire de biographie française, t. 12, 1970 Lambert, Gisèle. « Le Fonds japonais ancien du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale: historique et composition ». Nouvelles de l’Estampe, janv./févr. 1984, n° 73, p. 15-27. [Cet article donne également le nom de nombreux collectionneurs dont le Cabinet a acquis des pièces japonaises, à titre gratuit ou onéreux] Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132.
Laure Beaumont-Maillet, « Les collectionneurs au Cabinet des Estampes », Nouvelles de l’estampe, 1993, n° 132, p. 5-27. N° 28 Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Est. 4
Collection Charles DULLIN
Charles DULLIN (1885-1949) disciple de Jacques Copeau, membre fondateur du Cartel, acteur, metteur en scène, théoricien français du théâtre, est engagé en 1906 par André Antoine à l’Odéon, il débute dans le rôle de Cinna de Jules César de Shakespeare. En 1909 il fonde un Théâtre de Foire à Neuilly, entre au Théâtre des Arts (dirigé par Jacques Rouché) en 1910, participe en 1913, avec Jacques Copeau, à la Fondation du Vieux Colombier et y reste jusqu’en 1919. Il Fréquente le cours de Firmin Gémier et le suit à la Comédie-Montaigne. A l’automne 1921 il ouvre L’Atelier, dans un local provisoire et en 1922 l’installe dans l’ancien Théâtre Montmartre. En 1927, contribue à la création du Cartel en compagnie de Georges Pitoëff, Louis Jouvet, Gaston Baty. Il quitte, en 1940, la direction de l’Atelier, pour celle du Théâtre de la Cité, ancien Théâtre Sarah-Bernhardt. Il y crée, en 1943, Les Mouches de Jean-Paul Sartre. Après la Libération, déçu par l’incompréhension de la critique, il abandonne ce Théâtre pour se consacrer aux tournées , à la mise en scène et à la quête d’un nouveau lieu où s’installer. Il monte en 1949 L’Archipel Lenoir de Armand Salacrou et meurt peu après. La conception du théâtre selon Dullin, le conduit à s’écarter des modèles du Romantisme et du Naturalisme car il souhaite revenir à la vraie tradition du spectacle : il se réclame de la Commedia dell’arte et du Théâtre japonais. Il fonde une école et le Théâtre de l’Atelier devient un laboratoire d’essais dramatiques, une organisation corporative. Dullin élabore ses propres techniques à partir d’exercices fondés sur les cinq sens (Marcel Marceau est l’un de ses anciens élèves) et des pratiques du Théâtre Elisabéthain. Pour Dullin mettre en scène signifie revenir aux principes fondamentaux : un texte, des comédiens, un tréteau. Le texte est l’essentiel. Son répertoire mêle reprise et création, choisies en fonction du SUJET. Plutôt que des décors en trompe-l’œil, il préconise un espace scénique flexible, où le proscenium comme cadre de scène serait mobile. L’architecture scénique ne peut être conçue qu’en fonction du répertoire . Pour lui, il y a deux sortes de mises en scène : Le théâtre de « l’édition » ou de reproduction qui copie fidèlement une mise en scène donnée ; le théâtre de « création » où la mise en scène , simple, ingénieuse et subtile, sans être coûteuse souligne l’importance de l’esprit. Dullin, adepte de la Décentralisation, recherche les moyens de toucher un public populaire, participe au mouvement C.I.D (culture par l’initiation dramatique). Pour le gouvernement du Front Populaire, en 1937, il rédige un rapport sur la Décentralisation théâtrale. Pédagogue, théoricien, Dullin marquera, Antonin Artaud, Jean-Louis Barrault, Marcel Marceau, André Barsacq, Maurice Sarrazin, Jean Vilar…
A la mort de Simone Jollivet-Sens, sa compagne, en 1968, une partie de la documentation concernant les spectacles montés par C.Dullin est remise au Département des Arts du spectacle. Ce don comprend 350 costumes de scène, des manuscrits, des maquettes, des photographies, des recueils de coupures de presse, et complète les nombreux achats de maquettes de décor et de mises en scène écrites faits antérieurement à Simone Jollivet. En 1970 Jacques Teillon, neveu de Dullin et administrateur du Théâtre de l’Atelier y ajoute des objets personnels de Dullin, une correspondance entre Dullin et sa sœur Pauline, une autre avec Simone Jollivet. L’association des Amis de Charles Dullin, contribue également à l’enrichissement de ce fonds. Un inventaire de cette collection auquel on a joint un ensemble concernant la vie de Simone Jollivet peut être consulté au Département des Arts du spectacle.
Corvin (Michel).- Dictionnaire encyclopédique du théâtre…. Paris : Bordas, 1995. Dullin (Charles).- Ce sont les Dieux qu’il nous faut…Paris : Gallimard, 1969. Collection : Pratique du théâtre . Mignon (Paul-Louis).- Charles Dullin….Lyon, La Manufacture, 1990. Collection : Les Classiques de La Manufacture [Exposition. Paris. Bibliothèque de l Arsenal. 1969].- Catalogue. Charles Dullin :1885-1949.Paris, impr. Olivier Perrin, 1969. [Exposition. Paris. Bibliothèque nationale. 1987].- Catalogue . Le Cartel : Jouvet, Dullin, Baty, Pitoëff. 1987