Alsacien destiné par ses parents à une carrière dans l'industrie, Jean-Baptiste Weckerlin apprend la musique essentiellement en autodidacte avant de s'enfuir à Paris en 1843 pour suivre l'enseignement du Conservatoire. Là il vit de leçons, dirige diverses chorales et participe en 1849 avec François Jean Baptiste Seghers à la fondation de la Société Sainte Cécile dont il assure la direction du chœur pendant cinq ans.
Il n'est guère passé à la postérité en tant que compositeur, bien qu'ayant écrit des œuvres chorales, scéniques, pour orchestre, piano ou formations de chambre, et surtout des centaines de mélodies, compositions propres ou arrangements à partir de motifs populaires. Il nous est bien connu en revanche pour son activité d'historien et de musicologue : éditions de chansons et d'œuvres scéniques françaises anciennes ; publication d'ouvrages sur des sujets aussi divers que la chanson populaire, la typographie musicale, l'instrumentation, ou encore des anecdotes musicales ; collaboration à la Revue et gazette musicale, au Ménestrel, ainsi qu'au supplément de la Biographie universelle des musiciens de Fétis sous la direction d'Arthur Pougin.
Ces différentes facettes de son activité, jointes à sa passion pour la bibliophilie, le portent aux fonctions de bibliothécaire et archiviste de la Société des auteurs et compositeurs de musique. Sur la recommandation de Daniel François-Esprit Auber, il est nommé sous-bibliothécaire puis bibliothécaire au Conservatoire, fonction occupée avant lui par Hector Berlioz et Félicien David. Sous son impulsion, la bibliothèque devient en une trentaine d'années, de 1876 à 1909, l'une des plus riches du monde : non content d'avoir multiplié par deux le nombre de volumes disponibles (de 15000 à 30000), il n'hésite pas à se déplacer à l'étranger pour acquérir manuscrits originaux (500), portraits d'artistes (plus de 4000), estampes, lettres autographes et autre recueils de brochures. Il en établit également le premier Catalogue (Bibliothèque du Conservatoire national de musique et de déclamation : catalogue bibliographique orné de huit gravures avec notices et reproductions musicales des principaux ouvrages de la réserve. Paris : Librairie de Firmin Didot et cie, 1885.)
Parallèlement, il constitue à titre personnel une collection exceptionnelle, dont il cède à Charles Malherbe en avril 1908 une partie importante consacrée au folklore. Les ouvrages restants seront vendus aux enchères à Leipzig en mars 1910, quelques mois avant sa mort.
Le fonds Weckerlin à la BnF
Charles Malherbe avait acheté ces 2600 pièces pour la Bibliothèque de l'Opéra (dont il était alors archiviste), bibliothèque qui sera par la suite rattachée à la Bibliothèque nationale en 1935, ce qui explique la présence du fonds au Département de la musique. Il s'agit de livres, recueils et manuscrits relatifs au folklore musical français et étranger. Si l'on excepte quelques volumes de chansons françaises et italiennes du XVIe siècle, la collection couvre la période allant du XVIIe au XIXe siècles. Les ouvrages des éditeurs Ballard, en particulier, sont bien représentés, mais des chansonniers modernes en langues étrangères, européennes ou orientales, viennent également compléter la collection. Le catalogue de ce fonds existe uniquement sous la forme d'anciennes fiches manuscrites, qui furent photocopiées puis reliées pour être classées :
François Lesure, « The Music department of the Bibliothèque nationale », Notes / Music library association, 1978, p. 251-268.
En 1998, Madame Janet Zacos a fait don au département des Monnaies, Médailles et Antiques de la collection de sceaux rassemblés par son époux, Monsieur Georges Zacos, comprenant 6 232 plombs, en très bon état de conservation.
Né à Istanbul en 1911, Georges Zacos ne fut pas seulement collectionneur et marchand, mais devint, avec le Père V. Laurent, un spécialiste réputé. En 1963, il quitta Istanbul pour s’installer en Suisse. Il publia, en collaboration avec A. Veglery, les quatre tomes du premier volume des Byzantine Lead Seals (Bâle, 1962), finançant lui-même l’impression d’une haute qualité technique de cet ouvrage de référence, qui reste indispensable à tout historien de Byzance. L’ouvrage, qui comprend l’édition de plus de trois mille sceaux, apportait de nombreux inédits et donnait la première étude systématique sur les sceaux des commerciaires, matériel de première importance pour l’histoire des siècles dits obscurs. Georges Zacos publiait aussi, avec un commentaire détaillé, une série de plombs ayant appartenu aux membres des différentes familles régnantes de Byzance, notamment celle des Comnènes. Cette étude, d’une grande richesse prosopographique, donne des informations de premier ordre sur l’évolution de la couche dirigeante. La mort, en 1983, empêcha Georges Zacos de poursuivre la publication du corpus sous la forme qu’il avait projetée, mais un second volume, posthume, fut édité sous l’impulsion de Madame Janet Zacos, avec l’aide de J. Nesbitt.
La générosité de Madame Janet Zacos a permis l’entrée au département des Monnaies, Médailles et Antiques de 6 232 des 7000 sceaux de la dernière collection formée par son mari, dont une moitié environ d’inédits (inv. 1998/6/1-6232). Car Georges Zacos avait constitué une première collection de plus de dix mille plombs, dont la plus grande partie provenait d’Istanbul. C’est cette collection qui fut vendue en 1951 à Monsieur et Madame Bliss et entra ainsi au centre d’études byzantines de Dumbarton Oaks. A cette collection s’ajoute le don de deux assiettes byzantines glaçurées du XIIe siècle (1998/1324-5). L’ensemble de la collection de sceaux a été numérisé par J.-C. Cheynet et leur archivage terminé. Un catalogue est en préparation, qui prendra en compte tous les inédits, sauf la masse de plusieurs centaines d’inscriptions anonymes, dont seules seront retenues celles qui présentent un intérêt particulier, par leur formulation ou leur iconographie.
Signalons aussi : Maria Campagnolo-Pothitou, Sceaux de la collection Georges Zacos au Musée d'art et d'histoire de Genève, Milan : 5 continents éditions ; Genève : Musée d'art et d'histoire de Genève ; Genève : Ville de Genève, 2016. - (Collections byzantines du MAH, Genève ; 5).
Les archives de Iannis Xenakis (1922-2001) qui avaient été déposées en l'an 2000 à la BnF ont été récupérées par la famille en 2014 et ne sont donc plus consultables au département de la Musique.
Pour en savoir plus, voir le site de l'association des Amis de Iannis Xenakis, url : <https://www.iannis-xenakis.org/fxe/asso/archives.html>.
Né le 11 décembre 1826 à Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), Wiliam Henry Waddington était le fils d’un riche manufacturier anglais établi en France et naturalisé français. Après des études en Angleterre, il rentra en France en 1849. Sa vocation de numismate et d’épigraphiste se dessina dès l’année suivante, au cours d’un premier voyage en Orient. Il commença à rassembler les premiers éléments d’une collection qu’il ne devait cesser d’accroître. Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1865, député en 1871, sénateur en 1876, ministre de l’Instruction publique, président du Conseil, il fut enfin ambassadeur de France à Londres durant dix ans. La mort le frappa le 13 janvier 1894. Sa carrière politique l’empêcha de mener à terme son projet de Recueil général des monnaies grecques d’Asie mineure. Néanmoins son œuvre scientifique est importante, comme en témoigne la liste de ses travaux (Revue Numismatique, 1894, p. 138).
Après sa mort, E. Babelon adressa un courrier à l’Administrateur général de la Bibliothèque Nationale, pour lui signaler l’importance de la collection qu’il laissait et exprimer le vœu que des démarches soient tentés dans le but de faire entrer en bloc la collection au Cabinet des médailles. Ayant reçu l’autorisation d’entamer des pourparlers avec les héritiers Waddington, il rédigea un rapport détaillé, accompagné d’une estimation précise, pièce par pièce, de toute la collection. Ce rapport était terminé le 1er mai 1894. « Une loi de finances, promulguée au JO, le 29 juin 1897, à la suite d’un vote favorable de la Chambre des Députés et du Sénat, a affecté la somme de 421 000 F à l’acquisition par l’État de la collection de monnaies grecques laissée par William-Henri Waddington. Cette importante mesure législative a été prise sur la proposition de M. Alfred Rambaud, Ministre de l’instruction publique ». Ainsi s’exprime E. Babelon dans la Revue Numismatique, 1897, p. 261. Invité par le Ministre à publier d’urgence un Inventaire sommaire de cette collection, E. Babelon s’acquitta de sa tâche en un temps record puisque les 7 467 monnaies et objets furent publiés en 6 livraisons, dans la RN 1897 et 1898 (« La collection Waddington au Cabinet des médailles. Inventaire sommaire », Revue Numismatique, 1997, p. 261-368 ; p. 401-456 ; Revue Numismatique, 1898, p. 1-70 ; 149-206 ; 341-436 ; 549-639). Les six livraisons furent publiés en 1898, en un volume in-4°, sous le titre Inventaire sommaire de la collection Waddington acquise par l’État en 1897 pour le département des Médailles et Antiques de la Bibliothèque Nationale (Paris, Rollin et Feuardent). L’ouvrage, accompagné de 21 planches, était également doté de nombreux indices. Mais on en resta là. Les monnaies Waddington, pourvues d’une étiquette portant les initiales de la collection et le n° de l’inventaire sommaire, furent réparties dans le Fonds général et reçurent un nouveau numéro.
Entre 1851 et 1879, Waddington avait fait régulièrement des dons au Cabinet et le Cabinet lui avait également régulièrement acheté des monnaies. La liste de ces dons et achats figure ci-dessous :
Les Catalogues imprimés de la Bibliothèque nationale : liste, description, contenu, Paris : Bibliothèque nationale, 1943, Méd. 49
Inventaire manuscrit : MMA-132-133